Robert JUGIE
Robert Jugie
« Manu » Archambaud a voulu que son copain Robert Jugie le rejoigne dans « memovelo ». Les deux compères, il est vrai, ont commencé ensemble au C.C. Belvès et de quelle façon !
A cette époque, au début des années 50, les débuts officiels commençaient vraiment avec le 1er Pas Dunlop. Il fallait avoir 16 ans révolus. Archambaud gagne l’éliminatoire départementale à Thiviers (3ème R. Jugie) et Robert remporte l’éliminatoire régionale à Limoges, ce qui le qualifie pour la finale du championnat de France des débutants qui, en 1953, a lieu à Bordeaux. Cette finale est gagnée par un Normand, Jacques Sagot, qui bat au sprint 50 coureurs dans la côte de Monte Cristo. En se plaçant pour disputer le sprint, Robert Jugie chute à 300 m de l’arrivée.
Cependant, il s’en est fallu d’un rien que Robert ne soit pas de l’aventure. Aujourd’hui, il y a prescription, mais il a fallu « maquiller » la licence du « débutant » et le faire naître un 29 mars 1937 pour qu’il puisse participer.
En effet, Robert Jugie est né le 29 avril 1937 à Meyrals, au cœur du Périgord noir, entre Dordogne et Vézère. Le père est maçon et la mère élève trois enfants, dont Jean, l’aîné et la sœur Jeannine, tous deux plus âgés que Robert.
Le petit dernier, donc, obtient le certificat d’études primaires, mais, très vite, il ne fait que du vélo. L’hiver, il travaille dans une carrière de pierres.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, après que le Tour de France ait repris en 1947 par la victoire de Jean Robic et, alors qu’il n’y a pas encore de poste de télévision ni, bien sûr, de jeux vidéo, à quoi peuvent bien se distraire les jeunes à la campagne ? Entre la victoire d’un Breton, Robic en 1947, et celle d’un autre Breton, Louison Bobet en 1953, ils rêvent à ces champions cyclistes dont ils apprennent les noms par le journal : Bartali – Coppi – Kubler – Koblet… Et, ils font du vélo.
En 1953, pour ses premières courses, Robert court une trentaine de fois et gagne quinze fois. Quand il ne gagne pas, il est, le plus souvent, deuxième.
En 1954, il gagne encore 12 courses, mais il ne peut monter en 1ère catégorie qu’à la date de ses 18 ans.
Ce sera donc le 29 avril 1955.
Il gagne 4 fois : 1er à Meyrals (2. Combe 3. Archambaud) – St. Chamassy – Neuvic d’Ussel( 2. Archambaud 3. Salanié) – Soursac.
Mais, il est aussi le second de Geoges Gay à Bugeat, d’André Dupré à Tulle et de Léon Kervasse à la Tour Blanche. Et, aussi, 4 fois 4ème au Prix Loray à Brive, à Mazerolles, à St. Cyprien, à St. Aulaye.
A ce moment – et c’est « Manu » Archambaud qui le dit – Robert Jugie « marche » mieux que lui.
1956 :
La saison commence à Paris où Robert a intégré le club du « père Chicot » : le VC 12ème . Mais, il ne reste à la « Capitale » que trois mois, juste le temps de fréquenter les Graczyk, Vermeulin, Gaudrillet, Le Dissez et autres Pavard… et de connaître les joutes entre l’ACBB et le VC 12ème.
Revenu en région, il est 3ème du « Grand Huit Baignois » derrière Cigano (1) et Trochut (2).
Puis : 3ème à Soursac
5ème à St. Léon/Isle
5ème à Campagne du Quercy
7ème du criterium du Printemps à Périgueux
11ème du Prix Jougla à Villefranche-du-Périgord
1957 :
Champion du Limousin des sociétés sur route avec le Guidon Sarladais (Frare, les frères Pouget, Amigo), Robert termine 3ème du championnat individuel gagné par Dory chez les indépendants, et premier amateur.
