Christian JOURDAN
Les 4 casaques du coureur cycliste professionnel Christian Jourdan pour 11 années :
1979-1983 : La Redoute-Motobécane
1984-1986 : La Vie Claire-Teraillon
1986-1988 : Toshiba
1989 : RMO-Mavic-Liberia
Les Lèves-et-Thoumeyragues – Au début des années 60, la maîtresse d’école, Mme Pierrot (la mère de notre ami Jean-François, cycliste des « pelotons de Léognan »), a à faire – entre autres – à un garçon charmant mais turbulent, qui se nomme Christian Jourdan. Lors de notre premier contact, quand nous évoquons cette période, Christian s’anime et déclare aussitôt : « Oh ! cette femme… c’est la seule qui ait réussi à me faire travailler… »
Pourtant, comme l’écrira un peu plus tard un journaliste : « issu d’une famille d’ouvriers agricoles, il n’a pas été élevé dans le coton ». A propos de ce « travail dur des parents », Christian Jourdan revoit son père tous les matins à 6 heures dans la vigne. Et, quand il s’agit de payer le premier vélo (un cadre de 56 à 15 ans ! alors que, devenu professionnel, il roule sur des cadres de 52…), le fils Jourdan va, de 6 heures à 10 heures, ramasser les prunes et les fraises.
Dans cette campagne verte et vallonnée, au sud de Ste Foy-la-Grande, où il est désomais installé comme viticulteur, Christian connaît, à l’occasion de la fête du petit village de La Roquille, une première révélation : il a 12 ans et il assiste à une course cycliste de cadets. Et, il se dit aussitôt : « je ferais cette course ! ». Mais, la première fois – selon ses dires – il prend « une bonne branlée… »
Les débuts ont lieu en 1970 avec une licence à l’Etoile Cycliste Foyenne et, chez les cadets, il gagne déjà plusieurs bouquets. Bientôt, il retrouve au Vélo Club Bergeracois un certain Pierre-Raymond Villemiane, de 3 ans son aîné. Régulièrement, il gravit chacun des échelons en place à l’époque : junior, senior B, senior A.
A partir de 1975, il s’approche du niveau national et se classe 6ème d’un championnat de France amateurs sur route gagné par Jacques Stablinski, à Callac. Commence alors sa quête d’un titre national. Quête qu’il poursuivra chez les professionnels, vainement : « mon grand regret… » dit-il.
Cependant, en 1976, il franchit un nouveau palier. Le D.T.N., R. Marillier, le sélectionne en Equipe de France et il participe aux Jeux Olympiques à Montréal, mais il doit abandonner après deux chutes. Au championnat de France amateurs disputé à Eguzon, le 27 juin, il figure sur la troisième marche du podium en compagnie de J. R. Bernaudeau (2ème) et F. Duteil (1er).
trio maître chez les amateurs : Vendée - Dordogne - Gironde
Il gagne le Tour de la Dordogne et, dans les courses par étapes, sa régularité lui permet d’obtenir une 5ème place au Tour de l’Yonne et dans le Tour du Limousin (course open), il figure honorablement à la 25ème place.
Cette année-là, il ne répond pas favorablement à la proposition de l’équipe JOBO pour passer « pro ».
En 1977, au retour d’un stage en altitude à Prémanon, le 21 février, au cours d’une sortie d’entraînement dans le Bergeracois, il est renversé par un camion et a la jambe fracassée. Il porte un plâtre et à la suite de complications, il reste trois mois sans faire le moindre kilomètre à vélo. En fin de saison (septembre -octobre), il recommence à Pomport et gagne 4 courses, dont à St. Denis de Pile, le 9 octobre.
A compter du 1er janvier 1978, il possède une nouvelle licence au V.C. Mérignac, le club de la famille Cantou (Albert est le directeur sportif d’une équipe régionale « Centre-Sud-Ouest » dans le Tour de France 1947). Christian, qualifié de « Bergeracois de Mérignac », explique son choix par le souci d’ « être à l’abri des grosses structures ». Ses résultats sont nombreux et excellents :
- 1er du Tour de la Gironde Sud (4 étapes, 24/28 juin, 2. Skolnick 3. Bajan), vainqueur d’étape en haut de la côte de Verdelais et 4ème du contre-la-montre gagné par J.J. Rebière.
sitôt partis de Cadillac, dans la première bosse, Christian attaque malgré les protestations de ses collègues et, même s'ils le rejoignent à proximité de l'arrivée, il redémarre dans la montée sur Verdelais...
