Memovelo

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Robert POULOT

               

 

 

 

 

 

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Robert Poulot, le 19 octobre 2015.                                            

 

 

            Un père qui a tué l’ours

 

            A la sortie d’Argelès-Gazost, cela commence à monter. Mais, entre Aucun et Arrens, la pente s’adoucit nettement. Le col du Soulor commence réellement à la sortie d’Arrens.

C’est le pays de Robert Poulot. La famille – nombreuse – compte six enfants, soit trois filles et trois garçons et elle vit dans une ferme perchée dans le montée : les Artigaux.

 

 

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Deux Poulot dans la montée : l'un à vélo et l'autre à pied . Ici, Charles encourage et arrose son frère Robert, même gabarit, même santé ...

 

 

  

Le père dont le prénom est Prosper a tué l’ours. C’était le 14 février 1947. La veille, Prosper Poulot l’avait repéré du côté du Tech. Une battue fut organisée avec la gendarmerie, le louvetier et les chasseurs de la vallée. C’est le père Poulot qui eut l’honneur de tuer « Lo Mossur », au-dessus du lac d’Estaing.

            Il s’agit d’une époque où la relation entre l’homme et l’ours était moins pacifique que ne peuvent la rêver aujourd’hui certains protecteurs de la nature. La bête tuée avait fait des ravages non seulement parmi les moutons et chèvres, mais aussi parmi les ânes, les vaches et les chevaux. C’est dire que l’ours faisait partie de la culture des Pyrénéens et du paysage des Pyrénées (18 ours tués entre 1942 et 1957).

            Ainsi, la famille compte d’excellents chasseurs (ours, isards…) et le « pater familias » rentre bientôt à l’EDF. Il meurt en 2007 à l’âge de 97 ans ! Mais, il est aussi – et cela fait partie de la culture des paysans pyrénéens – un excellent skieur de fond. En 1937, Prosper Poulot participe aux championnats du monde de ski nordique, à Chamonix. Sur 18 km, la victoire revient (ce n’est pas non plus une surprise) à un Norvégien, Bergendahl, devant deux Finlandais et, si Prosper se classe 42ème sur 47 arrivants, on imagine qu’à cette époque il n’est pas le dernier venu dans cette pratique.

 

 

            La montagne et le ski de fond

 

 

 

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Le pic du Midi d'Arrens, vu de chez Robert Poulot. 

 

 

            « Le déficit de notoriété des Pyrénées par rapport à d’autres massifs européens est toujours d’actualité ». C’est Martin Fourcade, double champion olympique, quadruple vainqueur de la coupe du monde et sextuple champion du monde, qui énonce cette vérité.

Robert Flematti, guide de haute montagne, diplômé de l’E.N.S.A. de Chamonix et compagnon de cordée de  René Demaison, raconte dans « Retour aux Pyrénées », comment lui, le fils d’immigrés italiens, a été initié à la haute montagne, à la chasse et à la vie, par Prosper Poulot, avec son fils Robert, « avant tout l’ami d’enfance et des quatre cents coups » (Pierre Cortella, in revue « Pyrénées », n°229) et des premières tentatives ( vers l’âge de 15 ans) du côté du Balaïtous.

            Robert Poulot n’est pas encore coureur cycliste, mais son éducation de montagnard l’a déjà fait chasseur, escaladeur et skieur. En 1959, il se classe 9ème au championnat de France juniors à La Clusaz et il intégre l’équipe de France espoirs de ski de fond. Pendant une dizaine d’années, il est champion des Pyrénées de ski de fond.

 

 

            Les débuts à vélo

 

 

            Pourtant, il a commencé les compétitions à vélo en 1958. Au ski de fond l’hiver, succèdent donc les courses cyclistes et, d’abord, le 1er Pas Dunlop à Castres. L’éliminatoire est gagnée par un certain Doléac et Robert se rappelle : « je ne connaissais rien aux courses de vélo et il y avait des chutes sans arrêt ». Ce premier vélo de course portait la marque d’un fabricant de Tarbes : « Ducos ». Il y avait cinq vitesses (14x16x19x21x23) et deux plateaux (44x50)

            En 1959, au mois de mai, Robert Poulot gagne le Prix des 2 Ponts à Bagnères-de-Bigorre. Cette année-là, dans la montée de l’Aubisque depuis les Eaux-Bonnes (12,5 km), il se classe 10ème en 44’ et se promet de revenir l’année suivante. Bien qu’encore en 3ème catégorie, il court « déjà avec les premières ».

