Michel FEDRIGO
Bassoues, juin 1979
Fils, frère, père, beau-frère et, déjà, grand-père de coureurs cyclistes, ainsi que l’écrit en 1973, André Latournerie : « le vélo chez les Fedrigo, c’est un peu une affaire de famille ».
Les "Six Chemins"à Roumagne (47), début des années 80 : Julien, Claude, Antoine, Stéphane, J.M. Prioleau, Michel et Pierrick, trois générations de Fedrigo autour du vélo
1 . famille, fratrie, lignée :
- le père, Antonio Fedrigo :
né le 08/10/1913 à Fontanafredda, en Vénétie, il quitte l’Italie à 15 ans pour venir en France où il sera naturalisé le 21-06-1954. Il est décédé à Marmande le 25-08-1996.
Michel se souvient de son père et de « tout ce qu’il a travaillé ». « Dans la ferme où il est engagé, ils sont parfois trente à table ». De petite taille, il surprend tout le monde par son énergie et son activité. Non content d’être paysan et coureur cycliste (après le travail),il anime un orchestre, joue de la guitare et , plus tard, il aura l’occasion de surveiller les coureurs. Ainsi, quand vers minuit, il disait à Guerino de Nadaï : « Va in letto ! »
Antonio Fedrigo a participé au Tour du sud-ouest en 1935 avec le dossard 109 dans cette catégorie désignée alors par l’expression « les non-groupés ».
Il a fait partie, à Marmande, de l’équipe « Elvish-Fontan » autour de Mario Ragagnin (champion des Italiens de France en 1937).
Antonio Fedrigo est bien le premier à droite
- le frère, Claude Fedrigo :
Ici, dans « memovelo.com »(histoire des courses), nous avons raconté notre découverte du nom FEDRIGO lors du 1er Pas Dunlop en 1961, auquel – étant né tous les deux en 1944 – nous avons participé.
Sainte-Foy-la-Grande, 1961, éliminatoire départementale du 1er Pas Dunlop : de gauche à droite,
le speaker, Claude Fedrigo, le vainqueur , et son (encore) petit frère, Michel.
A la nuance près que Claude Fedrigo est à ce moment-là le meilleur coureur de sa catégorie d’âge, puisqu’il gagne les deux éliminatoires : départementale à Ste Foy-la- Grande et, régionale, à Damazan. Ses rivaux sont alors : Debiard, Sepeau, Fantino, Onfroy…
3 jeunes hommes, coureurs du début des années 60, à St Marthe : Fantino, Fortin et C. Fedrigo
un adversaire de taille pour le "Kilomètre Rustines" : Claude Dècle
Claude, qui a 4 ans de plus que Michel, est très vite confronté aux catégories supérieures. Aujourd’hui, il évoque sa carrière et sa fin précoce (Claude a couru de 1961 à 1969, date de l’instauration des « hors-catégorie ») sans aucune amertume et, apparemment, sans illusion.
trio de "régionaux" au criterium de Barie avec les "pros" : M.Gonzalès, A. Dal Sié et C. Fedrigo.
En 1969, pour sa dernière année, Claude termine 3ème à St Aigulin derrière Hiddinga et F. Campaner.
Il est resté avec son frère jusqu’à la retraite de celui-ci, les deux unis par le travail à la ferme et l’exemple du père.
Donc, « que vous vous intéressiez ou pas au cyclisme,vous ne pouvez pas ne pas connaître son nom » et lorsqu’il écrit cet article (« Michel Fedrigo, la tête et les jambes », le 15/11/1974), André Latournerie ajoute : « le plus jeune fils de Michel, footballeur lui aussi, vient de s’essayer au vélo en cadets et se propose de perpétuer la légende. « On ignore s’il sera bon, il commence prudemment, on verra plus tard » nuance son père (…) à la ferme des Six Chemins, on débute le sport de compétition comme d’autres entrent en religion avec pudeur et délicatesse. On sait ici que le talent ne se décrète pas, qu’il se dévoile progressivement, toujours indissociable de la persévérance et du labeur acharnés. Et, même si le petit dernier ne devient pas le champion que furent père, grand-père et oncle, personne n’en fera un drame ».
Que l’excellent journaliste qu’est A. Latournerie nous pardonne, mais ajoutons maintenant son prénom : Pierrick.
