Memovelo

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Jean-Claude ROUCHALEOU : Trajectoires croisées

 

 

 

 

 

 

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Jeune (18 ans), Grand (1,84m), sérieux et appliqué dans l’effort, les mains aux cocotes d’un vélo déjà équipé de roues à grandes flasques, manivelles à emmanchement carré, gonfleur et pompe (on n’est jamais assez prudent).

 

 

Mis en ligne le 12 mars 2024, le sujet sur le Grand Prix de l’Ormeau à Créon s’appuyait sur le résultat de cette course (en 1967), représentative encore d’un cyclisme aujourd’hui en partie révolu.

J’avais aussi choisi cet événement parce que parmi les vingt premiers, j’avais reconnu les noms de quelques copains qu’une pratique assidue du vélo (jusqu’en 2015) m’avait permis de côtoyer. A quelques années prés, ce sont aussi des gens de ma génération qui, pour la plupart, montent encore leur machine à l’orée des « quatre-vingt ans ».

J’avais été, comme tant d’autres, le temps d’un « Premier Pas Dunlop » et de quelques quatre ou cinq courses, un « quatrième catégorie ».

Parmi les vingt coureurs classés du Grand Prix de l’Ormeau 1967, figure aussi un futur «pro» et, aussi, « Tour de France » : Alain Cigana, le représentant d’ une famille de cyclistes installée dans le patrimoine girondin, laquelle (pour le moment) va de Joseph Cigano (1932-2023) à Thomas Boudat, encore présent lors des Jeux Olympiques de Paris 2024.

A cette occasion, je m’étais risqué à utiliser l’expression « le petit peuple des 3 et 4 » directement inspirée du surnom donné à Staline, « le petit père du peuple », plutôt que celle désignant les « esprits de la forêt » (lutin, nain, elfe, gnome).

Parmi les incartades que j’ai commises aussi au nom de « memovelo » figure le sujet, dont le titre est : « le cyclisme est-il un sport d’athlète ? ». Le 28 mars 2025, le « quotidien sportif national » (l’Equipe) propose une « offre week-end » : soit, le journal « l’Equipe » + son « magazine W-E » + « Velo Magazine » pour 8,30 euros (au lieu de 10).

La Une de « l’Equipe magazine » présente une image de Brad Pitt, torse nu « la clope au bec » extraite du film de David Finsher, à côté de celle de Velo Magazine, soit une photo de Paul Seixas (18 ans et demi) assis (un peu comme le « Penseur » de Rodin) maillot bleu « Décathlon », chevelure en boucles généreuses, bien dégagé autour des oreilles et un visage de chérubin. Le contraste est frappant, d’autant plus que le titre du magazine est « le Paul France », soit un jeu de mots accrocheur ciblant ces nouveaux jeunes professionnels, tout en évoquant cette ultime (?) reconversion des « sport-études » (le Pole France). Curieuse association entre une prémonition de la M.M.A. (le torse nu d’un mâle blanc sur fond de club de bagarre en sous-sol) et l’évocation d’un horizon inatteignable de « notre éducation nationale » : le sport conjugué aux études.

 

...du Grand Prix de l'Ormeau et du "petit peuple des 3 et 4" au printemps d'un cyclisme nouveau, "jeune, moderne, décomplexé"

 

Voici que retentit, ici, cette formule ré-entendue récemment : « je ne m’intéresse pas au passé, je préfère regarder devant moi ». Donc, « circulez, y’a rien à voir ! ». Et, celui-là ne semble pas sensible à l’adage africain : « Quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens… » Quelle chance, il a !.. surtout dans le monde actuel.

 

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Créon 1963 : parmi les noms à retenir, un certain Barbe de Bègles…(l’Athlète du 29/5/1963)

 

 

Avec Jean-Claude Rouchaléou, nous revenons sur la Grand Prix de l’Ormeau, en 1963, soit plus de 60 ans en arrière. 