A Colmar, pour le championnat de France des sociétés, le Guidon Sarladais se classe 4ème.
Vient ensuite l’expérience de la « Route de France » (1. Mastrotto), partie d’Angers et qui se termine à Hendaye. Robert est dans l’équipe « Midi-Pyrénées » et il se classe 4ème de l’étape Arcachon-Pau remportée par A. Gratton. Mais, il est contraint à l’abandon en raison d’un furoncle mal placé, lors de l’avant-dernière étape.
Il se classe aussi :
2ème à Campagnac en Quercy
2ème du Prix Martini à Brive (1. Rioux)
2ème à Marminiac
3ème Prix des vins du Bergeracois à Bouniagues (1.Ja.Bianco 2. Cigano)
4ème du Prix Charles Clément (1. Delmas 2. Walryck 3. Amigo)
4ème de la 1ère étape du Tour de Tarn-et-Garonne (1. Nardi 2.Gilhardi 3. Pouget)
(par la suite, son coéquipier Pouget étant 2ème au général, il lui donne sa roue)
6ème du Tour du Bergeracois
9ème à St. Léon/Isle
Le service militaire :
Il est difficile aujourd’hui d’expliquer aux jeunes gens que le temps du service militaire vient parfois suspendre voire arrêter une carrière et une progression sportives au moment (à l’âge de 20 ans) où celles-ci peuvent s’affirmer définitivement.
Robert intégre le 5ème Régiment de Dragons (cavalerie) de Périgueux le 1er juillet 1957, où il va rester jusqu’au 1er janvier 1959. C’est pendant cette période qu’il se classe 19ème du championnat de France militaire sur route disputé à Arcachon et gagné par J. Milesi.
Mais, du 9 janvier au 22 novembre 1959, il passe 10 mois en Algérie dans la région de Colomb-Béchar à Kenadsa (à la limite nord-ouest du Sahara algérien). Avec le grade de maréchal des logis (sergent dans l’infanterie), il dirige un groupe de soldats originaires des Landes et du Pays Basque.
Croix de la valeur militaire.
1960 :
Avec 28 mois passés au service militaire, dont dix mois dans ces conditions, il est inutile de chercher les résultats du coureur cycliste Robert Jugie durant les saisons 1958 et 59.
En 1960, deuxième derrière Réjasse du championnat sur route du Limousin à Lalinde, il participe au championnat de France amateurs sur route à Annemasse, où il se classe 12ème (1. Lacombe VC 12ème 2. Boudon 3. Aimar).
Suite à la défection de Poutou, il est appelé par Julien Moineau, directeur sportif de l’équipe du sud-ouest pour la Xème Route de France(26/7 -1/8). Il y retrouve son copain M. Archambaud , en compagnie de M. Bodin, Brux, Dalis et Ferreira. Il abandonne lors de la 4ème étape : « les conditins étaient déplorables, on couchait sous des tentes comme à l’Armée… et, en plus, je n’étais pas en forme ».
Dans la « Route du Vin », il gagne la 1ère étape entre Narbonne et Carcassonne devant Elie Rascagnères.