2. les débuts et l’ascension :
Michel, qui a déjà suivi les premières courses de son frère Claude, débute quant à lui en cadets en 1964. En eux occasions, à Coursan pour l’Ascension et à La Réole en juillet, il termine second derrière un grand gaillard : Téchené du Stade Montois, à chaque fois lors d’un sprint massif. Mais, à Tonneins pour le Prix des fêtes de Labretonie, il enlève le sprint devant ce même Jean-Pierre Téchené et Ricu (UCD Villeneuve).
en cadets, "le plus petit de tous" mais champion du Lot-et-Garonne...
A la mi-juin, il devient champion du Lot-et-Garonne des cadets : 20 coureurs se sont présentés ensemble à l’arrivée et « le rapide Michel Fedrigo se détachait irrésistiblement dans les derniers mètres, pour gagner avec plusieurs longueurs d’avance » sur : 2. Céréa (Nérac) 3. A. Colas (Nérac) 4. Ricu (UCDV).
Le dimanche suivant (le 21 juin 1964) à Montpon/Isle a lieu le championnat d’Aquitaine. La surprise s’appelle Jean-Paul Sauvignat (CC Périgueux) qui l’emporte devant Serge Lapébie (Girondins), Michel Barrière (CA Bègles) et Jean-Jacques Blancheton (UC Montpon). Michel Fedrigo ne figure pas dans les dix premiers.
Dès l’année suivante, il participe à des courses « toutes catégories » avec son frère Claude, comme à St. Pardoux où figurent aussi les frères Tonini, les frères Melchior et d’autres noms : Fantino-Célérier-Frigo-Ramadour-Laville-Caneiro-Suire-Benech-de Nadaï-Sautier…
A Villeton, « le jeune Miramontais Fedrigo…le plus petit de tous » gagne, battant d’une ½ roue l’Agenais Pesquié.
En 1966, à Gémozac où il y a deux épreuves distinctes et où, chez les « grands », Jean Ricou gagne devant André Delort (Claude Fedrigo est 7ème et Maurice Laforest 9ème), Michel l’emporte chez les jeunes devant Ardouin (SCAL), et on relève les noms de Thomazeau 6ème et Parenteau 9ème. Michel gagne encore à Sigoulès-Gardonne et à l’assemblée générale de l’AS Miramont, sous la présidence de Louis Rigon, il figure parmi les trois coureurs les plus méritants du club avec 11 victoires. A 18 ans, il est déjà en 1ère catégorie.
1ère catégorie à 18 ans...
En 1967, il se heurte deux fois à -peut-être- plus fort que lui : le 1er mai, pour le Prix des industriels ; commerçants et artisans de Miramont (chez lui .. !), il termine troisième derrière Ricard (Parentis) et Verger (CC Le Fleix). Puis, à Montignac-Vauclair, il est le second de Christian Fauquey (CA Créon). Mais, il gagne le Grand Prix des Jeunes à Marmande où il y a 85 coureurs au départ.
1968 = à 20 ans, le 14 août, Michel gagne le XIVème circuit du Magnoac. On regarde le classement : 2. Saladié (Vic) 3. Luchsinger (Montastruc) 4. Della-Negra (Montastruc) 5. Rouquette (Toulouse) 6. Riberot 7. Zannier 8. Lesca…
Lors de la réception à l’Hôtel de ville, M. Sabathier, le maire de Castelnau-Magnoac déclare dans son discours : « oui, mon petit Fedrigo, en Lesca tu possèdes un bon maître et je t’engage à prendre exemple sur sa carrière ». Les journalistes en rajoutent : « les vertus d’un jeune coureur de grande lignée » ou encore : « un espoir de vingt ans…indiscutablement un champion d’avenir ». A 4 tours de la fin, Michel a placé « un démarrage fulgurant » pour l’emporter « nettement détaché, sous les applaudissements du public conquis par son panache ».
Cette même année, Michel qui a signé à l’US Tonneins, remporte 7 grandes victoires : à Mussidan, Couze, Beauville, Lalinde, le Prix Moujica à Boulogne/Gesse.
