Yves NEBUT
En attendant le Tour : en 1961, sur la piste de Lescure, Yves Nebut, le lauréat du Trophée de vitesse Marcel Verdeun, remporte l'individuelle devant Suire et Debiard.
Chez lui, tout est cohérent :
. l’adolescent turbulent, tôt familiarisé avec le sport (football, natation, handball) dans son quartier-ville à Caudéran
sait qu’à défaut de réussite au brevet, désormais il faut, à 16 ans, « travailler ».
. le coureur cycliste, reconnu de ses pairs, après plusieurs titres de champion de Guyenne (route et piste), plusieurs Grands Prix réputés, un titre de champion de France olympique et la participation à de grandes épreuves (Tour de Bretagne, Tour de Tunisie), quand il se marie à 26 ans, sait qu’il « faut tourner la page ».
. aujourd’hui, Yves Nebut, devenu grand-père, nous montre le « toit » qu’il aménage pour sa petite-fille dans ce quartier de Caudéran où la famille est présente depuis 5 ou 6 générations.
Une jeunesse caudéranaise :
Né à Caudéran le 26 juin 1936, Yves Nebut est en quelque sorte « un enfant du Front Populaire » (sic). Sans entrer dans des considérations politiques et sociales que nous n’avons pas la prétention de maîtriser, revenons cependant sur l’ouverture au sport cycliste déjà présente à Caudéran à la fin du XIXème siècle sous la forme de l’un des vélodromes les plus réputés d’Europe : le vélodrome du Parc (1893-1923), où se produisirent outre les plus grands champions français, mais aussi des « stars » américaines comme A. Zimmerman et Major Taylor. La ville en conserve le souvenir avec une rue encore baptisée « rue du vélodrome » (entre l’avenue du Général De Gaulle et l’avenue d’Eysines).
Avec le rival de Talence-Suzon, le « Stadium » (cf. ici, in Dossiers : « la Piste Bordelaise »), ce sont deux temples d’une « presque-religion » bordelaise : le cyclisme sur piste, avec ses servants : les « routiers-sprinters ». L’histoire du cyclisme nous apprend aussi cette hésitation qu’il y eut, au début, entre la piste et la route. Entre l’univers (peut-être) un peu confiné du vélodrome et « l’appel du grand large » des chevauchées routières (Paris-Brest-Paris et Bordeaux-Paris en 1891). Mais, l’enjeu est, aussi et déjà, celui du « sport-spectacle » et cela se concrétise dans le « Tour de France » (1903).
Le Cyclo Club de Caudéran est créé le 9 juin 1937. Dans une atmosphère où – semble-t-il – le sport s’offre à la jeunesse, toute la jeunesse : la pellicule fixe ce juvenil peloton devant la « Pergola » (cf ; ici, dans « histoire des coureurs », à Robert Peyran). Dix ans plus tard, le club aura ses champions, ses « Tour de France », avec Robert Desbats (1948) et René Berton (1950).
Ainsi, en 1953, quand Yves Nebut se met à courir à vélo, le cyclisme est un sport installé à Caudéran, où un ancien coureur, Henri Ducousseau, tient un magasin de cycles, avenue Louis Barthou. Mais, Yves qui fait toute sa scolarité jusqu’au brevet à Paul Lapie, a déjà joué au football dès l’âge de 8 ans au « patro », l’AGJA, puis pratiqué la natation au CO Caudéran jusqu’en 1952. Avec son équipe au Cours Compléméntaire, il a aussi conquis le titre de champion d’Académie en « hand-ball à 7 ».
Cette jeunesse caudérannaise est donc une jeunesse sportive, ouverte aussi sur le plein air et les colonies de vacances. Le vélo est une distraction d’été : quelques escapades avec les copains au cours desquelles, à l’insu des parents, on fait Bordeaux-Andernos et retour… pour aller se baigner.
« Une époque où on respectait les parents » :
Entre l’école publique, le « patro », les copains et les parents, l’éducation se fait dans un cadre traditionnel et sécurisant. Certes, au cours de cette période, Yves pense plus à jouer et à s’amuser qu’à travailler. Mais, lorsque le brevet de fin d’études laisse tomber son verdict d’échec, l’éducation reçue aide à comprendre qu’il faut désormais « travailler ».
