Memovelo

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Luis GOYA – PICASSARI (1926 – 1962)

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« Si la photo est bonne » (titre d’une chanson)

 

Dans son album « Le Mal de Vivre », Barbara offre au public cette chanson « facétieuse et osée », dont les premières paroles disent :

« Si la photo est bonne

Juste en deuxième colonne

Y a le voyou du jour,

Qui a une gueule d’amour » 

 

 

 

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 Lui Goya, vainqueur  de la 2ème étape du Grand Prix de la Tomate, à Marmande en 1957. Il termine deuxième du classement  général  derrière Mohamed Ben Brahim.

 

 

 

Nous n’avons pas la prétention de hisser notre propos au niveau de celui choisi par Barbara, dont la chanson va résonner dans une France qui n’a pas encore aboli la peine de mort. Cependant, cette photo qui présente Luis Goya Picassari nous fait entrer dans l’histoire du cyclisme de notre région et, cela, pour plusieurs raisons.

En 2013, reçu par Yves Nebut pour composer un article sur sa carrière de coureur, nous trouvons dans sa «boîte aux souvenirs » cette photo de presse, que la rédaction de « La Dépêche du Midi » a adressé à Yves, lequel s’était enquis d’un document le représentant, alors qu’il est le vainqueur de la première étape du Grand Prix de la Tomate et des Primeurs à Marmande en 1957. Or, sur la photo envoyée, il ne s’agit pas de lui mais de Luis Goya, le vainqueur de la deuxième étape.

 

Comme je révèle à Yves que l’homme à côté de la Miss est Pierre Trias, commercial chez Ricard et le père de ma compagne, spontanément il me donne cette photo.

Estimable document pour cette raison, mais aussi parce qu’il illustre cette vague qui, à partir de 1956, vient caresser le rivage du sport et du vélo : la publicité, dite justement « extra-sportive », car les inscriptions jusque-là autorisées sur le maillot des coureurs étaient celles des marques et du matériel des cycles voire les identités des clubs. Ici, à la marque des cycles « Elvish », la photo associe les noms d’un apéritif (Ricard) et d’une lessive (Crio, ce n’est pas encore Bonux…).

 

Archive précieuse parce qu’elle illustre un moment-clé du développement à venir du sport cycliste et, aussi, qui affiche l’identité d’un coureur mal connu bien que vainqueur de plus d’une centaine de courses dans le sud-ouest, lequel décède cinq ans plus tard après une chute à l’arrivée  du Grand Prix de la « Grande Maison»,  à Dax le 15 mai 1962.

 

La mort du sportif sur le terrain et dans l’action soulève l’émotion à tous les niveaux : coureurs, dirigeants, organisateurs, public… Si cette mort survient souvent en course, il peut s’agir d’un accident causé par un véhicule, d’une défaillance cardiaque provoquée par une anomalie ou par l’utilisation de substances toxiques. Particulièrement en cyclisme, c’est la chute qui en est très souvent la cause. Or, la chute à vélo est presque banalisée depuis les débuts dans l’enfance jusqu’à l’âge adulte, les coureurs, quant à eux, la classent dans «les faits de course ».

 

Pourtant, tous les pratiquants connaissent et se rappellent quelques-uns de ces morts :

Camille Danguillaume, Serse Coppi, Stan Ockers, Alessandro Fantini, José Samyn, Jean-Pierre Monséré, Fabio Casartelli… Wikipedia publie une « liste des coureurs cyclistes morts en course » (dates, causes, contextes…). En juin 2025, le journal « l’Equipe » offre une enquête sur ce sujet réservée aux abonnés intitulée « Crash, peloton sous tension ».