- 2ème du championnat de France sur route amateurs à Escoussan, le 30 juillet (1. Dessertenne (Bourgogne). Il est sélectionné pour les championnats du monde en compagnie de G. Dessertenne, S. Blandon, G. Macé, M. Durant, D. Lebaud.
- 2ème du 42ème Bordeaux-Royan (1. D. Lebaud)
- 2ème du Tour du Bassin d’Arcachon
- 2ème de la 1ère étape du Tour du Roussillon (9ème au final, 1. Gosetti (I.)
- 4ème du classement général de la Route de France à Vichy, après avoir été leader (1. D. Lebaud 2. G. Jones 3. M. Larpe)
- 19ème du Tour de l’Avenir (1. Soukoroutchenkov), il se classe 3ème de l’étape Morzine-Divonne-les-Bains (1. M. Durant).
Au plan régional, il gagne, sous le maillot « Peugeot » à Mourenx (19/6), Luant-Chateauroux(24/6), Confolens (25/6), Lussac (26/6), Baignes (23/9), Sayrac (1/10), Lavardac (8/10) et termine la saison à Coutras (22/10) par une cinquième place derrière : 1. Castaing 2. Larpe 3. Pineau 4. Galles.
1979 = Contacté par Philippe Crépel, il passe professionnel et intègre la nouvelle formation du peloton français : « La Redoute – Motobécane ». Noël Couëdel, dans « l’Equipe », annonce la « naissance d’un style », fondé sur l’association du n°1 de la vente par correspondance (sur 15M de foyers = 8M de clients…alors) et du n°1 du commerce des 2 roues. Une équipe professionnelle rattachée à un club : le Vélo Club Roubaix, comprenant 16 coureurs dont 7 « néo-pros », sous la direction de Pierre Everaert et Philippe Crépel, deux anciens « pros ». Les leaders sont, au départ, M. Martinez et B. Vallet.
Il va rester 5 ans dans cette équipe (jusqu’en 1983).
Cette première année dans le peloton professionnel est marquée par quelques bons résultats :
- après « l’Etoile de Bessèges » et les premières course sur la Côte d’Azur, au Tour de Corse (du 1 au 4 mars), il se classe 3ème au final.
- au Tour de Catalogne : 3ème au général, derrière Belda (1er) et Vilaredebo(2.), mais devant Van Impe (5), il gagne la 6ème étape (Bayo- Playa e Aro) devant M. Martinez.
- au Criterium International (24-25/3), il se classe 55ème à 11’47’’ (1. Zoetemelk 2. Hinault).
- au Tour de l’Aude (juin), gagné par Moser et qu’il finit 28ème au général, il remporte la dernière étape à Carcassonne avec 9’ d’avance au terme d’une échappée de 130 km.
- quelques jours plus tard (24/6), il termine 29ème d’un championnat de France remporté par R. Berland (2. Hinault 3. M. Martinez)
- suit le premier de ses 7 Tours de France (du 27/6 au 22/7) qu’il finit à la 68ème place
(B. Hinault gagne alors son deuxième Tour de France).
- en août, il est 3ème du criterium de Castillon-la-Bataille que gagne J.R. Bernaudeau devant P. Friou.
- en octobre, il termine 14ème au final d’une « Etoile des Espoirs » remportée par S.A. Nilsson (S.) devant Mas (H.) et Garcia (E.).
- au terme de la saison, il est 2ème derrière Pascal Simon du 2° Trophée Promotion Pernod pour les « néo-pros ».
- au championnat de France de cyclo-cross qui suit, il finit 11ème.
1980 = Lors du Tour de Corse gagné par G. Duclos-Lassalle, il termine 20 ème au général à 3’ 10’’. Puis, il finit 7ème du Tour du Luxembourg à 44’’ du vainqueur Oosterbosh (2. Van Vliet 3. Gisiger). Au championnat de France, il se classe 11ème d’un titre remporté une fois de plus par un équipier de B. Hinault (2ème) : son compère, Pierre-Raymond Villemiane.
