Memovelo

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Christian CASTERA

 

 

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Christian CASTERA (1935-2010)

 

 

 

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   "… il aimait beaucoup les fleurs…"

 

          « … il ne faut pas abandonner ce que l’on a aimé ».

 

 

 Cette phrase, c’est Patrick Castéra qui l’écrit dans un texte où il rend hommage à son père décédé et qui fait écho à la rubrique nécrologique qu’a consacré Gérard Descoubes à Christian Castéra, sur le site « Sud Gironde Cyclisme ».

Mais, Patrick Castéra (l’un des trois enfants de Christian et Jacqueline, avec sa sœur Sylvie et son frère Eric) fait ici référence à l’enseignement qu’il reçoit de son père lors de l’incendie de sa maison à Rauzan, en 2003. Christian, comme toujours « prêt à aider » et, particulièrement « ses enfants », a entrepris de restaurer quelques-uns des meubles qui ont souffert du feu.

N’est-il pas remarquable qu’à ce moment le fils énonce clairement le message de son père, témoignant ainsi de l’impact du lien éducatif que Christian a tissé autour de lui ?

 

Dans cet espace ( memovelo.com ), dédié au cyclisme, à l’histoire des courses et des coureurs, nous ne pouvons qu’adopter cette phrase et nous en réclamer. Et, s’il n’est nullement dans notre propos de tenir une rubrique nécrologique, aucune hésitation ne nous a embarrassé au moment où Yves Nebut, le copain et le coéquipier (« ils étaient indissociables »), nous a proposé de rencontrer Mme Jacqueline Castéra et de « faire quelque chose sur Christian ». Cela coulait de source…

 

Une famille, un quartier…

 

Les parents de Christian tiennent une boucherie rue de la Croix blanche à Bordeaux. Christian va à l’école privée Saint Seurin. A défaut d’études secondaires, il fréquente le Collège technique, cours de la Marne, étudie la comptabilité et passe le CAP de boucher. Fils de commerçants, il peut alors aider ses parents dans leur commerce et, en retour, il bénéficie de quelques facilités pour aller s’entraîner et courir. D’autant plus que son père est un passionné de sport et de cyclisme particulièrement. Christian a aussi un frère et une soeur qui sont ses premiers supporters.

Toujours dans le quartier, un ancien coureur, Robert Pruney ( 1er Pas Dunlop Gironde 1929, 2ème de Bordeaux-Arcachon 1931, 3ème du Tour du Blayais 1932) tient un magasin de cycles, rue du Dr. Albert Barraud. Cet homme joue un rôle important dans le déroulement de la carrière de Ch. Castéra. En 1954, pour sa deuxième année de compétition, Christian est associé à Robert pour la course dite des  « Deux Générations », qu’ils remportent.

 

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Christian, ici vainqueur à Martignas sur Jalles en 1963, avec son "mentor" Robert Pruney

 

Non loin de là se dresse le Lycée de Mondenard pour jeunes filles (aujourd’hui Camille Jullian).

Parmi les élèves, il y a, en 1958, une certaine Jacqueline Prunis qui deviendra, en 1963, Mme Castéra.

 

 

1953-1955 : des « Nourrissons » à « Bordeaux- Piquey »

 

 

Dans des « petits carnets verts » retrouvés dans une boîte à gâteaux où les a rangés son grand-père, Christian Castéra a minutieusement noté ses sorties d’entraînement et ses premières courses.

L’année de ses 18 ans, il débute à l’ASPTT Bordeaux, en 1953. Il participe à 26 courses et, s’il y a sept abandons, toutes les autres fois, Christian se classe. Parfois, il ajoute ses propres commentaires voire un récit. Ainsi, pour sa première course le « circuit des Nourrissons », il tente, déjà, le « tout pour le tout », mais il est rejoint et se classe 12ème. Cependant, pour la « Revanche des Nourrissons » qui suit, il finit à la deuxième place, ce qui est déjà le signe de quelqu’un qui s’efforce de « corriger le tir ».

 

 

1954 : Pour sa deuxième année en course, C. Castéra fait ses débuts sur la piste dans les « samedis cyclistes » à Lescure, pour la « Médaille » et, aussi en poursuite et en élimination. Son activité monte à plus de 50 jours de courses et il reçoit 4 bouquets :

            à Campugnan (le 28/6)

            à Lormont (le 11/7)

            aux « 2 Générations » (le 2/8)

            à Queyrac (le 22/8)

et il est 2 fois deuxième et 7 fois troisième.