A Puymirol, il est qualifié de « meilleur des noctambules » : 2. Luchsinger à ½ roue 3. Riberot 4. Coustillas 5. Daguerre… Il gagne aussi le G.P. des commerçants et des industriels d’Agen : « Badourès, l’enfant du pays – étudiant à Paris et licencié à Sarcelles – n’a pas réalisé son rêve… coiffé sur le poteau par l’énergique Fedrigo. De même, J.P. Barbe, détenteur du « maillot des as »… = 1. Fedrigo M. 85 km en 2h 12’ 16’’ 2. Badourès S. 3. Gaffajoli M. 4. Saladié R. 5. Lalanne … 7. Barbe JP.
Avant d’entrer dans les années 70, où il sera, sinon « le meilleur de sa région », l’un des tous meilleurs coureurs d’Aquitaine, M. Fedrigo a déjà pris position parmi les « ténors ».
Principales victoires d’un palmarès copieux
Bordeaux-Saintes 1978
Grand Prix de la Tomate 1972, 1974 et 1981
Essor Basque 1972-1977-1979-1980-1981
Prix International de Figueras (Esp.) 1975 et 1976
Ronde de l’Armagnac 1971
Trophée Peugeot à Bayonne 1972
Tour de Gironde 1975
Circuit de la Gâtine 1971
Grand Prix de la Soierie, Charlieu 1980
Grand Prix de Lagorce-Laguirande 1974
Prix Antonin Reix, St. Junien 1974 et 1979
Prix de Hennebont 1974
Prix d’Azay-le-Feron 1975
Criterium national de Poitiers 1969
Grand Prix de Lussac-les-Châteaux 1969
Prix de Saillat 1974
Grand Prix de Bénévent 1973
Prix de Coux-et-Bigarroque 1972 et 1978
Prix d’Hasparren 1978
5 jours Basco-Landais 1970 (dont Azur, Hossegor et Vieux-Boucau)
Grand Prix de Castelnau-Magnoac 1968
Prix Moujica à Boulogne/Gesse 1968
Prix de Lalbenque 1973
Grand Prix de La Rochette 1977
Prix de Decazeville (2 =1972+ ?)
Grand Prix de St. Gaudens (2 = ?+1983)
Grand Prix de Bordères-sur-l’Echez 1970
Prix de Monein 1977
Grand Prix de Puymirol 1968 et 1969
Baignes (ex-Gd. Huit Baignois) 1972, 1976, 1977 et 1979
Verdun-sur-Garonne 1973, 1975 et 1977
Biran 1982
Péreuil 1976
Piégut-Pluviers 1982
Pessac 1975 et1976
Mérignac, Prix R. Brettes 1982
Bergerac 1970, 1971 et 1974
Carbonne 1983
St. Barthelemy d’Agenais, 6 fois dont 1969, 1970 et 1971
Clairac 1969 et 1972
St. Martin d’Ary 1972
Touvérac 1976
Charmant 1976
Andernos 1971
Agme 1971
Boé 1977
Gujan-Mestras 1970
Rieumes 1969
Miallet 1982
Marmande, Prix du Tabac 1973 et 1976
Monsempron-Libos 1970
Laplume 1973
Lauzun 1982
Castelmoron 1973
Casseneuil 1973
Boucles Libournaises 1972
Fauillet (2 fois dont 1970)
Agen 1968 et1971
Les « nocturnes » de Bruch, Ste Livrade, Auch et Mussidan(2)
* soit, ici, une centaine de victoires auxquelles il faut déjà ajouter les victoires
d’étape… Michel ne se souvient plus de toutes et il a prêté l'un de ses classeurs à
quelqu'un qui ne le lui a jamais rendu… (voir le commentaire de R. Albugues en bas)
1969 = Bien que Ch. Fauquey, à Tonneins, échappé dans la côte de Perguillot, lui confisque la victoire en arrivant 1’ avant lui (2ème) 3. Lalanne 4. Moreno 5. Mazet 6. Cigana… Michel ajoute à son palmarès : une étape (Bordeaux-Biscarosse) du Tour du sud-ouest, les Prix des fêtes de Clairac, St. Barthélémy d’Agenais, Puymirol, Rieumes et, plus loin de chez lui, il gagne à Lussac-les-châteaux (G.P. de clôture), sa 13èeme victoire de la saison : 2. Barjolin 3. Saladié 4.Jankowski 6. Puccianti 7. Bideau 8. Barbe 9. Dupuch 10. Lescure.