Sa deuxième participation au Tour de France se conclue sur un abandon après Bagnères de Luchon, lors de la 14ème étape. Au Grand Prix de Plouay, il est 22ème et, dans les criteriums, il obtient une 3ème place à Perpignan et, chez lui, à Castillon, il est 7ème.
La fin de saison commence avec le Tour du Limousin, il se classe 3ème derrière M. Marinez et B. Bourreau du tronçon Ussel-Treignac de la 3ème étape.
Le 22 septembre, il fait partie de l’échappée à 3 qui va au bout du Gd. Px. d’Isbergues : 1. De Wilde, 220 km en 5 h 48’ 10’’ 2. G. Jones 3. C. Jourdan…
fin de saison dans le Nord : ce n'est pas Christian qui grimace le plus...
A l’« Etoile des Espoirs » (31/9 – 5/10), il se classe 32ème (1. R. Bittinger 2. B. Pineau)
Dans le cyclo-cross de Monpazier et Aulon, il termine 2ème.
1981 = Grand Prix de Cannes, le 8 février : 1. Kim Andersen…5. Jourdan
- Circuit du Sud-Est, le 3 mars : 1. Revoul 2. Bazzo…10. Jourdan
- Tour de Corse : 4ème de la 2ème étape (1.S. Roche) et 15ème au final (1.S. Roche 2. M. Laurent)
- Tour de l’Aude : 31ème (1. Ph. Anderson)
- Route du Sud : 26ème à 23’ 51’’
- Gd. Px. de Plumelec (juin) : 9ème (1. R. Alban)
- Gd. Px. de la Côte Normande : 4ème (1. Levavasseur)
- Criterium de Villefranche-de-Rouergue (26/7) : 3ème (1. Tinazzi 2. Duclos-Lassalle).
- entre temps, il n’est pas convié au Tour de France…
- Tour de l’Avenir : 28ème à 39’59’’ (1. Pascal Simon)
- Etoile des Espoirs : 8ème à 3’05’’ (1. S. Roche 2. D. Arnaud)
1982 = le 27/2 / Gd. Px. de Cannes : 12ème
le 28/2 / Tour du Haut Var : 18ème
du 6 au 9/03, Tour de Corse : 2ème de la 5ème étape et 19ème au final
les 27-28/03 : Criterium International : 4ème à 32’’ du vainqueur L. Fignon
le 4 avril : Grand Prix de Rennes : 7ème (1. Rault 2. Vallet 3. Lemond)
du 7 au 9 avril : Tour du Tarn : 28ème
le 11/04 / Camors : 10ème
le 13/04 : Paris-Vimoutiers : 1er « Sa première (vraie) victoire chez les pros »
Christian Jourdan serait-il en train de descendre sur le "13" ..?
1. C. Jourdan 237 km en 5h 44’ 08’’ (41,321 km/h) 2. S. Beucherie 3. M. Gomez 4. P. Bazzo 5. M. Tinazzi… Après une longue échappée de Marcel Tinazzi, Jourdan a été « le plus habile » (M. Seassau) « en prenant en contre ceux qui s’épiaient depuis quelque
temps déjà », en démarrant dans le mur des Champeaux à 9 km de l’arrivée, protégé par Bazzo. Christian, après l’arrivée, déclare : « cette victoire, je la dédie à mon fils » (Frédéric, 4ans) et il avoue n’avoir « jamais quitté le 53x13 dans les 12 derniers kilomètres ». Philippe Crépel, son directeur sportif, souligne « le succès du sérieux, de la gentillesse et du professionnalisme ». La conséquence directe de cette victoire est le renouvellement de son contrat.
Au Tour de Romandie (du 4 au 9 mai) : il gagne la troisième étape Tzoumas –
Lausanne (160 km) devant Michaud et Wolf.
Tour de l’Armor : 10ème (1. Hinault 2. Chappuis 3. Clère)
Lors du championnat de France à La Ferté-Gaucher, une chute l’oblige à deux mois et demi de repos. Donc, pas de Tour de France. Mais, il revient dans le Tour de l’Avenir où, terminant 28ème (1. Pascal Simon) il enlève le Prix de la Combativité (devant « Soukho »).