Une date marque une véritable rupture : le 13/3/2003, lorsque le coureur kazakh Andreï Kivilev chute dans Paris-Nice et décède. Suite à l’alarme lancée par le Dr. Menuet (Cofidis), l’UCI rend le casque obligatoire le 5/5/2003. Malgré les progrès, le sujet est loin d’être clos. Lors du Tour de Suisse 2023, le coureur Gino Maider (26 ans) décède dans une chute, alors qu’il est échappé avec Marcus Sheffield, lequel peut ensuite reprendre son métier. Et, le 27 septembre 2024, la coureuse suisse Muriel Furrer décède à son tour après une chute lors des championnats du monde juniors sur route.

 

Dans le sud-ouest en 1962, au décès de Luis Goya s’ajoute celui de Robert Moisan (24 ans) qui chute lors du Grand Prix Ovox-Totaliment, dans la région bordelaise. Et, dans le microcosme des coureurs cyclistes, l’émotion est grande.

 

 

 

L’accident qui coûte la vie de Luis Goya 

 

 

 

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 extrait de "l'Athlète" du 30 mai 1962

 

 

 

Le journal de l’activité cycliste dans le sud-ouest, « l’Athlète » publie le 30 mai 1962 un petit encadré : « Luis Goya est mort ». « Le 15 avril dernier », à l’arrivée du Prix de la Grande Maison à Dax, « 7 coureurs échappés se présentent au début de l’avenue Georges Clémenceau », une grave chute se produit à la suite d’une « vague monumentale » (G. Descoubes), trois coureurs vont au sol : Baziet et Debiard A. qui terminent à pied et L. Goya qui ne peut se relever. Le coureur du Stade Nayais, dans le coma, est transporté au Centre Abadie à Bordeaux. « Après un mois et demi de souffrance (…) le mal a eu raison de sa forte constitution », il décède le 26 Mai 1962. Ses obsèques ont lieu à Montaut - Betharram.

 

Dans la « République des Pyrénées », A. Thiery, après avoir annoncé la « pénible nouvelle » qui sème « la consternation dans les milieux cyclistes du Béarn et les sportifs de la région nayaise »,  rappelle le portrait de l’homme, « l’ami de tous, l’enfant de Nay… dans chaque foyer considéré comme de la famille », et celui du coureur : « loyal adversaire, excellent camarade… d’une correction parfaite », « le type de coureur à citer en exemple », dont les « succès dépassent la centaine… tous acquis dans la régularité ». Et, le journaliste exprime l’injustice du sort : Goya n’a pas eu « le bonheur de connaître son fils Michel, né trois jours après le terrible accident ». Thiery ajoute : « il ne connaîtra pas les joies de la vie familiale dans sa maisonnette qu’il s’était fait bâtir, fruit d’un rude labeur tant à l’usine que sur son vélo ».

 

C’est justement le fils de Goya, Michel, officier des troupes de marine parvenu en 2009 au grade de colonel, qui se présente ainsi sur internet : « fils de Luis, coureur cycliste espagnol, émigré clandestin, décédé en 1962 et de Jeanne, ouvrière textile. Marié, père de trois enfants ».

 

Malgré nos courriers (la poste, internet…), nous regrettons amèrement de n’avoir pu bénéficier de son aide pour réaliser cette biographie de Luis Goya-Picassari.  Car, cette façon de se présenter nous avait convaincu – nous qui faisons le pari de préférer la destinée au seul palmarès – de l’opportunité d’un tel travail sur ce site.

M. le Maire de Montaut nous a cependant fait parvenir par l’intermédiaire de Delphine Tombini, secrétaire générale, les éléments suivants : « le coureur cycliste décédé lors d’une course est le père du colonel qui intervient tous les jours sur LCI. Son épouse a pris sa retraite en 1982, il me semble qu’elle était agent des écoles de la commune de Montaut. La demi-sœur de Michel Goya n’est autre que Danielle Bellocq, épouse Collado. La mère de Danielle était tombée veuve et s’était remariée avec Luis Goya. Michel revient régulièrement au pays. D’ailleurs, lors d’un reportage sur la « République des Pyrénées », il avait indiqué qu’il avait conservé les articles de presse de l’événement ».

