Memovelo

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Adriano DAL SIE

 

            Etait-ce en 1959 ou en 1960 ?... je revois ce grand gaillard, jeune mais déjà athlètique.

Sous la pluie, riant à pleines joues et – je crois - criant, exultant ou vociférant comme pour braver les éléments plus que ses adversaires, qu’il venait de disperser dans la ligne droite d’arrivée, cette route qui mène à St Médard de Guizières. C’était – cette fois, j’en suis sûr – le prix des fêtes de Troquereau sur l’Isle. Certes, une modeste « 3 et 4 », mais il y en avait tant à l’époque ! et celle-là, le lundi qui suivait la course à Laguirande, attirait de nombreux participants. Tous les Bordelais étaient là et Adriano Dal Sie, dans son maillot rouge et blanc barré des lettres bleues clamant « Primagaz », en était le vainqueur. Ceux qui ont assisté à cet événement ont déjà dans les yeux une image que l’on reverra plus tard dans de nombreuses épreuves, et non des moindres.

 Quand Adriano sprinte, voilà ce que ça donne !(Route du Vin 1962, Carcassonne)

 

            Adriano Dal Sié est né le 23 septembre 1942 à Trévise, en Italie.

La famille habite rue Achard à Bacalan. Le père travaille  aux chantiers navals de la Gironde et la mère élève les 4 enfants, Adriano et ses trois sœurs.

Adriano joue au football et porte le maillot vert et noir du BAC. Il est ailier droit. Il apprend le métier de chaudronnier-traceur à l’Ecole Pratique du cours de la Marne.

Un directeur de colonie de vacances qui habite près du fief sabiste du cours Balguerie l’a remarqué et le conduit vers le cyclisme et le maillot rouge et blanc.

Les parents sont restés italiens toute leur vie et Adriano aime retourner en Italie.

 

                                                                        1960

 

Pour ses débuts au Sport Athlètique Bordealais, Dal Sié remporte début juin 1960 le Grand Prix Huilor organisé par le VC Blanquefortais, devant Claude Declé, lors d’un sprint lancé dès la côte du Cordier par un autre sabiste, Desplat.

           

Déjà, lors des samedis cyclistes disputés au Vélodrome de Lescure, il s’est fait remarquer en gagnant tant en vitesse qu’en individuelle et, surtout, les courses de handicap où les coureurs prennent le départ, espacés de 10m les uns des autres en fonction de leur résultat précédent.

Adriano me dit : « j’ai gagné tous mes handicaps ! »

 

                                                                       1961

 

Cette année-là, devenu indépendant 1ère catégorie à 19 ans, Adriano Dal Sié collectionne quelques victoires sur la route (Marmande, Mimizan,Noaillan, Mazion, entre autres…) mais, c’est surtout sa victoire dans la finale de la Médaille bordelaise qui confirme son étonnante pointe de vitesse et son puissant démarrage face à Estebanez… ce qui aurait dû l’inscrire dans cette lignée célèbre où figurent déjà A. Darrigade, Maurice et Robert Verdeun et, plus récemment Jacques Suire. Mais, même si le Vel d’Hiv a été détruit en 1959, la finale parisienne se dispute maintenant à la Cipale. Pourtant – même s’il est italien, comme Maspès battu par Darrigade – Adriano n’est pas dépêché à la Capitale…

 

 La Médaille 1961, stade municipal vélodrome de Bordeaux-Lescure (2. Estebanez)

 

 Une basketteuse fille de sprinter pour honorer un nouvel as du sprint : quel bel assemblage !

 

                                                                       1962

 

Mais, la machine est bien « lancée » et sur de bons rails. Victoire d’étape à la « Route du Vin » en Languedoc et victoires aussi sur les vélodromes de Toulouse ou de Saintes dans des réunions d’attente où il est confronté aux meilleurs régionaux. Puissance et vitesse font rage. Considérons la victoire dans la nocturne cycliste de Miramont de Guyenne et, surtout,  les noms des quatre suivants : Siniscalchi, Batan, Fedrigo, Ben Brahim… Le « beau bébé » a vingt ans (le bel âge !). Il va aggraver son cas. Voici Matha et son Grand Prix : Adriano gagne le sprint massif, seul sur son côté, il laisse de l’autre et dans l’ordre : Jouglin, Walryck, Brux, A. Delort, Gonzalès… Est-il toujours bon de s’imposer si jeune et si facilement ? « Qui te  rend si hardi de troubler mon breuvage ? »

 

 

 Nocturne de Miramont : le rituel au vainqueur (miss et bouquet) et la main paternelle de Robert Monlong, grand distributeur de primes...