1979, Lussac-les-Châteaux, 13ème victoire de la saison : 1. Fedrigo 2. Barjolin 3. Saladié 4.Sautier
5. Jankowski 6. Puccianti 7. Bideau 8. Barbe 9. Dupuch 10. Lescure...
Pour le citerium national du cyclisme, à Poitiers , un samedi après-midi et sur une portion de la rocade, le sprint lancé de loin donne : 1. Fedrigo 2. Dupuch 3. Laforest 4. Barbe 5ex. Gestraud, Gay et Beuffeuil 8. Barjolin 9. Perrotin 10. Courtois.
1969 : l'arrivée de ce Criterium organisé par l'U.V. Poitiers, un samedi après-midi sur une portion de rocade : 1. Fedrigo 2. Dupuch 3. Laforest 4. Barbe 5.ex. Gestraud-Gay-Beuffeuil 8. Barjolin 9. Perrotin...
3. le meilleur de sa région :
La carrière de Michel Fedrigo s’étend de 1964 à 1983, soit presque vingt années. En oubliant l’ultime tentative, en 1995, pour aller avec Pierrick (…), à une époque où « avec le travail à la ferme, le vélo reste dans la malle ».
Soit selon les articles, les auteurs ou les chercheurs, « l’homme aux 200 victoires » en 1973 ou « M. Fedrigo, l’homme aux 300 victoires en 1978 ou, enfin, « 380 victoires et 200 coupes » (« Vieux en pré-retraite » , « Sud-Ouest ») en 1983. Cela veut dire – à quelque chose près – plus de 100 courses et plus de 20 victoires par an, comme en 1972 : « 28ème victoire de la saison à Baignes » (le 25/09) ou en 1977, toujours à Baignes, « 23ème victoire de la saison ».
1979 : à Baignes, Michel y gagne 4 fois, cette fois devant Jean-Pierre Barbe
Lors de sa dernière année de compétiton, en 1983, Michel prend part à 120 courses, termine 20 fois 1er et 75 fois dans les 5… pour un abandon ! S’il n’y avait aussi la ferme et d’autres soucis, on pourrait parler d’une activité à plein temps et, même si nous avons affaire avec « le meilleur d’entre eux », voilà ce qu’est aussi la vie d’un « régional ». Un coureur qui, après chaque nocturne, nettoyait son vélo, prenait une douche et se massait les jambes une demi-heure avant de se mettre au lit. Aujourd’hui, à 66 ans, il reconnaît le rôle important joué par « la femme du coureur », la sienne en l’occurrence, Michelle, née Tomiet, épousée en janvier 1972.
Ceux qui connaissent bien le cyclisme régional (pratiquement séparé des « pros » depuis 1969) peuvent relativiser certains chiffres ou mégoter sur certaines données. C’est pourquoi le palmarès ne dit pas tout, certes. Mais, indépendamment de ces « chicaneries », à la lecture de cette tentative pour répertorier les « principales victoires » de Michel (et il en manque, bien sûr !), pour ceux qui « descendent du train » , il est clair que sa réputation est fondée.
Les journalistes, les premiers qui voient en lui « un espoir de 20 ans » et, plus tard, persistent avec « un jeune champion de 30 ans ». Pour eux, il « s’est montré le meilleur de la region Aquitaine » (…) « à coup sûr le meilleur coureur de notre région » (…) « le premier coureur français à remporter cette magnifique épreuve en Empurdan-Catalogne (Figueiras) ». En 1975, Michel Fedrigo reçoit des mains du président du comité, André Chadelle, le trophée « Cyclisme » récompensant le meilleur coureur cycliste d’Aquitaine.
6 grandes courses du sud-ouest : entre 1968 et 1982, un extrait de la présence de Michel Fedigro,
qui pourrait attester le titre de "meilleur de sa région"…
C'est "Sud-Ouest qui le dit...
4. les choix d’une carrière :
A la lecture d’un tel bilan, immédiatement, la question vient : « Pourquoi (a-t-il) refuse® de tenter sa chance chez les profesionnels ? » Nous ne la lui avons pas posée en face à face comme nous l’avions fait avec Daniel Barjolin, mais nous avons trouvé dans la presse pratiquement la même réponse que celle que nous avez donné son partenaire de toujours :
« il vaut mieux être un très bon amateur plutôt qu’un professionnel simplement moyen. Je crois ne pas être assez doué dans les cols pour m’imposer à l’échelon supérieur ».
