Memovelo

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Les frères MICHEL


 

 

C’est un air détaché
Pour chanter le fil enchanté
Qui malgré nos airs fâchés
Dit tâchez de vivre attaché
Le cœur des cœurs approchés
Accrochés par un fil
Si le monde est démanché
Tâchez de pas le lâcher

Le joli fil entre nos cœurs passé
Oh le fil
Le fil de nos sentiments enlacés
Oh le fil nous lie
Nous relie
                                                                 Le fil, Alain Souchon (1994)

 

 

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 "Frangins", tel est le titre que R. Dieudonné donne à un roman paru en 1931, qui met en scène  les trajectoires de deux jeunes coureurs, l'un "routier", l'autre "pistard". Ici, dans la fratrie Michel au seuil des années 60, c'est Francis, l'aîné, qui entraine son cadet Jean-Marie, lequel deviendra professionnel en 1978.

 


Pourquoi les frères MICHEL ?

 

 

Idées reçues, idées toutes faites, idées a priori ?
Au cœur de cette pratique nommée « cyclisme », il en est d’autres toutes aussi fabriquées, répétées, resassées, néanmoins un peu vraies. La polémique, quand il y en a une, vient du fait que trop de gens, pressés de montrer qu’ils connaissent ou bien de dénoncer, ne retiennent qu’un seul aspect des choses pour s’en faire une opinion.
Si le fait de prétendre que « le vélo est un sport individuel qui se pratique en équipe » puisse apparaître comme un dépassement de toute polémique, il semble nécessaire d’aller jusqu’à dire : certains champions, certains vainqueurs ne valent que par l’équipe qui les entoure.
D’autres recherches peuvent conduire à des constats en partie exacts, parfois démentis. On le sait : «l’exception confirme la règle », mais cette simplification anéantit souvent l’intérêt de la question que l’on se pose. Par exemple, « le cyclisme est une affaire de famille ». Le frère du champion se lance sur les traces de son aîné à la poursuite du succès. Ou encore : il est difficile pour le fils du champion d’égaler son père…
Marc Madiot peut parfois surprendre par ses choix ou ses jugements abrupts voire par certains comportements du type d’un « supporter excité », qui ne sont pas ceux d’un directeur sportif. Mais, reconnaissons-lui aussi nombre de paroles sensées, comme sa défense des courses de village (cf. ici, l’histoire du G.Px. de Lagorce-Laguirande).
Ainsi, le journal « l’Equipe » au lendemain de l’avant-dernière étape du Tour de France 2023, qui avait vu une chevauchée de Thibault Pinot dans le massif des Vosges, donne la parole à son directeur sportif (article d’Antony Clément) : « Pinot n’a fini que septième, mais son patron sait que l’essentiel est ailleurs (…) Le palmarès, ce sont des lignes sur du papier. Lui, il nous laisse autre chose » souffle Madiot, qui couve son leader depuis 2010. Directeur sportif depuis plus de vingt ans (il a créé l’équipe « La Française des Jeux » en 1997), sa philosophie peut prêter à sourire dans un milieu dominé par les puissances financières et les «méthodes scientifiques ».

Il est donc question de lien(s). Ceux-là même que l’on retrouve dans « le sport individuel qui se pratique en équipe » ou dans un « sport familial » ou dans les « fratries » qui le composent. Voire dans ces images de la RAI qui montrent Gino Bartali et Fausto Coppi, sur une scène et endimanchés, chantant pour la télévision italienne : « nel blu di pinto di blu ». Ou encore, Jacques Anquetil, sur son lit de mort, disant à Raymond Poulidor venu le visiter : « Mon cher Raymond, tu finiras encore second ».

 

 

Le 25 octobre 1981 : « Rendez-vous des amis » (Sud-ouest, 22/10/1981)

 

A l’occasion du 3ème Grand Prix cycliste des commerçants et artisans, ont lieu à Fargues-Saint Hilaire des «gentlemen à l’américaine » organisés par le RC Podensac et « les amis de Jean-Marie Michel ». Le journal «Sud-ouest » publie trois articles à propos de cette manifestation. Le 22 octobre 1981, sous le titre « Rendez-vous des amis », nous apprenons que 17 coureurs professionnels originaires du sud-ouest auxquels s’ajoutent M. Durant, R. Legeay et F. Campaner seront associés à des cyclosportifs ou vétérans, pour effectuer 20 tours d’un circuit de 3,4 km.