  

 

Ce que nous avons pu apprendre de Luis Goya 

 

Luis est né le 27 avril 1926 en Espagne, à Gabiria dans la province de Guipuzcoa (Bilbao). « Arrivé en France après la guerre » (G. Descoubes), il est – selon son fils – « émigré clandestin ». Selon nos recherches, cela signifie « qui traverse une frontière sans document de voyage » et « dont l’entrée et le séjour sont cachés ». Dans notre période agitée par les problèmes liés à l’immigration, il convient d’en revenir au contexte historique et de rappeler l’ordonnance du 2 novembre 1945 voulue par le général De Gaulle.

 

Ordinairement, les migrations s’effectuent d’un pays pauvre vers un pays où l’on espère un meilleur niveau de vie. Parfois, il s’agit de fuir un régime politique. Souvent, l’immigration correspond à un besoin de main d’œuvre.Après 1945, si l’immigration politique continue (les opposants au régime franquiste), celle économique explose. En 1968, il y a 607 000 Espagnols en France, ce qui en fait la première origine nationale immigrée. Quelle que soit la situation (celle de réfugié politique ou celle de réfugié économiquement faible), le problème qui se pose à la personne est celui de la dignité (insertion, habitation, emploi, salaire…).

 

Notre recherche sur le coureur cycliste Luis Goya-Picassari n’a pu commencer effectivement qu’avec les premiers résultats relevés dans le journal « l’Athlète ». Or, ceux-ci n’apparaissent qu’à partir de 1950 sous le maillot du Stade Nayais. Et, les éloges prononcés lors de ses obsèques (en 1962, il a 36 ans) témoignent de son insertion dans la société béarnaise.

Nous regrettons de ne pouvoir mieux situer Luis Goya dans sa famille et lors de ses débuts en Espagne, commencés « tardivement » (Descoubes). Cependant, nous relevons sa fidélité au club nayais, son emploi aux établissements Faivre, son mariage avec Jeanne, veuve et déjà mère, avec qui ils auront un fils, Michel.

 

 

 

 

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A ses débuts...

 

 

 

Tableau des résultats de Luis Goya réalisé à partir du journal « l’Athlète » (entre 1950 et 1962) 

 

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Plusieurs publications indiquent "plus d'une centaine de victoires". Cependant, nous n'avons retrouvé que ces résultats après une lecture approfondie du journal "l'Athlète".  En septembre 1959, le compte rendu de la course à Gelos (64) publié dans ce journal parle de "108ème victoire"...

 

 

 

 

Réflexions sur les résultats relevés

 

 

 

A défaut d’archives personnelles et du témoignage de son fils Michel, nous avons tenté de rassembler la carrière de coureur cycliste de Luis Goya Picassari à travers tous les résultats publiés dans le journal « l’Athlète » le concernant entre 1950 et 1962. Soit un peu plus de 12 saisons et un total de 246 résultats. Parmi ceux-ci figurent 71 victoires et 53 places de 2ème.

 

Il convient de préciser, d’une part, que ces résultats sont obtenus sur le territoire du grand sud-ouest de la France et que, d’autre part, Luis Goya a aussi pris part à des courses en Espagne, où il a obtenu quelques résultats notoires (Prueba Villafranca de Ordizia, Lagosta, Villabona, tour du Batzan…).

 

Enfin, nous ignorons tout de ses débuts en Espagne. Quand il gagne sa première course en France (le 16 juillet 1950 à Pau, le Prix du quartier Lartigue), il a 24 ans. Ce n’est donc pas un « débutant » et l’année suivante il passe en 1ère catégorie en fin de saison.

 

Justement, en décembre 1951, le « Bloc-notes du chercheur » révèle que « Guerino Cassol, le crack saint-gaudinois » devenu l’entraîneur de l’U.V. Lourdaise, « poursuit son recrutement » et verrait « avec plaisir Louis Goya Picassari se ranger sous sa bannière ». Mais, il est vrai que « Goya est domicilié à Igon en Basses-Pyrénées donc en Guyenne, or les règlements interdisent les mutations de comité à comité » (sauf…). Goya restera donc fidèle au Stade Nayais.