 

 

1955 : 5 victoires pour 50 jours de courses, 5 deuxièmes places et 4 de troisième. Christian est désormais classé en 1ère catégorie. Outre les prix de Coutras, Moustey ou la Glacière, il remporte le Tour du Haut-Médoc 

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  1955 : le vainqueur du Tour du Haut-Médoc et son grand-père

 

… et Bordeaux-Piquey.

Comme il en a la bonne habitude, Christian a couché par écrit son propre récit de la course. Et, c’est tout à fait prenant : (extraits)

 

« … Défilé à travers St. Augustin, départ très réussi. Gobbi n’est pas là, il fait le Dewachter. Dès le départ, Salou s’en va. C’est le signal de la bagarre…

(…) le SBUC fait une course d’équipe terrible. Ayant deux coureurs à l’avant, tous les autres derrière montent une garde impitoyable. Je tente de m’échapper plusieurs fois, mais sans succès…

(…) Devant les échappés font les primes. C’est d’ailleurs ce qui les perd car, à Lège, nous les rattrapons. A Piraillan, profitant d’une accalmie, je débouche et fonce pendant un kilomètre. Seul Debardieux du SBUC reste dans la roue…

(…) Nous passons au Cap Ferret avec 30 secondes d’avance… Après avoir fait le tour du Cap, nous prenons le chemin du retour. Il reste 12 km, nous n’apercevons pas les poursuivants. Est-ce que je vais gagner ma première course de la saison ?

(…) A l’Herbe, j’essaie de partir seul. Mais je réussis tout juste à m’épuiser…

(…) à 2 km de l’arrivée… nous sommes rattrapés. C’est fini. J’en pleurerais.

(…) Je me retourne juste pour apercevoir Salou essayant de se dégager… Je ne pense plus que je viens de me faire rattraper… que je suis en train de m’asphyxier. Je ne vois qu’une chose : un drapeau blanc qui s’agite à quelques dizaines de mètres et qui s’approche, mais à une lenteur désespérante.

(…) Encore 20 mètres, ce n’est pas possible, 10 m cette fois je suis sûr que je vais gagner ! »

 

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sous la pinède du Piquey : à gauche, le second Montaignac, au centre le vainqueur C. Castéra et à droite, Christian Lapébie, fils de Roger.

 

 

1956-1958 : le service militaire et le retour fracassant

 

 

Avant de partir effectuer son service militaire, Christian Castéra gagne quelques individuelle, élimination et poursuite et autres séries de la « Médaille », lors des « samedis cyclistes ». Il est aussi 2ème du Challenge de Guyenne (Prix Saül) qui consiste en 10 km , sur route, contre la montre. Il gagne encore la course de classement disputée entre Bordeaux-Branne et Libourne.

Incorporé le 1er mai 1956 dans l’Armée de l’Air, il va de Tours à Creil en passant par Versailles. Mais, il échappe à l’Algérie.

A Paris, où il a emmené son vélo, il s’inscrit aux JPS, participe à Paris-Ezy (16ème) et d’autres épreuves parisiennes : Nogent (11ème), Boulogne (18ème)…

Il n’est libéré de ses « obligations militaires » qu’à compter du 1/8/1958. Mais il a repris les courses dans le sud-ouest dès le mois d’avril (il est 7ème à Mosnac, le 6, 1. Vallée 2. Nebut). Quelques résultats souvent entre des parenthèses faites de crevaisons et d’abandons : à Gujan-Mestras le 2/8 : 6ème(1. Raoul Vivensang), à St. Médard de Guizières, le 12/8 : 5ème(1. Machut), à Sore, le 24/8 : 4ème (1. Bello).

Puis, « il signe son retour à la vie civile en enlevant en quelques jours les Prix de Pauillac (2. Rinco 3. Castel), de Villeréal et Bordeaux-Arcachon.

 

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comme il sied à un vainqueur de Bordeaux-Arcachon, Christian est bien entouré : par Julien Moineau et par Hubert Longau

 

 

Enfin, le 5 novembre  au vélodrome de Lescure, il est un des piliers de l’équipe de Guyenne qui devient « Championne de France Olympique » aux dépends de celle de Champagne.

