Michel GONZALEZ (1933-2013)
Avant-Propos
Cet article résumant la vie et la carrière de Michel GONZALEZ (1933 – 2013) doit son existence à deux personnes : Michel Lesbats et Patrick Gonzalez.
Le premier, fils de Charles Lesbats, lequel est à l’origine de la section cycliste du C.A. Municipal de Bordeaux, est devenu en quelque sorte l’archiviste de ce club. Contacté par Patrick Gonzalez – l’un des deux fils de Michel – lequel avait entrepris de rassembler toutes les archives possibles sur son père, M. Lesbats m’avait, à cette occasion, appelé. L’archiviste du C.A.M. s’étonnait que « memovelo » ne compte pas Michel Gonzalez parmi la centaine de portraits et biographies publiés. A juste titre, semble-t-il, puisque Michel Gonzalez a d’abord été licencié au C.A.M. et, aussi, parce qu’un autre Gonzalez figure déjà sur « memovelo » : il s’agit d’Alban Gonzalez. Les deux hommes ayant couru quelque temps sous les mêmes couleurs.
Je m’en étais expliqué avec M. Lesbats et je lui avais dit ceci : « ce site est l’œuvre d’un particulier, plus précisément l’activité essentielle (et, peut-être, utile) d’un retraité passionné depuis son jeune âge par les courses et les coureurs cyclistes. Cet auteur ne s’est jamais cru autorisé à publier quoi que ce soit sans l’accord de la (ou des) personne(s) concernée(s). De fait, un premier travail sur Michel Gonzalez aurait pu voir le jour, mais Christian Bannes qui aurait pu servir « d’interprète » me fit alors la confidence de la grave maladie qui allait emporter M. Gonzalez. Ce dernier est décédé en 2013 et « memovelo » a débuté en 2010.
C’est ensuite Patrick Gonzalez qui a pris contact avec moi, alors qu’il terminait un travail de 3 ans consistant à rassembler sur une clé USB les archives concernant son père. C’est grâce à ce travail (dont il reconnaît que le travail de G. Descoubes sur le 1er tome de Patrimoine cycliste du SudOuest et l'accueil de B. Peccabin dans "RetroDordogne" ont été des aides importantes) et à la bonne volonté de ces deux personnes que cette « biographie » a pu être construite. Qu’ils en soient remerciés.
Bayonne, fin juillet 1962, en pleines Fêtes, Michel Gonzalez vient de remporter le Grand Prix Izarra, au bout des 100 km sur le circuit des Remparts - allées Paulmy, 15"pros" et 30 "indés", plus un invité surprise : Ercole Baldini, les jeunes mâles entourent leur "héros"...
L’enfance et la famille
C’est dans sa définition générale et officielle que nous entendons le mot « enfance », c’est-à-dire cette «phase du développement humain physique et mental qui se situe entre la naissance et l’adolescence (en droit, de la naissance à 18 ans) » (Wikipedia). Plus particulièrement ici, nous entendons « le genre littéraire médiéval qui raconte la naissance et la jeunesse d’un héros » (Larousse).
Michel Gonzalez est né le 1er octobre 1933 au Boucau (64) dans le quartier de la Gargale dans le Haut-Boucau. Depuis 2013, il repose dans le cimetière au bas de la côte du Pastou. Patrick, son fils aîné, raconte que « chaque saison, il y avait deux courses cyclistes au Boucau (le Grand Prix de la Ville et le Grand Prix des fêtes de la Gargale). L’une arrivait en haut et l’autre arrivée se trouvait en bas ».
Le père de Michel, Henri Gonzalez, d’abord menuisier est ensuite rentré chez les cheminots, puis il est parti travailler à Bordeaux. Le grand-père, François, est aussi du Boucau et leurs prénoms sont bien français. Le patronyme Gonzalez (avec deux z, ce que certains journalistes ignorent) bien que de provenance espagnole est donc celui d’une famille boucalaise. A Bordeaux, les parents de Michel, Henri et Thérèse habitent d’abord le quartier Saint-Michel. L’enfant va à l’école cours de la Marne. A 9 ans (1942) une photo de la classe de 8ème le montre assis à côté de son copain Michel Guérin, dont le père est grossiste dans le commerce du café. Avec ce copain, Michel fera les « 400 coups » (F. Truffaut). En effet, la maman est repartie à Biarritz et le père travaille… Mais, en 1944, il chute du tramway (qui sera supprimé par J. Chaban-Delmas en 1958). Lors de cet accident, Michel a le bras droit sectionné et le petit doigt de la main gauche est écrasé. L’amputation du bras droit est évitée grâce à l’opération tentée par un jeune médecin et elle dure 11 heures. Le bras est sauvé, mais les séquelles sont importantes : les doigts restent repliés et le bras manquera toujours de force. Plus tard, le coureur cycliste, Michel Gonzalez sera un adepte des « manettes de dérailleur au bout du guidon».
En haut à gauche : en 1942, la classe de 8ème de l'école du cours de la Marne, Michel est assis en bas 2ème à gauche. A droite, Michel à la ferme en Limousin avec le troupeau de moutons. En bas à gauche, le père, Henri et la mère, Thérèse; puis (à droite), Michel, le bras droit posé sur la cuisse avec sa maman et le chien.
Thérèse, la maman qui est séparée du père, revient de Biarritz pour s’occuper de Michel, lequel connaît de longs mois de convalescence et de rééducation. Ils habitent le quartier Nansouty et trouvent auprès de M. et Mme Pierre une nouvelle famille.
En 1974, à Biscarosse où Patrick Gonzalez gagne en juniors, M. et Mme Pierre, malgré leur âge, sont venus encourager le fils aîné de Michel, ici aux côtés de sa mère .
Sur les photos (ci-dessous) on retrouve Michel avec un nouveau copain, le chien. Puis, le vélo de course fait son entrée. En effet, Michel qui avait commencé par le football en minimes au Stade Talençais (avec succès : champion de L.S.O.), a dû laisser ses copains pendant les longs mois de guérison. Et, il a découvert le vélo.
A gauche, la maman, le premier vélo, celui avec les stabilisateurs. Puis, au milieu le premier vélo de course. En haut, Michel "en civil" (convalescent) avec ses copains footballeurs. En bas, à droite, un autre trio : Michel, le chien et le vélo. Ensuite, la passion des chiens a été transmise à Patrick qui garde le souvenir de son premier chien offert par Jean Ricou.
En 1946, un autre témoignage photographique montre Michel dans une ferme du Limousin, où il participe aux travaux agricoles et garde les animaux. Il y reçoit une meilleure nourriture que celle qu’il a connu à Bordeaux sous l’occupation allemande.
Avec le recul du temps, la trajectoire du coureur Michel Gonzalez se découpe en deux périodes : l’une est bordelaise (1951-1957) et l’autre est basque (1959-1968), séparées par un bref intermède dans le professionnalisme en 1958.
La période « bordelaise »
En 1951, quelques élèves du Centre d’apprentissage du cours de la Marne à Bordeaux trustent les médailles aux championnats d’Académie de l’O.S.S.U. (Office du Sport Scolaire et Universitaire). Des noms émergent : sur la piste, les titres vont à Robert Verdeun en vitesse et à Michel Gonzalez en poursuite et, sur la route à Max Laville.
Dans le « civil », il y a le Premier Pas Dunlop et, en Gironde, la « génération 51 » compte : Doret G., Laville, Frère, R. Suire, Beauvieux, Gonzalez… entre autres. En effet, une première licence a été prise dans le club de Charles Lesbats, le C.A.M. C’est juste derrière le magasin-atelier du fondateur de la section cycliste du Club Athlétique Municipal que Michel Gonzalez franchit sa première ligne d’arrivée en vainqueur, le Grand Prix Berthelot à Ravezies. Deux autres victoires (Arbanats et Saint-Denis de Pile) viennent consacrer un jeune coureur « pressé » de sortir de la 4ème catégorie. En témoignent ces autres résultats acquis en « toutes catégories » en bonne compagnie : à Anglet, 3ème derrière Rançon et Goya, à Saint-Léon, 4ème derrière Goya et Queheille, à Verdille 5ème derrière les « Charentais » R. Suire, Pallu, Barraud et Réau.
En haut : devant le magasin-atelier de Charles Lesbats, quelques coureurs du CAM. Michel Gonzalez est accroupi 2ème à gauche, à droite deux dirigeants MM. Simon et Lacoste (en haut, le coureur à sa droite est Albino Gonzalez. Sur la photo à droite, la première victoire (au sprint) de Michel à Ravezies-Berthelot . En bas, à Targon en 1952, Julien Moineau est entre Max Laville et Michel Gonzalez. A droite, Michel , porté par le vent gagne le "Stanislas" à plus de 48km/h de moyenne.
En 1952, Michel gagne à Targon (4. M. Laville ...7. C. Bannes), le Prix du Printemps à Mimizan (2. G. Doret), à Montignac-Vauclaire (2. M. Bodin), à Sainte Radegonde-Pujols et à Queyrac-Médoc. Il est aussi 4ème de Bordeaux-Arès, 3ème de Bordeaux-Lacanau, 3ème du Prix Laffargue à Bègles, 4ème au Pouyalet-Pauillac… et il court désormais sous licence à l’Union Sportive du Bouscat.
Le bouquet à Ravezies lui a été offert par Mme Luneau, la gagnante de l'épreuve féminine. A l'arrière, par -dessus l'épaule de Michel Gonzalez, on aperçoit Henri, son père.
1953 : Il court sur les cycles « Origan » distribués par Vrignaud l’autre vélociste du Bouscat et il agrandit son périmètre d’action. Contre les « Charentais » et les « Basco-Landais » il dessine un profil de coureur de classique : 1er Angoulême-Rochefort devant Lemaître et Darodes, 1er de Bordeaux-Montguyon devant Coutant et Sabathier (dont il gagne les deux étapes) et 1er de Bordeaux-Mussidan, le Prix Reboul devant Augustin, Llamouzy et Barquero, 1er à St. Jean de Luz et Ciboure devant Bastres et Abozit, à Langon. Il est 2ème du Prix du Courrier à Bayonne derrière Montero, 3ème du Martini au Boucau derrière J. Dupont, A. Dolhats et R. Desbats, également à Hasparren derrière Labadie et Bastres, au Boucau derrière Durdeyt et Sosa, à Tarnos derrière Goya et Lesca, à Villefranque, 5ème du Tour du Blayais (1. Heugas 2. Doret) …
1954 : Recruté par les Girondins de Bordeaux, Michel Gonzalez constitue un renfort pour l’équipe qui gagne le championnat de Guyenne des sociétés sur route (100 km avec Augustin, les frères Rinco et Sabatier).
1954 : avec les "Girondins de Bordeaux", en compagnie des frères Rinco, Augustin et Sabathier, ils gagnent le championnat de Guyenne des 100km sur route des sociétés . Le deuxième en partant de la droite est le dirigeant Pierre Requet.