 

Si l’on essaye de définir le champ d’activité du coureur Goya, on se heurte aux limites fixées administrativement selon l’époque concernée (ici, les années 50 et le début des années 60).

Depuis 1789, l’unité administrative française est le département, mais dans les années « 50 », la désignation du territoire cycliste administré par la FFC répond à l’appellation « Guyenne » (24,33,40,47,64). Cette unité territoriale correspond à celle de l’académie de Bordeaux. Au début des années « 70 », ce découpage se transforme avec la création des régions (loi du 5/7/1972) et la ligue d’Aquitaine (8 départements) remplace le comité de Guyenne. En 2014, le président Hollande officialise le passage de 22 à 14 régions métropolitaines. Ainsi entre en fonction la région « Nouvelle Aquitaine » (Dordogne, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, Pyrénées Atlantique, Charente-Maritime, Charente, Deux-Sèvres, Corrèze, Creuse, Vienne, Haute-Vienne).

 

Au-delà de l’organisation du sport selon les règles de l’administration française, fondées sur un découpage territorial, il existe aussi une « mise en coupe réglée » des courses et des coureurs qui désigne les épreuves et les catégories de coureurs concernées. Le journal « l’Athlète » transcrit le modèle de cette organisation en annonçant les épreuves organisées selon les communes, les départements et cela, par régions en spécifiant à quelles catégories de coureurs ces courses sont ouvertes. Peut-être, parce que historiquement proche du quotidien régional « Sud-Ouest », ce journal publie même au-delà de la Guyenne et annonce les courses et les résultats correspondants outre l’Aquitaine aux comités du Poitou et des Pyrénées. Il y a même une rubrique «Hors sud-ouest » où il est question de l’Atlantique-Anjou, du Languedoc, de l’Auvergne et de l’Orléanais. En 1999, « Cyclisme » qui succède à « l’Athlète », disparu en 1968, publie désormais les calendriers des comités : Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Limousin, Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes. 

 

 

Territoires des victoires obtenues par Luis Goya

 

 

 

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Le nuage  de points bleus représente les victoires : entre Pau , Oloron et Tarbes, une quarantaine...

 

 

 

Nous avons figuré les victoires glanées par L. Goya sur une carte montrant cette partie du territoire français communément désignée par l’expression « grand sud-ouest », soit un quart de l’hexagone. Nous avons bien conscience de l’extrapolation opérée qui consiste à découper la France en 4, en oubliant la région la plus dense et la capitale : Paris et l’île de France.

Dans le but de définir le « rayonnement » du coureur Luis Goya Picassari, nous ne pouvons cependant pas faire mieux que de le qualifier de « Régional ». Cette appellation a cependant ses lettres de noblesse, en particulier quand le Tour de France se courait par équipes nationales et, aussi, par équipes régionales (Centre-Midi 1958, Ouest-Sud-Ouest 1959… par exemple).

 

« Tout ça pour ça ? », pour un coureur dont les victoires se distribuent de La Rochelle à Jaca et d’Anglet à Graulhet ? C’est évidemment décevant quoique l’adjectif « pyrénéen » pourrait être plus pertinent, puisqu’une quarantaine de courses gagnées se situent dans le triangle « Pau-Oloron-Tarbes ». Mais, c’est ambigu aussi, car Luis né en Guipuzcoa est retourné en Espagne courir et gagner, à la fin des années 1950.

Par ailleurs, si le champ des victoires pyrénéennes ne s’étend pas au-delà de Saint-Gaudens, subsiste la délicate question des identités régionales. Même si, depuis Louis XIV (1700), « il n’y a plus de Pyrénées » (d’après Voltaire) - ce qu’aucun cycliste ne peut admettre – il reste les départements appelés : Pyrénées atlantique, Hautes Pyrénées et Pyrénées orientales, ce qui ne règle pas le cas du « Pays basque », dont l’unité concède quelques provinces de ce côté-ci des Pyrénées (Labourd, Soule, Basse Navarre). Le coureur Goya court et parcourt la Guyenne (sans gagner à Bordeaux) et la Gascogne, alors qu’il est peu souvent dans le Périgord ou le Limousin et, malgré quelques incursions en Charentes, il ignore le Poitou. Donc, il s’agit d’un périmètre qui emprunte à la fois à l’Aquitaine et à l’Occitanie avec un condensé basco-béarnais.