 

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Vélodrome de Lescure, novembre 1958 : l'équipe de Guyenne championne de France olympique : R. Verdeun-F. Delort-Nebut-Castéra-Darnauguilhem-A. Delort-Bale-M. Bannes...et, déjà, la relève : J. Suire, champion de France des cadets.

 

 

1959-1960-1961 : les années « fastes », vers la maturité…

 

 

Après ce « retour fracassant », Christian Castéra a pris place parmi les grands coursiers régionaux et il va, au cours d’une saison 1959 complète (plus de 70 jours de courses), confirmer cela  par 6 victoires, 3 places de deuxième et 4 de quatrième.

 

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  "le père Garay", parfois présenté comme "le pionnier des speakers", il appelait Christian "le prince Castéra" pour sa tenue et sa "religion" des socquettes blanches...

  

Avec son désormais coéquipier des « Girondins de Bordeaux », Yves Nebut, ils entament leur règne lors des « samedis cyclistes » dans les « américaines » (15, 25, 30 km). En poursuite, il s’affirme malgré Graffeuil, rélisant 4’8’’ 1/5 aux 3 km.

Puis, il est sur la route : Bayonne, Prix Martini des Girondins, Mont-de-Marsan, Anglet, Mosnac/Seugne…

Le 27 avril, au Tondu, il remporte le 14ème Prix Cazé devant Deloche, Garbay, Castel et De Santi. Il gagne ensuite le VIIème Bordeaux-Arès (120 km en 2h 58’) devant Lesbats et Augustin.

Le 8 mai, lors du Grand Prix de la Victoire à Libourne (1.R. Vidal, 160 km en 4h 17’ 2’’), il est 3ème derrière Gino Campaner et devant son ami Nebut.

Le 17 mai, pour le G.P. Martini à Bordeaux, ils inversent leurs positions, derrière Jouglin 1er et Dihars 2ème : 3.Nebut 4. Castéra 5. Bonnecaze 6. De Santi.

Le 14 juin, Christian gagne le G.P. de Bords (115 km en 2h 45’ 18’’) devant Friou et Poirier.La veille, à Rochefort/mer, dans le circuit de l’Echauguette gagné par R. Verdeun devant M. Bertrand, il est 3ème devant G.Augustin.

A St. Pierre-du-Mont (35 fois la côte), le premier est - bien sûr – Manuel Manzano devant R. Abadie, mais Chritian se classe 5ème devant Cigano.

Au G.P. de Caudéran, il est deuxième derrière Marcel Sevilla.

Lors du championnat  des sociétés, sur route contre la montre, l’équipe des Girondins avec Gandin-Nebut-Augustin-Castéra-Coutant n’est que 4ème d’une épreuve gagnée par l’ASPTT de Bordeaux (Deloche-Bonnecaze-Pascal-Loiseau-Dihars).

La réussite vient le 5 juillet à Parentis dans le championnat de Guyenne sur route amateurs :

                                                1. Castéra  160 km en 3h 42’ 6’’

                                                2. Panizzon

                                                3. Branas

                                                4. Bonnecaze

Ce titre envoie Christian au championnat de France, à Morlaix, le 26 juillet. Le vainqueur s’appelle Claude Sauvage (IdF) les 170 km en 4h 49’ 48’’ devant J.CL. Lebaube (Normandie). Pour la Guyenne, Michel Brux est 4ème et C. Castéra se classe 8ème.

Entre temps, les « duettistes » (Nebut-Castéra) ont subi la loi du couple sabiste R. Verdeun-C. Garbay dans l’américaine (25 km) de la réunion d’attente du Tour de France au vélodrome municipal de Bordeaux.

Au mois d’août, ils sont au Portugal (1-20/8) en compagnie de Coutant-Augustin-Gandin-Chaumont, l’équipe des Girondins arborant les couleurs du Lycée français de Lisbonne sous la conduite de P. Requet. Christian, 6ème de la 3ème étape, abandonne dans la 8ème, rebuté comme ses camarades par les conditions de nourriture et d’hébergement, non sans être entré en contact avec un attelage muletier.

De son passage estival en Corrèze, il ramène une deuxième place au G. P. de Seilhac derrière G.Picot.

En septembre, il est le 2ème de M. El Gourch au Prix du Comice de Mussidan, puis 10ème à St. Martin d’Ary (1. Darrodes) et 11ème de Bordeaux-Marmande (1.M. Brux).