La voie est toute tracée : le père et le frère (Yves a un grand frère de 10 ans son aîné) sont tous les deux transitaires au Port de Bordeaux (le transitaire est celui qui prend en charge une marchandise chez un exportateur, pour tout d’abord la déclarer en douane puis la remettre à une compagnie de navigation pour acheminement sur sa destination finale. Il effectue toutes les démarches administratives que cette opération comporte. Du fait des nouvelles technologies, ce métier n’existe pratiquement plus aujourd’hui).
Yves sera transitaire et finira « agent maritime ». Soit 40 ans passés dans l’entreprise « Alfred Balguerie », aujourd’hui mondialisée et dirigée par le petit-fils, Patrick Thomas. Durant toute sa carrière dans cette entreprise familiale, Yves se réfère à deux patrons : 30 ans dans une succursale, l’Agence Maritime Babian dirigée par M. Yves Balguerie, fils du fondateur de l’Entreprise et 10 ans dans le Maison mère.
Donc, le Caudéranais est un Bordelais. Par le travail et, on va le voir, par le sport.
« Le circuit des Nourrissons » :
« Les Nourrissons » constituent la seule grande épreuve que peuvent courir les « non-licenciés » avant de se lancer dans la grande aventure cycliste. C’est l’œuvre de Robert Reboul et une organisation du « Burdigala Paris Club » qu’a fondé cet ancien coureur professionnel, fixé à Bordeaux comme marchand de cycles, cours Victor Hugo (cf. ici, in « Histoire du vélo : le 1er Pas Dunlop »).
Avec son copain Christian Armand, à la fin de la saison 1953, ils s’engagent dans cette épreuve qui se court par séries, les concurrents se comptant par centaines et venant aussi bien des Pyrénées que des Charentes (cette année-là, figure parmi les partants un certain Michel Friou…).
Pour la catégorie dite « juniors » (il y a aussi une catégorie « minimes »), deux séries sont constituées selon les numéros pairs et impairs. Les deux copains gagnent chacun leur série : Armand, celle des juniors « pairs » et Nebut, celle des juniors « impairs ». Le journal indique déjà : « 1. Nebut (Caudéran) sur cycles Magnat-Debon, agent Ducousseau à Caudéran ». Armand, qui est crédité du meilleur temps, est vainqueur au final.
A Cussac, en 1953, l'une de ses deux premières victoires : le cousin d'Yves, Michel Vincent, Yves et Christian Armant (merci au fils de ce dernier pour la correction orthographique).
Selon Yves : « le soir même, Ducousseau nous présente à Pierre Requet, des « Girondins de Bordeaux ».
Ainsi, Yves Nebut, fils d’employé du Port de Bordeaux, lui-même employé comme son père, intégre les « Girondins de Bordeaux », club omnisport qui a fusionné, le 15 octobre 1940, avec « l’Association Sportive du Port Autonome », fusion plus « sociale » que sportive (cf. Wikipédia). Il restera fidèle à ce club jusqu’à sa dernière licence en 1962.
1954 : « La première année »
Puisqu’il y a eu la réussite immédiate avec le circuit des Nourrissons, on ne peut plus parler de « première fois ». Certes, il va y avoir le « Premier Pas sur Piste » : en 1954, le lauréat s’appelle Rusail, il est licencié à l’ASPOM et Y. Nebut est éliminé en ½ finale. C’est Pierre Requet qui a, judicieusement, incité son jeune licencié à « faire de la piste ».
Aujourd’hui, Yves dit, en parlant de cette première année, « ce n’était pas tellement sérieux ». « J’ai gagné deux courses et puis je suis parti en vacances au mois d’août… et, le dimanche, je travaillais… » Les deux courses sont le Prix René Talon à Lormont et le Prix des fêtes à Cussac.