            Comme en 1960, il gagne le Prix des jeunes à Tarbes, à nouveau la course des 2 ponts à Bagnères et le Prix du bout du pont à Tarbes, il parvient en 1ère catégorie après avoir remporté les courses de Pierrefite-Nestalas et de Coarraze-Nay et  l’étape du cicuit des gaves à Mauléon. Et, Robert nous prend à témoin : « je n’avais pas d’autre moyen de gagner des courses que de m’échapper ». Cependant, pour la montée du col d’Aubisque, le 6 septembre, après avoir allégé le vélo, hésité entre  roue libre et pignon fixe (seul point commun avec Bordeaux-Arcachon), puis choisi 47x19 ( !), il doit se contenter de la deuxième place, en 39’40’’, derrière un certain Manuel Manzano, lequel établit alors le record de l’épreuve en 37’ 50’’… Curieux rapprochement de ces deux jeunes hommes qui – à deux années de service militaire près – connaîtront chez « Mercier » et dans la compagnie d’Antonin Magne et de Raymond Poulidor, deux destins assez semblables.

 

 

            Le caporal-chef R. Poulot

 

            En effet,  il y a d’abord pour R. Poulot la période assez longue (26 mois) du service militaire. Ses résultats en ski de fond lui font intégrer l’équipe de France militaire espoirs. Mais, ça commence par un séjour de 5 mois en Algérie, du côté de Boufarik, car il est parti sous les drapeaux au mois de mai. Ensuite, c’est le retour à l’ Ecole militaire de haute montagne à Chamonix pour la saison hivernale. Robert découvre une première forme de professionnalisme avec entraînement tous les jours « au milieu des Jurassiens, Vosgiens… et le reste du monde… ». Entraînement qu’il encaisse difficilement car - dit-il – « je n’avais aucune technique ». Heureusement, après quinze jours de vacances pour Noël, à son retour, il se classe 2ème de la première course qu’il fait. Puis, pour sa première année chez les seniors, il se classe 9ème au championnat de France des 30 km et 11ème sur 15 km. Au cours de l’année 1962, sous la direction du capitaine Paganon, l’ équipe de France militaire de ski connaît une de ses meilleures saisons. Le caporal-chef R. Poulot se retrouve au milieu des Périllat, Killy, Stamos pour le ski alpin et Pires, Grospeillet, Poirot, Legrand, Burlet, Gamond… pour le ski nordique.

 

 

            Remarqué chez les amateurs et les indépendants

 

            Cependant, avant son départ sous les drapeaux, R. Poulot s’est déjà fait remarquer chez les amateurs et les indépendants, au moins en deux grandes occasions, lors de la saison 1961 :

 - le 19 mars, à Tarbes, lors du Grand Prix du Kiosque gagné par Michel Brux devant Rançon et Jules Pineau, où il se classe 6ème et premier amateur, après avoir animé la course par une longue échappée. Le journaliste (Francis Alain) le qualifie de « roi de l’Escaladieu » et décrit son aventure :

«  le long Tarbais passe très applaudi à La  Coume » avec 1’33’’ d’avance sur Brux et Gibanel… », « à Loucrup, après avoir traversé Bagnères, Poulot fonce, très frais et se retourne sur une route vide de peloton … dans la plongée sur Lourdes, une lutte inégale commence… à Adé, Poulot insiste toujours… à Ossun, face à l’aéroport, Poulot est repris ». (La nouvelle République des Hautes-Pyrénées, 20/03/1961)

 - à Montastruc-la-Conseillère, pour le G.P. d’ouverture, le Prix Pinel, il prend la 2ème place derrière Roques (Lavelanet) et devant Fava (Toulouse).

            Déjà, envoyé par son club le Velo Club Tarbais en stage de début de saison avec les « Alcyon-Leroux » du côté de Narbonne où les coups de vent font passer de 27  km/h de face à 60 km/h de dos, il s’est entendu poser la fameuse question : « d’où tu viens, toi ? »

 

 

            Le retour du service militaire

 

 

            Libéré de ses obligations militaires, c’est avec la condition physique de quelqu’un qui sort d’une saison de ski de fond qu’il renoue avec le succès en août dans une petite commune du Gers, proche des Landes, le Houga, sur un circuit de 6 km fait d’une descente, d’une montée et une redescente, devant un second, qui est l’enfant du pays et s’appelle Luis Ocana. En fin de saison, il monte à Paris pour y disputer le Grand Prix de l’Equipe et du C.V. 19ème. C’est Jean Arzé de l’ACBB qui l’emporte devant Lemeteyer, Denhez et Bodin. Robert est classé 12ème ex-aequo de ce premier peloton.