Nous reprenons aussi les questions suivantes :

  • à quel âge convient-il de commencer la compétition à vélo ?
  • y a-t-il un âge ou une limite pour passer professionnel ?
  • que penser des différentes retouches opérées dans la classification des coureurs ?
  • que penser de l’impact des connaissances scientifiques (ou de leur application voire de leur expérimentation en milieu médical) sur l’entrainement et les critères de détection des « futurs champions » ? 
  • peut-on se satisfaire d’un répertoire de courses (extrêmement varié voire hétéroclite) distribué dans un calendrier hérité de l’histoire de la discipline et, aujourd’hui, « travaillé » par la mondialisation ?
  • enfin, comment ne pas concevoir - au-delà de la fierté nationale générée par l’organisation réussie des J.O. 2024 par la France – que le sport, lui- même au-delà de la fraternité entre les peuples et les races, est désormais un spectacle circonvenu et soudoyé par le couple « médias et publicité ».

 

J.C. Rouchaléou est le sujet de cette étude, aussi parce que nos trajectoires ou histoires de vie se sont croisées à partir d’un point de départ dans le temps et d'une passion sportive identiques : notre vie professionnelle (différente) a été encadrée par ces deux sports, le cyclisme et le handball.

L’existence de Jean-Claude peut se dessiner schématiquement selon trois moments : le coureur cycliste, le commercial dans le mobilier, le dirigeant sportif. Soit le vélo, le meuble et le handball.

 

 

Le coureur cycliste

 

Jean-Claude est le « petit dernier » dans une famille recomposée. Ses deux parents sont tous les deux veufs et ils ont déjà trois enfants chacun. Il naît en 1945, c’est un Bordelais du centre-ville (rue Carayon-Latour)

Le père est tourneur rue de Tauzia et la mère travaille aux biscottes Lespeau. Une grande famille donc et parmi ses aînés, Pierre, le grand frère qui soutient Jean-Claude lors de ses débuts, tout comme leur père.

 

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La grande famille : la mère devant ses deux fils, Pierre le grand frère et Jean-Claude en maillot « Verdeun», la cousine…

 

 

A 14 ans, « que veux-tu faire ? » Jean-Claude choisit l’exemple du voisin d’en face qui est tapissier. Avec le CAP de tapissier-décorateur, il trouve un emploi dans l’atelier de M. Bistué, rue des étables, dans le quartier Sainte Croix. Par chance, ce patron est un amateur de cyclisme et il est de ceux qui encouragent leur apprenti.

C’est un sport qu’il apprend chez les « Cyclos Bordelais » lors de premiers brevets (100, 200 km…).

 

1960 – La catégorie « cadets » existe depuis peu. Déjà, en 1958, le premier champion de France dans cette catégorie se nomme Jacques Suire, il est licencié au Bordeaux Vélo Club.

Cette année-là, Suire sera le plus jeune sélectionné de la délégation française aux Jeux Olympiques à Rome (poursuite par équipe).

 

Mais, en 1959, les cadets que l’on retrouve le plus souvent aux premières places se nomment : Dècle, Debiard, De Nadaï, Dulhoste, Frigo, Gonthier, Labory, Lataste, Mauget, Napias, Pommé, Romani, Suire… Et, le 30 août à La Réole, le podium est le suivant : 1. Dècle 2. Suire 3. Pommé… Au championnat de France (remporté par Izier devant Norce) on retrouve : « 5. Trentin 6. Pommé 7. Suire … 9. Sainz », soit des noms qui continueront, chacun à leur façon, dans la carrière.

L’Athlète du 28/9/1960, qui donne le classement du Criterium des cadets de Gascogne disputé à Mauléon (64) indique : 1. A. Debiard 2. A. Robert 3. Miremont 4. Chilope 5. Onfroy 6. Bordère 7. Elissalde… 17. Ronchaléon… ce qui, malgré deux coquilles classiques (le n pour le u) démontre la présence de Jean-Claude dans cette compétition. Cependant, c’est un certain Héry de l’Ile de France qui est champion de France, alors qu’en Guyenne le titre est allé à Fantino devant De Nadaï, le troisième s’appelle Debiard…

 

En début de saison 1961, on retrouve J.C. Rouchaléou au vélodrome de Bordeaux 3ème de l’élimination « cadets » gagnée par Laborde (SAB) devant Morès (Macau).