- au Prix Peylanne-Leysotte à Talence, il se classe 2ème derrière JP. Cailleau (VCB)
- au Bouscat : il est 5ème derrière un certain R. Peyran (le 1er est Claude Castel)
- au Prix de Laforet, il est l’auteur d’une belle échappée, mais la victoire va à François Piarulli
- à Ambarès, le vainqueur s’appelle André Tournis et Yves « fait 5 ».
Cependant, il monte de 4ème en 3ème catégorie. Dans son bilan de fin de saison et palmarès 1954, la section « cyclisme » des Girondins cite ses deux débutants : C. Armand et Y. Nebut, aux côtés de sacrés aînés : J. Alvarez, Felix Merino, Michel Gonzalès, Jacques Sabathier, P. et J. Rinco, Guy Augustin et Alban Alvarez.
Mais, c’est surtout le « Premier Pas Dunlop » qui va « édifier » Yves Nebut. Dans l’éliminatoire départementale, à St. Jean de Blaignac, les 48 coureurs du peloton de tête sont aiguillés dans une « mauvaise direction ». A ce moment, Yves se trouve à 4’10’’ des premiers. Seul, il entreprend de revenir et, à l’arrivée à Libourne, il se classe 2ème à 40’’ du vainqueur R. Barbé (VC St. Léger). Lors de l’éliminatoire régionale, ils sont « tous (ou presque) au sprint » et c’est la « bûche générale », dans laquelle Yves a le cuir chevelu entaillé par une pédale… Le débutant prometteur est quelque peu « refroidi ».
1955 :
Yves a déjà fréquenté le vélodrome, mais il devient un assidu des samedis cyclistes (parfois nommés « samedis populaires »). Il dit maintenant : « j’ai fait tous les samedis ». Cette année-là, Roger Darrigade semble parti pour imiter son frère André dans la « Médaille », quant à Yves Nebut il se fait remarquer en battant Tournis en poursuite dans le temps de 4’15’’2/5.
Puis, il participe aussi aux épreuves qui ouvrent la saison :
- course de classement des Girondins : 1. M. Gonzalès 2.J. Alvarez … 4. Y. Nebut
- Prix Armand Fauchet, côte du Cordier, le Vigean : 4ème derrière 1. Y. Vigué 2. M. Gonzalès 3. C. Bannes
- Prix Stanislas, Le Haillan : 10ème (1. Gonzalès 2. Martin 3. Latorre)
- Prix Gaston Saül, Tresses : 1. J. Gadras 2. C. Coutant 3. M. Gonzalès… 10. Y. Nebut
Au Bouscat, pour le Prix Lafon-Féline, il s’incline derrière Robert Salou (3. Castera 4. Paoletti)
A Lacanau-ville : 1. C. Armand 2. Gavas 3 . Nebut
VIIIème G.P. de l’US Bouscat : 1. Serge Martin (SAB)… 4. Y. Nebut
IIème G.P. Beau Rivage à Macau : 1. Montet … 4. Nebut
A Libourne : 1. J. Dubernet (SAB) 2. Narcisso Polo 3. Y. Nebut
IVème G.P. des commerçants, industriels et artisans de Marmande : 1. A. Lesca 2. L. Rigon 3. Y. Gourd… 7. Y. Nebut
Au Tondu, pour le Prix des Espoirs : 1. J. Gobbi 2. Y. Nebut
A Faugerolles, G.P. de la Mutualité : 1. Paul Duroux (Nérac) 2. Y. Nebut
A cette série de places, il convient d’ajouter 5 victoires, dont la plus belle est peut-être dans le 57ème Bordeaux-Arcachon, disputé le 15 août, « toujours rapide, mais sans grande passion » (l’Athlète) :
1. Yves Nebut , les 49 km en 1h 7’ 58’’
2. Christian Bannes à 3 longueurs
3. Bernard Domagé…. 8. Fernand Delort… 10. André Nacq…
1955 : boulevard Deganne, à Arcachon
Dans « l’Athlète », on peut lire : « la victoire d’un jeune, d’un vrai jeune, victoire au surplus régulière et brillamment remportée ».