Plus loin, nous ressentons quelques réticences et obtenons des précisions qui traduisent une saine lucidité : « ce qui ne veut pas dire que… en 1972, j’aurais pu passer professionnel chez Mercier, mais à cette époque un règlement sordide empêchait tout coureur professionnel de redevenir amateur par la suite. J’ai eu peur d’échouer et de briser ma carrière à 25 ans ».
1972, Bayonne, allées Bouflers, éliminatoire du Trophée "Peugeot" de l'Avenir après un petit tour sur les routes sélectives du Pays Basque : 1. Fedrigo 2. Villemiane 3. A. Bernard 4. B. Bourreau 5. Bossis ….
Avec le recul du temps, Michel Fedrigo avoue : « question santé peut-être… et puis, au début des années 70 la concurrence était très rude ». Et, il ajoute : « il est exact que je n’aime pas rester loin de chez moi trop longtemps ».
Sont-ce les raisons qui font écrire qu’il est « limité dans les courses par étapes pour un problème de sommeil et de récupération » ? Toujours est-il que, sélectionné pour les Tours de Yougoslavie et de Roumanie, il décline. Participant deux fois au Tour de l’Avenir, dans l’équipe « Peugeot », il n’en termine aucun.
Même si nous sommes tenté, face à cette « énigme », de brandir sinon une réponse tout au moins un élément de taille en sa faveur : Pierrick !, nous retrouvons ces comentaires écrits à son sujet au début de sa progression : « ce coureur à qui il manque seulement un peu d’ambition pour atteindre les sommets du cyclisme » et, ailleurs : « l’inciter à prendre plus de risques dans le choix de ses courses… »
Souvent, les trajectoires tiennent à un détail, un déclic, un encouragement, un bon conseil…
5 . les accidents de parcours :
En 1983, J.C. Felon écrit l’article « Vieux » en pré-retraite » à l’occasion de la fin de carrière des deux copains de Miramont, Adelio Tonini et Michel Fedrigo et il évoque « une chute (…) qui a failli arrêter la carrière de Michel chez les cadets ». Interrogé, Michel met plutôt l’accent sur la « gamelle » qu’il ramasse à l’arrivée de la troisième étape du Tour Béarn-Aragon, fin juin 1972. Michel qui avait déjà gagné la deuxième étape à Jaca (devant D. Barjolin) chute à 200 m de l’arrivée à Saragosse, le lendemain.
Michel soutenu par Daniel Barjolin après la chute lors de l'arrivée à Saragosse
Selon son directeur sportif, M. Dartenuc, « il a été balancé littéralement par un Espagnol ». Son partenaire de l’équipe « SIPVO-Tonneins », Claude Mazeaud, raconte : « les Espagnols voulaient à tout prix gagner chez eux à Saragosse, 10 km avant l’arrivée, ils lui tiraient déjà le maillot ».
Michel avait déjà connu, en 1971 lors du Tour du sud-ouest, des moments difficiles. Lors de la 4ème étape, porteur du maillot de leader, il fait front seul, défendant « la belle tunique avec une prodigalité qui frôl(ait) l’inconscience ».
Tour du sud-ouest 1971 : "le petit cheval dans le mauvais temps…" (Brassens), Michel, le maillot et les Italiens !
Puis, « zigzagant sur la route comme un homme ivre, il tomba frigorifié. A bout de forces, il était incapable de prononcer un seul mot… » « nous le vîmes s’affaisser sur le bord de la route. Inanimé ! »(M. Bertrand) et il « fut transporté dans l’ambulance sur-le-champ » (Martial Bonnat, dans « Sud-Ouest »)/ Au final, le vainqueur de ce Tour du sud-ouest 1971 est son futur beau-frère, Alain Bernard. Certes, il faisait un temps épouvantable sur les Pyrénées et les coureurs reçurent une pluie glaciale jusqu’à Biarritz. Magni et Thomazeau mirent eux aussi pied à terre.