Et, le 14 mai à Andernos pour le Prix Ste Quitterie, il y a 24 cadets au départ de la course qui est gagnée par B. Guilhem (FBGM) devant Cazalis (CAM) et Boucheleau (SAB) (=Rouchaléou) se classe 5ème.

Le 31 juillet à Captieux, le classement est : 1. J. Corbin 2. Rouchaléou 3. Guilhem 4. Grimard 5. Laborde…

Le 7 août, lors du championnat de Guyenne des cadets, le titre va à Laborde devant Grimard, 3. J.C. Rouchaléou. Dans « l’Athlète », on peut lire : « à 20 km de l’arrivée, Pierre Grimard tente… mais deux coureurs sabistes (Laborde et Rouchaléou) le rejoignent dans le dernier kilomètre ». Les cinq premiers sont qualifiés pour le championnat de France dans les Vosges à La Bresse.

 

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La brochette de cadets du Sport Athlétique Bordelais : B. Laborde avec le maillot de champion de Guyenne et, à sa gauche, Jean-Claude. Puis, Douat, Gaüzère...

 

Et, le 10 septembre 1961, Pierre Grimard (Guyenne) devient champion de France (cadet), les 78 km en 1h 58’ 18’’… 3ème Ducreux (Normandie)…5. Gouverneur (Paris)…10. Laborde (Guyenne)… Il y avait 86 coureurs au départ.

 Grimard en cadets, Gestraud chez les amateurs, Mazeaud chez les indépendants, la région est gâtée cette année-là.

 

En 1962, les titres de la FFC seront attribués à Bazyre (amateurs), à Baldasseroni (indépendants) et Claude Guyot (cadets), pendant que d’autres cadets émergent dans notre région :

Daunat (St. Aulaye) – Larpe (St. Roch) – Parenteau (Angoulême)… Le titre des juniors n’existe pas encore, mais le règlement du 1er Pas Dunlop, dont la vainqueur porte ensuite le titre de champion de France des débutants (comme Ollivier 1952, Cousseau 1955, Buiatti 1957).

D’ailleurs, l’âge pour concourir est désormais de « 17 ans dans l’année » (l’Athlète 19/1/1955). Le vainqueur en 1962 se nomme Jacques Delarue et il faudra attendre 1972 (vainqueur B. Hinault) pour que l’épreuve soit, alors, considérée comme "championnat de France des juniors".

Cette année-là (1962), à Saint-Claud, l’omnium des Espoirs laisse entrevoir quelques noms à retenir : 1. Fantino 2. Leblanc 3. C. Cuch … 5. Jagueneau… 8. Paré…

Au plan bordelais, Bernard Laborde (SAB) termine à la 4ème place de la finale nationale du « Pas Dunlop » à Dijon. Et, à partir du mois de juillet, le nom de J.C. Rouchaléou figure dans les résultats des courses de « 3 et 4 » :

  • Le 1er juillet à Gradignan : 4ème derrière 1. Estébe 2. Mazy 3. Lopez
  • Le 27 juillet à Cabanac : 2ème derrière Ducos
  • Le 5 août à Pessac-Chiquet : 3ème derrière J. Barbe, 90 km en 2h24’ 2. Luzinski  
  • Et, le 18 août à Arsac où il y a 60 coureurs au départ, Jean-Claude connaît sa première victoire devant Gerbeaud et R. Estébe. Une semaine plus tard (le 26/8) à Marsas, Estébe et Duroux s’échappent dans le dernier tour, Rouchaléou les poursuit et l’arrivée donne le classement suivant : 1. C. Duclaux 2. Rouchaléou à 2’’, 3. Estébe à 5’’, 4. Jimenez à 25 ‘’…

 

L’Athlète du 12 septembre indique le passage de 4ème en 3ème catégorie de J.C. Rouchaléou à compter du 29 août.