Yves gagne aussi le G. P. des Jeunes à Marmande devant R. Barbe et Pradeau du CA Béglais, à Vertheuil devant Dupont (BUC), à Eysines devant Martinet (SAB) et à Ambarès devant Tournis (SAB). Lorsqu’il est monté en 2ème catégorie, H. Ducousseau, pourtant, lui a dit : « tu restes là, tu ne vas pas plus haut… », mais emporté par son élan, Yves se retrouve en 1ère catégorie dès sa deuxième année de courses…
1956 :
Lors des 3, 4 et 5ème « samedis cyclistes », Yves Nebut gagne régulièrement l’épreuve de la « Médaille ». il est présent et classé dans les « épreuves de classement » des Girondins, lesquelles sont trustées par Michel Gonzalès.
Puis, vient le G.P. de la St. Médard à Mont-de-Marsan que gagne R. Lafargue devant Jacques Bianco et Jacques Sabathier, mais Yves est déjà 4ème devant Cigano.
Au Tondu, pour le 12ème G.P. Cazé, il subit l’ascendant de Deloche, mais se classe 2ème, ainsi qu’à Sanguinet au Prix de la Ville (1er Beauvieux). Il est aussi 3ème à St. Ciers /Gironde du Grand Prix du Peret gagné par Deloche devant Cantorbe.
Il gagne enfin à Touzac (16) devant Barraud et Lemaître. Puis, il récidive au G. P. des journées commerciales de Libourne devant Augustin et Yves Gourd.
Le 21 avril, sur la piste de Lescure, Yves Nebut devient champion de Guyenne de vitesse devant Jean Misségue. La presse dit de lui : « un solide espoir, athlétique à souhait ». Le journaliste qui signe Ch. Robert réfléchit à la « pénurie, en Guyenne, de « purs pistards »… mais ce ne sont pourtant pas les valeurs qui manquent ». Et, il affine le portrait du pur sprinter, qui doit avoir « en plus de ce merveilleux don qu’est la vélocité, un sens tactique très développé ». Au sujet d’Yves Nebut, il précise : « à 20 ans, de taille moyenne, mais puissamment bâti ». Cependant, qu’il a fallu « toute l’insistance de Pierre Requet pour qu’il se décide à courir ce championnat ». Emporté par son sujet, le journaliste va jusqu’à lui demander de « cesser toute activité routière ».
1956 : stade vélodrome de Bordeaux-Lescure, J. Missègue et Y. Nebut, nouveau champion de Guyenne de vitesse sur piste
Envoyé 15 jours en stage à l’INS, sous la férule de Daniel Clément, Yves obtient son diplôme d’entraîneur, dont il ne se servira jamais, ayant déjà « un boulot sur le port ». Pendant ce séjour, il court deux classiques parisiennes :
- Paris-Ezy : course dominée et gagnée par Michel Vermeulin, Y. Nebut prend par au sprint du peloton pour la deuxième place et se classe finalement 9ème.
- Paris-Evreux : après 100 km de course, pris dans la troisième bordure, il abandonne…
De retour à Caudéran, pour la course du quartier Lestonnat, il retrouve son copain Armand et se classe deuxième derrière lui. Lors du IIème Criterium international de Bordeaux, disputé sur le circuit des Quinconces, gagné par A. Darrigade devant Francis Anastasi et Raoul Rémy, il se classe 3ème de la course réservée aux amateurs / 1. Loubert 2.Armand.
Cette année-là, la section cycliste étrenne ses nouveaux maillots qui portent la marque extra-sportive des « Cuisinières Pain ».
4 des Girondins (et des "Cuisinières Pain") : J.P. Goueytes, C. Coutant, C. Castera qui vient de gagner le Grand Prix de Pessac, Melle Pintado, la "Rosière" et le second, Y. Nebut. Ils ont gagné la Coupe "la France".
1957 :
Yves Nebut a 21 ans. C’est encore l’âge de la majorité… et, il s’affirme désormais dans les rangs des premières catégories.
- avec les Girondins de Bordeaux, il devient champion de Guyenne sur route sociétés sur les 85 km du parcours « Monrepos-Castillon et retour ». Ses coéquipiers se nomment : J. Alvarez-Augustin-Chaumont et, les seconds sont :
J.Pineau-Lesca-Delpicolo du Guidon Agenais à 6’’.. !