Dans le Tour de l’Avenir 1976, auquel il participe dans une équipe Peugeot dirigée par M. Wiégant et composée par P. Béon, J. Boulas, A. Chabran, G. Dolhats et M. Fedrigo, un coureur étranger, son voisin dans le bus qui transporte les coureurs, est pris de vomissements. Michel est « détraqué » à son tour et,en cours d’étape, il abandonne dans le Tourmalet.
Trois moments difficiles dans une carrière par ailleurs bien remplie et que l’on serait tenté de considérer comme trois ruptures presqu’inévitables dans un sport comme le cyclisme. Mais, trois rendez-vous manqués aussi, qui – s’ils ne l’avaient pas été – auraient pu enrichir encore un palmarès pourtant bien garni.
Principales courses par étapes
Tour des Alpes de Provence 1973 (1ère étape à Oraison, 8ème au général), 1974 (2ème étape à Voix-les-Mèles)
Tour de l’ Aude 1972 (4ème au final)
Tour des Landes 1971(maillot vert, 3ème au final)
Tour du Béarn 1972 (vainqueur du prologue)
Tour du Pays basque 1970 (une étape à Mauléon)
Tour du Sud-ouest 1969, 1970, 1971(deux étapes, 8ème en 70)
Béarn-Aragon 1972 (vainqueur de l’étape à Jaca, 2èmeà Pau, 24émeau final)
Circuit de la Sarthe 1972 (1ère étape Le Mans-châteaux de la Loire et 3ème de la 4ème étape, 18ème au général)
Tour de l’Avenir 1973 (6ème de la 1ère étape, Aubagne-Palavas-les-Flots)et 1976
6. les caractéristiques du coureur :
La première caractéristique, la mieux connue de tous, c’est : « le plus rapide au sprint ». Une évidence quand quelqu’un peut collectionner 400 victoires en 20 ans à peine. C’est « un magnifique sprinter, extrêment adroit bien qu’il n’ait jamais fait de piste ».
1977 : 34ème circuit de La Rochette , sprint massif: 1. Fedrigo 2. Valade 3.Dolhats 4. Friou
Mais, la course ne se résume pas à ces dernières images : « lançant le sprint de loin, du bas de la côte… il aborda en tête la ligne droite menant à l’arrivée et résista aux efforts de son rival jusqu’au bout ». « C’est parti ! Fedrigo n’a pas raté son entrée, il a cueilli au sprint son premier bouquet de la saison nouvelle (Essor Basque 1973, Prix d’ouverture à St. Léon).
La pointe de vitesse, cette qualité indispensable aux yeux de tous, n’est peut-être pas suffisante. Très vite ( !), les commentateurs notent « des progrès spectaculaires pour ne pas dire stupéfiants ». Il a « élargi considérablement son registre… » et « il n’a pas son pareil pour « sentir » la course ».
Il y a donc « sa pointe de vitesse et son sens de la course ». Cette vélocité peut devenir « un démarrage comme seul il sait le faire… », alors il « se déchaîne et prend trente secondes ». Il peut donc gagner « nettement détaché, sous les applaudissements du public conquis par son panache ».
Dans les rues d'Hasparren en 1978, 2. Saladier 3. Becaas 4. Bajan 5. Lecuona 6. Dolhats ...
C’est un « coureur de petit gabarit, mais d’une extrême vitalité», « le plus entreprenant mais aussi le plus « saignant ». C’est « un leader généreux et vigilant » et, en plus, « un garçon sympathique et ouvert ». Lors de la « Ronde de l’Armagnac » qu’il remporte en 1971, le journaliste, qui l’a déjà côtoyé, écrit : « une volonté de fer et un courage assez exceptionnel sont les traits marquants du vainqueur d’hier ».
Arrivée d'étape du Tour de Béarn-Aragon 1975 : M. Fedrigo à gauche et M. Laforest à droite.
La dernière caractéristique que nous avons relevée est peut-être la plus importante, c’est « un coureur qui ne commet pas de fautes ».
7. la fin de carrière :
Cela commence par quelues mots lâchés comme dans ce titre : « L’Essor Basque à Fedrigo. Un jeune champion de trente ans ». Nous sommes en 1979, c’est la troisième fois que Michel gagne cette épreuve (il la gagnera encore deux fois).