 

A Limoux, pour le XIXème Prix cyliste, Dal Sié lève confortablement le bras, Raymond Batan, tête baissée, n’y peut rien et Michel Brux, pas davantage.

 

 Presque toujours la même image : un grand garçon, le bras levé et un vélo au moins d'avance !

 

                                                                    1963

 

Seulement, voilà, l’affaire est compliquée. Un titre de presse dit à peu près tout, d’un seul coup : « Dal Sié l’ancien sabiste promis à la sélection internationale … sous les couleurs italiennes » .

De fait, Adriano est allé au Vigorelli à Milan et il a disputé le « Gran Premio Besana ». Et, il a gagné la vitesse et le tandem avec Zanetti (qui sera bientôt champion olympique) ! Alors, « l’Equipe » titre : « Adriano Dal Sié intéresserait à la fois Oubron et Gérardin (s’il était français) »…

 

 

 

Robert Pajot écrit aussi : « Entendre un Italien parler français avec un accent mi-gascon mi-berrichon est pour le moins insolite ».  Le titre de « France-Soir » nous informe de cet intérêt soudain pour la langue, son accent et la nationalité : « Adriano Dal Sié, un Italien à l’accent bordelais a gagné Paris-Ezy ».

 Paris-Ezy 1963

 

En effet, là où certains attendait Pierre Trentin ou Raymond Delisle, « Dal Sie surprend tout le monde » et remporte ce « premier test olympique pour 200 routiers amateurs ». Alors, « le Parisien », le 19/03/1963 affirme : « Adriano Dal Sie prêt à se faire naturaliser ».

Cependant, le passage du SA Bordelais  au VCL (le VC Loir de Vendôme) reste mystérieux. Certes, dans son nouveau club, Adriano va réaliser sa plus belle saison, preuve que le changement a eu son effet. Curieusement, le 3 juillet 1963, Adriano Dal Sié adresse une lettre au Président du Comité d’Aquitaine FFC, dans laquelle il confirme son désir de naturalisation française et d’être incorporé au Bataillon de Joinville, dès le mois d’octobre. La lettre de réponse du Président Lathière est datée du 31 juillet et adressée « chez Monsieur Belein » à Vendôme (le directeur sportif du VC Loir où est désormais licencié Dal Sié).

Entre temps, Paris-Evreux considéré comme « une occasion de revanche pour Delisle » a été disputé une semaine après Paris-Ezy (23/03 /1963). « L’Equipe », du 25/03/63, titre : « Denhez gagne et Dal Sié  confirme ! » et « le Parisien » reconnaît que « Adriano Dal Sié a confirmé ses qualités ».

En huit jours, Adriano a fait « un » et « deux », dans deux des plus grandes classiques parisiennes et il continue, le 30 mars, en gagnant à St Michel de Chavaignes, puis la semaine suivante il devance Tymen au Grand Prix d’ouverture à Chateauroux et quinze jours plus tard, il gagne encore  au Luart, devant Danguillaume et De Santi. René De Santi qui a suivi Adriano dans son exil à Vendôme et qui était en tête avec Denhez à quelques centaines de mètres de l’arrivée de Paris-Evreux…

Tout de suite après, arrive le 4ème Tour du Loir-et-Cher, une course internationale amateurs en 3 étapes. Lors de la première étape, Adriano s’incline au sprint devant le Belge Lenaers. Dans la 3ème et dernière , Dal Sié tente l’échappée, aidé par De Santi et Pochlopeck, figure un moment comme nouveau leader de l’épreuve mais, au final, il est rattrapé par l’ équipe belge et Heuvelmans enlève ce Tour du Loir-et-Cher devant son compatriote Van den Berghe. Adriano figure à la 18ème place au classement général, non sans avoir attaqué et pris tous les risques.