Au mois de septembre 1962, à Bègles, pour le Prix de Centujan, Rouchaléou se classe 2ème derrière Andraud, devant Gaüzere, Douat et Desclaux. Puis, au mois de novembre on peut relever parmi les démissions en clubs, au SAB : Andraud-Douat-Rouchaléou.

 

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Deux coureurs du Cyclo Club Bordelais : Daniel Desbois et Jean-Claude Rouchaléou, deux habits différents, deux publicités extra-sportives différentes. Après 1956, la F.F.C. règlemente la publicité pour la saison 1957. La révolution a commencé en Italie avec Fiorenzo Magni et sa « squadra crème de beauté » (Nivea). Sur les maillots jusque-là, il ne pouvait y avoir que des références aux marques et au matériel du cycle. Les maisons Peugeot puis Mercier répliqueront en affichant leur partenaire du motocycle (BP), ici D. Desbois. Les clubs chercheront de nouveaux appuis : ici, J.C. Rouchaléou avec le maillot du CCB portant la marque de Castelvin. Ce type de publicité commencera très vite à poser des problèmes de concurrence commerciale, avant que la publicité pour l’alcool ne soit exclue du monde sportif.

 

 

Du côté du Médoc, la saison 1963 démarre vraiment avec la « classique » Bruges- Pauillac-Bruges, dont le classement est le suivant : 1. Daniel Desbois (CCB) les 105 km en 2h40’ 2. Sevilla 3. Daunat 4. Mazy 5. Lamaison 6. Douat 7. B. Laborde 8. Brégères 9. Labarrière 10. Levieux 11. Puyo 12. Riquet… et, le petit compte rendu mentionne 150 coureurs au départ, puis une échappée à 8 (parmi lesquels il y a Rouchaléou), laquelle commet une erreur de parcours à Parempuyre. Seuls, Desbois et Sevilla en réchappent…

Ensuite, le journal « l’Athlète » (27/3/1963) publie « Trois équipes au Cyclo Club Bordelais, dont l’équipe I– habillée/équipée par « Kas-Royal Asport-Castelvin » - où figurent : Barrière (P.), Bianco (J.), Bodin (M.), Bertrand (M.), Dupré (A. et L.), Richard (B. et D.), Gava (F.), Gabin (R.), Armspach, Rouchaléou, Desbois et Costes.

 

 

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Castelvin, un grand de Bordeaux… ?

En tout cas, la publicité extra-sportive de l’équipe du CCB, dirigée par Jean Lafargue, cycles Royal Asport, cours V. Hugo à Bègles. On reconnait Jean-Claude aux côtés de P. Barrière, A. Dupré, D. Desbois…  

 

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Une boisson pétillante, une marque espagnole, un maillot presqu’entièrement jaune : le jeune Rouchaléou (à G.) en compagnie de P. Barrière, J. Bianco, M. Bertrand, A. Deloche… 

 

A 18 ans, Jean-Claude continue à gravir les échelons des catégories de coureurs : il passe de 3ème en 2ème catégorie en juillet et, en septembre, il est en 1ère. C’est sa saison-phare, mais c’est aussi la dernière : 6 victoires (à Uzeste, Préchac, Callen, Ustaritz, Créon et Castres-Beautiran) auxquelles s’ajoutent trois places de 2, trois de 3, cinq de 4, au total 16 places dans les dix premiers, sur un territoire plus étendu. Ainsi, la victoire à Ustaritz pendant les vacances au pays basque, puis, en fin de saison, c'est l'accès aux "toutes catégories", à Créon d'Armagnac (18/8), 7ème derrière 1. Martin(Tarbes) 2. Carasset 3. Mihai 4. R.Menaut

5. Natali 6. Chapeau, à Soulignac (8/9), 4ème derrière M. Chapeau, Cola et Natali, à Mérignac (15/9), 5ème derrière 1. Castera 2. Lapierre 3. Coutant.