 

Pour certains, « en France, il n’y a que le Tour de France qui compte » et – semble-t-il- il est désormais admis que c’est « la plus grande course du monde ». Le succès télévisuel obtenu par la « Caravane de juillet » est aussi celui du paysage français, théâtre des exploits des coureurs. Car, le cyclisme se modèle sur le relief (le plat, le pentu et le vallonné), les espaces (les couleurs et les cultures), les éléments (le vent, la pluie, le soleil), les villes et les villages traversés (avec en apogée la butte Montmartre et/ou les Champs-Elysée). Faire le tour d’un pays transcende la course et les offices de tourisme d’autres pays que la France l’ont bien compris, qui multiplient les annonces sur le petit écran pour des séjours enchanteurs.

 

Il n’en reste pas moins que Luis Goya est, à son époque, un coureur athlétique (1,80 m), endurant, peut-être plus grimpeur que sprinteur, qui réussit plus dans les courses longues et éprouvantes que dans les nocturnes et les circuits en ville (1951/circuit des Pyrénées, 225km, 1952/vallée d’Ossau-Arudy, 150 km, 1953/Orthez, 170 km, 1954/Nay, 142 km, 1956/Kiosque/Tarbes, 135 km, 1956/Bx.-Saintes, 141 km, 1957/ Pau/Lapasserie 160 km, 1959/ Langon, 189 km, Mauléon-Soule/130 km… par exemple)  

Pareillement, nous ignorons les libertés dont dispose Goya vis-à-vis de ses employeurs, ce qui le contraint au niveau de l’entrainement et du choix des courses.

 

Ses qualités physiques auraient dû en faire un coureur de courses par étapes. Mais, malgré des participations au Tour des 3 « B », au Tour du pays d’Olme, au Tour de l’Ariège, au Circuit d’Aquitaine, au Tour de la Dordogne… il remporte çà et là une étape, mais il ne figure presque jamais au classement général.

 

Sur le plan matériel, à partir de 1955, il figure dans l’ossature de la solide équipe des cycles « Elvish-Fontan » où il se trouve en compagnie de : R. Mastrotto, R. Gibanel, R. Cazala, M. Queheille ; P. Poutou… soit la fine fleur du cyclisme pyrénéen. Il restera fidèle à cette marque comme il l’a été au Stade Nayais.

 

 

 

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S N = Stade Nayais

 

 

Au-delà de la centaine de victoires,  il faut relever ses trois participations à la grande classique du sud-ouest, Bordeaux-Saintes, dans laquelle il se classe 2ème en 1953 derrière Settimo Perrin, 3ème en 1956 derrière G. Gaillot et A. Lesca et 6ème en 1958 derrière M. Pelé, A. Lesca, P. Planas, P. Poutou et R. Cazala.

 

Nous avons retrouvé dans la publication d'Alain Laplace "Retro sportivement"(tome 2, éd. la biscotte, 2019) cette photo où il figure en tant qu'ancien vainqueur du circuit des Pyrénées (1951).

 

 

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Autour de l'ancien rugbyman du FC Lourdes F. Labazuy, qui va relancer le "Circuit des Pyrénées", on retrouve avec Luis Goya (à droite) Raymond Mastrotto et Federico Bahamontès...

 

 

D'autres résultats sont aussi remarquables : la victoire à Saint Thomas de Conac  (17) devant Trochut et Delort ou bien cette deuxième place derrière Nicolas Barone dans le Grand Prix du Chasselas à Cazes- Mondenard, et les  quelques fois où il devance R. Cazala ou M. Queheille, futurs coureurs du Tour de France.