1983 = Dernière année à « La Redoute »
« Flèche azuréenne » à Amot : 5ème (1.A. Chappuis)
du 9 au 16/3 : 49ème Paris-Nice …(1.S. Kelly)
le 5 avril : Paris-Camembert : 1er C. Jourdan 2. Van Meer 3. R. Martin… pour la deuxième année consécutive (performance seulement réalisée jusque-là par Nicolas Barone en 1958 et 1959) et en démarrant «exactement au même endroit que l’an passé ! » : la côte de Moulin-Neuf qui précède l’habituel « juge de paix » qu’est le « mur des Champeaux », il accomplit en solitaire les 15 derniers kilomètres.
pour la deuxième année consécutive et au même endroit …?
le 30 avril, lors du Trophée des grimpeurs, la « Polymultipliée » : 24ème
du 30/5 au 6/6, au 57ème Criterium du « Dauphiné Libéré » (1. G. Lemond), il enlève l’étape Firminy-Lyon (Croix Rousse) (2. Hanegraaf 3. Van de Velde 4. L. Van Vliet).
Après avoir ramené B. Vallet suite à une crevaison, il tente sa chance dans un moment d’accalmie, compte jusqu’à 6 minutes d’avance et arrive à la Croix Rousse avec quelques centaines de mètres d’avance. Le journal organisateur titre : « L’attaquant récompensé ».
le 26 juin, au championnat de France à Carcassonne (1. M. Gomez) : 27ème
lors du Tour de France ( le 1er de Fignon et forfait d’Hinault) : 45ème, après avoir été 2ème de l’étape qui arrive à Fleurance (1. R. Clère) et 8ème à Saint-Etienne (1. M. Laurent).
au criterium de Lisieux : 3ème (1. P. Simon 2. R. Martin)
le 7 août, à Castillon-la-Bataille : 2ème (1. J. Agosthino…3. S. Roche)
au Tour du Limousin (18 au 21 août) : 16ème (1. D. Arnaud)
1984 = Le quotidien sportif « l’Equipe » publie un article intitulé « La Vie Claire », premier acte » et nous montre la nouvelle équipe de Bernard Hinault en stage à St Malo et lors du premier séjour de l’équipe au Grand Bornand.
la "dynamique" Hinault et le "Look" montagnard… malgré tout, on peut reconnaître : Bernard H. en bas à gauche, avec au-dessus de lui Philippe Crépel et à partir de la droite Ruttiman sur la luge, puis Arnaud et Vigneron, et derrière eux M. Gomez et, plein centre, poussant M. Le Guillou, Christian Jourdan...
C’était il y a un peu plus de 30 ans et c’était aussi l’arrivée d’un certain Bernard Tapie dans le milieu du cyclisme. L’équipe s’appelle d’ailleurs « La Vie Claire – Terraillon », pour ceux qui se souviennent… Christian Jourdan, comme Bernard Vallet, a suivi Philippe Crépel dans cette nouvelle équipe. Ils y découvrent un nouvel entraîneur : Paul Koechli, qui souhaite « provoquer l’intérêt de chacun sur ses propres progrès ».
le 5 février : Championnat de France de cyclo-cross : 20ème (1. M. Madiot)
du 7 au 14 mars : Paris-Nice : 49ème (1. S. Kelly)
le 17 mars : Milan-San Remo
le 24 juin : Championnat de France à Plouay : 53ème (1. L. Fignon)
le 29 juin : lors de la 9ème étape du Tour de France, Nantes-Bordeaux : chute et abandon : au kilomètre 74, une poignée de frein se prend dans un guidon et Bondue, Roche, Vallet, Barteau et Jourdan vont au sol. Christian Jourdan qui a un gros hématome au mollet se voit contraint à l’abandon au km.89, malgré l’assistance de B. Hinault. Il est transporté de l’hôpital de Luçon, puis à l’hôpital Pellegrin à Bordeaux.
le "maître" est venu dire à son fidèle serviteur : "t'en fais pas, ça ira mieux l'année prochaine !"
du 4 au 17 septembre : Tour de l’Avenir : 15ème (1. C. Mottet)
du 25 au 28 septembre : Etoile des Espoirs : 8ème à 4’ 58’’ du vainqueur Gilbert Duclos-Lassalle.