 

 

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Quelques jours plus tard, le journal annonce qu’« une roue sépare Jourdan et Jean-Marie Michel ». Malgré « un vent frisquet et une pluie glaciale et continue », l’épreuve « séduisante et insolite » s’est déroulée devant un public nombreux. La paire « Jourdan-Piarulli » en tête depuis le 3ème tour est rattrapé dans le dernier tour par le couple des frères Michel (Jean-Marie et Francis) et Jourdan l’emporte au sprint.

 

 

 

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 A l'issue des "gentlemen à l'américaine", les deux équipes  qui se sont disputé la victoire présentées par le speaker, P. Dagnan : au centre avec les gerbes, F. Piarulli et C. Jourdan, à gauche Jean-Marie et Francis Michel.

  


Nous avons eu la chance de participer à cette épreuve et nous connaissions déjà un peu Francis Michel avec lequel nous courrions en Ufolep. Ce qui explique, en partie, notre intérêt pour ces coureurs. 1981 est aussi la date de la séparation entre les deux frères sur les plans sportif et professionnel. En 1982, Jean-Marie s’est exilé en Colombie alors que Francis ouvre une salle de sport à Bordeaux.

 

Enfance, Famille, Scolarité

 

La famille habite à Fargues-Saint Hilaire. Les parents vont élever quatre garçons dont l’aîné est Yannick, Francis et Jean-Marie suivent dans cet ordre et Olivier est le petit dernier. Le père est coiffeur à Bordeaux chez un patron, M. Bodard, dans la galerie bordelaise. Puis, il accepte la proposition de son patron de reprendre l’affaire lors du départ à la retraite de celui-ci. La mère reste au foyer, c’est une femme décrite comme « fervente catholique » par son fils, Francis, lequel reconnaît le travail assumé par les parents.
Par relation, ils ont connaissance de l’école privée avec internat nommée « Betharram » à Lestelle à 15 km de Lourdes. Yannick, l’aîné, en fait le premier l’expérience. Il y obtient le baccalauréat « mathélem » avec mention. Son projet de faire « médecine », qui ne plait pas trop à son père, avorte. Devenu programmeur dans les débuts de l’informatique, il fait bénéficier quelques entreprises (Point P., les Douanes…) de ses compétences et, bien qu’il soit sollicité pour rester, à chaque fois, il se projette ailleurs.
Dans une famille aussi structurée que celle des parents Michel, l’exemple de l’aîné s’avère très prégnant, comme le démontre cet accident survenu à « Nanou » (surnom donné à Yannick). Les parents étant absents, « Nanou » profite d’être gardé par la grand-mère pour emprunter un vélomoteur avec lequel il fait une grosse chute dont la conséquence est encore plus lourde puisqu’il perd un œil.
Cet événement justifie ensuite le refus que le père oppose à Jean-Marie lorsque ce dernier demande à acheter une mobylette. La contre-proposition qui lui est faite, c’est d’acheter un vélo dont on lui paiera la moitié. Ce sera un vélo de course « Wolhauser » et Jean-Marie, qui n’y avait peut-être pas encore pensé, deviendra coureur cycliste professionnel.
Francis et Jean-Marie seront internes à Betharram, mais aussi  avec des fortunes différentes. Francis quitte l’établissement en seconde et entre au lycée Montaigne à Bordeaux. Jean-Marie avoue clairement qu’il a souffert à Betharram, dont on sait qu’il s’agit d’une école spartiate à la discipline virile, mais à l’assurance d’études réussies. Laconiquement, il laisse échapper : « cela ne me convenait pas ». Les deux frères tentent de se rappeler le nom du professeur d’EPS… « Lavidalle », croient-ils. Dans « Sud-Ouest » (Bordeaux rive droite), Guy Lacquement, dans un article intitulé « Le poète du peloton fait son miel écolo », rappelle sa formation d’horticulteur « héritée de l’école du Haillan ».

 

 

Le « pur » et le « pro »

 

 

De nos entretiens avec les deux frères, il nous est resté – entre autres – cette formule prononcée par Jean-Marie : le « pur » et le «pro ».

 

 

 

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                                                               Francis et Jean-Marie


Nous venons d’examiner les temps de l’enfance et de l’adolescence et nous savons qu’au terme de l’année 1981, les trajectoires des deux frères s’écartent. Nous choisissons d’étudier d’abord le parcours de Francis : «le pur ».