 

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Dans la roue…

 

 

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 … ou  en échappée, un visage juvénile et de bonnes jambes.

 

 

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Uzeste = carré magique : la miss, le vainqueur et deux enfants, sous le regard des autres…

 

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Le bouquet à Ustaritz : la Miss, le speaker et … le second.

 

 

En 1963, Jean-Claude dit n’avoir fait que ça » (courir à vélo), aidé par ses parents qui sont « pauvres ». Et, en 1964, arrive le temps du service militaire, Jean-Claude échappe à Mururoa et il est affecté dans l’armée de l’air à Mont-de-Marsan. Il est alors « préselectionné olympique » pour la poursuite par équipe et il se trouve alors en compagnie d’Ocana et Manzano, les « Espagnols de M. Cescutti » et le Partisien Pacary. Il peut, ainsi, rouler tous les jours (ou presque) sur la piste. Alors, comment se fait-il que « l’Espoir Rouchaléou » disparaisse en 1965 ?

Jean-Claude évoque immédiatement le choc que produit en lui l’annonce du décès de son ami Guy Armspach de Gujan-Mestras, dont la carrière à vélo était associée à la sienne (ils sont ensemble au C.C.B.), mais celui-ci n’a pas eu la chance de rester à proximité de Bordeaux. Effectuant son service militaire en Allemagne, Guy Armspach est décédé lors d’une manœuvre.

 

 

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Avec Guy Armspach, Jean-Claude prépare les vélos, chez lui dans la cour.

 

 

 

Aujourd’hui, JC. Rouchaléou revient sur cette saison 1963, au cours de laquelle il « n’a fait que ça », supporté par ses parents. Arrivé en première catégorie à 19 ans, quel avenir s’offre à lui ?

En fait, l’objectif pourrait être de passer « pro ». Mais, arrivent alors d’autres jeunes talents comme Serge Lapébie, Bernard Dupuch, Francis Campaner et, après avoir lutté à 100% avec des coureurs comme Bernard Laborde qu’il fréquente depuis les rangs des cadets, il mesure la difficulté voire la vanité à ne faire que du vélo. Son père qui, avec son grand frère Pierre, est son plus fervent supporter, lui a montré la nécessité de bien gagner sa vie. Alors, il arrête le vélo. Ce n’est pas un coup de tête, mais une décision réfléchie par quelqu’un qui dit avoir, déjà, « l’habitude d’effectuer des bilans ».

 

Un métier dans le meuble

 

Au retour du service militaire, il trouve un emploi chez Médeville, une société de tapisserie et de décoration, située sur le cours de Verdun. Puis, lors d’un chantier chez des particuliers, la maîtresse de maison lui fait remarquer qu’il fait « un beau métier ». Jean-Claude enregistre poliment, mais lui vient en même temps l'idée que ce n’est pas encore le « bon ».

Ayant saisi, à travers son métier, l’importance du meuble dans le décor intérieur (le bois, le style, la qualité, le confort), il entre alors chez Daulouède. Devenu agent commercial, il vend des meubles aux marchands de meubles et représente de nombreuses usines. Il aide aussi à l’ouverture de magasins (à Bordeaux et dans la région). A ce titre, il sillonne l’Europe et entretient des liens avec de grandes sociétés (Aurora en Belgique, Bool International, Charbit…). En 1995, il est directeur de « Mobilier de France » à Mérignac. Il prend sa retraite en 1999…

Au cours de cette période, il se marie avec Evelyne en 1966. Ils ont une fille, Pascale (aujourd’hui 58 ans), mais ils divorcent.

Ensuite, il rencontre Florence, une sportive qui a pratiqué l’athlétisme à l’ASPTT de Bordeaux, avec laquelle ils auront deux enfants : Matthieu (41 ans aujourd’hui) et Maud (qui réside désormais au Canada). Jean-Claude et Florence réussissent à composer leur vie de famille à Bruges avec une nouvelle passion, le handball.