Sur la "route de Castillon", l'équipe des Girondins de Bordeaux à la conquête du titre de Guyenne "sociétés" : Chaumont et Augustin encadrent Yves
- à Libourne, pour le G .P. de la Victoire, il gagne, après 155 km en 4 heures, le sprint d’un peloton de 25 coureurs « au milieu d’une foule considérable » (Emile Baudoin), 2ème Vidal 3ème Fernand Delort 4ème Christian Lapébie…
- à Pessac, sous le déluge, après 120 km en 3 h 10’, il devance Domagé 3. Alvarez 4. Ducourneau 5. Delort…
Bien que se sachant privé d'un cable de frein, Yves fait le sprint et bat Domagé, Ducourneau et F. Delort (au fond), avant une chute mémorable...
Il gagne aussi en pays charentais, à St. Aigulin. En Lot-et-Garonne, Yves gagne à Tonneins devant R. Castaing ; puis, dans le G.P. de la Tomate et des Primeurs en deux étapes, il remporte la première étape (136 km en 3 h 43’) devant Ben Brahim, Lesca et Rigon. Il finit 13ème de la seconde qui revient à Luis Goya Picassari (125 km en 2h 50’ 42’’) devant Ben Brahim, Deloche et Nardi. Au final, Yves se classe 6ème de cette épreuve qui va à Ben Brahim, 2. Goya 3. Deloche 4. Nardi.
Dans Bordeaux-Arcachon, il se classe deuxième derrière Bernard Domagé (49 km en 1 h 9’ 20’’) – qu’il avait battu à Pessac – et devant 3. André Delort 4. Christian Lapébie.
1958 :
Lors du premier « samedi cycliste », « Bale et Nebut (sont) les vedettes ». A Bale, la « Médaille ». A Nebut, le « Trophée de vitesse ».
La "Piste Bordelaise" et les filiations : à gauche, le nouveau "jeune", Y.Nebut et, à droite, l'Ancien, A. Nacq et, puis, entre les deux, le papa , M. Nebut.
Après avoir défait les Missègue, Tournis, Barbe, Bannes et autre Martinet, Yves voit venir une nouvelle génération et dès le 3ème samedi, il gagne le Trophée de vitesse devant Bale et Lesbats, puis récidive dans l’individuelle (10 km) devant Sevilla et Castera.
Mais, la route reprend ses droits :
- Mont-de-Marsan (40), G.P. Martini : 1. Delom (Auch) 127 km en 3 h 23’ 2 . Nebut 3. Rançon
- Anglet (64), G.P. des fêtes : 1. Rançon 2. Deloche …. 5. Nebut
- Mosnac/Seugne (17) : 1. C. Vallée 2. Nebut 3. Urbaniak
- St. Rémy/Lidoire (24) : 1. Y. Nebut 2. M. Faure
- Toulouse (31), G.P. des vêtements Thierry, 3ème à 3 longueurs d’André Lesca (vainqueur, les 175 km en 4 h 45’) devant Jacques Pineau, mais il a été « tiré par le maillot » (4. D. Soler 5. A. Cousinié)
Début mai, dans le VIème Bordeaux-Rochefort : 1. Ricou 200 km en 4 h 50’ 2. Gaudin à 2 longueurs 3. Nebut à 42’’ 4. Deloche.
Sélectionné pour le Tour de Bretagne, dans l’équipe « Sud-Ouest A » (avec R. Verdeun-Friou-Negroni-Loiseau-Chaumont), il se classe : ét.1=31°, ét.2=17°ex., ét.3=8°ex.,ét.4=12°ex.,ét.5=11°. Lino Negroni remporte ce Tour de Bretagne et l’équipe du « Sud-Ouest A » gagne le classement par équipes. Yves termine 18ème : « lors de la dernière étape, nous sommes partis à 10 heures du matin et arrivés à 18 h 30, le soir… et, Julien Moineau (le directeur sportif) nous a dit : « les gars, au compteur, j’ai 280 km ! ». Il ajoute : « une grande fierté pour moi. J’ai beaucoup appris avec ces garçons-là ».