Individuellement, il continue d’avoir une présence sur la piste : au cours du 2ème après-midi cycliste, il gagne le brassard poursuite en effectuant 3km en 4’2’’2/5. Cette performance est confirmée lors du Prix R. Stanislas (l’une des 3 épreuves organisées par le S.A.B. en mémoire de 3 Sabistes tombés au champ d’honneur : Stanislas, Fauchet, Saül) au Taillan sur la route du Médoc, où il réalise 6’4’’2/5 sur 4 km, soit la moyenne de 48,230 km/h. Certes avec un fort vent arrière, mais il laisse Garbay à 7’’, C. Bannes à 18’’, Tournis à 20 ‘’ et R. Verdeun à 21’’. Ce qui incite Julien Moineau, l’ancien champion arcachonnais à lui prédire un brillant avenir. Et aux championnats de France, l’équipe des Girondins se classe 3ème derrière le club de Levallois Perret et l’A.C. Sotteville sur le 100 km / route / sociétés (handicapée par des ennuis mécaniques, une crevaison et un blocage défectueux).
Sur la piste du vélodrome de Lescure, il devient champion de Guyenne de poursuite individuelle 1954.
Mais, Michel Gonzalez confirme toutes ses capacités en gagnant Bordeaux-Royan (125 km) malgré les « Charentais » (Trochut et Beuffeuil) après une échappée à 4 et devant S. Perrin, F. Merino et P. Rinco. Puis, un autre avenir se dessine peut-être lors d’une première participation au Criterium international des Quinconces, dans lequel il se classe 6ème derrière 1. A. Darrigade 2. F. Anastasi 3. Sitek 4. Dolhats 5. Desbats… et devant M. Poblet.
A cela s’ajoutent d’autres succès comme à Mimizan (les 2 étapes et le classement final), à Mont de Marsan (devant Rançon et Cazala), à Plaisance (devant Vasquez et P. Rinco), à Targon (2. Capitanio 3. J. Rinco) et plusieurs places dans les 4 premiers : à Soustons (1. Mandron), au Bouscat (1. Garcia), à Bayonne (1. Merino), à Portets (1. Batan), au Prix Izarra (derrière Dolhats, Caput et Berton), à Préchac (1. Merino).
1955 : C’est l’année où Michel remporte le plus de courses (20).
Outre le Prix Stanislas au Taillan (sans le vent dans le dos en 7’16’’2/5), sur le vélodrome de Lescure, il devient champion de Guyenne en poursuite sociétés avec les Girondins (J.Alvarez, G.Augustin, C.Bannes).
1955 : avec les "Girondins de Bordeaux", il devient champion de Guyenne de poursuite par équipes en compagnie de J. Avarez, G. Augustin, C. Bannes.
Sur la route, il ajoute deux nouvelles « classiques » : Bordeaux-Eymet devant J. Bianco et J. Pineau et, 15 jours plus tard, il gagne Bordeaux-Rochefort devant Phelippeau et Rigon. En Charente-Maritime, il remporte le Grand Prix d’Etaules devant A. Trochut et G. Gaillot. Puis, à Saintes, la première étape de la semaine commerciale devant Pallu et, à Saint Martin d’Ary, il gagne devant Darodes. Dans les Landes, il gagne à Saint Geours de Maremne (2. Rançon), à Mont de Marsan St. Roch (2. Rançon). En Gironde, il est vainqueur à Caudéran et à Landiras (2. Conti) et, en Lot-et-Garonne à Tonneins (Ja. Pineau).
Deux événements font de cette année 1955 une année à part :
- Au début du mois de juin a lieu la « Route de France », pour laquelle J. Moineau a sélectionné l’équipe du sud-ouest suivante : Beuffeuil-Cazala-Coutant-Geyre-Gonzalez-Jouault-Trochut. Michel est non-partant au départ de la 4èmeétape (il est tombé après s’être accroché avec son coéquipier Claude Coutant). L’épreuve est remportée par René Genin devant Gérard Saint et Pierre Beuffeuil. Les autres « sud-ouest » se classent : Arnaud Geyre 7ème, Guy Planas 8ème, Robert Gibanel 9ème, Robert Cazala 11ème, André Trochut 25ème et Claude Coutant 28ème.
- Au mois d’octobre 1955, Michel Gonzalez, employé de bureau épouse Maria Dolorès Sainz, manutentionnaire à Bayonne.
Des images de la rencontre avec Dolorès Sainz, "Miss Guidon Bayonnais", qui deviendra la maman de Patrick et Dominique, les deux garçons du couple, lequel pose, avec le petit Patrick, sur la terrasse de la maison du Haut-Boucau appelée "Dolomic".
1956 :
Parmi les 10 victoires que Gonzalez totalise cette année-là, les 3 « classiques » : Bordeaux - Eymet, Bordeaux - Dax, Bordeaux - Rochefort accentuent le profil de Michel comme coureur de « ville-à-ville », plutôt que de « course par étapes ». Ces trois courses tracent aussi les axes du territoire du coureur : vers la Dordogne, Michel s’impose à Eymet devant Ben Brahim, Cigano et Trochut; vers les Landes, il gagne cette classique patronnée par les « vêtements Thiery » devant Geyre, Deloche et Cigano. Vers la Charente-Maritime, il est victorieux devant Rigon, Alvarez et Cruzin.
A cette dominante « ville-à-ville » s’ajoutent des succès à Bayonne- les allées marines (2. Geyre, 3. Cazala), le Grand Prix de la Trimouille devant Bianco et Fourgeaud, du côté de la Haute Saintonge : 1er au Gibeau (2. Cabalet, 3. Jo Bianco) et 1er à Saint-Aigulin (2. Ben Brahim, 3. S. Perrin). Dans le Tarn-et-Garonne à Montbarbier (2. A. Cousinié, 3. M. Prodoscimi) … de sacrés « suivants ».
Ailleurs, l’activité du coureur Gonzalez dessine un paysage varié de places amères : 2ème du Tour du Bergeracois (derrière Dejouhannet), 3ème à Barsac (derrière L. Bobet et J. Anquetil), 6ème de Bordeaux-Saintes gagné par le « fils » Gaillot 23 ans après son père, 6ème du Grand Prix Farbos (1. P. Nardi) et des places encore qui mènent du Boucau à Foix (Ariège) ou de Ribérac (24) à Cambo (64) …
1957 :
Au cours du mois de novembre 1956, « l’Athlète » annonce les changements de club des coureurs suivants : D. Dihars - M. Gonzalez - C. Bannes - M. Jouault - C. Pailler- A. Gonzalez – SanMiguel - R. Castaing.
A la lecture de ces quelques noms on peut deviner que se préparent des changements d’orientation sociale et familiale autant que sportive. Et, le 2 janvier 1957, ce même journal donne ces informations : « Michel Gonzalez (avec Desbats) en pension aux Lauries à Nice, route de Saint-Tropez, qui travaille aux meubles Matha à Bordeaux, opéré des cloisons nasales, équipé par « Royal-Fabric », quitte la section cycliste des Girondins pour le Vélo Club Hendaye de M. Saintoul. Michel change de domicile et retourne près de son grand-père et sa famille au Boucau. Et, une semaine plus tard, « l’Athlète » publie la composition de l’équipe Royal-Fabric pour la saison 1957, dans laquelle on retrouve avec M. Gonzalez, R. Gibanel, Tino Sabbadini, A. Dupré, Pagotto et Maurice Bertrand.
Bordeaux-Bayonne 1957 : sur le vélodrome "aux plaques de ciment" de Saint-Léon (ouvert en 1935, démoli en 2009, aujourd'hui stade Jean Dauger), le peloton est entré emmené par M. Ben Brahim, mais Michel a surgi à la sortie du dernier virage...
Au premier rang des résultats obtenus se place Bordeaux-Bayonne (vêtements Thiéry) remporté au terme d’un sprint magistral sur le mythique vélodrome (ouverture en 1935, fermeture au début des années 80, démolition en 2003). Michel gagne devant Ben Brahim, A. Lesca et J. Cigano, trois « géants » de notre région. C’est aussi à ce moment que naît Patrick, le premier fils de Dolorès et Michel et ce dernier remonte à Bordeaux avec le bouquet pour la maman.
Mais, cette année-là s’affirme aussi le « profil » de coureur de criteriums, car à Bourcefranc, le 17 avril, Michel « enfile » - comme le disent certains – René Fournier - Jacques Bianco - André Lesca - Pierre Michel-Joseph Cigano… Quelques jours auparavant, il a gagné le Grand Prix du Réolais devant L. Rigon et M. Ben Brahim et le 28 avril, il gagne à Retjons (2. Darnauguilhem, 3. Batan, 4. Verdeun).
Ensuite, M. Gonzalez gagne le criterium de Saint-Aigulin devant Darnauguilhem - Lesca- B. Gauthier et L. Bobet. Des « coureurs notoires » écrit pudiquement le journaliste. A Limoux (11) où il gagne devant Cazala et S. Bianchi, il est question du « malin bayonnais » et, aussi, du « véloce petit hendayais » pour cette autre victoire à Moissac (82) où Siro, Bianchi, Sarrat et Lacoponi doivent se contenter des places d’honneur. A Hasparren (64), les Béarnais Poutou, Planas et Loustalot font de même et le journaliste écrit : « pratiquement pas de course hier, mais seulement une promenade de quatre garçons trop forts pour nos jeunes éléments régionaux.
En septembre, Michel gagne aussi à Périgueux devant Busto, Walryck et Gutty. Et, en octobre, ce sont d’abord les « 3 de Guyenne » qui occupent les trois premières places du Grand Prix de la ville de Tours : 1. Gonzalez, 2. Lesca, 3. Ben Brahim. Quelques jours plus tard, non loin de la commanderie templière, Michel est vainqueur aux Epaux de Meursac devant H. Prouzet, N. Sforacchi, A. Lesca, Pras…
Côté « courses à étapes », les résultats sont plus mitigés. On note deux nouvelles expériences : d’une part, le Tour de Bretagne en avril (6 étapes) que gagne Joseph Wasko, dans lequel Michel court au sein de l’équipe B (avec Geyre, Mastrotto, Toengi) et se classe 25ème au général après avoir remporté la demi-étape entre Concarneau et PIonéour-Lanvern. Et, d’autre part, le Tour de l’Ouest (8 étapes) gagné par Pierre Gouget devant Jean Dacquay et Pierre Barbotin, où il se classe 4ème de la 2ème étape entre Nantes et La Roche-sur-Yon (200 km) derrière B. Bultel et devant J. Graczyck… puis abandonne le lendemain.
Désigné comme remplaçant dans l’équipe du Sud-ouest pour le Tour de France 1957 par le directeur sportif Paul Maye, il se voit préférer Georges Gay à la place d’Albert Dolhats, forfait. Il en résulte un « froid » entre Paul Maye et Michel, qui aurait -peut-être- son origine au Tour des 3 « B » où Gonzalez gagne pourtant la 2ème étape Tarbes-Salies de Béarn.
La poignée de "main de Judas" (Patrick Gonzalez) entre Michel Gonzalez et Paul Maye, après l'arrivée à Salies. Plus tard, Patrick aura encore des difficultés avec la prof' de musique (le fille de P. Maye) et , en tant que marchand de jeux électroniques avec le père. Nous sommes perdus au milieu des conjectures...
A côté de quelques 18 victoires se rangent quelques déceptions (si on peut dire) : à Vergt (55 coureurs, 10 000 spectateurs, 4 primes de 100 000 francs), Michel subit la loi d’André Darrigade et finit 2ème, devant Abadie, Forestier, J. Dupont, Cieleska, Barrière…
Au Vieux-Boucau, chez lui, Michel s’incline d’une demi-longueur derrière Domagé (mais devant Bannes, Rançon, Nebut). Plus tôt dans la saison, à Maurs (15) il se classe 3ème derrière A. Lesca et M. Bertrand.