Mais, la série continue : 1er à Péreuil, 1er à Continvoir et 2ème le lendemain à Vésines. A l’occasion d’un « retour à la maison », donc d’un passage à Bordeaux, Robert Dutein  révèle que Dal Sié « rêve de Paris-Rouen » et qu’il a été « contacté par la fédération italienne pour participer à la Course de la Paix ».

 A Renaix, en Belgique, surprise dans le sprint final du championnat du monde sur route, l'inattendu 

Benoni Behyet bat le grandissime favori son compatriote et équipier : Rik Van Looy ! Une "revanche" 

était à l'affiche du vélodrome municipal de Bordeaux qui ne put avoir lieu à cause des intempéries.

En attendant, Adriano Dal Sie, qui porte le survêtement de  la sélection italienne surveille la pesée 

d'André Darrigade.

 

A la fin de l’article, l’éventualité d’un passage chez les professionnels l’année suivante est évoquée.

Cependant, Adriano Dal Sié va marquer ce passage dans sa région adoptive en gagnant à Jarnac le sprint massif qui clôture le Grand Prix René-Salomon. Deuxième : André Delort. Troisième : Michel Gonzalès, « what else ? »…

 Le "coup de Jarnac" : 1. A. Dal Sie  2. A. Delort  3. M. Gonzalès

 

Certes, à Pleumartin, Tymen prend sa revanche de Chateauroux, mais l’intronisation est définitive, quand le titre de la presse est : « Gabard, Tymen, Dal Sié, trio maître…à Pleumartin ». Désormais, Dal Sié  est attendu : parmi les 150 coureurs qui, à Monrepos, prennent le départ de Bordeaux-Périgueux et même, à Bègles, il « sera l’homme à battre ». Pour le 9ème Paris-Vailly/Sauldre,  « Pentecôte, c’est la fête du vélo en pays Fort », « Dal Sié du VC Loir, la révélation du début de saison qui écume les routes régionales voire les grands « ville à ville » est annoncé avec Jean-Pierre Genet comme visant « le doublé ». Même s’il n’est que « onzième » de ce « Paris-Vailly » et, « seulement » 6 ème de Paris-La Ferté, Adriano ajoute, en septembre, le XIVème Gd. Px. des commerçants, industriels et artisans marmandais à d’autres succès comme le prix des fêtes du quartier St Martin à Périgueux (devant Bello et Ricou) et à Forêt-sur-Sèvre où André Delort, « qui était bien placé à dix mètres de la ligne, ne put résister malgré tout au déboulé du vendômois d’adoption mais ex-Bordelais Dal Sié… »

Au total, une saison riche en succès et en exploits – peut-être la meilleure d’Adriano – cependant que planent encore des incertitudes à l’horizon 1964. En effet, c’est, sans doute, une série de dilemmes difficiles à résoudre qui a lesté la carrière d’Adriano :

 - quelle nationalité « avoir » (plus que choisir, car le choix avait déjà été fait) ?

 - pour quels objectifs ? (les jeux olympiques ou une carrière professionnelle ?)

 - sur la piste aussi bien que sur la route ?

 - à Paris ou Vendôme mieux qu’à Bordeaux ?

 

                                                                  1964

 

  C’est l’année des Jeux Olympiques à Tokyo. La naturalisation tarde. Aujourd’hui, Adriano Dal Sié dit : « quelque chose qui aurait dû prendre trois mois, a mis cinq ans pour se faire… »

Semblablement, au carrefour de la destinée, la possibilité de passer professionnel s’estompe à deux reprises : en 1964, chez Peugeot et en 1966, chez Margnat-Paloma.

Alors, 1964 se fera à l’ACBB avec le maillot « Terrot-Leroux »

Pour Paris-Evreux, les titres annonceront « 198 postulants dont les battants Delisle et Guyot…et les sprinters Dal Sie et Denhez » et, à Mazères,  le titre est simplement :

« Adriano Dal Sie de l’A.C.B.B. au départ du grand prix cycliste » pour dire ensuite : « Le Parisien  Dalsie ( !) triomphe à Mazères » (2. Siniscalchi à deux longueurs).