le 10 octobre : Tour du Piémont : 1er (2. Da Silva 3. Van Vliet)
le journal « l’Equipe » titre : « Jourdan roi du Piémont » et l’envoyé spécial à Novare, le jeune Philippe Brunel, traduit « Une intense émotion… » Après avoir décrit « son arrivée solitaire sur la Via Kennedy », il souligne que « Christian Jourdan (fait) des efforts pour dissimuler sa joie » et il lui donne la parole : « à deux kilomètres de l’arrivée, j’ai pris un relais plus appuyé que les autres, je me suis retourné et j’ai vu que tout le monde derrière moi m’observait. Je me suis décidé à jouer le tout pour le tout. De toute façon, je me savais battu au sprint… »
Novare : c'était en octobre et sur la "via Kennedy" : Christian sauve sa saison, il était temps !
Il est alors temps de révéler pourquoi c’est « une victoire très personnelle qui le rétablit dans sa dignité de coureur ». Le jour du Grand Prix de San Sebastian, Christian a appris de la bouche de P. Koechli que son contrat avec « La Vie Claire » où Bernard Hinault l’avait appelé en début d’année ne serait pas renouvelé. La chute dans le Tour avait été la « pire tuile ». Après les « illusions perdues de C. Jourdan », la presse parle de sa « hargne » et le « Dauphiné Libéré » qui l’a connu vainqueur, titre, quant à lui : « La revanche de Jourdan ».
1985 = A Hervé Mathurin (Sud-Ouest) qui recueille ses propos, Christian Jourdan a dit : « Je ne suis pas à plaindre » et il a même ajouté : « courir pour un grand leader, quand on est un coureur modeste comme moi, c’est exaltant ». Et, « Bernard Hinault est beaucoup plus facile à vivre qu’on ne le croit. Paul Koechli est également un type avec qui on peut discuter ». Christian Jourdan repart pour « La Vie Claire – Wonder – Radar », cette fois…
Giro d'Italia 1985 : "La Vie Claire" en rose ?
10 au 17/02 : Tour de Valence
2 au 10/03 : Paris-Nice : 32ème à 38’02’’ (1.S. Kelly)
23-24/03 : Criterium International : 18ème à 2’29’’ (1. S. Roche)
26-29/03 : Tour du Midi-Pyrénées
9/04 : Paris-Camembert
18/04 : Flèche Wallonne : 40ème (1. C. Criquelion)
21/04 : Liège-Bastogne-Liège
5/05 : Criterium de Zürich
7-12/05 : Tour de Romandie
16/05 au 9/06 : Tour d’Italie : 29ème à 35’04’’ (1. B. Hinault)
à partir du 28/06, il est dans son 6ème Tour de France avec le dossard 16, qu’il termine 71ème, Tour gagné par B. Hinault (2. Lemond) qui le tient « en haute estime ».
à la Classique San Sebastain : 72ème (1. Van der Poel)
en juillet dans les Alpes, quand la pente s'élève : le maillot jaune Hinault jette un oeil noir sur cet Espagnol (Pino) et ce Colombien (Acevedo) qui semblent vouloir prendre la direction des opérations. Derrière, Winnen reste assis et Pascal Simon aussi, mais Van Impe et Jourdan (à gauche) sont "en danseuse"...
le 7/09, à Hirsan (Aisne) il gagne le Gd. Px. de la Tierache (2. Castaing 3. Follet)
Dans le journal « Centre Presse » (le 30/10/85), il déclare : « je viens de réaliser ma meilleure saison cette année, même si je n’ai qu’une victoire, et encore, dans un criterium…(à Hirsan) »
En tant qu’équipier, il a contribué aux deux grandes victoires de Bernard Hinault (dans le Giro et dans le Tour). Ses efforts sont largement compensés « sur le plan financier » (…), mais ce n’est « pas tout à fait le cas sur le plan moral ». Christian Jourdan explique : « voir son contrat renouvelé pour la saison suivante… » est important, car « à vélo, pour marcher, il faut avoir l’esprit tranquille ».