 

1960 :

La saison 1960 est, ici, condensée en un seul tableau qui sépare les activités de la piste et de la route, plaçant en exergue les 5 grandes victoires de cette année-là :

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Champion de Guyenne de poursuite, Lescure, juin 1960, entre Melle Verdeun et M. Lathière (au fond et à droite, B. Sanz et R. Dutein).

 

                                                . Champion de Guyenne de poursuite

                                                . Grand Prix de la Victoire à Libourne

                                                . Grand Prix de la ville de Mérignac

                                                . Grand Prix de St. Ciers/Gironde

                                                . Grand Prix de Reignac de Blaye

 

            sur piste :

                                    - samedi cycliste 1 : individuelle 10 km : 1er  (2. Bale)

                                    - samedi cycliste 2 : indiv.           20 km : 1er  (2. Desbat 3. Deloche)

                                    - samedi cycliste 3 : indiv.           20 km ; 1er  (2. Desplat)

                                    - Saintes (réunion d’attente) : 1er élimination (2. Nebut)

                                    - Rochefort/mer : 5ème avec Nebut américaine (1. Terruzzi-Derksen)

                                    - St. Pierre s’Oléron : 1er individuelle (2. Garbay 3. Trochut)

                                    - Cercoux : 1er élimination et américaine avec Nebut

                                    - Toulouse : 1er élimination (2. Gonzalès)

 

            sur route :

 

 

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 Ville de Mérignac : toujours bien entouré, (de g. à d.) René Berton, M. le Maire R. Brettes et…Melle Loustau-Carrère

 

                                    - le Tondu : 2ème (1. R. Gandin)

                                    - Cognac : 4ème (1. F. Delort)

                                    - CA Bèglais : 6ème (1. C. Dècle)

                                    - BX.-Clérac : 6ème (1. C. Castel)

                                    - Ch. Guyenne sociétés route : 3ème (1. UCD Villeneuve)

                                    - Meschers : 4ème (1. G. Latour)

                                    - Villandraut : 3ème (1. M. Gonzalès)

                                    - Royan (individuelle nocturne) : 1er (2. Nebut 3. Trochut)

                                    - Andernos : 7ème (1. Biesa)

                                    - Bergerac : 3ème (1. Bouzou)

                                    - Mimizan-plage : 5ème (1. M. Gonzalès)

                                    - Pessac : 5ème (1. A. Delort)

                                    - Gujan-Mestras : 4ème (1. F. Delort)

                                    - Mousteys : 6ème (1. R. Vivensang)

                                    - Saugon : 2ème (1. Garbay)

                                    - St. Martin d’Ary : 8ème (1. F. Delort)

                                    - Cercoux : 2ème (1. Augé)

                                    - Tonneins : 5ème (1. Ferreira)

                                    - Verdot : 4ème (1. Palet)

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  Péreuil, début de saison en Charente : dans la côte le peloton s'étire, Christian devant, dans sa roue  Urbaniak et M. Duvert.

 

L’ensemble comptabilise une trentaine de places dans les dix premiers.

 

 

1961 :

Février-Mars : ce sont les « samedis populaires ». Christian participe à tout : vitesse-handicap-poursuite-individuelle.
Début mars, par exemple, après  avoir disputé la vitesse (3. derrière Nebut et Bale), puis la poursuite (2ème derrière Manzano 4’ 4’’ 3/10, lui en 4’ 8’’ 2/10), il gagne l’individuelle de 30 km devant Dal Sié et Poletto.

Le 19 mars, dans Bordeaux-Saintes, après s’être échappé dans la première partie du parcours, il est classé 12ème ex-aequo de cette course gagnée par F. Delort. Le lendemain, il est à Curac (1. G. Epaud), puis il enchaîne avec Ruffec : 2ème (1. Moussard) et le Pas d’Ozelle : 4ème (1. Barbe).

Puis, la saison s’écrit comme suit :

            Avril : - St. Ciers/Gironde : 2ème (1. M. Gonzalès)

                        - le Gua

                        - St. Seurin de Cursac : 4ème (1. C. Castel)

                        - le Tondu : 1er

                        - G. P. de l’Economie à Rennes

 

            Mai :   - Saintes ronde de St. Palais : 1er 

                        - Libourne Px. de la Victoire : 5ème (1. Jouglin)

                        - Taillebourg

                        - Blaye, Pechiney-Progil : 1er

                        - St. Pierre d’Oléron (piste) : 1er individuelle, 2ème à l’américaine

                        - Bordeaux-Clérac : 1er

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 St Aulaye : "démarrage en côte"...