L’autre victoire est dans la Grand Prix de Limoux, devant Raymond Batan. 

Mais, le meilleur souvenir reste attaché au XVIIIème criterium de Cluny où, devant  5000 personnes et en compagnie de 13 « Tour de France » (Anquetil, Poulidor, Bahamontès, Altig, Darrigade…),  « les organisateurs » ayant eu « la sagesse d’inviter les meilleurs « indépendants » régionaux, ce qui augmentait l’attrait sportif », la course est animée par Rostollan. Mais, dans les derniers tours,Henry Anglade s’échappe suivi par « l’étonnant parisien Dalsie » (sic) et Rostollan vient prendre la troisième place. Le journaliste, Walter Donnat, a pourtant rapporté que « les « as » du Tour ne permettaient aucune fantaisie à leurs jeunes rivaux ambitieux ».

 

 Inutile de demander à Robert Monlong de raconter le déroulement du criterium de Cluny : écoutez plutôt l'histoire racontée par A. DalSie.

 

Adriano gagne beaucoup de sprints, mais il lui arrive aussi d’être deuxième. Lors du 1er Criterium du Beaujolais, Jacky Chantelouve est déclaré vainqueur par le juge, alors qu’ils ont terminé « au coude à coude et sur la même ligne ». Jean Jacob, le journaliste, raconte : « Dalsie protesta mollement alors que Chantelouve recevait la gerbe du vainqueur ». Nous serions tenté de rapprocher ce fait et ce comportement de ce portrait tracé dans un texte de la Nouvelle République du Centre-Ouest (21/03/63) : « un gaillard à la stature imposante…un sourire quasi enfantin…une ambition immense, mais en même temps une impression de modestie et de timidité surprenante : voilà comment se présente Adriano Dal Sie »

 

 (cf. le portrait ci-dessus)

.

 

                                                                    1965

 

Pour sa deuxième saison sous les couleurs de l’ACBB, Adriano va compter plus de victoires, mais leur évocation : Ruelle, Uza-les-Forges, Hossegor, le Guâ, les Sables d’Olonne, voire des places de 2ème comme à Mérignac, à St-Pierre-d’Eyraud ou à Faux, montre un recentrage de son activité de coureur sur le sud-ouest. Mais, à chaque occasion, les noms qui suivent celui d’Adriano témoignent de la performance. A Ruelle, André Delort, Mauget, Ricou.

 

 Ruelle : Y a-t-il eu sprint ou échappée ? Adriano s'est encore échappé pendant le sprint...

 

Au Guâ, Moussard, Archambaud, Ricou, Roger Darrigade. A Uza-les-Forges, Gonzalès, Batan, Darrigade. A Hossegor, Capdeboscq, Gonzalès. Certes, à Mérignac, Adriano pensait avoir gagné, mais il se fait surprendre par Michel Gonzalès et, à St-Pierre-dEyraud, il termine à la deuxième place derrière Christian Leduc, mais après crevaison , pourtant devant Dejouhannet et Gonzalès.

Par ailleurs, A. Dal Sie termine 6ème au général du Grand Prix Brandt en deux étapes aux Sables d’Olonne, après avoir  gagné la deuxième étape, mais « sans l’erreur d’aiguillage de la veille à Luçon, Dal Sie aurait certainement fini premier au classement général ». Il est encore annoncé au Tour de l’Anjou en compagnie d’Aimar, Lemeteyer, Delisle et le Belge Reybroeck, où il figure dans une équipe de l’ACBB composée entre autres de Delisle, Letort et Goeury.

Un article qui tente de faire « le point des transferts » annonce sa venue pour 1966 chez Mercier-BP.

 

                                                                   1966

 

             Adriano est revenu à Bordeaux et a signé au Cyclo Club Bordelais. Il y retrouve Jacques Suire. Pour l’ouverture de la saison, à Mérignac, Jacques Suire gagne le III° Prix Jean Bret devant Labarthe et A. Dal Sie prend la 3ème place devant Gonzalès et Leduc.

 ... et toujours le même sprinter, toujours la même impression de puissance !