Il est aussi : 2ème de la nocturne de Beaublanc à Limoges (1. Blondy…3. Tranchant)
2ème du G.P. Lapasserie à Périgueux (1. Kervasse )
3ème du Prix des vêtements St. Rémy à Angoulême (1. Gabard 2. Y. Gourd … 4. R. Darrigade)
10ème du Prix Meillor à Nantia (1. Sutton 2. Rascagnères)
1961 :
4 belles victoires marquent cette année:
- Villamblard (2. Ben Brahim),
- Bretenoux (2. Bello 3. M. Bertrand),
- St. Junien,
- Coulgens (..3. M. Grain)
Robert obtient deux deuxièmes places : au championnat du Limousin des sociétés avec le CC Périgueux (1. Lalinde) et à Beaulieu/Dordogne,
Il est 6 fois 3ème à Siorac, Vayres-les-Roses (1. Grain 2. Gabard), Villeneuve/Lot, aux Eyzies, à Thenon et à la nocturne de Lalinde (1.Cazala 2. Desbats),
3 fois 4ème : au Bugue (le 25/8 :1. A. Dupré 2. M. Archambaud 3. C. Mazeaud), à la nocturne de Mussidan (1. Epaud) et à Périgueux Prix St. Georges (1. Camillo)
Et, aussi : 5ème au Prix Martini à Brive
6ème à St. Mayne
7ème à Cénac
9ème au Coux (1. Gratton 2. Mazeaud 3.Ju. Pineau) et au criterium du Printemps à Périgueux (1.M. Archambaud 2. Hebras)
10ème au Prix A. Reix à St. Junien (1. C. Colette 2. Epaud 3. Genet)
1962 :
Peut-être la meilleure saison de Robert (25 ans), mais aussi la dernière.. !
7 victoires (au moins) : le 23 avril à Siorac-en-P. : 2. Carrara 3.Delmas 4. Archambaud,
le 29 avril au Coux : 2. Ricou 3. Gibanel 4.Walkowiak
le 6 mai à Meyrals : 2. Archambaud 3. Job 4. Bertazzo
le 27 mai aux Eyzies : 2. Folch 3. Ben Brahim 4. Serre
le 24 juin à Bretenoux : 2. Aba 3. A. Cabianca 4. B. Cabianca
le 2 septembre à Beaulieu : 2. B. Cabianca 3. Mazas 4. Bouzou
le 9 septembre à Bretenoux (Lot) : 2. Bello 3. M. Bertrand
et, aussi (entre autres) :
2ème à Ruffec : 1. Mauget…3. J. Currit 4. Fourgeaud
5ème à Villefranche-du-Périgord : 1. Archambaud 2. Dubois 3. Ben Brahim
7ème à Mussidan (bocturne)
8ème à Beaumont-du-Périgord : 1. R. Darrigade 2. Ben Brahim 3. F. Delort,
au Bugue
à Cenac
9ème à Gramat (1. Archambaud) et 15ème à Périgueux/St. Georges
Après une telle saison, on peut être surpris de ne plus retrouver le nom de Robert Jugie dans les résultats de courses. Mais, lorsqu’il gagne le Grand Prix du Coux-et-Bigarroque (et devant de sacrés coureurs !), il a déjà rencontré Huguette, la future Madame Jugie, avec laquelle il dansait au bal la veille de cette course.
« l’Après » :
Robert et Huguette se marient en 1963. Ils auront un garçon, Pascal Jugie, lequel sera sacré champion d’Aquitaine de cyclisme, en cadets à Sainte Colombe, en 1979. Le garçon connaîtra d’autres succès en judo.
Pendant 25 ans, R. Jugie s’occupe du ramassage du lait dans les fermes, un travail qui lui a été procuré par son frère aîné. Puis, en 1985, il devient livreur d’aliment pour le bétail.
Son épouse, employée dans une étude d’huissier, reprend ses études et devient l’associée de son patron. Au décès de ce dernier, elle rachète ses parts.
Désormais, les époux Jugie vivent dans le quartier de la rue Leclaire (du nom du maire SFIO de Sarlat-la-Canéda de 1959 à 1971). Dans leur habitation, ils ont conservé l’atelier du beau-père de Robert, menuisier de son état, qui fournissait les planches pour le festival des « Jeux du théâtre » de Sarlat, créés en 1951 par Jacques Boissarie.
Passé la trentaine, Robert a repris le vélo. Pendant trois ans, licencié au Guidon Sarladais, il a participé et gagné quelques « courses ». Mais, « j’ai arrêté (parce que) cela devenait trop dur pour le travail et l’entraînement. Je me suis mis au tennis. Classement de l’époque : 30/1. Actuellement, je vais vers mes 78 ans et je pratique toujours le vélo et le tennis ».
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