- Caudéran, Vème G.P., le 14 juin : 1. Y. Nebut (Girondins) 105 km en 2 h 38’ 2. Delreix (CAB) 3. C. Bannes (SBUC) 4. J. Alvarez (Girondins)
- Pessac, le 22 huin : 1. Rinco 2. Augée 3.Nebut 4. R. Verdeun 5. Doret 6.C. Bannes
Yves Nebut est en colère : il aurait bien aimé sprinter pour la première place… si une moto n'avait pas favorisé…. quoiqu'il en soit, derrière, il y a quand même : R. Verdeun, C. Bannes et G. Doret...
A Langon, le 8 juillet, pour le championnat de Guyenne amateurs sur route, « sur un circuit sélectif et rendu encore plus difficile par une forte pluie », Y. Nebut « dans un parfait état physique » gagne le sprint des 4 rescapés de tête, couvrant les 155 km en 4 h 4’, 2. Cecchinato (Villeneuve) 3. Bacou (Marmande) 4. De Santi (BVC)
Le 3 juillet, « les Girondins de Bordeaux sont champions de Guyenne des sociétés sur route pour la deuxième fois consécutive… », « bravant la hideuse pluie qui ne cessa pas durant tout l’après-midi… avec une équipe homogène dont les 5 éléments restèrent groupés (Nebut-Chaumont-Julio Alvarez-Arnaud et Augustin) à la moyenne horaire de 42 km/h (2. Pau VC 3. ASPTT Bx.). Qualifiés pour le championnat de France à Nancy, ils finissent 9ème de cette compétition gagnée par l’AC Sotteville-les-Rouen (cette année-là, A. Foucher chez les indépendants et A. Corteggiani chez les amateurs sont les autres lauréats).
Sur la piste aussi, les Girondins (Alvarez-Augustin-Darnauguilhem-Nebut) sont champions de Guyenne en poursuite olympique et ils se classent 3ème au championnat de France derrière le VC 12ème (1) et l’UV Aube (2ème).
Le 26 octobre 1958, la Guyenne remporte le titre de « Champion de France Olympique » aux dépends de la Champagne (en match aller-retour, 2 à 2 à Reims) par 3 victoires à 1 (km lancé-poursuite olympique et à « l’italienne »).
"Poursuite olympique ", l'équipe de Guyenne avec (dans l'ordre) : C. Castera, Y. Nebut, G. Darnauguilhem et F. Delort.
Yves Nebut fait partie du « 8 » victorieux composé par : R. Verdeun-Nebut-Castera-F.etA. Delort-Darnauguilhem-Bale et Marcel Bannes.
L'une des plus belles pages du cyclisme sur piste à Bordeaux vient d'être écrite : le titre est "la Guyenne, championne de France Olympique". Voici, dans la tribune du "Stade Municipal", les principaux acteurs, coureurs et dirigeants. De gauche à droite : le Général Duché, directeur de la Jeunesse et des Sports, Marcel Bannes, puis de bas en haut, F. Delort,JC Bale, J. Suire, ensuite, Y. Nebut et, au-dessus de lui, le Pdt. du comité de Guyenne M. Lathière , le Pdt. de la FFC J. Daugé, devant Darnauguilhem, enfin, C. Castera et R. Verdeun. On peut reconnaître aussi derrière eux, H. Longau (Arcachon) et Marcel Verdeun.
Le journal « sud-ouest » consacre un bel « encadré » à Yves avec le titre : « Quatre titres pour Yves Nebut, l’ex-footballeur devenu cycliste » (signé : A.G.).
A 22 ans, Yves vient de réaliser sa meilleure saison.
1959 :
Dans les samedis du vélodrome de Lescure, Yves se trouve désormais confronté aux valeurs montantes qui se nomment : Bale, Lauga, Suire… cependant que se constitue la paire : Nebut-Castera, comme dans cette américaine de 25 km gagnée lors du 5ème samedi devant Desbats-Delort et Bale-Castel.