Cependant, c’est Jean-Marie qui, le premier, se met à la course cycliste. Au bout d’une saison passée à regarder son frère courir depuis le bord de la route, Francis n’y tient plus et il le rejoint chez les seniors, vraisemblablement en 1974.
Après le bac qu’il n’a pas réussi, Francis cherche un boulot qu’il finit par trouver chez René Dameron, lequel tient la première salle de culture physique ouverte en 1929 à Bordeaux . Au bout de quelques années d’apprentissage et après être passé par tous les postes (il nous a raconté les séances de douche au jet, une pratique traditionnelle des salles de culture physique). Ces établissements adhèrent pour la plupart au mouvement culturiste lancé par Edmond Desbonnet à Paris vers 1910, regroupé en une F.F.C.P. sous le slogan « Santé, Beauté, Force ».
A la suite d’un stage à Dinard, Francis passe son brevet de moniteur (BEAECPC) en 1979. « J’avais 29 ans quand j’ai ouvert la salle en 1982. Celle-ci va s’appeler le Centre de Culture Physique d’Aquitaine (CCPA), elle est située au n°14 du quai Louis XVIII. Le « patron » (révérence acquise auprès de R. Dameron), respect marqué par ses employés note C. Darfay dans « Sud-Ouest » (10/08/2019), est entouré de quatre employés. La salle reçoit environ 600 abonnés pour des séances variées. Francis résiste à l’évolution des salles de gym dans les années 1980, devenues « salles de sport » et il observe attentivement les différentes pratiques qui tentent de revendiquer de nouvelles finalités, tout en restant attaché à un concept de gymnastique traditionnelle.
Le 25 mai 2019, un incendie d’origine accidentelle ravage le « pâté d’immeubles » où se trouve le CCPA. « Ça ne pouvait pas finir ainsi » et « je ne pouvais pas laisser mes clients orphelins » (Darfay, « S-O » 10/08/19). Les fidèles se sont mobilisés sur les réseaux sociaux et Francis Michel a trouvé refuge au 107, rue du Jardin Public où deux collègues MM. Moses Mubarack et José Ansorge l’ont hébergé dans leur salle « Elevate Premium Fitness », où Francis peut encore dispenser quelques cours de gym «traditionnelle".

 

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 Francis entre ses deux collègues de l'"Elevate Pretium Fitness" : Moses Maburuk et José Ansorge.(photo  "sud-ouest")

 

 

Fin des années 70, début des années 80, nous avons donc côtoyé Francis Michel dans ces courses ouvertes aux vétérans et cyclosportifs. Alors licencié au RC Podensac, Francis y tenait facilement sa place comme le prouve cette coupure de journal retrouvée.

 

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Cependant, il a fallu beaucoup insister pour qu’il nous dise tout son parcours : ses autres clubs, Bazas, Caudrot avec JP. Dulou, pour finir à Carbon-Blanc en 2003 à cinquante ans. Il a fini par nous avouer deux résultats, dont il peut être légitimement fier : 21ème de Bordeaux-Paris (cyclosport) en 1985 et un titre de champion d’Aquitaine Ufolep en 1994-95 entouré sur le podium par Jean-Louis Moreau et Tonini.

 

 

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Dans "l'Etape du Tour" avec le maillot de champion d'Aquitaine Ufolep. 

 


Lors de notre deuxième rencontre, Francis est venu à vélo et il portait une magnifique tenue couleur orange et noir avec les inscriptions CCPA avec laquelle il effectue encore des sorties entre copains.
Marié à Maïté, ils ont eu un garçon, Matthieu, âgé de 25 ans, auquel Francis n’a pu transmettre son attrait pour le vélo, mais qui a suivi la passion pour le cheval de sa mère. Fin août, il participait au championnat de France de parcours complet à Lamothe-Beuvron.

 

 

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 Au terme d'une course de "cyclosportifs" : à gauche, Francis une coupe à la main, à droite Desarçon avec le bouquet, au centre Jean-Marie entre les deux Miss commises pour la cérémonie. Quand un "pro" vient voir son "grand frère" courir...

 

 

Le « Pro »

 

 

 

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 Entre P. Everaert et P. Crepel, on reconnait au centre C. Jourdan au milieu, avec les lunettes M. Martinez et Jean-Marie est l'avant-dernier à droite.

