Memovelo

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Mario SANDONA

 

 

 

 

 

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 1960 : un an après son retour du service militaire, Mario Sandona intégre l'effectif des "indés" des cycles "Mercier".

             Ici, il remporte le Grand Prix de la St. Médard à Mont-de-Marsan, le 6 juin.

 

  

 

Dax, banquet de l’amicale des anciens coureurs cyclistes landais, le nombre des convives est impressionnant, beaucoup sont endimanchés. Quelqu’un me présente un assez grand gaillard, bronzé, vêtu légèrement : Mario Sandona. Je tente de faire bonne figure et récite, machinalement : « Parentis-Sports ! » Mario m’explique alors qu’il n’est pas landais, mais béarnais…

En effet, Mario est né au début de l’année 1936 à Pau. Il est le fils de Mariano et de Lucia, immigrés italiens originaires de la province de Vénétie. La famille s’installe du côté d’Izeste et d’Arudy, le travail est partagé entre la ferme et l’usine. A quatre ans et demi, Mario  s’attache aux petits chevaux. Il est chargé de conduire un poney auprès d’une personne handicapée qui l’attelle ensuite  pour se déplacer.

Puis, il est apprenti tourneur. Mais, c’est en coupant du bois et des branchages qu’il réunit les sous pour s’acheter son premier vélo de course. Pour cela, il a dû « faire » 33 stères !

Chaque jour, il va travailler en vélo jusqu’à Laruns. Les trajets en vallée d’Ossau et, bientôt, les routes du bois du Bager le conduisent vers le sport cycliste, dans lequel il débute en 1954 à l’U.C. Arudy.

Cet homme va être coureur cycliste de 1954 à 1965, soit une dizaine d’années. Mais, il va connaître - au moins – deux autres vies :  il est ensuite antiquaire-brocanteur, puis marin-navigateur.

 

Le coureur 

 

L’année de ses débuts en 1954, il termine 2ème du Grand Prix de la Gare à Oloron- Ste Marie derrière un certain R. Mastrotto. Raymond, dit « le taureau de Nay », est né en 1934, la même année que Robert Cazala. Vers le milieu des années 50 et au début des années 60, le cyclisme béarnais réunit de nombreux talents : René Abadie (né en 1935), Raymond Batan (1935), Arnaud Geyre (1935), Robert Gibanel (1932), Gérard Loustalot (1933), Guy Planas (1932), Pierre Poutou (1935)… auxquels il faut adjoindre deux coureurs un peu plus âgés : Luis Goya-Picassari (1926-1962) et Marcel Queheille (né en 1930, « pro » en 1958).

Lors de ses trois premières saisons, licencié à l’Union Cycliste Arudyenne, Mario Sandona porte les couleurs de la marque de cycles « Elvish ». Un article daté du « 23 Guigno 1955 » (par ses parents), qui rend hommage aux coureurs arudyens, raconte : « La victoire a voulu lui sourire , on peut dire qu’elle était parfaitement méritée, car elle échappait depuis longtemps au gentil Mario Sandona ». Il s’agit du G. Px. Sintax à Dax (1er, les 100km en 2h 32’, 2. Moreau 2. Comet 4. Anneron 5. Mendibril…), qui un an après , jour pour jour, est sa deuxième victoire après une belle série de places d’honneur. D’autres victoires suivront (Arengosse, Salies-de-Béarn, Arthez-de-Béarn…). A Pau, pour la réunion d’attente du Tour de France où sont programmées les épreuves suivantes : vitesse – élimination – individuelle aux points, Mario retrouve les frères Tomassi, Poutou, A. Coste, Planas, Abadie, Gibanel, Queheille, Batan, Goya et Mastrotto. Il remporte l’épreuve de vitesse devant Sanson et Laffargue.

  

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1956, course du printemps à Arudy, le sprint à l'arrivée pour la 4ème place  met aux prises de gauche à droite :

Planas, Sandona, Laffargue, Geyre masquant Poutou et Gibanel.

 

 

En 1956, Mario Sandona obtient deux succès particulièrement particulièrement signifiants :

 - le VIème G.Px. Figarol-Mirasol-Cenac, à Tarbes. Au 8ème tour, 5 coureurs sont échappés : Geyre, Mastrotto, Dubarry, Arné, Laporte-Fauret. Ensuite, on note l’abandon de Cazala et celui de Mastrotto. Puis, 4 coureurs sont devant : Batan, Poutou, Laporte-Fauret et Melat. Au 16ème tour, il n’y a plus que 11 coureurs en course. Poutou s’échappe alors au 20ème tour, mais Sandona le rejoint. A l’arrivée :  1. Mario Sandona (Arudy) 100 km en 2h 28’ (sur cycles Elvish, agt. Arrix à Arudy) 2. René Sarrat 3. Laporte-Fauret à 12’’ 4. Batan…

 

 

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 1956 : alors qu'il est question de "Route de France" pour Laporte-Fauret et de Jeux Olympiques pour Geyre et Mastrotto,

voici quelques "autres" jeunes avant le départ du Prix Lapasserie : Pélisson, Pétré, Sandona et Bahurlet (de g. à d.)