 

A St Vincent de Tyrosse, Adriano Dal Sie qui porte désormais le maillot Mercier-BP-Hutchinson gagne devant R. Darrigade. A Ygos, Michel Gonzalès n’est que 4ème du sprint pour la 1ère place remporté par Dal Sie. Mais, toujours dans les Landes, à Pissos, c’est Castillo qui gagne, échappé, devant Adriano et Peyran, lequel l’emporte à Mimizan devant Dal Sie. Cette série landaise doit être complétée par une 4ème place à Sore, où Michel Brux est le vaniqueur.

 

Après bien des tergiversations, Adriano porte (enfin !) le maillot "Mercier-BP", mais il est un peu tard...

 

Dans une brève, intitulée « Elliott et Ignolin épauleraient Poulidor », il est rapporté les « bruits et rumeurs » qui circulent dans la salle des douches de Tours après l’arrivée de la dernière course de la saison. Ainsi est-il rapporté que « Raoul Rémy (…) songe à proposer un contrat professionnel » à « l’Italien du sud-ouest » Dal Sie.

 

 

                   1967-68-69 : les trois dernières années d’une (trop) courte carrière

 

                   Après les deux déconvenues subies à propos de son passage chez les professionnels (Peugeot en 1964 et Margnat-Paloma en 1966), Adriano qui, déjà, a attendu trop longtemps sa naturalisation, confirme son  repli vers la région aquitaine de ses débuts.

En 1967, sous le maillot  de l’US Bouscataise, il enlève la nocturne de Domme et les grands

Prix de Labouheyre et Ygos. A Talence, il est le second de Christian Cuch et, à Créon, il est troisième derrière Fantino et Brux.

En 1968, revenu cinq ans après sous les couleurs du VC Loir, ses succès s’inscrivent encore au plan régional : 1er à Cérons devant Darrigade et Gonzalès, à Morcenx, échappé à 4 tours de la fin, puis rattrapé, il dispute cependant le sprint pour finir deuxième derrière Michel Brux mais devant Serge Lapébie. Au criterium de Labastide d’Armagnac, il est troisième derrière Gonzalès (1er) et Van Coningsloo (2ème) et devant Beuffeuil, Lescure et Bitossi…, non sans avoir été dans une échappée déclenchée à mi-course, rejointe au moment du sprint.

Une dernière coupure de presse – extraite de « la Charente Libre » du 12/08/69 – nous apprend que lors du Prix des fêtes du Champ-de-Foire à Chalais, Dal Sie prend la deuxième place au sprint devant Thomazeau et Villeneuve, sept minutes après le vainqueur, Serge Dubois (La Couronne). Cet article fait état de la victoire, la veille, d’Adriano à La Forêt/Sèvre.

                     En réalité, depuis sa troisième déception (finalement il n’est pas recruté comme « pro » chez Margnat-Paloma) Adriano Dal Sie a, quelque peu, « coupé les gaz ». De 26 à 30 ans, il travaille dans la représentation (apéritif, bière, lessive) avec les centrales d’achat et les supermarchés. C’est après avoir réinvesti ses qualités, non seulement de sprinter mais de « rouleur, accrocheur et volontaire », qu’il trouve, enfin, sa véritable reconversion. Entré à trente ans dans le marché des cosmétiques et des parfums pour une grande marque, il y trace sa nouvelle voie professionnelle, qui le mène au poste de responsable du développement pour la sud de la France.

Mais, il n’a pas, tout à fait, lâché le sport. Un peu à l’image des frères Verdeun, Adriano s’est mis au tennis. Et, ses progrès sont surprenants. Dal Sie fait partie des quatre tennismen représentant la Guyenne au championnat de France des vétérans à Roland-Garros  Le journal « Sud-Ouest », à l’occasion d’un tournoi remporté au Bouscat, nous souffle cette formule :  « Un cycliste converti en vaut deux ». De fait, profitant de cet élan, Adriano Dal Sie intégre l’équipe dirigeante de la section tennis du SBUC. Puis, il retrouve avec les « Treize à la douzaine » (devenus pour l’occasion « les Douze du sud-ouest » : Darrigade, José Alvarez, C. Bannes) son milieu cycliste (Aimar, Bossis, F. Mahé, Moncassin) élargi à d’autres sports (Hidalgo) en organisant avec Jacques Suire la « Coupe Meg » à Lacanau.