 

 

 

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Ce sont ses coéquipiers de l’équipe « La Redoute – Motobécane » qui lui aurait donné un autre surnom : « le poète du peloton ». Nous avons déjà évoqué l’accident subi par « Nanou », le frère aîné, et la décision du papa Michel d’interdire le vélomoteur à Jean-Marie. D’où le premier vélo : un Wolhauser, puis les débuts en cadets 2 en 1972 à Créon, dans « la foulée des géants » de l’époque : Fauquey – Guimberteau – F. Lopez - Paponneau… Puis, les premiers résultats en 1973 qui font remarquer le jeune coureur : la Polymultipliée à Bassens, deuxième à l’éliminatoire du Premier Pas Dunlop en Gironde.

 

Mais, en 1974, il s’agit ni plus ni moins de 8 victoires, dont le Challenge de l’Ormeau, comme il se doit pour un sociétaire du CA Créon. Et, surtout, deux courses auxquelles « Sud-Ouest » prête son écho : le G.Px. de Loquirec et celui de Villandraut où la victoire est acquise devant Jean-Jacques Rebière. Déjà, les articles de presse soulignent « un style de grand coureur », certes, le garçon mesure 1,86m. Mais, le journaliste désigne « un fond inépuisable » et « ses dons de rouleur ».
Cette notoriété naissante est interrompue en 1975 par le service militaire, lequel s’effectue à Aix-en-Provence dans l’Armée de l’air. Cependant, pendant un an, il joue le rôle d’entraîneur pour les généraux Moutin et Saint-Macary, ce qui ne le laisse pas inactif côté vélo et lui permet de reprendre assez facilement en 1976 au VC Barsac. Il est bien classé lors des Tours du Béarn, de Tursan-Madiran ou encore à Decazeville.

 

En 1977, il s’impose avec facilité sur les 25 km de l’étape contre la montre (entre Planeuf et Erqui) du Vème Tour d’Emeraude, épreuve qu’il remporte au final (« le Bordelais Michel, impérial contre la montre », le Télégramme du 16/5/1977). Avant, il a déjà remporté l’étape contre la montre des 3 jours de Vendée (10ème au général), la 4ème étape du Tour du Loir et Cher, la dernière étape du Tour de la Vienne. Il se classe aussi 3ème du Tour du Béarn (derrière Pascal Simon et JR. Bernaudeau) et 4ème du Tour du Gévaudan. Il est encore deuxième des Boucles du Bergeracois et du contre la montre entre Jarnac et Chateauneuf sur Charente.
Ces résultats sont acquis  alors qu’il porte le maillot de l’US Talence avec la publicité pour les meubles Peret. 

 

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Dernier maillot avant de passer "pro", celui de l'US Talence en 1977

 

 

1978 :

 

Ce n’est donc pas, à proprement parler, une surprise lorsqu’il passe « pro » en 1978 dans l’équipe « Lejeune-BP » dirigée par Henry Anglade. Cinq résultats marquants résument cette saison de « néo-pro ».
• Critérium National de la route : 28ème (1er B. Hinault) + 9ème du CLM (1er B. Hinault)
• Critérium du Dauphiné Libéré : 48ème (1er M. Pollentier)
• Tour de Romandie : 42ème, 2ème de l’étape 3 (1er Van der Velde)
• Tour d’Indre et Loire : 64ème (1er G. Saronni)
• Tour du Vaucluse : 1er étape CLM Orange-Caderouse (1er M. Laurent)

 

 

En 1979,

 

il intègre l’équipe « La Redoute-Motobécane » dirigée par Philippe Crepel, où il retrouve, entre-autres, Bazzo et Jourdan. Il participe au Tour de France (1er B. Hinault) qu’il finit 72ème au général. Auparavant, lors du « Dauphine Libéré » qu’il termine 33ème au général, lors du CLM de Annecy (37,850 Km) il se classe 3ème derrière Hinault et Zoetemelk à 41 seconde s (4. Agostinho…7. Kuiper…10. Baronchelli). Au Tour du Tarn, il est 9ème au final (1er Y. Bertin) et s’est classé 4ème de l’étape Albi-Castres. Lors de la Vuelta a Catalunya (1er V. Belda), il est 24ème au général. Dans le G. Px des Nations (1er B. Hinault) il termine 12ème. Dans Züri Metzgete (1er G. Saronni), il se classe 69ème. Au G.Px Mauléon-Moulins (1er P. Bazzo) il est 39ème.