Pour le Vème G.P. Martini à Mont-de-Marsan, après un dernier regroupement à 7 km de l’arrivée, il remporte la victoire en battant R. Abadie, De Munch, Domagé et Vidal.
Du 25 avril au 3 mai 1959, il est sélectionné pour le 1erTour de Tunisie dans une équipe de France composée de trois « indés » (Tamburlini-Ramilla-Pradaud) et trois amateurs (Nebut-Guillet-Bertrand H.) et drigée par P. Molineris. Il y porte le n°43 dans un peloton comptant des équipes de Tunisie 1 et 2, Allemagne de l’Ouest, Belgique, Grande-Bretagne, Italie, Hollande, Portugal, Suède et Yougoslavie.
Yves se souvient que, lors de la 3ème étape, au bout de 50 km, un oued est en cru, la route est coupée, arrive alors un bus de voyageurs. Les autorités font descendre les passagers et, par aller-retour, font traverser les coureurs… Dans la 5ème étape, à 20 km de l’arrivée, dans une chute, il casse son dérailleur « Simplex ». Le directeur sportif n’a pas de remplacement… Il répare tant bien que mal avec une épingle de dossard. Mais, le lendemain, le directeur sportif et le mécanicien absents, il doit son salut à un camion d’outillage et, avec des clés et des pinces, il répare et prend le départ… avec les mains pleines de cambouis.
Le 8 mai, à Libourne, il ne peut rééditer son succès de 1957 dans le G.P. de la Victoire que gagne Roger Vidal (Ste. Livrade), 160 km en 4 h 13’, 2. Gino Campaner 3. Castera 4. Nebut 5. J. Rinco. Cependant, il gagne, comme en 1957, le G.P. des commerçants de Tonneins.
Nouveau sprint victorieux à Tonneins : 1.Y. Nebut 2. A Bello 3. Augustin 4. Castera...
Dans le G.P. du Réolais, remporté par Pascal (ASPTTBx.), les 135 km en 3 h 45’ devant Duffau (Marmande) et Montheau (Agen) il gagne le sprint du peloton à 2’, pour la 6ème place.
Pour le G.P. de la Libération à Brive, gagné par R. Buchonnet devant Gestraud et Delmas, il est 8ème.
A La Bastide d’Armagnac et pour le circuit du Bas-Armagnac, le 18 mai, course remportée par Robert Verdeun devant Goya et Pineau, il fait 5 derrière Pontoni.
Après une saison 1958, peut-être trop riche en résultats, Robert Dutein laisse entendre : « Quant aux autres, les Nebut, éclectique champion, mais qui n’a, hélas ! pas encore pris entièrement conscience de ses possibilités… »
1960 :
Au cours des samedis de « pignon fixe », Y .Nebut effectue un retour gagnant dans le Trophée de vitesse en battant successivement : Dal Sié, Bale ou Castera. Il participe et se classe dans les individuelles que remportent alors Castera et R. Verdeun.
Mais, c’est déjà la grande année de Jacques Suire qui remporte le titre de champion de Guyenne de vitesse devant Yves Nebut avant de partir aux Jeux Olympiques à Rome.
A peu près au même moment (« la roue tourne »), Robert Desbats s’interroge pour savoir s’il effectue sa dernière saison.
Cette année-là, Yves Nebut inscrit une seule course à son palmarès en enlevant le Xème Circuit de Thézac (47) devant Garbay (SAB) et Latour (ROC).
1961 :
Au vélodrome, pour les « samedis », Yves en compagnie de Castera truste les américaine et individuelle.
Yves Nebut et Christian Castera : à l'américaine, c'était une "belle paire"….
Yves Nebut : "c'était une excellent copain avec une bonne mentalité… je bricolais chez ma fille à qui je montais une cuisine et j'ai eu besoin d'une scie-sauteuse… je lui téléphone vers 17 heures, car je savais qu'il en avait une… je passe la chercher et on discute un peu… je le quitte vers 18h30… à 19h30, le téléphone sonne et sa femme m'annonce : "Christian vient de mourir". Il avait 74 ans."