 

Mario Sandona qui a souvent couru en sa  compagnie, "c'était mon copain" (malgré un écart d'une dizaine d'années), nous a raconté la victoire à Jaca : "il se faisait une joie de courir et de gagner en Espagne, mais à l'arrivée les Espagnols lui ont craché dessus..." . Mario nous a aussi révélé qu'il avait été le premier à utiliser un triple plateau.

 

 

 

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En 1956, l'équipe "Elvish" , qui regroupe l'élite du cyclisme béarnais, connaîtra comme directeur sportif Robert Hue, l'ancien directeur du Parc des sports de Lescure, dont la ville de Bordeaux et son maire Adrien Marquet ont fait l'acquisition.

 

 

 

 

 

Le fils, Michel Goya 

 

 

            Ordinairement, nous nous attachons à quelques autres aspects de la destinée du coureur. La reconversion est parfois un virage difficile à négocier. Sans doute, avons-nous été marqué par le sort dévolu à nos deux amis, Maurice Bertrand (1964) et Maurice Laforest (1975), lesquels – comme Luis Goya – n’ont pas eu la possibilité de prolonger leur existence de père de famille. Ici, nous reviennent en mémoire le moment où le fils de Maurice Bertrand s’est rappelé à moi lors d’un repas organisé par Mme Deloche et, aussi, la réception de cette enveloppe rouge expédiée d’Angleterre au dos de laquelle figuraient deux initiales (H. L.) et une adresse à Londres. Il s’agissait de Hervé Laforest, le fils que Maurice n’a pas eu le temps de connaître.

 

Sans se complaire dans le dramatique et en restant sagement dans le cercle des coureurs de notre région - nous l’avons montré sur ce site – d’autres thèmes de la vie tout court méritent l’attention.

 

Nous avons d’abord observé le thème des « frères à vélo » avec des duos similaires (l’aîné et le cadet) dans les familles Darrigade – Verdeun – Lapébie. Nous avons aussi prêté notre attention à cette relation « père-fils » (cf. sur memovelo  encore, la magnifique photo réalisée par   Jean  Missègue en ouverture du sujet « Jacques Suire ») ou, aussi, celle montrant Fernand Delort à l’entraînement avec son fils, Dominique. 

 

Ces considérations qui ne ressortent pas seulement de la course et de son classement participent cependant d’une connaissance et d’un souci authentiques pour ces personnes. Inévitablement, on en vient au sujet de la famille (esquissé dans memovelo avec les « Verardo »), sujet bien présent et déterminant dans le milieu cycliste.

 

C’est un peu pour toutes ces raisons que nous avons choisi, au terme du sujet « Luis Goya Picassari », de parler de son fils Michel, né quelques jours après la chute de son père à Dax.

 

 

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Curriculum vitae

 

 

 

            La naissance de Michel, fils de Luis Goya, est déclarée à l’état-civil le 19 avril 1962, soit quatre jours après l’accident survenu à son père. Son curriculum vitae (CV) laisse apparaître sa présence au lycée militaire d’Aix-en-Provence, où il prépare le concours d’entrée à l’E.S.M. de St. Cyr-Coëtquidan, mais il l’avoue aujourd’hui il n’est pas « cyrard ». Alors, il choisit le 170ème régiment d’infanterie à Epinal, puis il sort major de l’Ecole militaire interarmes en 1990 et il entre dans les troupes de Marine (21ème RIM de Fréjus).

 

Successivement, il est en mission au Rwanda en 1992, avec les casques bleus de l’ONU à Sarajevo, en Nouvelle-Calédonie en 1994-96. Il est aussi de l’opération « Cigogne » en République centrafricaine (1998) et il commande la compagnie forêt au 9ème RIMA lors de la surveillance du fleuve Maroni (1999).

 

Nommé chef de bataillon en 2001, puis muté au Centre de Doctrine d’Emploi des Forces (Ecole militaire de Paris – 2004), Lieutenant-Colonel en 2005, il est promu au grade de colonel en 2009.