 

 

 - Mario vient courir le 29ème G. Px. du V.C. Bastidien. Il y a 146 coureurs au départ d’un parcours qui va de Bordeaux à Blaye, puis retour. Echappé à Carbon-Blanc, Mario lâche Lino Cesa et arrive en solitaire en haut de Monrepos : 1. Mario Sandona, les 95 km en 2h 25’ 2. Robertou (CAM) 3. Bely (Floirac) 4. Ventre (SAB) 5. Chaîne (Blaye) 6. Taleyrand (Lormont) 7. Heugas (SCAL) 8. Sanchez (le Jard-Mérignac) 10. Richet (Coutras)…

Mario gagne encore à Ibos et monte en 1ère catégorie en fin de saison.

 

« Dans ce temps-là », à 20 ans, c’est l’heure du service militaire. C’est aussi la période de la « guerre d’Algérie », l’addition pour Mario – comme pour beaucoup d’autres – est lourde : 28 mois. Cela commence chez les « paras » à Montauban, mais après une mauvaise réception lors d’un saut et un genou qui lâche, Mario se retrouve au 24ème régiment d’infanterie coloniale, là-bas dans les Aurès, à 175 km de Biskra. Au cours des opérations dans le Sahara, sous le soleil brûlant, Mario découvre les mirages. Lors des campements , la nuit dans la montagne, il est saisi par les différences de température. Dans une lettre à ses parents, il ne réclame que « du chocolat en tablettes. C’est tout, merci ».

En 2012, pour la commémoration du 8 mai 1945, le lieutenant-colonel Gilles Prost a remis la médaille militaire à Mario Sandona, ancien combattant âgé de 76 ans.

 

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      Gan, 2012 : cérémonie pour la commémoration du 8 mai 1945, Mario Sandona reçoit la médaille militaire.

 

  

1959

 

Après 32 mois d’absence des pelotons cyclistes, Mario Sandona fait une rentrée victorieuse au Grand Prix cycliste du F.C. Oloron. Puis, il signe « un remarquable triplé , à Arudy et deux fois coup sur coup à Bayonne ». Et, sous la photo qui le montre desserrant son cale-pied après avoir franchi la ligne, le journaliste a écrit : « Quel dommage que Mario Sandona n’ait pas été sélectionné pour la Route de France afin de jauger de sa vraie valeur ».

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"Mario Sandona aurait mérité la Route de France", tel est le titre de cette photo parue dans le journal. 

Arudy, 1959 : avec 4' d'avance, devant les copains, Dédé Pucheu, Pascal Gonzalès, M. Jacquot, "Paqui"…etc.

  

Au cours de cette saison, Sandona collectionne 12 victoires et il est 27 fois dans les 10 premiers. Il porte encore le maillot des cycles « Elvish », mais il est maintenant licencié au CC Béarnais, en compagnie de Petré, Morionès, Desdions et Sanchette.

Parmi ses succès, il y a d’abord un triplé sur la côte Basque :

 - Bayonne, le samedi, « les allées marines » : 1. Mario Sandona, détaché, les 110 km en 2h 57’ (sur cycles Peugeot, agt. Léon Autaa à Artix)  2. Mendiola 3. Dubourdieu 4. Capdeboscq

 - Bayonne, le dimanche, IIème Prix des vêtements Thiéry : 1. Sandona 2. Planas 3. Croissan 4. Poutou 5. R. Vivensang

 - Hendaye, Prix des 3 Présidents : 1. Sandona 2. Gonzalès 3. Biesa 4. J. Vivensang

Il remporte aussi le Vème Prix des fêtes de Monguilhem devant Battiston (Lectoure), Cabianca  (Villeneuve/Lot), Miam ( Auch), Parailloux (Bon-Encontre).