 

Le ballon et le dirigeant sportif

 

Cependant, entre le vélo et le handball, il y avait comme « un vide ».

Or, peu après 1972 – soit après les championnats du monde de handball organisés par la France en 1970, puis le tournoi préolympique à Madrid en 1972 (qualificatif pour les Jeux de Munich) – les copains de Saint Bruno (C. Sanchez, Darle, Messager, Pace, M. Luengo) viennent le tirer de sa retraite pour monter une équipe de handball, qui s’intégrera à l’Entente Sportive de Bruges. Puis, ils lui déclarent tout net : « toi, tu vas dans les caisses !». A ce moment, Jean-Claude a 28 ans.

Outre le rôle de gardien de but pour lequel il y a bien adéquation, Jean-Claude démontre assez vite qu’il peut être responsable pour d’autres tâches encore. En 1975, il devient le président de la section handball de l’E.S. Bruges jusqu’en 1979 (le club compte au départ 42 licenciés, désormais ils sont 360).

Puis, il est sollicité pour devenir le président du comité de Gironde de la FFHB et il exerce cette responsabilité jusqu’en 1986. Durant cette dernière période sportive, avec sa femme Florence, ils montrent l’exemple d’un couple de dirigeants bénévoles (Florence est impliquée au plan de la ligue d’Aquitaine).

De cette dernière expérience, Jean-Claude semble conserver le souvenir agacé de dirigeants autour de lui plus préoccupés d’aider leur club que de participer à la progression du jeu et à la qualité des organisations sportives.

A partir de 1986-87, une éclaircie s'offre à lui : les Girondins de Bordeaux (nouvelle mouture créée par la FFHB, champions de France N1B en 1989 et Coupe de France 1990). Il siège - en tant que président du comité de Gironde - au comité directeur du club.

 

« Trajectoires croisées »

 

Le sous-titre apporté à cet inventaire concernant J.C. Rouchaléou n’est peut-être pas juste. D’abord, parce que nous avons bien conscience que le mot « trajectoire » est, à la fois, péremptoire et trop simple, comme si une existence pouvait être réduite à une suite de points ou à une traînée de fumée blanche dans un ciel d’azur.

Jean-Claude, lui-même, semblait tout d’abord réticent à se prêter à l’exercice, plus sans doute qu’à voir son vécu condensé dans un trait simplifié.

L’auteur – seul permanent de « memovelo » – a hésité lui-aussi, avant de voir dans ce travail un moment de vérité et d’histoire réellement vécue. Cela parce que, de son côté, il a réussi – plus ou moins – à caler son existence entre ces deux moments de passion : le vélo et le handball. Alors, pourquoi ne pas avoir choisi la figure géométrique des parallèles ? Parce que, comme chacun le sait, il s’agit de deux droites qui ne se rencontrent jamais.

Or, cela s’est bien produit au début des années 1980 à propos du handball. 
Je sortais – difficilement – d’une expérience de joueur (une quinzaine d’années à tous les niveaux : du scolaire à l’international) et je me sentais attiré par ce jeune dirigeant pour entamer l’expérience d’entrainer une équipe féminine. Nous nous sommes donc rencontrés avant ce texte. Ce ne fut pas un échec, mais d’autres circonstances firent que le projet ne vit jamais le jour.

Cependant, ce n’est que, plus de quarante ans plus tard, que j’ai découvert au cours de mes voyages dans le temps du cyclisme en Guyenne, l’existence de ce coureur qui, en quatre ans, était passé de la catégorie des cadets à celle d’amateur 1ère catégorie. Trajectoire d’autant plus originale qu’ensuite, devenu gardien de but au handball, il fut aussi dirigeant de ce sport. Désormais, il lui reste (et il y tient) la pelote basque avec  ses amis D. Dale , B. Bruno Rios & co. à la "Cancha" à Pessac-Bourgailh.

 



25/04/2025
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