 

 Adriano Dal Sie avec Jacques Anquetil : sourire et chaleureuse simplicité...(au fond, Guy Epaud)

 

                Quelle morale pour cette histoire ? La brièveté de la carrière d’A. Dal Sie (il arrête à 27 ans) s’inscrit entre des moments de révélation (Médaille en 1961, présélection pour les JO de 1964 et les championnats du monde, victoire dans Paris-Ezy en 1963) et des moments de déception (tue ou cachée) comme les lenteurs de la naturalisation et les fins de non-recevoir des équipes professionnelles Peugeot et Margnat-Paloma qui, après l’avoir sollicité, l’oublient au bord du chemin.

La sagesse serait de considérer que le cycliste, doté d’un sprint ravageur, a eu tout de même quelques occasions de faire ses preuves et qu’il n’a pas déçu. Cependant,  en réponse aux vaines tentatives pour fonder des hiérarchies entre les « très bons, bons ou moyens voire médiocres » coureurs cyclistes, nous voudrions évoquer la « société cycliste », ses faiblesses et ses non-dits. Et, parce qu’il nous manquera toujours les preuves, nous nous contenterons de poser deux questions :

 - Pourquoi la naturalisation n’a-t-elle pu être faite plus rapidement ?

 - Pourquoi ce coureur (« le plus doué de sa génération » selon Luis Ocana), révélé à Bordeaux, n’a-t-il pu s’épanouir qu’en Orléanais ?  

 

 

 Adriano ? ..." sage comme une image" !

 

Et, après ? 

 

 

toujours des images ..?

 

Non, pas seulement.

 

Après avoir fait presque tous les métiers, Adriano, formé comme chaudronnier à l'Ecole franco-navale (profession qu'il exerce pendant quatre ans) sera - parfois en même temps - docker au Port, magasinier, manutentionnaire, chauffeur-livreur… Dans la distribution, rodé au contact des grossistes et autres centrales d'achat,  il accomplit sa reconversion professionnelle dans la parfumerie et les soins de beauté. Il en conserve le goût du contact et un savoir-être "relationnel". Et, cela peut aller de la devise des "13 à la douzaine" : "du sport, du sourire et de la camaraderie" jusqu'à la "fraternité chaleureuse"(ici, José Alvarez).

Mais, loin de toutes les amertumes, dès qu'il est question de sa fille Karine (née en 1973) et de ses petits-enfants (Emile et Justine),  Adriano s'enflamme : "C'est ma plus belle réussite".

Et, entre deux rendez-vous avec les Anciens, il passe une retraite paisible avec Martine, sa compagne.

 

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Avec (de la gauche vers la droite et du haut vers le bas) : JP. Danguillaume, R. Caritoux, R. Poulidor, A. Darrigade, A. Contador, D. Mangeas, G. Barrière, J. Bossis, S. Roche et José Alvarez. Puis, rencontre avec un gabarit de sprinter "nouvelle génération" : Tom Boonen, un vainqueur du "Giro" , Paolo Savoldelli, un vainqueur de Tour de France, C. Froome et, un peu avant (XXème siècle…) : Pierre Campagnaro, Jacques Anquetil et Francesco Moser.

 

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Tour de France  2014, Périgueux : Adriano avec Paolo Slongo, son cousin, l'entraîneur de Vincenzo Nibali, le futur vainqueur du Tour (en haut à droite) et Adriano avec Christian Prudhomme , directeur du Tour (à gauche).

 

 

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 Les copains d'abord ..?  les copains toujours ! copains d'hier et de demain : Poulidor -Campagnaro -Darrigade -Froome 

 

 ROSAS 2020.jpg

 

Vacances à Rosas avec les Méditerranéens : en haut, Aimar,  Bonifay, Morelon, Dal Sié, Chantal (Aimar), Campagnaro, en 2020. En bas en 2024, Balbuena, Aimar, Dal Sié et Morelon.

 

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21/04/2024
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