L’arrivée de Greg Lemond dans l’équipe de « La vie Claire » a changé la donne (il a été question de 1 M de dollars pour 3 ans…), Dominique Arnaud et Marc Gomez ont émigré vers l’équipe « Reynolds »…
1986 = C’est la dernière saison de B. Hinault. C. Jourdan est conservé dans une équipe de 24 coureurs autour de deux leaders : Lemond et Hinault.
- du 5 au 9 février : Etoile de Bessèges (1. Ruttiman)
- 11/02 : Grand Prix d’Albacette (1. A. Guttierez)
- 12/02 : Grand Prix d’Alicante
- du 18 au 23/02 : Tour de Valence (1. Hinault)
- du 6 au 12/03 : Tirreno-Adriatico
- du 17 au 28/03 : Tour de Catalogne (1.Kelly)
- du 7 au 11/04 : Tour du Pays Basque
- du 16 au 19/04 : Circuit de la Sarthe : 16ème (1. Didier Garcia)
- du 02 au 11/05 : Tour de Romandie (1. Criquelion)
- du 12/05 au 02/06 : Tour d’Italie : 50ème (1. Visentini 2. Sarroni 3. Moser…4. Lemond…)
- 16/06 : Tour de l’Aude : le 17/06, chute à 70 km/h, dans la descente du col de Feuillat, hôpital de Narbonne : 40 points de suture au visage, d’autres à l’épaule, au coude et à la hanche, trois jours sans bouger.
« finalement, quand on tombe, c’est comme si on était en maillot de bain ! » Ch. Jourdan.
- …, donc pas de Tour de France…
- 29/07 : criterium de Callac (1. Hinault)
- 03/08 : criterum de Castillon-la-Bataille (1. J.C. Bagot)
- 07/08 : Tour du Colorado (6 étapes) : 51ème (1. Hinault)
- 30/08 : Route du Berry (1. Esnault)
- 31/08 et 01/09 : Paris-Bourges (1. D. Lecrocq)
- 21/09 : criterium de Saussignac : 2ème (1. F. Brun…3. R. Pensec)
- le 8 novembre, à 13 km de St. Brieuc, Bernard Hinault fête ses adieux…
1987 = Peu après que l’on ait appris que « Jourdan quitte « La Vie Claire » (peut-être parce qu’il) « n’a pas accepté les conditions financières », le journal « l’Equipe », sous le titre « Colère et amertume » révèle « les belles promesses de Jean-Claude Dumas », lequel , au nom d’une société baptisée « Bordeaux-Aquitaine Sports » (B.A.S.) aurait fait miroiter aux deux Girondins du peloton professionnel, Francis Castaing et Christian Jourdan, le montage d’une nouvelle équipe. « Nous avons été bernés » déclarent-ils, et Castaing ajoute : « on s’est servi de nous pour trouver des sponsors ». De son côté, Christian Jourdan « regrette d’avoir quitté « La Vie Claire » par la faute d’un charlatan. Dans « Sud-Ouest », Hervé Mathurin peut laisser tomber que les coureurs sont « entrés dans le sport-business » depuis 1985.
Dumas, mis en garde à vue par al P.J. de Bordeaux sera écroué à la prison de Gradignan.
Trio girondin des années 80 : Pierre Bazzo - Francis Castaing - Christian Jourdan
Malgré sa « fierté touchée », C. Jourdan rejoint P. Koechli dans l’équipe « Toshiba ».
- du 21 mai au 13 juin, il porte le dossard n°196 pour le Tour d’Italie, dans une équipe « Toshiba » compoée de : K. Andersen, S. Bauer, JF. Bernard, P. Chevalier, O. Haelfiger, A. Kappes, J. Kuum, J..Lammerts. Lors de la 17ème étape, Canazei-Riva del Gardo (206 km), il prend la 5ème place (1. Marco Vitali). Il ne termine pas ce Giro.
- le 27 septembre, lors du criterium de Bordeaux-Caudéran, il prend la troisième place derrière le vainqueur : F. Castaing et R. Forest 2ème.