Dès 1957, il gagne nettement les sprints : en 1, à St. Aigulin devant Darnauguilhem et en 3, à Bourcefranc devant R. Fournier et, en 1959, devant Dolhats à Périgueux et devant R. Vivensang à Soustons.
La période basque
1958 :
« l’Athlète », le 12 mars, nous apprend le passage chez les « pros » de l’équipe « Peugeot » de Michel Gonzalez, lequel prendrait la gérance d’une station-service « Total » à Urrugne. Paris-Nice se court du 10 au 16 mars et Michel figure au départ avec le N°88, parmi les Walkowiak, Ruby, Colette, Rossi, Cohen, Bertolo et Siguenza dans l’équipe « Peugeot-BP ». Il n’a pas pu dire « non » à Gaston Plaud, mais il souffre du genou et il abandonne dès la deuxième étape.
Cependant, il gagne le criterium des Aix-d’AngIllon (Bourges) devant Maurice Moucheraud et Jean-Marie Joubert. Il gagne aussi à Périgueux devant Batan et Siniscalchi. Au circuit de l’Indre, il termine 3ème derrière P. Brun et T. Sabbadini. Et, le 2 août à Dax, il s’inscrit à la deuxième place du sprint final entre André Darrigade et Bernard Domagé.
Dernier résultat honorable pour le « néo-pro », le 17 septembre à Eymet : 3ème derrière Tino Sabbadini et Marcel Camillo.
Marqué par cet échec de début de saison (abandon dans Paris-Nice) puis confronté à un nombre de victoires et un nombre de courses dérisoires par rapport à son activité, lorsqu’il était indépendant. A cette époque, les salaires des néo-pros sont très étroits (seize, sic !). Michel choisit de redevenir « indé ».
1959 :
Quand on essaie de comptabiliser le nombre de victoires obtenues par Michel Gonzalez en 18 ans de carrière, on peut estimer le nombre de succès annuels en moyenne à dix. Ce chiffre n’est pas exact pour les deux premières années, ni pour les trois dernières. En effet, il y a eu des années plus fructueuses que d’autres : 1955 (20), 1957 (18), 1963 (17) … Toujours est-il que, tout compte fait, le nombre de coureurs qui obtiennent 10 victoires par an en moyenne est très réduit et – même si certaines victoires n’en valent pas d’autres – cela constitue la limite à partir de laquelle on peut dire que l’on a affaire avec un très bon coureur.
1959 est une saison à plus de 10 victoires : Anglet, le Boucau, Vieux Boucau, Bocage Vendéen, Mont-de - Marsan, Urval, Périgueux, Soustons, Etaules… Lourdes. Si, à Bressuire, au terme des 160 km du circuit du Bocage Vendéen, il ne reste plus que 13 coureurs qu’il bat au sprint, ailleurs, il impose sa pointe vitesse à d’autres « sprinters », comme dans le Prix Petit-Breton à Périgueux : 2. Dolhats 3. J. Dupont 4. G. De Rycke, ou à Anglet : 2. F. Delort 3. R. Verdeun 4. Gibanel. Aussi, dans la plupart des classements, on retrouve souvent les mêmes noms, ceux de Planas, Brux, Ja. & Ju. Pineau, R. et J. Vivensang, Bello, Biesa…
1960 :
13 victoires sous les couleurs désormais du Guidon Bayonnais, présidé par M. Labaquière. Ex-Hendayais, Michel ne peut s’empêcher de gagner le Prix des 4 Présidents en début de saison à Hendaye, puis il continue avec l’ouverture en Charente à Barbezieux devant R. Verdeun, M. Archambaud, Deloche et Garbay. A Langon devant Ferreira, Cosse, Jugie après 140 km et à Bayonne, « A travers le Pays Basque » devant Gérard Capdeboscq, Labat et Daguerre… plus quelques grands prix locaux soutenus par l’activité commerciale comme à Villandraut (2. Bozzi, 3. Castera, 4. Epaud), à Fougeyrolles, plus tard à Mimizan - Plage.
Ses nombreuses victoires au sprint prennent aussi des allures de duel : ici, en bas, avec Leduc à Monbazillac en 1965 ou à Saint-Aigulin avec Elliott (un boyau !) en 1960. Nous avons conçu une collection de photos sous le titre "duels et fraternités" , tel ce moment de pause après Bordeaux-Bayonne avec André Lesca.
Mais, avec le Grand Prix du Guà, commencent les courses ouvertes aux « pros 2ème catégorie », et il gagne devant Jacques Bianco, André Trochut et Maurice Bertrand. Pendant l’été, il y a aussi les « nocturnes » : à Saint-Aigulin (où sont présents entre autres : L. Bobet, J. Stablinski, Poulidor…), il arrache la victoire à Seamus Elliott devant Maurice Bertrand et Valentin Huot et, à Montpon/Isle pour la Saint Roch (90 km en 1h43’) devant 5000 spectateurs il gagne encore devant Robert Verdeun, Maurice Bertrand et Siro Bianchi.
Voire encore ceux-ci : 1. le Prix Ovox-Totaliment avec A. Trochut (1960). 2. Bordeaux-Dax 1961 avec Robert Verdeun. 3. avec P. Poutou à Targon en 1961.
Deux ou trois événements ont aussi marqué cette saison : d’abord, les 27-28-29 mai s’est disputé le Prix Ovox - Totaliment (alimentation pour le bétail produite par le trust Calvé-Delft) dont Michel Gonzalez remporte le classement général, non sans avoir gagné une étape à Salles (devant Bello et Deloche) et fait deux fois deuxième et une fois troisième. La course a cependant tourné autour du duel entre Trochut et Gonzalez. Mais, le décès de Robert Moizan (24 ans) après une chute en course, bien que transporté au Centre Abadie de Bordeaux, est l’un de ces drames, tout comme le décès de Luis Goya – sur chute lui aussi à Dax en 1962 - qui marquent la mémoire de ces courses et celle des coureurs.
A Vergt (24) en juillet et à Vayrac (26) en août, pendant ce que l’on nomme les « Criteriums » où se retrouvent – souvent après le Tour de France – de « grands professionnels » et des « indés » (cf. chapitre
Criteriums), c’est ici qu’émerge définitivement le rôle du « trouble-fête » voire du « gêneur », attribué à
Michel Gonzalez. A Vergt donc, S.M. Rik Van Steenbergen (avec qui Michel a déjà eu à faire) rétablit la hiérarchie dans le sprint final : 2. Roger Darrigade 3. Dejouhannet 4. Gonzalez 5. Batan. Un peu plus tard,
A Vayrac (26), à l’arrivée, Michel Gonzalez aligne derrière lui : J. Groussard, R. Fournier, J. Gainche et André Darrigade… excusez du peu !
Pour le reste (42 courses ont été retrouvées) on note : six places de 2ème, 5 fois troisième, 4 fois quatrième, soit 26 fois « dans les 10 ».
1961 :
Avec le maillot « KAS-Royal Asport », 13 victoires : Agen, Bordeaux-Dax, Fougueyrolles, Lalinde, Langon, Le Guà, Libourne-la Victoire, Mont-de-Marsan St. Médard, Montignac-Vauclaire, Parentis, Saint Aigulin, Saint Géours de Maremne… au milieu des Archambaud, Bello, Ben Brahim, Bianco, Brux, Delaunay, Desbats, Lesca, Poutou, Rançon, Ricou, Sandona, Verdeun, Walryck … soit la quinzaine d’hommes qui gagnent le plus souvent dans le « grand sud-ouest ».
Parmi toutes ces victoires domine le 16ème Bordeaux-Dax (créé en 1934), au terme duquel (180 km en 4h 32’) deux coureurs se disputent la victoire sur la ligne et Michel Gonzalez devance son ami Robert Verdeun et de glorieux suivants : Brux, Bianco, Jouglin, Barrère, Deloche et Loustalot parmi les vingt coureurs au sprint sur le boulevard Saint Pierre.
Aux côtés de ce succès se tiennent les deux Grands Prix du Guà et de Saint Aigulin où Michel triomphe de « l’élite des coureurs régionaux ». Deuxième aussi dans l’ombre du grand Van Steenbergen à Bourcefranc et, à Bort-les-Orgues derrière celle de Carlesi, il se classe troisième à Chef-Boutonne derrière Ricou et Chaumont (Louison Bobet est 10ème), puis à Saint-Nazaire derrière Gainche et Fournier. Michel reste donc en embuscade dans les criteriums avec les « pros ».
Sur 44 courses recensées, il se classe (outre les 13 victoires) 32 fois dans les dix premiers (9 places de 2ème et 10 de troisième).
1962 :
Une quarantaine de résultats a été retrouvée par son fils, Patrick, et de 1960 à 1968 (l’arrêt), il en est à peu près de même. Cette activité s’étale de mars à octobre sur 8 mois, maximum (en hiver, Michel est docker sur le port de Bayonne). Cela permet une estimation de la pratique d’un bon indépendant. Et, dans le cas de Michel Gonzalez, dont la trajectoire de coureur cycliste va de 1951 à 1968, cela dure – à quelques variantes près – 18 années.
En ce qui concerne les victoires, sur la base moyenne de 10 victoires par an, nous arrivons à 180, théoriquement. Or, dans les recensements effectués (Descoubes, P. Gonzalez), on parvient à peu près à ce chiffre. Si l’on veut bien admettre que l’exemple de Gonzalez permet un premier étalonnage sérieux, que faut-il penser de certains chiffres avancés ici ou là et pour tel ou tel coureur ?
Toujours est-il qu’en 1962, Michel G. remporte 13 ou 14 victoires, si l’on ne tient pas compte des prestations effectuées sur les vélodromes de Bayonne (réunion d’attente de l’étape du Tour) et de Damazan.
Toutes les arrivées, donc, ne sont pas forcément victorieuses : 1. Adriano Dal Sié le devance nettement dans le Grand Prix R. Salomon (Jarnac 1962), mais au Gibeau (en bas) en 1963 (2. Ben Brahim) et dans Bordeaux - Périgueux 1962 devant D. Walryck ou encore à Anglet devant R. Verdeun, dans ce qu'on appelle "sprints massifs", il est premier.
Il y a d’abord un premier succès dans la « classique » Bordeaux-Périgueux devant le local Walryck (Daniel, pro en 1961) et Robert Verdeun. Sur le même plan, il est possible de placer la victoire acquise à Dax, dans le Prix de la « Grande Maison » au bout de 180 km sur les routes de la Chalosse en 3h 40’ devant Pierre Bonnecaze, Demets et J. Rinco au terme d’une échappée, mais endeuillée par la grave chute de Luis Goya (selon le témoignage de son fils Patrick, Michel conserve longtemps dans sa tête le bruit produit par cette chute, catastrophique).