4 mars 1981, Essor Basque : St Jean-de-Luz - Bayonne : M. Fedrigo, Marino Verado, M. Marchi et
Luis Ocana.
Peut-être, aussi, avec des signes comme celui-ci : 1979, c’est la dernière saison de Daniel Barjolin (qui a 41 ans), à ce niveau.
Podium de la "Tomate" 1981 : M. Fedrigo-Mario Verado-JM Prioleau
Cela se confirme en 1981, alors qu’il vient de remporter la « Tomate » (qu’il a déjà gagnée 2 fois), le journaliste n’hésite pas à le qualifier de « vétéran du club » (le CC Marmande, organisateur de la course).
Une brochette ? Un cercle ? Une académie ? pendant que Victor Caneiro serre la main officielle, "les nominés sont" : (de la gauche vers la droite) A. Bernard - Marino Verado - B. Pineau - C. Magni - A. De Las Cuevas - M. Fedrigo - F. Castaing... Signé : le C.C. Marmande.
Ou encore – et cette fois le signe est plus fort – à Créon, fin 1981, lorsque « Lajo a battu de justesse Fedrigo qui aurait souhaité marquer par une victoire (…) le terme de ses activités sportives ».
C’est encore plus manifeste quand, vainqueur à Piégut et pour son 18ème succès de la saison, on lit : « 370ème victoire d’une carrière qui se termine dans deux semaines à Miallet ».
A Miallet, en 1982, un an avant la fin : Michel, Bajan et Prioleau.
Mais, en avril, a lieu la course du Mont Pujols, « depuis un quart de siècle… le clou des fêtes de Pâques ». Certes, il y a « l’air pur de notre seule montagne du Villeneuvois », mais « y monter 10 fois pour le plaisir, c’est un véritable exploit ». En 1982, le tiercé gagnant est : 1. Prioleau 2. Fedrigo 3. Pineau. Michel y est venu pour la première fois. A 15 km du but, Prioleau (20 ans) s’échappe.
Camarade de club au CC Marmande, c’est « un espoir du cyclisme aquitain ». C’est aussi « un jeune écolier de Miramont-de-Guyenne qui allait aider pendant les vacances les frères Fedrigo pour les travaux de la ferme familiale » et « il mettait tant de cœur à l’ouvrage… que les deux frères eurent l’idée de canaliser son trop plein de vitalité… » « Six ans après, Jean-Marc considère toujours Michel comme le « grand frère ».
Le signataire de l’article sur le Mont Pujols, M. Laffargue, parle de « l’homme aux 400 victoires » et rapportant que Michel a déclaré au micro du speaker Solacroup « vouloir abandonner le vélo à la fin de la saison », il laisse tomber : « une déclaration qui n’a semblé convaincre personne ».
Après tant d’années passées sur le vélo, l’arrêt d’une activité de coureur cycliste n’est donc pas une décision facile à prendre ou à laquelle il est facile de se tenir. Au terme de « 130 courses – en toute décontraction - dont vingt places de premier », Michel Fedrigo arrête en 1983. A ce moment, Michelle et Michel Fedrigo ont deux garçons. Stéphane, l’aîné, à travers la classe sport-études du collège de Miramont, devient un bon footballeur dans l’équipe de Castets-en-Dorthe, club de CFA. Pierrick, le plus jeune (il a 5 ans ), a eu depuis . la carrière de coureur que l’on sait.
Janvier 2014. Venu nous guider jusqu’à la ferme des 6 chemins à Roumagne, Michel s’arrête sur le bord de la route, puis il descend et vient vers nous. Nous baissons la vitre et il nous dit montrant la route derrière nous : « Le Tour de France 2014 va passer ici ». A quelques encablûres de la ferme des Fedrigo. Une légère ombre passe sur le visage de Michel : Pierrick, 35 ans, sera-t-il de l’équipe « FDJ » ?, car on sait cette équipe bien fournie en « jeunes » de qualité..
En attendant, grand-père Michel conduit le fils de Stéphane à l’école de cyclisme du CC Marmandais. Et, la roue continue de tourner…
A Roumagne, il y a une pièce entièrement consacrée au culte de Pierrick que les deux frères célèbrent.
Michel Fedrigo :"Je souhaiterais à tous les papas de connaître ce que j'ai connu avec Pierrick".
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