            En 1964, avec moins de 1000 km d’entraînement, il épate ses adversaires au G. Px. de Curac, dans lequel échappé avec le jeune et puissant sprinter C. Dècle, il finit seul.

Au Tour des Combrailles, à St. Eloi-les-Mines, il gagne cette épreuve par étapes en trois jours devant P. Scribante, 3.R. Gallo 4. C. Vallée 5. J. Debizon 6. M. Laforest 7. J. Prat…

A Sauveterre/Lemance, où M. Brux l’emporte devant Suire, Barrère et Dalis, il se classe 5ème, lui qui n’est surtout pas sprinter. Fin mai, à Brive où Brux gagne encore, il fait « 6 ». Entre temps il a gagné l’étape entre Barbezieux et Montendre du Tour des Charentes, dont il termine 2ème au classement général.

 

 

            « Pro » chez « Mercier »

 

 

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 A compter du 1er juin 1964, "pro" chez "MERCIER".

 

 

 

            A compter du 1er juin, d’indépendant chez « Mercier », il passe « pro » et se retrouve  dans l’équipe qui dispute le « Dauphiné libéré », en compagnie de : Annaert-Bachelot-Dalis-Gainche-Magnien-Marcarini-Poulidor-Serre et Vermeulen. Cette grande course par étapes (9) est considérée comme l’antichambre du Tour de France et il y côtoie son futur leader, Raymond Poulidor, lequel termine 2ème au général, encadré par les Espagnols : 1. Uriona…et 3. E. Martin 4. C. Gabica. Robert, quant à lui, termine 57ème juste devant S. Elliott et G. Epaud. C’est la première fois qu’il court avec les « pros » et, s’il est surpris par la vitesse lors des demi-étapes de l’après-midi, il n’hésite pas à « y aller » lors des étapes de cols, comme lors de la 6ème étape entre Annecy et Aix-les-Bains, où Bahamontès démarre, s’échappe et Robert Poulot le rejoint.

 

 

            Le Tour de France 1964

 

 

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 Le dossard du seul et unique Tour de France de R. Poulot, conservé par ses soins.

 

 

 

            Ce bon comportement incite Antonin Magne à le « prendre » pour le Tour de France. Le 22 juin à Reims, R. Poulot est au départ de son seul et unique Tour de France dans une équipe « Mercier » où il porte le dossard  20.

 

 

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 de gauche à droite : Aerenhouts, Cazala, Gainche, Genet, Hoban, Le Dissez, Melckenbeeck, Poulidor, Poulot, Van Schil, Vermeulen et A. Magne.

 

 

            Tout le monde connaît le résultat de ce Tour, épique parmi tant d’autres, et chacun a encore dans l’œil le podium où l’on voit : 1. Anquetil 2. Poulidor 3. Bahamontès. Nous sommes alors au cœur du partage de la France en deux camps : ceux qui sont pour Anquetil et ceux qui sont pour Poulidor.

            « Miroir-Sprint », dans sa parution du 14 juillet, publie une belle photo de R. Poulot avec le sous-titre suivant : « Poulot, le Pyrénéen qui s’est fait un nom dans les Alpes ». La formule est savoureuse pour qui connaît le passé de skieur de Robert. Cette première moitié du Tour s’est donc bien passée pour R. Poulot qui se révèle, alors que le duel Anquetil-Poulidor couve pendant que G. Groussard, le petit frère, porte le maillot jaune plusieurs jours.

 

 

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 "Miroir-Sprint" n°943B du 14/7/1964 : "…l'on a apprécié la qualité certaine de ce Pyrénéen dans les Alpes. Ce qui laisse des espérances pour la suite".

 

 

 

            Première désillusion

 

 

 

            C’est au cours de la 14ème étape qui mène d’Andorre à Toulouse que Robert va connaître sa première désillusion. On rappelle : du côté de Tarascon, Poulidor casse un rayon et le mécanicien « Loulou » pousse trop fort « Poupou » et/ou un nœud qui s’est dans la chaîne lors du changement de roue… ? On est au lendemain de l’épisode de l’Envalira pendant lequel Poulidor fut, un temps, maillot jaune virtuel. Quand l’incident avec le mécano se produit, ils ne sont plus qu’une vingtaine à rouler en tête vers Toulouse et Robert est le seul « Mercier » au côté de Poulidor. Anquetil, échaudé le veille, ne se fait pas prier pour rouler.