D’une autre nature sont les succès obtenus dans les nocturnes : à Mussidan devant R. Verdeun, M. Archambaud, M. Bertrand ; à Brive, devant Mézières et L. Melchior, tous trois échappés, 4. R. Verdeun ;
à Bassoues, 80 km en 1h57’’ devant Siniscalchi, Batan, M. Bertrand, Rançon ; à Orthez devant Batan, Barrère, R. Verdeun, R. Gibanel ; à Bayonne, le Prix Izarra en pleines fêtes le 31 juillet : 15 « pros » avec/et contre 30 « indés » : 1. Michel Gonzalez, 2. Pierre Poutou, 3. Roger Darrigade, tous les trois échappés… 4. Cousseau, 5. Abadie, 6. Walryck, 7. Barrière… avec comme invité de dernière minute Ercole Baldini.
Sur des circuits comme à Agen où l’on entend la grosse voix de R. Monlong, au long des 122km et des 40 tours, 7 coureurs s’échappent après une prime gagnée par Dal Sié et la victoire va à Michel Gonzalez, 2. Cousseau, 3. Greval, 4. Ben Brahim, 5. Barrière, 6. Batan, 7. Roques, 8. Dal Sié, 9. Staint Jean, 10. R. Verdeun ; à Capbreton, 50 tours 100km : Michel gagne en 2h 30’, 2. Gibanel, 3. Broustaut, 4. Poutou, 5. Batan ; à Fontenay le Comte le 23/9, 110 tours et 5 fuyards : 1. Gonzalez, 2. Vallée, 3. Delort ; à Sabres (le 24/9): 1. M.G. 2. Bianco 3. Ben Brahim 4. Jugie 5. Desbats.
Encore coureur de classique (Bordeaux - Périgueux), que devient Michel Gonzalez dans les criteriums ?
Relations avec ses contemporains : (1) avec M. ARchambaud, (2) dans la roue de J. Anquetil à la sortie de la Porte du Chateau à St Alvère en 1965 et, même ,(3) avec M. Brux à l'arrivée de la 1ère étape du circuit des Charentes 1964 à Angoulême ( il n'y a pas de photo-finish...).
A Charlieu (42) dans le Grand Prix de la Soierie (120 km), deux échappés Ruby et Buzzi laissent la troisième place à Michel Gonzalez 1’40’’ après eux et devant Ricou, Noguerol, Verdeun, Saint-Jean… et les autres. A Saint-Nazaire (44), Michel finit 2ème derrière le Hollandais De Haan après 150 km, mais devant Everaert, Gainche et Picot.
A Peyrehorade (40), un sprint massif au bout des 100 tours donne : 1. W. Vannitsen, 2. Cousseau, 3. R. Verdeun, 4. Gonzalez, 5. Gibanel, 6. Batan, 7. Delort, 8. Graczyck… il y avait aussi Stablinski, Anglade, Cazala, Dotto, Elliott, Milesi…
Michel est donc bien présent dans les criteriums et semble respecter la « hiérarchie ». Cependant, dans l’aire régionale, une certaine contestation s’affiche : à Jarnac, pour le Prix René Salomon, Gonzalez est 3ème derrière : 1. A. Delort, 2. Cousseau et, à Tours encore derrière deux de ses contemporains : Daniel Walryck et Robert Verdeun. Surtout, il est surpris en deux occasions : à Hasparren 3ème derrière deux échappés, Goïcotchea et Iparraguire et à Matha, où le jeune Bordelais d’origine italienne, Adriano Dal Sié étale de tout son long un peloton de coureurs confirmés : Jouglin, Brux, A. Delort, Gonzalez, Bonnecaze, Moussard, Batan…
1963 :
Parmi les 17 victoires recensées, deux marquent sans doute le point culminant du palmarès de Michel.
Equipé par les cycles « flandria » et porteur du maillot « vert et violet » du Guidon Bayonnais, il gagne une deuxième fois Bordeaux-Périgueux en laissant -dit le journaliste- « un Palois (Gibanel) à trois longueurs et un Marseillais (Siniscalchi) à quatre ». Ils étaient encore 50 coureurs en haut de la côte, rue Jean Jaurès, au bout de 178 km (4h 31’).
L’autre bouquet est glané à Bourcefranc. C’est aussi la deuxième fois (déjà en 1957). La presse titre : « un indé triomphe à Bourcefranc » et le journaliste enfonce le clou : « (il) s’est moqué de la hiérarchie et de toutes ces conventions qui régissent les courses de kermesse ». Malgré le forfait de Rik Van Looy (malade), il y avait « beaucoup de monde voué à sa perte ». Les « pros » sont 2ème avec Raynal, 4ème avec Gainche, 5ème avec F. Delort, 7ème avec Wolshohl… Joseph Groussard est 12ème… Bientôt, la presse nationale avec « Miroir-Sprint » puis « But&Club » va se mêler de l’affaire.
Mais, à Quillan en août, c’est Michel qui se classe 12ème derrière : 1. Jacques Anquetil, 2. Joseph Groussard, 3. Milesi, 4. Simpson, 5. Ignolin, 6. Elliott, 7. Bahamontès, 8. Pauwels, 9. Soler, 10. Camillo, 11. Darrigade… A Vayrac, où il a gagné en 1960, il termine 6ème derrière : 1. S. Elliott, 2. R. Poulidor, 3. A. le Dissez, 4. B. Beheyt, 5. R. Van Looy, un sprint qui arrive 10’’ après les 3 premiers !
A Mensignac, lors de l’arrivée en côte, Hubert Fraissseix s’impose à Michel Gonzalez, André Darrigade est 3ème Ben Brahim 4, Serre 5, Beaufrère 6, Mazeaud 7, Epaud 8…
A Saint-Laurent des Hommes, dans l’une de ces courses ouvertes aux « pros 2ème », il est 10ème (1. Bello) et à Saint-Aigulin, où il a déjà gagné trois fois, il est 9ème (1. R. Barrière).
Aux plans régional et local, il gagne deux fois à Dax, le Grand Prix de la Ville et des Commerçants devant Mario Sandona et le Grand Prix « Goya » (œuvre de bienfaisance) devant Bello. Et puis, aussi :
Agen : 112km à une moyenne de 42,531 km/h 1er devant Saint-Jean-Batan-Brux-Ben Brahim…
Bordères-Echez : Michel dit « la flèche basque » saute « Momo »Batan, 3.Broustaut…
Eauze : Gonzalez 1er devant Brux, Batan, Sandona, Gibanel qui se classent dans cet ordre…
Issigeac : Michel « bat » encore Batan, Siniscalchi, Célèrier, Archambaud…
Le Fouilloux : le trio gagnant est 1. Gonzalez, 2. Villeneuve, 3. Ben Brahim
Lussac-les-Châteaux : 1. Gonzalez, 2. Barrère, 3. Doret
Monbazillac : 1. Gonzalez, 2. Deloche, 3. Bello, 4. Bianco, 5. Ricou, 6. A. Dupré…
Royan, nocturne du commerce : 1. Gonzalez, 2. Cousseau, 3. Berland, 4. Vallée…
Sainte Livrade : 1. Gonzalez, 2. Cousseau, 3. Batan, 4. Brux, 5. Ben Brahim, 6. Archambaud
Saujon : 1. Gonzalez, 2. M. Pelé, 3. Batan, 4. Sandona, 5. Brux, 6. Delaunay
Thouars : 1. Gonzalez, 2. JP. Genet, 3. M. Grain, 4. Sandona
Uza-les-Forges : 1. Gonzalez, 2. Batan, 3. M. Bertrand
Si Raymond Batan est l’une des victimes de cette « razzia » (la plus souvent citée ici), Michel compte à côté de ses 14 victoires, 19 présences dans les 10 premiers. Soit 33 présences relevées dans le classement de 39 courses.
1964 :
A 31 ans, Michel effectue une saison selon ses standards : 10 victoires (sur les 38 résultats retrouvés) et 29 classements dans les 5 premiers. Ces dix victoires se localisent comme suit : une à Trédion en Bretagne, une à Cahors dans le Lot, deux en Charente à Angoulême et à Ruelle deux en Dordogne à Vergt et à Trémolat, deux dans les Landes à Hossegor et le Prix de la Côte d’Argent, deux dans les Pyrénées Atlantiques au Vieux Boucau et à Hendaye.
Michel Gonzalez n’est plus bordelais depuis quelque temps déjà, mais il gagne – hormis la Gironde – dans tout le Sud-Ouest. Qui plus est, un Aquitain qui gagne en Bretagne une course avec les « pros », il ne doit pas y en avoir des masses. A Tredion, où il y a 30 coureurs sélectionnés avec un équilibre entre « pros » et « indés », Michel s’affirme devant : 2. Flochlay, 3. Mériaux, 4. Serre, 5. Le Her, 6. Thomin, 7. Le Buhotel, 8. Bourlès, 9. Archambaud…
« le véloce coureur bayonnais » (hendayais peut-être, boucalais sûrement) va « batailler » encore dans quelques criteriums :
à Castillon-la-Bataille : 3ème à 43’’ d’Anquetil 1er et à 13’’ de Graczyck, mais devant Brux, Siniscalchi, Roger Darrigade, J. de Roo, Laforest, Deloche et Manzano.
à Charlieu (Grand Prix de la Soierie) : 4ème entre J.M.Cieleska (3) et M. Dejouhannet (5) derrière les deux échappés : 1. Archambaud, 2. Retrain.
à Miramont de Guyenne (nocturne en novembre 36 coureurs dont 25« pros » et M. Jouault au micro) : 1. Raymond Poulidor, 2. André Darrigade à 20’’, 3. M. Gonzalez, 4. B. Beheyt, 5. Sandona, 6. Graczyck…
à Lalinde, criterium de la solidarité (accident de Port de Couze), 10 000 spectateurs : 1. A. Darrigade, 2. R. Darrigade, 3. Archambaud, 4. Gainche, 5. A. Duprè, 6. Ben Brahim, … 9ème Michel Gonzalez.
à Grenade/Garonne : 10ème derrière 1. Bergaud, 2. Ben Brahim, 3. Gay, 4. Moscon, 5. Jo. Bianco, 6. Batan, 7. Vasquez, 8. Sabbadini, 9. Queheille…
à Lagorce-Laguirande : 85 coureurs au départ sur 130 km, malgré Manuel Manzano, c’est un Breton, déjà vainqueur la veille de Bordeaux-Saintes, qui mate les Charentais : 1. Le Mellec, 2. Brux, 3. Serre, 4. Beuffeuil, 5. Pineau, 6. Manzano, 7. Epaud, 8. R. Darrigade, 9. Gestraud, 10. Palet, 11. Bozzi, 12. Paoletti, 13. Ben Brahim à 10’’, 14. M. Gonzalez à 14’’…
à Saint Laurent des Hommes : 1. Valdois, 2. Le Menn à 1’20’’, 3. Ricou, 4. A. Dupré, 5. Manzano, 6. Graczyck,
7. M. Gonzalez, 8. M. Grain…
Au plan régional, Michel a à faire avec de redoutables sprinters. A Cahors, il bat Cousseau et Archambaud, à Ruelle il domine Batan, Siniscalchi, R. Darrigade et Lesca, à Trémolat il devance son coéquipier du VC Hendaye, Adolfo Bello et, au Vieux Boucau, le classement est le suivant : 1. Gonzalez, 2. Labarthe, 3. Batan, 4. Egreteau, 5. Cousseau, 6. Broustaut… Mais, dans le Grand Prix de la ville de Dax, il doit s’incliner devant Michel Brux … 3. Archambaud, 4. Roger Darrigade, 5. Broustaut. A Bayonne, pour le Prix de Saint Léon, il est 2ème devant Archambaud et Roger Darrigade, mais Prosper Dalis est arrivé seul. Enfin, à Cendrieux, 30 coureurs arrivent ensemble pour le sprint, après 24 tours d’un circuit de 5 km et le classement donne : 1. Michel Brux, 2. A. Dal Sié, 3. F. Siniscalchi, 4. Ricou, 5. Gonzalez… A Saint-Martin d’Ary, 1. Gabard 120 km en 3h12’, 2. A. Fournier, 3. Lesca, 4. Beuffeuil, 5.M. Gonzalez, 6. A. Delort…ou encore à Tarbes : 1. Gratton, 2. Della Negra, 3. Rabani, 4. Luchsinger à 1’, 5. Gonzalez à 2’20’’.