 

            Juin :   - Talence : 2ème (1. Nebut)

                        - St. Médard en Jalles : 6ème (1. Yparraguire)

                        - Calteau d’Oléron : chute

                        - Chef-Boutonne : 1er

                        - Ch. de Guyenne de poursuite : 2ème en 5’ 28’’ (1. Suire 5’ 22’’ 1/5)

 

            Juillet : - Ch. Guyenne poursuite/sociétés : 2ème (Nebut-Masme-Gava) (1. SAB)

                        - Saujon : 6ème (1. Nebut)

                        - Bx. Vélodrome (réunion attente du TdF.) : 6ème individuelle (1.Nebut)

                        - G.P. CA Bèglais : 1er (2. Cousseau 3. Dal Sié)

 

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  16ème  Grand Prix du CA Bèglais    =  1. Castéra  2. Cousseau  3. Dal Sie

 

                        - Ste Livrade (nocturne) : 6ème (1. Ben Brahim)

                        - Pessac : 1er

                        - Pont Neuf-La Rochelle : 2ème (1. C. Vallée)

 

            Août :  - Ste Foy-la-Grande

                        - St. Ciers/Gironde : 1er

                        - Royan, Crit. Inter. : 7ème (1. Batan)

                        - Montpon (nocturne) : 7ème (1.R. Fournier)

                        - Matha : 3ème  (1.C. Paillier)

                        - Ste Livrade : 4ème (1. R. Vidal)

                        - St. Georges de Didonne

 

Au terme de quoi, la section cycliste des « Girondins de Bordeaux » peut fêter ses coureurs (il y a alors 36 licenciés) pour les 103 victoires glanées (71 sur route et 32 sur piste). Si Valentin Huot (ex-double champion de France qui vient de terminer le Tour à la 39ème place) a été choisi comme « chef de file » et si Joseph Paré qui a gagné 22 courses (dont 18 échappé) semble être « un des meilleurs atouts du cyclisme en Gironde, sinon de la Guyenne », Christian Castéra avec 9 bouquets sur la route conduit une équipe solide composée de Serge Poletto, Guerino de Nadaï, Yves Nebut, JP. Goueytes et Claude Coutant.

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  Restaurant rue Huguerie : les cyclistes des  Girondins de Bordeaux à table : Paré-Goueytes-Huot-Castéra et à droite : Leblanc-Masme-Nebut-Augustin...

 

Et, la presse ne laisse planer aucun doute : « Briller sur le plan régional suffit à l’ambition de Castéra ». Le journaliste s’aventure même à écrire : « ne vaut-il pas mieux être un des rois de sa contrée plutôt que valet en d’autres lieux ? » se

 

 

1962 : l’année « sans »

 

 

Nous avons, ici et à plusieurs reprises, évoqué et observé la catégorie des « indépendants ». Il faut se rappeler les déclarations du nouveau DTN, le commandant Richard Marillier à propos de cette catégorie de coureurs, au moment où il prend ses fonctions (1969) : « Plus de 400 coureurs détenteurs d’une licence amateur vivent du vélo, en grande partie, et gagnent plus d’un million d’anciens francs dans leur saison ». (Cyclisme, n°17, janvier 1970)

Ces considérations, relayées par quelques « leaders » chez les « pros », aboutiront à la suppression de cette catégorie qui avait justement été créée pour « courir avec les pros » au début du XXème siècle (cf. Gaston Bénac in « Sports » 15/08/1913).

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Bordeaux-Saintes 1962 : dans les côtes charentaises, Christian à l'attaque poursuivi par P. Beuffeuil

 

Toujours est-il que Christian Castéra – certes, fils de commerçant, ce qui lui octroît quelques facilités – bien qu’ « indépendant » et vainqueur de quelques « belles courses » et de deux titres de champion de Guyenne (route amateurs 1959 et, sur piste, en poursuite 1960), n’a pas perdu de vue cette impérieuse nécessité : « il faut un métier pour gagner sa vie ». A 27 ans, il a choisi de devenir  « moniteur d’auto-école » et il va créer sa propre entreprise à Mérignac-Pichey, qui s’appellera « le Girondin » et où il opèrera pendant 20 ans.