 

 

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Grand Prix des Nations

 

 

 

En 1980


• G. Px de Plouay : 34ème (1er P. Friou)

• Critérium Dauphine Libéré : 26ème, 1er de l’étape La Voulte - Orange 220 km avec le Mont Ventoux (1er Van der Velde)
• Circuit de l’Indre : 10ème (1er Delépine)
• London-Bradford : 1er, 409 km, devant Graham Jones et 3ème Herweg (4.R. Martens ..6. B. Vallet..8. B. Hoban), « l’enfer du Nord anglais », la plus longue classique sans entraîneur à la moyenne 38km/h soit 12 heures de vélo
• Rund um den Henninger Turm : 18ème (1er Baronchelli)
• Tour d’Indre et Loire : 15ème (1er Van den Brouck)
• Tour de France : Non partant à la 14ème étape Lézignan – Corbières / Montpellier sur le conseil du Dr. G. Porte, blessé au pied gauche depuis l’étape de Lille, il ne pouvait plus entrer son pied dans sa chaussure.

 

En 1981 :


• Tour de l’Avenir (…) 3ème de l’étape Saint Gervais- Divonne les Bains, 12ème de l’étape Belly / Voreppe (1. Pascal Simon)
• Tour du Limousin : 7ème, 6ème de la 1ère étape. (1. M. Madiot)
• G. Px. Midi Libre : 45ème (1. J.R. Bernaudeau)
• Bordeaux-Paris : 16ème en 13h48’ (1 . Van Springel)
• Rund um den Henninger Turm : 29ème (1. Jos Jacobs)
• Tour d’Indre et Loire : 34ème (1. S. Roche)
• Paris / Camembert : 49ème (G. Gallopin)
• Circuit de la Sarthe : 34ème, 11ème de La Flèche-Le Lude, 2ème au Mans, (1. Barinov)
• G. Px. de la ville de Rennes : 20ème (1er Chassang)

 

 

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 Tour de France 1979 : entre Captieux et Bordeaux, clm. par équipes (86 km), Jean-Marie porte le dossard 55, mais qui est ce supporter qui, à gauche sur la photo, brandit une pancarte avec "MICHEL" ?

 

 

La collection de tous ses résultats montre qu’en 4 ans, Jean-Marie Michel a fait un peu plus que le tour du cyclisme professionnel. Même s’il ne connait pas la réussite de certains de ses contemporains comme Bazzo, Duclos-Lassalle, Becaas ou Friou, nés comme lui en 1955, il peut décliner :
• Une étape du Dauphine Libéré en 1980
• Une classique anglaise London-Bradford 1980
• Une étape CLM du Tour du Vaucluse 1979
• Une 3ème place derrière Hinault et Zoetemelk dans l’étape CLM d’Annecy dans le Dauphine 1979
• Un Tour de France 1979 terminé à la 72ème place.

 

Après cette saison 1981, sur les conseils d’un journaliste Hector Urrego et sur la proposition du coureur colombien Rafael Nino, bien que parlant « 3 mots d’espagnol », il part en Colombie où on lui offre un contrat dans l’équipe « Loteria de Boyaca ». Au cours de la saison 1982, il prend part au Classico RCN (la radio RCN est le sponsor officiel), course qui sera ouverte aux pros à partir de 1983 (1er Luis Herrera, 2nd Fabio Para, 3ème Samuel Cabrera) et à une deuxième course par étapes, La Vuelta a Colombia (1er C. Perez, 2nd R. Acevedo, 3ème I. Corredor). Repéré dans les classements par l’UCI, il est suspendu six mois parce que, en tant que professionnel, il aurait dû faire une demande pour y participer. Dégoûté, il renonce à courir.
Puis, il se lance dans le commerce des émeraudes (l’émeraude est avec le diamant, le saphir et le rubis, l’une des quatre gemmes qualifiées de pierres précieuses). Or, la Colombie est le plus important producteur mondial. Il crée un petit comptoir, mais l’arrivée sur le marché des Japonais lui cause une concurrence intenable.
Certes, il a reçu une formation d’horticulteur et il est passionné de nature. On peut alors s’étonner de cette reconversion. A ce sujet, on rappellera que, peu avant de passer professionnel, Jean-Marie a gagné le Tour d’Emeraude (Ille-et-Vilaine)… On ne peut pas plus ignorer qu’avant lui, un autre coureur cycliste français, José Beyaert (1925-2005), champion olympique sur route en 1948, l’a précédé en Colombie devenant entraîneur national puis commentateur radio. J. Beyaert s’est ensuite lancé dans le commerce des pierres précieuses…
Après cela, J.M. Michel monte un commerce de cycles à Bogota, puis une autre affaire à Caracas. Il vit plusieurs années en Amérique latine et il effectue de nombreux allers et retours entre la Colombie et le Venezuela, devenu grossiste-distributeur pour les marques : Campagnolo, Sidi, Castelli, Santini…
Au cours de cette période, il se lie à Luz-Estella Puentes, la fille de grands propriétaires terriens. Ils ont un fils, Charles né en 1986, dont les parents se séparent en 1999. Cependant, revenu en France, Jean-Marie passe l’été 2000 avec Luz-Estella. Ces belles retrouvailles donnent naissance à une petite fille, Sarah-Charlotte. Jean-Marie avoue : « un trésor inespéré ! »
Ensuite, associé avec Pierre Bazzo, il monte un magasin de cycles à Saint-Médard-en-Jalles, « Charlesport », mais l’expérience se termine mal et Jean-Marie doit « repartir de zéro ».
A partir de 2005, J.M. Michel renoue avec sa passion pour les abeilles (sa première ruche remonte à 1978). Dans « le jardin de mes rêves » sur un hectare et après le décès des parents en 2011, il développe et affine sa production d’un miel-santé à basse d’alliages (propolis, pollen, gelée royale), qu’il diffuse auprès des particuliers et des magasins bio à partir du « Rucher de Sarah » à Salleboeuf.
C’est dans cet espace que Charles (37 ans), le fils qui a fait des études à l’université d’Oxford en neurosciences appliquées à l’alimentation (sous la direction du Pr. Spence) continue ses recherches, dans sa cabane perchée dans les arbres. Lors de notre visite, nous avons aperçu Sarah (22 ans), ancienne pensionnaire de La Sauque à La Brède, qui suit aujourd’hui des études en géopolitique et relations internationales à Glasgow.