Seul moment délicat, à l’arrivée de la 1ère étape du Circuit des Charentes (Montendre-Angoulême 185 km), sur la même ligne (Michel Brux assurait que non), les commissaires déclarent M. Gonzalez vainqueur (cf. photo ici dans « duel et fraternité »).
les "duels" au sprint ne se terminent pas toujours à l'avantage de Gonzalez ou de Brux, ici à Eauze (1964), c'est plutôt de la "fraternité"...
1965
9 victoires retrouvées dans des archives pourtant plus complètes (environ 50 articles) pour une saison-charnière : non seulement, chez Michel Gonzalez, descendu pour la première fois en-dessous des 10 victoires annuelles (moyenne depuis 1953), car même en fin de carrière il affiche toujours un chiffre de 5 lors de son ultime saison en 1968 ; mais aussi, pour le cyclisme régional qui conjugue alors – comme presque partout en France – des courses, critériums entre « pros » et « indés » et des Grands Prix entre « indés » et « amateurs».
Plusieurs signes l’annoncent :
Jean Ménard qui va bientôt « piloter » un nouvel « Athlète » (après 1965) devenu ensuite « Sud-Ouest Sport - l’Athlète » (10 pages dont 8 sur le foot) après l’accident survenu à son vénérable animateur-rédacteur en chef, Charles Bidon (entre le 14 juillet et le 4 août). C’est ce que Ménard annonce dans un « A nos lecteurs ». Bientôt, le journaliste entonne l’air de « la suppression des indés », une échéance que Jacques Marchand analyse dans « l’Equipe » sous le titre « la reconversion des 3000 indépendants ». Michel Gonzalez est un acteur essentiel de ce changement que le président de la FFC, Louis Daugé décide et mettra en œuvre sous l’impulsion du premier directeur technique national (DTN) du cyclisme français, le Cdt. Richard Marillier.
Gonzalez est un acteur essentiel de ce qui se passe alors, mais il n’en est pas responsable. Toujours présent dans les criteriums avec les « pros » (cf. « les aventures de Michel Gonzalez dans les criteriums), il permet ce titre : « La Clayette : Gonzalez bat Stablinski » (le 18 juillet) et, voici le classement : 1. Gonzalez, 2. Stablinski, 3. Genet, 4. Lemeteyer, 5. Jankowski, 6. Chantelouve…
En août, au criterium de Castillon-la-Bataille, Maurice Laforest n’a pas la même opportunité. Sous la pluie diluvienne, il laisse la victoire à J. Stablinski (chat échaudé craint l’eau froide…?). Pendant ce temps, Michel se classe 26ème et dernier, alors que Rudi Altig règle le sprint du peloton.
En juin, à Labastide d’Armagnac, encore un violent orage, mais le deuxième grand « Rik » est là : 1. Van Looy, 2. Batan, 3. Sels, 4. C. Cuch, 5. Leduc, 6. Vicente, 7. Broustaut, 8. Gonzalez, 9. Brux, 10. Siniscalchi 11. T. Simpson, 12. Sorgeloos… Rik était bien “emmené”.
Le 30 octobre à Miramont de Guyenne, André Darrigade, une nouvelle fois, bat au sprint Michel Gonzalez devant 3. Graczyck, 4. Gabard, 5. Barjolin…
A Saint-Alvère, au mois d’avril, où il y a une « brochette de pros », Cazala s’échappe avec Pailler à quelques tours de l’arrivée et « maître Jacques » (Anquetil) échoue dans sa poursuite à la 3ème place à 6’’ 4. Barthelemy, 5. W. Vannitsen, 6. G. Desmet, 7. Mazeaud, 8. Gonzalez, 9. Archambaud, 10. Sutton …
Quelques courses avec les « pros » donnent aussi ces résultats :
. Bassoues d’Armagnac : 1. Jean Forestier, 2. Prat, 3. Rouquette, 4. Brux, 5. Lesca, 6. Gonzalez, 7. Siniscalchi
. Castillonnés : 1. Arzé, 2. Bodin, 3. Ben Brahim, 4. Siniscalchi, 5. Gonzalez, 6. Archambaud
. Saint Céré : 1. M. Brux, 2. Leduc, 3. R. Darrigade, 4. Ben Brahim, 5. Gonzalez, 6. Batan, 7. Saint-Jean
. Mussidan : 1. G. Capdeboscq, 2. Ben Brahim, 3. Deloche, 4. Gervais, 5. L. Melchior… 12. Gonzalez à 1’
. Saint Aigulin : 1. C. Leduc, 2. A. Delort, 3. M. Gonzalez, 4. Arzé, 5. Suire, 6. Batan
A Vayrac, Michel figure sur la liste d’engagés avec le dossard N°16. Il y a T. Simpson le vainqueur devant E. Sels et aussi R. Altig, Poulidor, Reybroeck… mais Gonzalez n’apparait pas dans le classement final de ce grand criterium qu’il a déjà gagné en 1960.
Dans les « Grands Prix », les « toutes » (catégories), il gagne à Albi devant Batan et Della Negra, à Condom devant R. Darrigade et G. Capdeboscq, à Jeguin devant Ben Brahim et Lesca, à Prayssas devant Siniscalchi et de Nadaî, à Villeneuve/Lot (Auteuil-Paris Chic) devant Capdeboscq et Batan.
La saison avait bien commencé à Mérignac (Jean Bret) où il gagne son duel avec A. Dal Sié et elle se finit à Pouillon où il s’échappe dans la côte de Laussucq pour finir devant André Lesca.
Gérard Capdeboscq : "je me déplaçais souvent avec Michel, mais au moment du sprint je faisais toujours 2ème.." et , à Dax (1967), André Delort se relève quand Michel G. baisse encore la tête. A Mérignac en début de saison (1965), A. Dal Sié, bien que battu par M. Gonzalez, affiche plutôt la "fraternité".
1966
33 ans, « l’âge du Christ »… plus de 50 résultats, 5 victoires, 39 fois dans les 10, dont 5 places de 2ème et 5 de 3ème.
Dans la « guerre des générations », les sprinters sont souvent victimes de leur âge. Michel qui est né en 1933 a couru avec Dolhats(1921), Desbats(1922), Lesca(1927) et ,si l’on excepte André Darrigade (1929) avec qui il bataille encore, les gens de son âge comme Archambaud (1936) et Ben Brahim (1935) se cassent les dents désormais sur les Brux et Capdeboscq (1940), Dal Sié (1942), Leduc (1943) plus de 20 victoires en 1965, J. Suire (1943) et, bientôt Lescure (1944) et Luis Ocana (1945).
Les arrivées au sprint - souvent des duels - sont parfois très serrées. La "mise en page" de la Une de l'Athlète, ici, le montre bien grâce au travail du photographe. Sprint "royal", mais "dans l'obscurité" : pauvres commissaires !
Mais, à Miramont de Guyenne, Michel Gonzalez est encore deuxième derrière F. Gimondi et devant Lescure 3ème, alors que Lesca (39 ans) est 7ème devant Poulidor (30 ans). Puis, à Felletin où Bellone gagne (135 km en 3h 25’) devant Bitossi, Wolfshohl, Dumont et Theillère, Michel se classe 6ème devant Van Linden. Le 14 mai à Mensignac, Jean-Louis Bodin gagne un criterium international avec la présence de
Van Steenbergen (43 ans ) devant A. Delort, 3. Graczyck, 4. Poulidor, 5. Pingeon, 6. Epaud, 7. Vigna, 8. Aso, 9. Dewaele… Michel est classé 16ème ex-aequo.
A Sant-Laurent des Hommes, encore en compagnie de quelques « pros », Michel se classe 7ème de ce petit criterium gagné par Valdois devant Le Menn, Ricou, Dupré, Manzano, Graczyck.
Le 13 novemebre dans le froid à Rouffignac : 1. Gimondi, 2. Darrigade, 3. Lescure, 4. Gonzalez, 5. Daunat, 6. Barjolin, 7. Zannier, 8. Rouquette, 9. Lesca, 10. Mastrotto.
Au mois d’août à Vayrac, la liste des engagés (Janssen, Altig, Otano, Pingeon, Huysmans, Bellone…) annonce Michel Gonzalez N°14. Le programme qui porte quelques traces qui indiquent que le N°14 a gagné une belle somme de primes, mais Michel ne figure pas au classement.
Pour cette saison 1966, les 5 victoires se trouvent à :
. Créon d’Armagnac : … 2. J. Dufort, 3. Brux, 4. Maurin, 5. Ben Brahim, 6. Archambaud, 7. R. Darrigade
. Mont de Marsan (nocturne de la Madeleine) : il y a deux échappés, 1. M. Gonzalez, 2. Siniscalchi… le sprint est gagné pas Ben Brahim devant Brux.
. Saint Géours de Maremne : le 2ème s’appelle Darrigade (Roger)… Lesca est 4ème.
. Salies de Béarn (nocturne) : le deuxième est M. Brux.
. Soustons : 2. Ricou, 3. Fages, 4. Saint-Jean (les 4 dans le même temps), Archambaud est 5ème à 2’3’’
En cinq occasions, Michel bute sur : Bolley 1er à Boé, Brux 1er à Capbreton, Riberot 1er à Saint Barthelemy d’Agenais, Leduc 1er à Bayonne-Saint Léon et F. Gimondi 1er à Rouffignac.
Quelques emballages ont dû mériter le détour : à Mazamet (nocturne) : 1. Brux, 2. Leduc, 3. Gonzalez, à Mérignac (Prix J. Bret) : 1. J. Suire, 2. Labarthe, 3. Dal Sié à 25’’, 4. Gonzalez, 5. Leduc, 6. Bidart…, à Verdille : 1. Leduc, 2. Bileau, 3. Mauget, 4. Gonzalez… ou à Ygos, 12 coureurs ensemble et, bien emmené par son « équipier » Jacques Suire, 1. A. Dal Sié, 2. Maurin, 3. Pinaud, 4. Gonzalez, 5. Debiard, 6. Dulhoste…
1967 :
Désormais « labellisé » : « amateur hors catégorie », toujours porteur du maillot « Peugeot » (il le porte les 5 dernières saisons qu’il passe au VC Hendaye), Michel Gonzalez, 34 ans, remporte 7 bouquets pour sa 17ème saison. Ce sont : Barsac – Créon – Dax – Langon – Mussidan – Prayssas et Sore. Grâce aux différentes sources (Patrick Gonzalez, G. Descoubes et personnelles) il a été possible de rassembler 37 participations, lesquelles – outre ces 7 victoires – se résument à 24 classements dans les 10 premiers.