Son futur mariage avec Jacqueline Prunis (en 1963) confirme aussi « ce passage vers une autre vie » qui, pour certains coureurs, s’avère périlleux.

L’auteur d’un article intitulé : « A quelque temps de se marier Christian Castéra veut effacer de sa mémoire la saison cycliste 1962 », écrit : « Que se passe-t-il en 1962 ..?  tout au long de la saison on ne reconnut pas l’habituel Castéra… il lui manquait la confiance et le moral plus encore que la condition physique… seules des deuxièmes places à Parentis et à Léogeats furent notables ».

Ultime observation, mais peut-être pas la moindre : 1962, c’est l’année où Yves Nebut arrête.

 

 

1963 : ses dernières victoires et l’arrêt en 1964

 

 

Au cours de la saison 1963, Christian Castéra renoue avec la victoire à Bergerac, Montcarret, Mérignac et Martignas.

L’un de ses meilleurs souvenirs sera longtemps sa victoire à Bergerac, dans la nocturne du commerce et de l’industrie, où son second s’appelle Roger Darrigade.

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 Bergerac :Christian vainqueur, heureux , et le sourire est sur tous les visages, même celui de Roger Darrigade que, pourtant, Jacqueline Castéra semble vouloir consoler...

 

C’est aussi l’année de son mariage avec Jacqueline, la lycéenne de de Mondenard qui, avec sa copine Françoise Escarpit, allait assister aux « samedis cyclistes » pour y voir pédaler le fils du boucher de la rue de la Croix Blanche, qu’elles croisaient sur son vélo de livreur du côté de chez Robert Pruney, rue Albert Barraud.

« La France », le 5 juillet 1964, publie une photo du « jeune couple » qui « pose avec un visible plaisir tenant son bébé : Sylvie, quelques mois à peine ». Le titre de l’article est : « Après soixante-dix victoires Christian Castéra « raccroche »… en attendant de devenir dirigeant ». Le journaliste formule le problème qui s’est posé à Christian : « prisonnier de l’affaire qu’il a montée et ne pouvant se résoudre à demeurer un figurant… conséquence d’un manque flagrant d’entraînement…(il) a préféré « raccrocher ». A 29 ans et après 8 saisons de compétitions.

Selon Jacqueline Castéra, il n’a jamais souhaité devenir dirigeant cycliste, même s’il s’est occupé un temps (1965-66) d’un jeune coureur : André Callonec. «  Ce sport étant très exigeant, il n’a jamais souhaité que ses deux garçons le pratiquent » et elle ajoute : « il n’a jamais parlé de ça à ses enfants ».

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 André Callonnec, le seul élève que Christian Castéra ait "tutoré", lui qui "n'a pas souhaité que ses deux garçons fassent du cyclisme…"

 

       Reconversion professionnelle et investissement familial :

 

 

« Kiki » que les articles décrivent comme « un garçon charmant », « l’un des plus attachants « sujets » du cyclisme de la Gironde voire comme « un excellent camarade », est d’abord un timide, un peu renfermé, à l’abord un peu froid. Mais, après… c’est un homme courageux qui a retenu les leçons de ses maîtres de l’école St. Seurin. Très adroit de ses mains, toujours occupé et prêt à rendre service.

Parallèlement à son métier à l’auto-école, il entreprend, dès 1966, la construction de sa propre maison à Mérignac. Avec Raymond Ferreira, son copain du SBUC, maçon de métier, il construit pendant quatre ans, pour l’habiter à Noël 1970.

De ses vacances à la ferme de ses cousins en Corrèze du côté de Chamboulive, il a conservé le goût de la nature et des randonnées à vélo sur les chemins caillouteux. A partir de 1976, toujours avec des copains, il entreprend la rénovation de la gare de Chalaux.

En 1981, lassé par des horaires qui ne lui permettent pas d’être suffisamment avec ses enfants, il met fin à l’auto-école et il a l’opportunité d’entrer à la SEP, où il reste 10 ans.

A partir de 1991 et des premiers moments de la retraite, il aide ses enfants à construire leur maison. Il « bosse » tout le temps dans son atelier d’ébéniste. Six petits-enfants (« son rayon de soleil ») l’en font sortir pour des promenades et des jeux.

Il est parti le 27 avril 2010, sans avoir accompli tous les projets qu'il avait.

 

 

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  Jacqueline et Christian Castéra

 

                  

                                   

                                   

                     

                         

 



28/10/2013
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