1988 = Sur internet (« wikipedia », « memoire du cyclisme » ou « le site du cyclisme ») et, aussi bien, dans « l’encyclopédie mondiale du cyclisme » (de Eecloonaar, 2003), Christian Jourdan n’existe plus. Certes, il figure bien dans la composition de l’équipe « Toshiba / Look ». Il prend part au « Dauphiné Libéré » avec le n°26. Mais, il ne figure pas au classement final. Auparavant, il n’apparaît pas dans les courses habituelles du début de saison : Paris-Nice ou le Criterium International, même s’il n’a jamais été un homme du printemps. Et, lors du championnat de France à St. Etienne, il craque au bout de quelques tours… Christian ne « marche » pas, mais il est surtout engagé dans un « bras de fer » avec son directeur sportif d’alors, Yves Hézard. Lequel lui a fait comprendre que sa performance dans ce championnat serait décisive pour sa participation au Tour. Christian, lui, croit que les jeux sont déjà faits… et, il rentre à la maison : fin de saison !
. le dernier Tour :
Au total, Christian Jourdan prend part à 7 Tours de France (1979, 1980, 1982, 1983, 1984, 1985, 1989) pour 11 années de professionnalisme. En 1989, pour son dernier Tour, Christian participe à cette édition que personne n’a oubliée : celle du « plus inoubliable des renversements de situation », qui voit la victoire de G. Lemond pour 8’’ devant L. Fignon au cours d’une dernière étape contre-la-montre qui s’achève sur les Champs-Elysée. Le 3ème de ce Tour est P. Delgado et C. Jourdan se classe 118ème de cette épreuve qui dure trois semaines et totalise 3285 km pour 21 étapes (du 1er au 23 juillet).
La plupart des observateurs s’accorde pour y reconnaître « le plus beau plateau des années 80 » avec « la fin d’une génération » et, aussi, de « l’époque des champions polyvalents ». C’est le premier Tour sous la direction de Jean-Marie Leblanc (un « ex-pro » devenu journaliste), qui succède à Jacques Goddet (« l’héritier ») et qui sera remplacé en 2006 par Christophe Prudhomme (un « pur » journaliste). Après l’ère Bernard Hinault, qui s’est achevée en 1986, montent de nouvelles têtes : Bugno et Indurain, entre autres…
Dans le Tour 89, Ch. Jourdan porte le dossard 135 dans l’équipe « RMO-Mavic-Liberia » où se trouvent aussi : Charly Mottet (6ème au final), Eric Caritoux (12ème) et Thierry Claveyrolat, Jean-claude Colotti, Per Pdersen, Franck Pineau, Gilles Sanders et Michel Vermote.
. dernière saison :
Dernier Tour, dernière saison, derniers tours de roue ou de circuit :
- au printemps, C. Jourdan a pris part à la « Vuelta a Espana » (3654 km, 22 étapes du 24/04 au 15/05) avec l’équipe « RMO » : Bagot-Caritoux-Claveyrolat-Colotti-Esnault-Laurent-Pedersen et Pineau. Il s’y classe 126ème sur 143 coureurs classés. Le vainiqueur est Pedro Delgado et J. Cl. Bagot se classe 8ème.
Quand l’heure du bilan se profile, on se demande bien ce que pourraient nous servir les contempteurs, ergoteurs et autres chipoteurs devant ce résultat : 11 grands Tours en 11 années de carrière professionnelle.
Au fait, c’est qui « un coureur cycliste professionnel » ? Et, avant de répondre trop vite, n’oublions pas d’envisager aussi les « petits Tours » (Aude, America, California, Corse, Pays Basque, Catalogne, Dauphiné, Romandie, Paris-Nice…). Un palmarès trop succint aurait pu ne retenir, cyniquement, qu’une victoire à Tarnos (40), le 31 juillet. Un criterium d’après-Tour organisé chez-et-par Dominique Arnaud et dans lequel « le doyen de l’équipe RMO, devant 10000 spectateurs, met un terme à plus de 20 ans de présence dans le peloton et la moitié chez les professionnels ».
« Une année mal commencée avec Paris-Nice (1. Indurain) … perturbé par mon divorce… » et qui ajoute, à Montluçon, pour le championnat de France sur route, une nouvelle touche à la palette de ses regrets. Depuis les rangs amateurs, Christian cherche en vain à conquérir le maillot tricolore. En 1989, c’est Eric Caritoux (RMO comme lui) qui gagne cette course où Christian prend la 8ème place d’un groupe d’échappés. « Ce jour-là ! » dit-il laconiquement, ainsi que le font souvent les coureurs pour signifier que tout semblait possible et que le coup est passé si prés …
Mais, Christian Jourdan constate : « R.M.O., j’avais 34-35 ans, c’était un peu la fin… j’admire les gens qui courent jusqu’à 40 ans… je n’avais plus la motivation pour faire de grandes courses… » Et, il jette un regard lucide : « j’ai fait carrière grâce à mes services ». En 11 ans de carrière, que ce soit « Hinault-Lemond-Vallet-Mottet »… », j’ai toujours été respecté de ce côté-là ».