 

 

Aventurier, Jean-Marie ?

 

Cités dans une bibliographie accompagnant la fiche sur Jean-Marie Michel dans « Wiki-monde », deux journalistes du quotidien « Sud-Ouest » éclairent deux aspects du personnage de l’ancien coureur cycliste.
A la rubrique « Fargues-St.Hilaire », Guy Lacquement publie en 2009 deux articles documentés mettant successivement en scène « Le poète du peloton » qui « fait son miel écolo » et qui cherche à produire « du sucre pour la reine ». On apprend que l’ancien « champion cycliste » possède une impressionnante connaissance des vertus des plantes, du confort des abeilles et des qualités médicinales du miel et de ses dérivés. On découvre Jean-Marie sinon écologiste fondamentaliste, tout au moins très exigeant sur les conditions naturelles de son élevage et de sa récolte. Il a cette parole : « l’abeille (est) un marqueur de l’équilibre naturel des campagnes, c’est la sentinelle de notre environnement naturel ».
Dans le même journal, Hervé Mathurin qui a d’abord écrit « Le Bordelais de Bogota » reprend un peu plus tard son sujet sous le titre « Une histoire de reine » et après avoir posé que « Jean-Marie Michel a été un aventurier », nous le montre désormais sous les traits d’Ulysse « plein d’usage et raison » revenu sur la rive droite, presque dans le berceau familial. Aujourd’hui, il est aux prises avec cette passion acquise dans l’enfance grâce aux leçons de Joaquim Plana : l’apiculture. J.M. Michel évoque « un monde merveilleux » et «une organisation parfaite ».
Loin des « cultures intensives arrosées de pesticides », il veille ses « 40 ruches dans les Landes girondines pour l’acacia, dans les Landes tout court pour la bruyère ou plus près à Lignan, Sadirac, Fargues et Pompignac.
Même si Hervé Mathurin cède à l’humour toujours facile : « On entend d’ici les ricanements : un ancien coureur qui fait du bio ! », il finit par l’avouer : « Jean-Marie Michel n’est plus un aventurier ».

D’autant plus que le papa Michel, le maître du rucher, termine un parcours de santé pendant lequel plusieurs opérations en peu de temps (hanche, hernie, anévrisme) se sont ajoutées aux cicatrices moins visibles de son itinéraire « aventurier ».
Ainsi, selon notre regard, les deux frères Michel, le « pur » et le « pro », hors du cordon familial, ont su conjuguer la passion pour le vélo et le souci de santé.

 

 

 

 

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Portrait de "l'aventurier", devenu le maître du rucher et papa-miel... la santé, d'abord !

 

 

 

 



05/10/2023
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