Déjà publiée dans "memovelo" (cf. M. Archambaud), nous avons nommée cette photo "Les commensaux". Dans la définition la plus simple de la commensalité, nous choisissons celle-ci : "le fait humain de partager le repas avec un ou plusieurs" (Wikipedia). Mais, nous souhaitons élargir au-delà de cette sympathique tablée. Nous pensons alors à quelques sujets "racoleurs et rebattus" : la mafia, le dopage, l'égoïsme ...etc Ce que nous lisons sur cette image ce sont plutôt : le partage, les générations, les mains propres et les cheveux bien peignés de jeunes gens éprouvant le sentiment d'avoir la chance (et le mérite) d'appartenir à une confrérie qui respire la bonne santé et la bonne humeur.
En faisant le tour de la table de gauche à droite : JP. Danguillaume, Carassay, P. Fages, M. Gonzalez, M. Archambaud, S. Bolley, M. Brux, J. Botherel, C. Guimard et R. L'ancien.
Il ne nous échappe pas que certaines informations manquent dans le tableau (ci-dessous), cependant cela nous permet d’approcher l’activité du coureur selon la double modalité de la qualité et de la quantité. Soit une saison 1967 commencée dans la troisième semaine de mars et achevée dans la deuxième semaine d’octobre.`
Michel Gonzalez, le « coureur de criteriums », a encore pris part à 8 de ces épreuves. Ce qui est encore très honorable, puisqu’il gagne à Barsac devant Bernard Guyot et Michel Lescure, qu’il est 2ème à La Réole derrière Cyril Guimard, 5èmeà Issoire où gagne Tom Simpson devant Milesi et De Roo. A Bourcefranc, où il a gagné en 1957 et 1962, il est revenu et se classe 7ème. A Brioude, il est 5ème d’une course dont émergent M. Saint-Jean (1) et Jo. Paré (2). A La Bastide d’Armagnac (podium : 1.R. Darrigade, 2. J. Anquetil, 3.M. Manzano), quelque part dans le sprint il se classe 8ème devant A. Dal Sié et M. Brux.
Quand André Trochut signe un de ses derniers succès à Saint Seurin/Isle, il est 9ème entre C. Guimard et J.P. Barbe. Et, à Vergt, où le podium est professionnel et français : 1. Poulidor, 2. Riotte, 3. Letort (Gimondi est 4ème), Michel se classe 8ème derrière Campagnaro, Brux et Lemeteyer. Ailleurs, dans les « toutes » (catégories : amateurs, ex-indés, ex-pros, hors), des courses dans lesquelles il y a encore de riches dotations, où l’on récolte de « grosses primes » grâce à des « speakers » (professionnels, la plupart du temps), courses encore organisées par des acteurs et amateurs locaux dans des villes et des villages, dotées par le commerce, l’industrie et l’artisanat de l’endroit. Ces courses sont insérées dans les fêtes et les coutumes du lieu : le Prix du Chasselas à Prayssas, les Grands Vins à Bergerac, le Prix d’Auteuil-Paris Chic à Villeneuve/Lot, les deux Prix Jean Bret et Robert Brettes à Mérignac, le Prix des 4 Présidents à Hendaye, le Prix de Saint Léon à Bayonne, le Prix du Kiosque à Tarbes, le Prix des Foires à Tombeboeuf, de « la Grande Maison » à Dax et le très connu « Grand Prix de la Tomate » à Marmande, entre autres.
Les « indés », les « ex-pros » et les « hors-catés » ont appris à y gagner leur vie, c’est aussi – parmi d’autres sens – ce que signifie l’expression : « faire le métier ».
Comme d’autres coureurs avant lui, Michel Gonzalez doit penser à sa reconversion. Au côté de quelques anciens : Archambaud, A. Delort et R. Verdeun auxquels il concède quelques victoires, il lutte contre des « nouveaux » : Lescure, Leduc, Ocana et un certain Serge Lapébie (le fils de Guy). D’aucuns s’échappent avant le sprint comme Saint-Jean et Paré à Brioude, Pierre Fages et son complice Saint-Jean à Bayonne ou A. Delort et M. Laforest à Aunac…
1968 :
Pour le coureur cycliste « amateur hors catégorie » Michel Gonzalez, 35 ans au 1er octobre, l’année « 68 » est plutôt celle de la retraite. Toutes les courses retrouvées montrent une activité encore soutenue quoiqu’en légère diminution : 33 résultats retrouvés, 5 victoires : La Bastide d’Armagnac, La Bastide Villefranche, Lesperon, Soustons et le classement final des « 4 jours basco-landais ».
« Coureur de Criteriums » jusqu’au bout, le 1er mai (!) 1968, il remporte le criterium de La Bastide d’Armagnac, où il gagne devant ses deux compagnons d’échappée, le Belge Van Coningsloo et A. Dal Sié.
Tout un symbole. Il s’agit d’abord de l’une des plus belles bastides du Sud-Ouest. Et, les bastides sont construites selon une architecture typique de cette région. A partir du Moyen-Age, ce sont des petites villes fortifiées avec une pace centrale, lieu d’échanges commerciaux.
Ensuite, parce que depuis le 18 mai 1959, l’ancienne chapelle de Géou est transformée par l’abbé Joseph Massie, passionné de vélo, en un sanctuaire : Notre-Dame des cyclistes.
En dehors de cette victoire hautement symbolique, le futur « retraité » court les criteriums suivants (tous au mois d’août) :
. Ambert : 12ème (1. R. Wolfshohl)
. Bain de Bretagne : 9ème (1. C. Raymond)
. Château-Chinon : 18ème (1.F. Bitossi)
. Felletin : 6ème (1. G. Bellone)
. Maël-Pestivien : 7ème (1. J. Anquetil)
. Saussignac : 12ème (1. R. Poulidor)
. Vayrac : 9ème (1. J.Janssen)
… n’est-ce pas un beau panel ?
Commencée à Anglet le 13 mars 1968, où le vainqueur s’appelle R. Lalanne devant André Lesca, Michel est 3ème à 45’’ devant Brux, la saison s’achève au mois d’octobre par une deuxième place à Uza-les-Forges (1. Saint-Jean), le lendemain Michel est 6ème à Eygurande (1. Barjolin) devant Gestraud, Epaud et Brux.
Auparavant, en mai, il est 3ème à Saint Géours de Maremne derrière Serge Lapébie (qui totalisera 20 victoires au cours de la saison) et Alain Labarthe.
En juillet, 2ème à Créon d’Armagnac derrière le Bayonnais Labarthe puis 3ème à Cérons derrière Dal Sié et Darrigade.
En septembre, 3ème à Luxey derrière Labarthe et Fantino, mais vainqueur au final des 4 jours basco-landais (3ème à Sabres, 6ème à Azur, 2ème à Hossegor et à Capbreton) devant Glize et Labarthe.
Presqu’une course par étapes…
Michel GONZALEZ, version "roue libre"
L'activité chiffrée et le palmarès
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Dans les Critériums
Barsac 1956 : de gauche à droite, Louison Bobet, Michel Gonzalez, Jacques Anquetil, Joseph Cigano, Armand Darnauguilhem...
1er à
BARSAC 1967 devant Bernard Guyot
BAYONNE 1956 (allées marines) devant Arnaud Geyre et Robert Cazala
BOURCEFRANC 1957 devant René Fournier, 1963 devant Jean Raynal
DAX 1967 devant André Delort
ETAULES 1955 devant André Trochut
LA BASTIDE D’ARMAGNAC 1968 devant George Van Coningsloo
LA CLAYETTE 1965 devant Jean Stablinski
LA REOLE 1957 devant Louis Rigon,1964 devant Urbain Caffi
LA TRIMOUILLE 1956 devant Joseph Bianco
LE GUA 1960 devant Jean Trochut, 1961 devant André Lesca
LES AIX d’ANGILLON 1958 devant Maurice Moucheraud
LES EPAUX de MEURSAC 1957 devant Henri Prouzet
MONTPON/ISLE 1960 devant Robert Verdeun
PERIGUEUX Souvenir Petit-Breton 1959 devant Albert Dolhats
SAINT-AIGULIN 1956 devant Mohamed Ben Brahim, 1957 devant Armand Darnauguilhem, 1960 devant
Seamus Elliott
TREDION 1964 devant Marcel Floch’lay
VAYRAC 1960 devant Joseph Groussard
2ème à
BOURCEFRANC 1961 derrière Rik Van Steenbergen
BORT- les -ORGUES 1961 derrière Guido Carlesi
CHEF-BOUTONNE 1962 derrière Rudi Altig
DAX 1958 derrière André Darrigade
La BASTIDE d’ARMAGNAC 1963 derrière Rudi Altig et 1966 derrière Gimondi
NEUVIC/ISLE 1961 derrière Jean Graczyck
MIRAMONT de GUYENNE 1965 derrière André Darrigade
MENSIGNAC 1963 derrière Hubert Fraisseix
SAINT-GEOURS de MAREMNE 1967 derrière Luis Ocana
UZA- les -FORGES 1968 derrière Maurice Saint-Jean
VERGT 1957 derrière André Darrigade
3ème à
BARSAC 1956 derrière L. Bobet et J. Anquetil
CASTILLON la BATAILLE 1964 derrière J. Anquetil et J. Graczyck
CHEF-BOUTONNE 1961 derrière J. Ricou et Chaumont
EYMET 1958 derrière T. Sabbadini et M. Camillo
MIRAMONT de GUYENNE 1964 derrière R. Poulidor et A. Darrigade
PLOUGASTEL-TREGOR 1961 derrière Bihouée et Thomin
SAINT-AIGULIN 1965 derrière C. Leduc et A. Delort
SAINT-NAZAIRE 1961 derrière J. Gainche et R. Fournier
Quelques places à retenir :
4ème à Vergt 1960 derrière Van Steenbergen, Darrigade, Dejouhannet
4ème à Charlieu 1964 derrière Archambaud
5ème à Issoire 1967 (derrière 1. T. Simpson 2. J. Milesi 3. De Roo)
6ème Criterium de Bordeaux-les Quinconces 1954 derrière A.Darrigade, F. Anastasi , R. Rémy, Dolhats, Desbats
6ème à Felletin 1966 derrière Bellone et Bitossi
6ème à Vayrac 1963 derrière Elliott et Poulidor et devant R. Van Looy
7ème à Riberac 1964 derrière C. Valdois et C. Le Menn
7ème à Maël-Pestivien 1968 (derrière 1. Anquetil 2. Janssen 3.B. Guyot)
8ème La Bastide d’Armagnac 1965 (derrière 1. R. Van Looy)
8ème à La Bastide d’Armagnac 1967 (derrière 1. Darrigade A. 2. Anquetil 3. Manzano)
8ème à Vergt 1967 (1. Poulidor 2. Riotte 3. Letort), 12ème à Quillan 1964
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Dans les « ville - à - ville »
1 -La traversée d'Eymet (où Michel gagne deux fois), 2 - Michel en solitaire dans Bordeaux-Rochefort et, menant l'échappée dans Bordeaux-Royan et dans Bordeaux-Eymet (3 et 4).