Auparavant, il avait connu l’épisode « La Redoute », le licenciement de Philippe Crépel et l’ambiance morose autour d’un leader (J.L. Vandenbroucke) qui se faisait… attendre. Quand il s’est agi de choisir une nouvelle direction, le choix a été vite fait entre « Hinault et De Gribaldy ». Celui qui a été considéré comme « le coureur le plus sympathique du peloton professionnel » condense sa vision des choses en une formule lapidaire : « De Gri., c’était : un maillot, un vélo et un coup de pied au cul ! ». Pour lui, il fallait choisir « un bon leader dans une bonne équipe avec de bons coureurs »… «Quitte à se sacrifier» parce que « tu peux pas jouer ta carte perso. et bosser pour quelqu’un… il faut s’économiser dans la dernière montée pour être bon le lendemain ». Et, « quelle différence y a-t-il entre 35ème et 48ème ? »
Alors, ce fut Bernard Hinault (après les championnats du monde de Zürich en 1983)
32 bougies pour "P'tit frère" : avec les encouragements des jeunes (Bernaudeau-Le Bigault-Jourdan-Arnaud-Dall'Armelina-Jules-Fignon-Garde-Duclos-Lassalle), Altenrhein 1983.
et « La Vie Claire » (premier acte) : 14 « pros », « nous gagnons bien notre vie » et « nous sommes tous à la solde de Bernard Hinault ». A propos duquel, Christian Jourdan répète : je me suis toujours bien entendu avec lui…et il a toujours été correct… »
Pourtant, les journalistes - surtout au plan régional – ont bien tenté de réveiller son ambition : lors de sa victoire dans une étape du « Dauphiné Libéré », R. Dutein écrit sous le titre « Un rebelle nommé Christian Jourdan » et Hervé Mathurin, de son côté, s’enflamme pour « La rude journée du soldat Jourdan ».
« J’aurais pu gagner (cela lui est quand même arrivé quelques fois…) ? » semble interroger Jourdan, pour aussitôt ajouter : « pas quand tu fais le boulot !... j’ai eu des courses où je me sentais très bien (la Lombardie…), mais il faut savoir rouler en dedans… » parce que « l’année d’après, t’es à la lourde… » D’ailleurs, « je grimpe trop modestement…et ne parlons pas du contre-la-montre… » et, aussi, « la pluie et le froid ne me réussissent jamais »…ou, encore, « je ne suis pas quelqu’un du début de saison »…
« Notre Foyen » ainsi que le qualifie Ch. Grené (Sud-Ouest), « sans doute le coureur le plus affable du peloton », voué aux « tâches très ingrates d’équipier » (M. Seassau) reçoit, en quelques occasions, « le salaire d’une persévérance et d’un courage exemplaires » (Tour d’Emilie, Paris-Camembert, étapes du Dauphiné et du Tour de Romandie…). C’est Serge Lang (le correspondant suisse du journal « l’Equipe ») qui le situe le mieux, en écrivant : (dont) « la voix légèrement chantante se situe au diapason des meilleurs crus du Bordelais ».
Aujourd’hui, Christian Jourdan, père de trois enfants (Frédéric, Céline et Nicolas) cultive et gère avec sa compagne, Florence, les vignes du château « Haut-Grandjean » (90ha), appellation Bordeaux contrôlée (rouge et rosé) au sud de Sainte Foy-la-Grande.
Dans ce pays foyen, entre Gironde et Dordogne, nous avons cherché une référence du côté de Montaigne (1533-1592). S’est alors imposé le titre de l’ouvrage que son ami La Boétie («parce que c’était lui, parce que c’était moi… ») a écrit à l’âge de 18 ans : « Discours de la servitude volontaire » (1549).
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