Et, sur la route, il retrouve le chemin du succès :
- à Blaye, le 14 mai, il gagne le G.P. cycliste Péchiney-Progil (163 km en 4h 7’) devant Goueytes et C. Castel.
- le 4 juin à Talence, il gagne le Prix du cinquantenaire de la Pédale Talençaise, dont le départ a été donné par son doyen : M. Benassac. Il effectue les 140 km en 3h 45’, 2. Castera 3. Rinco 4. De Santi 5. C. Castel.
- le lendemain, à Valin (17) près de Cercoux, parti pour faire la première prime « pour payer les frais », il accomplit seul 90 km et l’emporte.
- le 26 juin à Saujon (17), il s’impose aux Charentais : 2. Pailler 3. Laforest 4. Moussard 5. Epaud
- le 10 août, à Gujan-Mestras, Yves Nebut remporte la nocturne cycliste devant 2. Desplat 3. Brux 4. Ferreira
Entre-temps, il fait quelques incursions sur la piste comme à :
- St. Pierre d’Oléron : 2ème en vitesse derrière J. Suire et 2ème à l’américaine avec Castera derrière Suire-Desplat
- à Lescure, pour la réunion d’attente du Tour de France, il gagne l’individuelle devant Suire-Debiard-Surrugue-Dagnan-Castel et Lauga
A quoi s’ajoutent quelques places de second comme à :
- G.P. de Barsac : 1. Castera …. 3. Goueytes 4. Rinco 5. Laville
- Ors (Château d’Oléron, 17), 1. P. Poutou 2. J. Darodes
- 2ème à la nocturne de Ste. Livrade (47) et à St. Laurent des Hommes (24)
Et, encore, 3ème à Parentis-en-Born (40) ( 1. A. Darnauguilhem) et au XVème au Prix du CAB, 1. Domagé 2. J. Rinco
1962 :
Encore une victoire dans le Trophée de vitesse du Vème samedi cycliste devant Pontneau et Murphy. De la Piste toujours à Marans (85) :
- handicap : 1. A. Darrigade 2. M. Gonzalès 3. Nebut 4. Verdeun
- individuelle : 1. Gonzalès 2. Darrigade 3. Vallée… 6. Nebut
- américaine (50 km) : 1. Darrigade-Vallée 2. Verdeun-Gonzalès 3. Castera-Nebut
Et, le jeudi de l’Ascension, la dernière grande victoire : le XVIème G.P. du CA Béglais :
1. Yves Nebut (Girondins) les 120 km en 2h 59’
2. JC. Desplat (BVC)
3. Lacrouzade (Dax)
Grand Prix du C.A. Bèglais, 1962.
l’Athlète » ajoute : « et, au sprint, le Girondin Nebut, coureur dont les résultats n’égalent peut-être pas l’indéniable puissance et valeur, inscrivait bellement son nom au palmarès de ce Grand Prix… »
Age de raison :
A 26 ans, Yves qui vient d’épouser en la primatiale St. André Mlle Christiane Moy, est conduit à faire un choix.
Au moment de fonder une famille (les époux Nebut auront trois filles : Laurence, Christine, Sophie et, maintenant, cinq petits-enfants), le simple employé au Port entend la voix de son patron, qui lui propose d’abandonner les aménagements d’emploi du temps qu’il lui autorise, pour pouvoir espérer « monter en grade ».
La carrière cycliste d’Yves peut paraître étroitement inscrite dans les quatre départements limitrophes de la Gironde (17-24-40-47), mais il faut aussi considérer qu’elle s’accommode d’un emploi du temps dans lequel l’employeur a bien voulu dégager le lundi après-midi pour aller courir et le jeudi après-midi pour s’entraîner. Ceci explique que les déplacements soient forcément limités.
Aux « Girondins », autour de Pierre Requet, la « cheville ouvrière », on a senti venir la fin. Alors que sont fêtées les 103 victoires de la saison et le champion de France militaire de vitesse, Aloys Masme, le sympathique « Toutou », fidèle à son club, à ses camarades, à ses couleurs, reçoit la médaille d’or des Girondins.
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