 

 

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 Sur la route de Toulouse : "l'angoisse du co-équipier au moment du changement de roue"...

  

 

De son côté, R. Poulot tente de ramener son leader. D’excellentes photos immortalisent ces événements. Parvenus à 200 m du groupe de tête (les voitures sont visibles sur les photos), Poulidor qui, selon R. Poulot, ne l’a pas relayé jusque là, plante son coéquipier (ce que montre la photo) et tente de rentrer tout seul. A l’arrivée à Toulouse : Poulidor perd 2’36’’ sur Anquetil et Robert Poulot finit seul à 11’17’’, un peu avant un peloton dont le sprint est gagné par A. Darrigade, trois minutes plus tard. Christian Laborde peut bien écrire : « il était cuit le Poulot ». Robert, quant à lui, a sa version sur le comportement de son leader.

 

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Au niveau du point de fuite de la photo, on aperçoit les dernières voitures et motos suiveuses. Mais, en "danseuse", ce n'est pas un relais que Poulidor prend à son équipier… 

 

 

 

De plus, le lendemain, R. Poulot tombe dans le Portet d’Aspet, pratiquement à l’endroit où, quelques années plus tard, F. Casartelli trouvera la mort. Il finit bon dernier à Luchon, à 17’41’’. L’étape suivante qui mène à Pau, passe dans le Soulor. « Si le Tour n’était pas passé chez moi, j’aurais abandonné, car j’étais très diminué par ma chute » (La Dépêche ,  08/07/2002).

 

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Le lendemain de sa "première désillusion", Robert Poulot est tombé dans la descente du Portet d'Aspet. Le surlendemain, il est chez lui, dans le Soulor, mais avec un mal de dos qui l'handicape, lui qui aurait voulu si bien faire...

 

 

Il termine néanmoins le Tour de France à la 47ème place sur 81 coureurs classés. A Jean-Louis Laffitte, journaliste de « La Dépêche », il déclare en 2002 : « Si je n’avais eu à m’occuper de personne, si je n’avais pas eu à attendre des coéquipiers sur crevaison, alors que je me suis retrouvé tout seul à chaque incident, je me serais  classé dans les 20 premiers ».

 

             Au mois d’août 1964, on enregistre deux résultats de R. Poulot :

 - le 17 août , à Beaulac-Bernos : 4ème derrière 1. Pauwels 2. Anglade 3. Van Schil

 - le 24 août, à Mende : 3ème derrière 1. M. Ferri 2. P. Fages

 

 

            Deuxième désillusion

 

 

            Le Tour d’Espagne 1965 sera sa deuxième désillusion.

            Cette « Vuelta », disputée alors du 29 avril au 15 mai, est remportée par R. Wolfshohl, nouvelle recrue de l’équipe « Mercier-BP » et le second (encore une fois) en est R. Poulidor, le leader de cette équipe dans laquelle se trouve donc Robert Poulot.

            Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, Robert tonne :  « paraît-il que je lui ai fait gagner le Tour Espagne ! » (à Wolfshohl). Puis, il ajoute, la voix éteinte : « et, en plus, je n’y étais pour rien ».

Jean Knauf, sur « mémoire du cyclisme », écrit : « Personne ne peut prévoir que le Tour va se jouer dans la 8ème étape, entre Benidorm et Sagunte, un parcours sans aucune difficulté ». Il s’y développe une échappée à 6 coureurs, dans laquelle se retrouvent Wolshohl et Poulot en compagnie de Van Aerde, Wuillemin, G. Garcia et A. Desmet. A l‘arrivée, leur avance sur le peloton se chiffre à 13’ 40’’. J. Knauf rapporte que Wolfshohl affirme n’avoir fait que suivre sans participer. R. Poulot nous dit ; « moi, je ne roule pas, Wolfshohl me dit : « moi, je roule, car je suis à plus de 11’ » et, comme il est plus rapide que moi je lui mène le sprint et fais 5ème ». Puis, il raconte : « rentrés à l’hôtel, après la douche, Poulidor jette le maillot de leader à Wolfshohl et, Antonin Magne, en colère, m’accuse : « vous avez roulé ! »

Il y a d’autres explications : « Poulidor est souvent en queue de peloton et dans les cassures, il faut le ramener devant sans arrêt ». Et, ce jour-là, avec deux coureurs de chez « Mercier » devant et deux autres largués, manquant d’informations sur l’échappée, A. Magne ne fait pas rouler ceux qui restent avec Poulidor, afin de limiter les dégâts.