 

Concomitamment à cette carrière militaire, le colonel Goya poursuit des études en histoire contemporaine et il soutient sa thèse sur « les processus d’évolution de l’armée française (1871-1918) » à l’université Paris IV en 2008. Titulaire de la chaire d’histoire militaire à l'Ecole de guerre, il intervient aussi à l’EPEH (Ecole pratique des hautes études), à Sciences Po Paris et à l’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques). Il quitte l’Institution en 2014.

 

            C’est aussi un écrivain (plusieurs ouvrages publiés) et un analyste des conflits actuels (Ukraine, Moyen-Orient…), ce qui en fait un consultant recherché part les chaînes TV (BFM, LCI). Il incarne la redoutable association du vécu sur le terrain, de l’expérience du commandement et de la méthodologie de l’analyse guidée par l’objectivité.

 

Nous avons fait connaissance avec cet aspect du personnage en lisant un entretien qu’il a accordé au journal « Sud-Ouest » (janvier 2022), dont les propos sont recueillis par Benoît Lasserre et dont le titre mérite d’être rappelé : « Les soldats français sont les plus sollicités du monde ». Certes, « les Etats-Unis nous dépassent (…) mais par rapport au volume respectif des armées, les soldats français sont les plus sollicités du monde ». C’est aussi l’occasion de se rappeler « le terrible attentat du Drakkar en octobre 1983 à Beyrouth, au cours duquel 58 parachutistes français sont tués… le plus grand désastre français de la Vème République depuis la guerre d’Algérie ».

 

Une autre interview, en février 2025, dans « le Point », menée par Philippe Guedj, nous fournit l’occasion d’approcher l’enfance et l’adolescence de Michel Goya et ses liens, toujours actuels, avec la B.D., la pop culture et son goût pour « les visions de l’imaginaire ».

 

A cette occasion, nous apprécions de lire le colonel de réserve évoquer « un gamin qui, comme moi, vivait dans une ferme isolée en plein Béarn (…) qu’il partageait seul avec sa mère ». Nous savons pourquoi, mais nous aimons aussi le voir dire : « mon père était très populaire dans la région, beaucoup de gens m’apportaient régulièrement des cadeaux de toute sorte. En rentrant de l’école, je trouvai souvent des piles de bandes dessinées déposées pour moi… ». Michel Goya situe vers sept ans son premier contact avec les super-héros des « Marvel Comics » dans « les quatre fantastiques », dont il retient aujourd’hui que le scénariste, Stan Lee, plutôt que de mettre en scène des « êtres idéaux » a voulu des « miroirs pour les lecteurs».

 

A treize ans (1975) avec un groupe de copains du collège, ils dévorent les aventures du Docteur Strange, son héros préféré. Il y a aussi Nick Fury et son côté baroudeur : « un soldat ». 

 

Le journaliste, Ph. Guedj, suggère alors : « des figures paternelles, donc… » et M. Goya se livre : « Moi qui ai toujours été élevé par des femmes… je me suis construit sur la base d’un modèle futur à atteindre… (qui) consistait à devenir ce que je n’avais pas connu ». Voilà pourquoi il a toujours été attiré par « les figures de super-héros plus âgées et paternelles ».

 

En 1983, ; après s’être marié, il lit Heinlein (« Starship Troopers ») et il apprécie de retrouver chez cet auteur la notion de « citoyenneté liée au service militaire » qui renoue avec le « concept antique de soldat citoyen ».

 

Aujourd’hui, le colonel en retraite est aussi un expert qui peut écrire sur « l’art de la guerre » dans la version de « Dune » de David Lynch en critique avisé des adaptations cinématographiques. Il conclut l’entretien sur un jugement à propos de la pop culture et des comics : « j’ai l’impression qu’ils sont toujours considérés comme de la sous-culture à cause de ces mêmes vieux réflexes littéraires élitistes ».

 



14/07/2025
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