Bordeaux-Montguyon 1953
Angoulême-Rochefort 1953
Bordeaux-Mussidan « Prix Reboul » 1953
Bordeaux-Royan 1954
Bordeaux-Rochefort 1955 et 1956
Bordeaux-Eymet 1955 et 1956
Bordeaux-Bayonne 1957
Bordeaux-Dax 1956 et 1961
Bordeaux-Périgueux 1962 et 1963
Le grand regret de Michel Gonzalez s’appelle Bordeaux-Saintes. Dans cette grande « classique » du Sud- Ouest, il se classe 2ème en 1963 derrière Fernand Delort, et 6ème en 1956 (1er G. Gaillot) et 8ème en 1960 (1er R. Poulidor).
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Dans les courses par étapes
Route de France 1955 , en 12 étapes (1. Genin, 2. Saint, 3. Beuffeuil) dans l’équipe du sud-ouest (Beuffeuil, Cazala, Coutant, Geyre, Jouault, Trochut).
En haut : Pierre Beuffeuil, Robert. Cazala, Claude Coutant, Michel Gonzalez et, en bas : Maurice Jouault, André Trochut et Arnaud Geyre.
Tour de Bretagne 1957, en 6 étapes (1. Wasko, Gonzalez 25ème), il gagne l’étape Concarneau-Plouen-Lanner,
dans l’équipe du sud-ouest « B » (Geyre, Graczyck, Mastrotto, Toengi), 25ème.
Tour de l’ouest 1957 (1.P. Gouget 2. J. Dacquay), 4ème de la 2ème étape (ab.3ème), dans l’équipe « Royal Fabric Enform » (Jousset, Guitard, Mouchraud, Pouliquen, Rossi, Roudaut, Tonello).
Paris-Nice 1958, (1. F. De Bruyne) dans l’équipe « Peugeot » (Walkowiak, Ruby, Cohen, Rossi, Colette, Bertolo, Siguenza),
Il abandonne à la 2ème étape.
Grand Prix « Ovox-Totaliment » 1960 en 3 étapes, il termine 1er au général et il gagne une étape et se classe deux fois 2ème et une fois 3ème.
Circuit des Charentes 1964 en 3 étapes, il se classe 1er de la 1ère étape 180 km entre Montendre et Angoulême.
Place des Criteriums en France
Criterium était autrefois un synonyme savant de critère, ce sur quoi est fondé un jugement, une estimation, un classement. Cet emploi ne survit guère plus aujourd’hui que dans le vocabulaire philosophique : qu’est-ce que le criterium de la beauté ?
En matière d’objet, Criterium a longtemps désigné un porte-mine, élevé dans sa fonction au rang de quasi-stylo, constituant un cadeau apprécié.
En cyclisme, l’appellation « criterium » a désigné une course française « le Criterium national de la route » puis, en fin de saison il y eut le « Criterium des As ». Le mot figure encore dans le nom de cette course par étapes d’avant le Tour de France : le « Criterium du Dauphiné libéré ».
Au pluriel, les criteriums constituent un moment du calendrier cycliste, qui occupait la période entre le Tour de France et les championnats du monde, en septembre. « Wikipedia » l’énonce clairement : le mot « criterium est un type de course cycliste sur route d’un jour se déroulant souvent en centre-ville, sur un circuit de 800m à 10 km pour une distance maximale de 150 km selon le règlement de l’U.C.I. »
Réunis en une Association des criteriums cyclistes professionnels français (ACPF), les organisateurs se comptent au nombre de 16 en 2024.
La « tournée des criteriums », commencée à Lisieux (14) le 21 juillet et dont c’était la 40ème édition gagnée par Guillaume Martin, a connu plusieurs annulations. Ce qui était une tradition dans le monde cycliste survit difficilement. Dans les années 1950-1960, nous avons assisté à plusieurs de ces événements : Bourcefranc (17)- Bordeaux-Caudéran(33)- Castillon-la-Bataille (33)- Cenon (33)- Chateaulin (29)- Chaumeil (19)-Egletons (19)- Les Epaux de Meursac (17)- Felletin (23)- Laguirande-Lagorce(33)- Lubersac (19)- Meymac (19)- Peyrelevade (19)- Royan (17)- Saint-Aigulin(17)- Saussignac (24)- Saint-Claud (16)- Sainte Foy-la-Grande (33)- Ussel (19)- Vergt (24) (certains à plusieurs reprises). Convaincu de l’importance de ces manifestations pour les localités et pour les coureurs, nous avons cherché à en dessiner l’évolution dans le temps. Pour ce faire, nous avons emprunté aux informations réunies par « Mémoire du cyclisme » et nous avons confronté leur existence lors de 5 années, dans cette partie du grand sud-ouest qui correspond presqu’au tracé de la « Nouvelle-Aquitaine ».
Sur fond de "Nouvelle Aquitaine" la liste des Critériums (à peu près circonscrits). Par ailleurs, certains n'en sont pas vraiment comme Chaumeil, Esperaza, Lagorce-Laguirande, Meymac, Allassac, Chateaulin..., ...Cenon, par exemple, sa place dans le calendrier, son parcours, un temps appelé "Polymultipliée"...
Michel Gonzalez a participé et gagné certaines de ces courses entre 1954 et 1968. A son palmarès figurent aussi des résultats obtenus au-delà de ces frontières, à l’instar de quelques autres coureurs de notre région, comme Barjolin, M. Bertrand, Brux, Dal Sié, A. Delort, Laforest, Mazeaud, Perrotin, Ricou ou R. Verdeun.
Au niveau de l’organisation, outre les problèmes liés au circuit et à sa sécurité, les coureurs constituent un « plateau », dont la plupart des éléments sont liés par un contrat tout comme l’animateur, rôle tenu par le « speaker », en particulier pour la collecte et la distribution des primes. Pour les coureurs, trois sortes de gain étaient possibles : le contrat, les primes et les prix. Certaines courses étaient mieux dotées que d’autres et la notoriété des speakers était fondée sur le total des primes distribuées. Quelques noms revenaient dans les grandes circonstances : Mario Cotti, Jean Francis, Raymond Mahéo, Robert Monlong, Jean Tamain… Enfin, les contrats ont longtemps été entre les mains de deux managers : D. Dousset et R. Piel.
Les aventures de Michel Gonzalez dans les criteriums
Dans la presse : l'Equipe, Miroir-Sprint, But &. Club, l'Athlète...
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Un coureur redouté des « pros »
Cela commence en 1954 à Bordeaux - les Quinconces, un « vire-vire » tout plat qui, après plusieurs tentatives d’échappée, se termine par un sprint que gagne André Darrigade devant Francis Anastasi, Michel est sixième… Le jeune « indé » (20 ans) qui a gravi les échelons en 3 ans figure très honorablement dans cet emballage.
Il va continuer sa progression et, à la fin des années 50, Michel est considéré comme le meilleur coureur de classique de la région. Pendant ce temps, il s’est aussi imposé dans plusieurs petits criteriums et ce, devant des « pros » ou anciens « pros ».
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La victoire à Bourcefranc en 1960
Il convient de garder à l’esprit que la plupart des « pros » ont d’abord été des indépendants et, aussi, de rappeler que cette catégorie a été créée au départ pour aider au passage entre les « amateurs » (censés ne pas gagner de prix en espèces) et les « professionnels » censés gagner leur vie. Une autre frontière tracée avait été la majorité (21 ans) et l’après-service militaire. Ceci n’empêchait pas le champion de France des « indés » de passer « pro » comme ce fut le cas pour T. Sabbadini, A. Foucher ou C. Mazeaud. Et l’inverse était aussi possible. Des coureurs comme P. Beuffeuil, M. Bertrand, M. Brux, M. Grain, R. Gibanel, E. Rascagnères, J. Ricou… redevenaient « indés » après avoir été brièvement « pro ». C’est aussi le cas de Michel Gonzalez qui passe « pro » en 1958 et redescend l’année suivante parce qu’il ne court pas assez pour pouvoir s’adapter à des courses qu’il n’a pas choisies…
D’autre part, Michel Gonzalez, malgré son baptême réussi aux Quinconces et les 6 ou 7 victoires qui ont suivi, a déjà connu le côté sombre des arcanes du cyclisme « pro ». Cela date du Grand Prix de Barsac. Lors du sprint pour la victoire, il échoue à la 3ème place, derrière Louison Bobet et Jacques Anquetil, ce qui n’est quand même pas si mal. Mais, comme le raconte son fils Patrick, dans ce sprint il a été « tiré par le maillot » par Louison Bobet, en personne.
Le ton est donné. Dans « Vélo Star » d’octobre 2018 (gazette de l’Amicale du cyclisme), Marc Madiot (né en 1959, donc trop jeune pour avoir bien connu cette époque) témoigne de ces « mémorables peignées » entre « pros » et « indés ». De « sévères explications » qui font du « bruit » au moment des primes et du sprint et qui s’apparentent à des règlements de compte, dans lesquels les « indés » souvent ramassent les miettes.
Mais, en 1960, (le) « pauvre Gonzalez…commet l’erreur » (J. Perillat, Miroir-Sprint 25/3/1963). Une première fois, il remporte le Grand Prix de Vayrac devant J. Groussard, R. Fournier, J. Gainche et A. Darrigade, lequel a pourtant maté M. Gonzalez à Vergt et à Dax. En 1961, Michel doit s’incliner devant Van Steenbergen à Bourcefranc, devant Carlesi à Bort-les-Orgues et devant Graczyck à Neuvic/Isle. Van Steenbergen a mis un point d’honneur à gagner à Bourcefranc, mais contesté sur les primes, il apprécie la volonté de son adversaire et laisse une certaine liberté à Gonzalez.
En 1963 à Bourcefranc, après la victoire de Michel devant le Parisien Raynal, la querelle rebondit avec le témoignage de J. Gainche (vainqueur d’étape au Tour et 2ème du maillot vert en 1961), qui cible le comportement de « la bande à Gonzalez » dans le dernier kilomètre et les risques encourus (Miroir-Sprint du 22/4/63). Mais, Gonzalez écrit au journal : « dimanche dernier, j’ai gagné à Bourcefranc… la première parole des organisateurs a été pour me dire que je ne mettrais plus les pieds dans leur course ». Et Michel de préciser : « Pourtant, j’étais le seul régional contre huit coureurs internationaux ligués… Wolfshohl et Bahamontès et six Français. Ensemble, ils ont gagné toutes les primes… deux ou trois s’échappaient avec la complicité des autres… personnellement, j’ai roulé toute la course avec Wolfshohl dans ma roue ». Ce qui permet à « But & Club » (06/5/63) de stigmatiser l’attitude de Gonzalez : « embusqué dans les roues toute la course, il les règle au sprint ». Et, l’hebdomadaire d’ajouter : « être battu dans un criterium par un autre champion international (n’a) rien d’humiliant, mais subir la loi d’un régional…(est) assez gênant…(le) public (peut avoir) … le sentiment que la vedette ne cherche pas honnêtement à remplir son contrat ».
Organisateurs et champions
Aux atteintes à la notoriété du « pro » battu par un régional s’ajoute l’amertume des organisateurs de ne pas collectionner les grands noms au palmarès de leurs épreuves. Alors, la porte se ferme.