Puis, dans le secteur de Montjuich, autour de Barcelone, Poulidor est toujours en queue de peloton quand Wolfshohl fait la course devant, s’échappe avec Jimenez et prend à nouveau 3’.

Enfin, lors de la 15ème étape, « trois ou quatre kilomètres après le départ, Le Dissez et Poulidor s’accrochent et vont au sol ». Devant, ça roule, alors A. Magne ordonne : « Attendez Poulidor ! », lequel, précise R. Poulot, « ne prend jamais un relais » et ils reviennent au bout d’environ 50 km. Là-dessus, A. Magne lui ordonne à nouveau : «  Attendez Le Dissez ! » et « il demande cela à personne d’autre que moi ». Le Dissez, qui est à 5’ derrière, s’étonne : « Pourquoi tu m’as attendu ? », cependant ils rentrent dans le peloton. Mais, Robert continue : « avant la frontière, je me fais larguer dans le col par le peloton, alors Magne me dit : « vous ne marchez pas, vous ne ferez pas le Tour de France ! ».

 

 

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 "Sage comme une image", ne dit-on pas ? Une bonne photo, bien que silencieuse, en dit souvent plus long qu'un beau discours : ici, Tonin "le sage",qui a risqué l'alliance entre la tradition (le béret) et la modernité (les lunettes enveloppantes), semble plongé dans un abîme de réflexion, pendant que l'élève Robert (en médaillon) médite sur son sort...

  

 

            Au cours de cette saison 1965, il a disputé (entre autres) :

 - le Criterium National (29-30 mars, 1. Anquetil 2. Poulidor 3. Annaert) où il se classe 41ème.  

 - le G. Px. du 80ème anniversaire de Stade Montois (24/4) : 2ème derrière Poulidor.

 - le 25 avril à Henanbihen : 2ème derrière 1. R. Delisle (3. F. Le Buhotel)

 -  du 8 au 11 juin, le « Midi Libre » qu’il termine 35ème, 50’’ derrière Poulidor classé 26ème .

 - les « Boucles de la Seine » (13/6, 1. L. Rostollan) : 15ème ex. avec Poulidor, Mastrotto…

 - le Tour du Nord (9 au 12/9, 1. Van den Eynde 2. Beuffeuil) dans une équipe « Mercier »

   constituée outre Beuffeuil,  par Aerenhouts-Boudringhin-Chappe-Hoban-Laforest-Spruyt-Van Schil.

 

 

            Le ressort est cassé

 

 

            Après ces deux déconvenues majeures, Robert Poulot va faire une dernière saison en tant que coureur cycliste professionnel, toujours chez « Mercier ». Mais, on l’imagine, quelque part le ressort est cassé.

Debut juin, il participe encore au Criterium du « Dauphiné libéré », dossard 58, dans une équipe composée de : Bodin-Bourgois-Chappe-Hoban-Ignolin-Manzano-Poulidor-Spruyt et Van Schil. L’épreuve est remportée par R. Poulidor devant deux Espagnols, Echevarria et Gabica.

Au mois d’avril, il est au Tour de l’Hérault (1. Anglade 2. Foucher 3. Ferrer). Il termine 25ème juste derrière Guy Epaud. Il est au G. Px. du « Petit Varois » (23/4), se classe 8ème de la première étape gagnée par M. Izier pour finir 13ème au général (1. Zollinger 2. C. Rigon…)

Ce même mois, à Chateauneuf-la-forêt, il se classe 4ème (1. Bellone 2.Izier 3. Gutty).

Le 14 avril, il a fini 9ème du G. Px. de La Trimouille remporté par H. Ferrer, 2. Beuffeuil…

Dans le Criterium National, prévu avec le dossard n°27 et remporté par R. Poulidor devant R. Pingeon, R. Poulot ne figure pas parmi les 41 concurrents classés.

Son meilleur résultat est une place de 2ème dans les « Boucles du bas Limousin, derrière R. Mastrotto.

Cet effacement progressif de Robert Poulot des tablettes de résultats ne fait qu’annoncer son retrait définitif en 1967 d’un milieu dans lequel « il ne se trouvait pas bien ».

 

 

            … plus quelques regrets

 

            Aujourd’hui, il donne forme à ses regrets : « je regrette de ne pas avoir été formé… (sinon)… j’aurais surpris beaucoup de monde ». C’est un milieu pour lequel il faut « savoir à quoi s’attendre, il faut connaître la donne… et les Parisiens (comme Genet) le savaient… »

Quant à l’encadrement, il a aussi déçu Robert... Il y a, bien sûr, ce mécano qui sur la route qui mène à Toulouse, pousse trop fort R. Poulidor, mais il y a aussi ce souvenir amer d’une voiture « Mercier » qui passe sans le voir, alors qu’il a cassé sa roue libre et c’est un soigneur de chez « Peugeot » qui le dépanne d’une roue (alors que c’est interdit) et, surtout, cette colère de Robert au départ de l’étape du Dauphiné à St. Etienne en 1966, quand il s’aperçoit devant A. Magne et E. Mercier que ses « deux câbles de frein sont prêts à casser… »

 

            Cette courte carrière de coureur cycliste professionnel n’aura duré que deux ans et demi, pendant lesquels Robert Poulot a néanmoins pris part à plusieurs épreuves par étapes :

            - 1 Tour de France (1964)

            - 1 Tour d’Espagne (1965)

            - 2 Criterium du « Dauphiné libéré » (1964-1966)

            - 1 « Midi Libre » (1965)

            - 1 Tour de l’Hérault (1966)

            - 1 Tour du Nord (1965).

 

 

            Parc National des Pyrénées 

 

 

            Le Parc national des Pyrénées est créé en 1967, à cheval sur les départements des Hautes-Pyrénées (région Midi-Pyrénées) et des Pyrénées-Atlantiques (région Aquitaine), sur cent kilomètres, adossé à la frontière franco-espagnole. Il est dominé par le pic du Vignemale (3298 m) et comprend le cirque de Gavarnie, classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 1998. Il est constitué de six portes qui correspondent aux six vallées :

            - Etsaut, col du Somport (Aspe)

            - Laruns, Gabas, col du Pourtalet (Ossau)

            - Arrens-Marsous (val d’Azun)

            - Cauterets

            - Luz-Ardiden-Gavarnie

            - St. Lary-Aragnouet

Robert Poulot est nommé garde du Parc national, chef de secteur responsable de la surveillance de la faune, de la flore, de la chasse et de la pêche, de la propreté et de l’entretien. C’est la reconversion idéale pour cet authentique Pyrénéen, dont les trois années de professionnalisme dans le vélo ne lui rapportent que 12 € de retraite mensuelle. Il effectue sa carrière à Cauterets, en vallée d’Ossau et à Arrens, où il renforce sa réputation de garde respecté par quelques exploits, comme ces vols en deltaplane depuis le pic du Midi de Bigorre (2805 m) pour se poser à Agos-Vidalos (405 m) et depuis Aucun jusqu’à Bosost ou cette poursuite  (gagnée) dans la descente du Soulor contre un voleur et, encore, ce triathlon des neiges à Barèges, raconté par Emile Arbes sur « velo 101.com » en 1987, à 46 ans.

 

 

            Route du Port Darré

 

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Robert Poulot, fils de "l'homme qui a tué l'ours", skieur de fond comme son père, ancien coureur cycliste professionnel puis garde respecté du Parc national des Pyrénées, ici, devant son "refuge" qu'il a bâti dans  la maison de sa grand-mère.

 

 

 

 

 

            Robert, qui vit seul désormais, nous attendait patiemment assis devant sa porte sur un pliant, devant cette bâtisse qu’il tient de sa grand-mère, qu’il a rénovée et partage avec son frère. Michel Brux, qui nous accompagnait, nous a écrit : « Quand j’ai entendu le début des renseignements pour aller chez lui, j’ai vite compris qu’il faudrait grimper assez haut pour le rencontrer et ça ne m’a pas étonné car, le connaissant, j’aurais même cru qu’il se serait installé plus haut encore ».

 

 

 

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"Mes jeunes années

courent dans la montagne

courent dans les sentiers

pleins d'oiseaux et de fleurs

Et les Pyrénées

chantent au vent d'Espagne

chantent la mélodie

qui berça mon coeur

chantent les souvenirs

de ma tendre enfance

chantent les beaux jours 

à jamais enfuis…"                         (M. Holtz et C. Trenet, 1947…chanté par les Compagnons de la chanson en 1952)

 

 

 

 

 

                                                                        je dédie ce travail à Jean-Baptiste Louis et à Alexandrine, mes grands-parents pyrénéens.



09/12/2015
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