Michel Gonzalez a joint la lettre que lui a adressé l’organisateur de Chef-Boutonne (en 1962, il se classe 2èmederrière Altig) lui enjoignant désormais de « courir sans indemnité ». Et, certains champions parmi les plus notoires osent l’absence de M. Gonzalez comme condition supplémentaire de leur participation. Et, selon Gonzalez, le principal responsable serait un speaker (non nommé) qui persuade les organisateurs de se passer de sa présence. Cette « interdiction de séjour » est aussi motivée par le « métier » des « pros » lesquels, à cette époque (fin des années 50, début des années 60) trouvent dans la tournée des criteriums une source de revenus plus que non-négligeable. Roger Bastide défend aussi les « pros » en énonçant leurs « conditions de travail » : tournée fructueuse, mais harassante quand ils doivent assez souvent effectuer malgré la fatigue de longs rallyes entre les criteriums.
La fin des indépendants
Les articles parus dans « Miroir-Sprint » et dans « But & Club » annoncent la « disparition des indépendants » et, peut-être, la difficulté (ensuite) à exister des criteriums.
Ce que l’article signé par Roger Bastide met en lumière cache la réalité de l’existence de ces coureurs qui est aussi financière. L’hypocrisie est grande en cette fin des années 60 d’évoquer « l’amateurisme marron ». Dans « Miroir-Sprint » (22/4/63), Paul Parot écrit : « un indépendant de sa classe (M. Gonzalez) gagne entre deux et trois millions de francs légers dans sa saison » et ils seraient « une dizaine dans le sud-ouest à en vivre ». Le titre de l’article de R. Bastide est : « les maffias régionales inquiètent les grands cracks internationaux ». Et, « dans chaque région des petits consortiums existent » avec à leur tête « le régional rapide ». Suit une liste de noms : G. Salvador, Baldasseroni, Dequesne, Noguerol, A. Ruffet, Bourlès, Le Buhotel… qui totalisent 20 à 30 victoires à l’année.
Alors, se profile le spectre des « maffias » et, cette fois, il ne s’agit plus de protéger les professionnels mais, au contraire de « l’éclosion des jeunes talents ». La cause défendue est juste, mais l’hypocrisie consiste à ne pas voir comment on en est arrivé là. Car, les indépendants gagnent leur vie dans des courses organisées par la F.F.C. et dotées par des amateurs de cyclisme, lesquels sont encore nombreux à cette époque pas encore totalement conquise par la télévision et le spectacle du football. Le cyclisme est populaire pas seulement parce que dans la montée du Puy de Dome, Anquetil et Poulidor, épaule contre épaule, ont du mal à se départager. Mais, parce que les héros que l’on peut voir et approcher dans les criteriums sont pour la plupart issus de milieux populaires à travers un « cyclisme de village » et qu’ils offrent un spectacle souvent gratuit, parfois devant la porte même de ce public.
Quand M. Gonzalez arrête sa carrière de coureur cycliste à la fin de la saison 1968, il est alors titulaire d’une licence d’« amateur hors catégorie ». Dans « l’Equipe », Jacques Marchand a donné son avis sur « la reconversion des 3000 indépendants ». Le monde sportif (en 1965, après Rome et Mexico) est encore partagé entre l’amateurisme et le professionnalisme. Les Jeux Olympiques, où trône la règle de l’amateurisme, permettent l’affrontement d’athlètes appartenant aux deux mondes politiques de l’Est et de l’Ouest et toutes les disciplines ne sont pas présentes. Les différences plus politiques qu’économiques remettent en cause le principe (chéri par le sport) de l’égalité des chances. Des évolutions inéluctables (les J.O. de Los Angeles en 1984 et la chute du mur de Berlin en 1989) vont conduire à la situation actuelle où la professionnalisation du sport est admise (Barcelone 1992).
Jusque-là, le cyclisme ne peut présenter aux Jeux que des amateurs face aux « professionnels » de l’Est. Il est de plus en plus question de « licence unique ». A partir du 1er janvier 1966, « il n’y aura plus en France d’indépendants » (J. Ménard, l’Athlète du 20/10/65).
De nos jours (presque 60 ans plus tard), on voit bien que ces "vieilles lunes" sont plus qu'éteintes : les catégories d'âge ont volé en éclats entrainant l'effacement des barrières : Paul Seixas, 18 ans. et champion du monde junior du chrono, sera "pro" l'an prochain. Le journal "l'Equipe" qui publie aussi (entre autres) "Vélo Magazine", titre justement à ce sujet :"à toute vitesse"...
L'effacement des barrières, pas seulement : en 1953, l'A. G. du Comité de Guyenne publie les chiffres pour la saison : 1996 coureurs licenciés et 1220 courses sur route organisées... Combien aujourd'hui ? Dites un chiffre !
Un coureur régional, mais quelles sont les limites exactes ?
Où classer alors Michel Gonzalez ? Puisque les catégories et leurs appellations changent, peut-on se satisfaire de l’étiquette « régional » qui tire son unique prestige de l’époque où le Tour de France se disputait par équipes nationales lesquelles étaient confrontées à des équipes régionales françaises (Paris-Nord-Est, Ouest, Sud-Est, Centre-Midi…) qui constituaient parfois une bonne partie du peloton (1960 : pour la dernière fois avant les équipes de marque, les équipes régionales représentent encore 32 coureurs français).
Quand un coureur gagne des courses malgré les professionnels et sur un territoire qui excède les limites de ce qui se nomme aujourd’hui « Nouvelle-Aquitaine » peut-on se satisfaire de cette étiquette comme de celle de « crack » (les Cracks, film d’Alex Joffé) pour celui qui gagne de grandes courses ?
En 1947 déjà, Charles Bidon écrit (dans l’Athlète du 4/11/47) un article qui s’intitule : « le piège des classifications » et il conclut : « il serait extrêmement dangereux, dans l’intérêt de l’amateur lui-même, de changer quoique ce soit au mode de classification actuel ».
Que devient « le meilleur indé du Sud-Ouest » lorsque cette catégorie est supprimée ? Un coureur qui gagne en moyenne 10 courses par saison pendant plus de 15 ans est-il moins respectable qu’un « super Crack » qui gagne 7 Tours de France d’affilée avant de voir son nom retiré du palmarès de l’épreuve ?
Si, pour la majorité des connaisseurs sinon de ceux qui aiment vraiment le cyclisme, la question ne se pose pas, c’est qu’alors il faut prendre en compte de nombreux autres facteurs d’appréciation. Ses victoires, Michel Gonzalez les doit d’abord à son étonnante vélocité, mais aussi à sa compréhension de la course dans son déroulement général et dans l’action finale, en particulier. Des qualités physique, technique et tactique qui s’expriment selon le type de course et dont la réussite n’est pas qu’un coup de chance.
Et, le tout se passe dans une Fédération qui réunit des clubs, des organisateurs de courses et des coureurs et qui planifie, classe et légifère dans un seul but : « que le meilleur gagne »…?
« L’après » et la filiation
Comme dans les jeux d’enfants, je sens venir la question « et après ? », assortie d’un haussement d’épaules.
Et, c'est un autre cliché, « la vie reprend ses droits », Michel et Dolorès ont deux garçons : Patrick (né le 2/5/1957 à Bordeaux) et Dominique (né le 11/9/1961 à Bayonne). Naturellement, l’aîné Patrick permet aux journalistes la sentence bien connue : « tel père, tel fils ». Il y a aussi cette photo, où l’on voit Michel ,en civil désormais, aux côtés de son fils. Lequel vient de gagner la course des minimes au Boucau (1972), ensuite on découvre la traditionnelle photo des jeunes coureurs du Biarritz Olympique (en maillot rouge), où l’un et l’autre sont à leur place respective : celle des coureurs pour le fils, celle des dirigeants pour le père.
Michel avec son fils, Patrick vainqueur à Biscarosse en 1974.
Quelques photos montrent aussi un Michel ayant pris quelques kilos mais en tenue sur le vélo de course et quelques coupures évoquent le Grand Prix des anciens du Tour à la Chambre d’Amour (!). Une liste de noms évoque la richesse du cyclisme basco-béarnais : Mastrotto, Cazala, Queheille, Manzano, Bernet, Sabathier, R. Vivensang, M. Borthayre, Poutou, Dalis, Planas, Daguerre, Sastre, Cousinié, Sandona, Gonzalez…
Avec son fils, Michel vivra quelques moments forts comme lorsque Patrick, dix ans après son père, gagne la nocturne de Salies-de-Béarn ou quand le jeune Gonzalez ajuste au sprint l’ancien « pro » Michel Grain au Grand Prix d’Argenton-Château. Interrogé par nos soins, Patrick affirme avoir arrêté le cyclisme très tôt, parce que Christiane (ils se sont connus à 17 ans) attendait son retour de course, comme ne le faisait pas Dolorès, la maman, présente sur presque toutes les photos avec le petit Patrick, le bouquet, Michel et le speaker…
Professionnellement, Michel Gonzalez a d’abord été commercial pour les usines Cazenave en 1968 - 69, après avoir envisagé de tenir un pressing sur les conseils de M. Santoul. Finalement, il suit Robert Laborde de l’Aviron Bayonnais dans la tenue d’un garage et la vente d’automobiles. Patrick, formé, sur la demande de son père, par Robert Verdeun comme technicien dans l’entretien des jeux électroniques et autres machines à sous, rejoint cependant son père, quand l’activité augmente au garage. Les Gonzalez ont acquis un terrain à la sortie de Bayonne pour y ouvrir un nouveau garage et ils importent des voitures depuis l’Espagne.
Les attaques des autres concessionnaires, puis les contrôles fiscaux déclenchent une « guerre de 12 ans ». Des avocats parisiens s’en mêlent, et l’ensemble est. la cause de la maladie chez Michel. Il prend sa retraite en 2000. Patrick qui a poursuivi est mis à la retraite en 2019.
Dans cette relation "père-fils" qui nous intrigue, il y a aussi un "après". La réussite du père participe à l'admiration de Patrick pour Michel. Et, Michel Gonzalez aurait été fier de son petit-fils, Christophe devenu vice-champion du monde des fromagers. Ici, Christophe est au milieu, entouré de sa soeur Brigitte avec son fils Victor et, à sa gauche, ses parents, Christiane avec le bouquet et Patrick.
Dominique Gonzalez, le frère, que Patrick a connu toujours en révolte contre son père, a préféré le rugby où, à 17 ans, il avait atteint un très bon niveau à Boucau Stade, puis à l’Aviron Bayonnais. A cette occasion, Patrick nous confie la dureté de Michel et se rappelle cette fois où, ayant mal couru selon son père, celui-ci l’a laissé rentrer en vélo à la maison. Mais, il se souvient aussi des confidences de Michel sur son enfance difficile (comme on peut le lire ici en termes de faim, blessure, relative pauvreté…) et ce qui se voyait moins la souffrance, quand, dans les côtes, il fallait tirer sur le guidon.
"Dans un chemin montant, gravillonneux, malaisé", Michel, son petit bras droit et son grand plateau...
« Somme toute »
« le caïd du sprint » (Bibal), « le petit missile bayonnais » (Descoubes), «celui qui le premier a commis l’erreur » (« le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté », Guy Béart, 1968), celui qui a jeté le pavé dans la mare et fait vaciller ce moment de kermesse qu’était (peut-être) la tournée des criteriums, Michel Gonzalez est décédé le 7 août 2013 d’un cancer des voies digestives.
D.M. Ben Brahim et M. Gonzalez, Royan 1959. (photo réalisée par mon père D.P. Laplagne, extraite des albums de la famille).
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