Il gagne encore à Estang, à Arudy, à Ibos (2. Moujica 3. Vallée 4. Brux), à St. Jean-Pied-de-Port (2. Laffite 3. Maidon 4. Capdepuy 5. Labat 6. Broustaut), le 27 juillet à St. Vincent-de-Tyrosse(2. Poutou 3.J. Vivensang 4. Abadie 5. Laffite 6. Labat 7. Dubourdieu 8. Batan). Une semaine avant, il se classe 5ème à Artix dans une course gagnée par A. Gratton devant Briscadieu, Poutou, d’Agnolo, puis Planas, Robert Vivensang, Batan, Gibanel, Vasquez… A Mont-de-Marsan, pour le Prix Siadnal, il figure dans un classement édifiant : 1. Ferreira (Sbuc) 2. Bello (Nérac) 3. Montaut (Agen) 4. Poutou (Pau) à 17’’ 5. El Gourch (Sbuc) 6 Colomina (Marmande) 7. Sandona (CCB) à 38’’ 8. Planas (Pau) 9. Deloche (Asptt Bx.)…

 

1960

 

Au terme de la saison 1959, conseillé par Guerino Cassol, il intégre l’effectif des « indés » des cycles « MERCIER ». Mario a 24 ans, un âge charnière, et il participe à trois grandes course par étapes : Tour d’Andalousie, de l’Ariège, du Roussillon.

Au Tour d’Andalousie gagné par Gabriel Mas devant Gomez del Moral, il y a 60 coureurs au départ et, seulement, 35 à l’arrivée. Aucun des coureurs de l’Equipe de France qui y a été invitée ne figure. C’étaient : n°57 Vivensang R. , 58 Domagé B. 59 Iparraguire N. 60 Sandona M. 61 Lecaeslis.

Le Vème Tour de l’Ariège, les 6-7-8 mai, se dispute en trois étapes pour 694 km et mélange « pros » et « indés ». Il va de Pamiers à Lavelanet en passant par St. Girons et St. Gaudens. C’est René Abadie qui l’emporte devant Varnajo et Lavergne.

Lors de la première étape, après le col du Portet d’Aspet, Marcel Queheille est échappé et, derrière lui, 9 hommes vont se disputer la seconde place. 30 km avant l’arrivée, Mario casse sa roue avant. C’est une épreuve individuelle, il est obligé d’attendre le dépannage. Loustalot vient à passer qui lui cède sa roue. Mario repart et comble 2’20’’ pour prendre la 10ème place à Saint-Gaudens. Au départ de la deuxième étape, le lendemain matin, un commissaire se plante devant lui et lui ordonne d’aller « se rhabiller ». Mario est d’autant plus en colère qu’il est notoire que certains coureurs, qui ont terminé accrochés à des voitures publicitaires, ont été classés ! C’est, d’ailleurs, la dernière édition du Tour de l’Ariège.

Le IVème Tour du Roussillon se dispute trois semaines plus tard. 56 coureurs prennent le départ à Perpignan pour 603 km à travers l’Ariège et les Pyrénées orientales. Mario Sandona fait partie d’une équipe baptisée « Bordeaux-Gascogne », dirigée par Julien Moineau, comprenant 8 coureurs : Capdeboscq – Friou – Gibanel – Jouglin – Lacassies – Manzano – Poutou – Sandona. La première étape qui va de Perpignan à Ax-les-Thermes est gagnée par Mario Sandona devant Robert Gibanel, le troisième s’appelle Perez-Francès et le quatrième Prodoscimi. Le journal « l’Indépendant » (co -organisateur avec le foyer Léo-Lagrange de Perpignan) évoque « la revanche sur la malchance pour Sandona » (cf. Tour de l’Ariège), mais il témoigne aussi de l’indignation de Julien Moineau suite à l’abandon  (pour des « motifs divers ») de 4 de ses coureurs (Jouglin, Manzano, Lacassies, Poutou). Lors de la deuxième étape, Mario Sandona, porteur du maillot blanc de leader, est victime d’un saut de chaîne au moment du sprint d’arrivée. Il chute et termine en course à pied. Le maillot est perdu et Mario, déçu, finit 25ème du classement général de ce Tour du Roussillon remporté par l’Espagnol Perez-Francès (futur 3ème du Tour de France 1963) devant Prodoscimi, après que Gibanel (5ème au général) ait gagné à Fonfrède, puis remporté le Challenge de la Montagne.

 

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2ème étape du Tour du Roussillon : à 250 m de la ligne, la chaîne saute, Mario chute, se relève et finit en course à pied !

Avec le maillot de leader et, pour ceux qui aiment l'anatomie, un magnifique quadriceps ! 

 

 

Trois belles victoires s’ajoutent à ces « faits d’armes » : le Prix de la St. Médard à Mont-de-Marsan, le Prix Lapasserie à Périgueux et le Prix de Monlezun d’Armagnac,

 - Mont-de-Marsan : 2. Rançon  3. Dalis

 - Périgueux : 2. Walryck  3. Archambaud

 - Monlezun d’Armagnac : 2. Gibanel à un boyau  3. Colomina

 

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Devant le grand magasin, Mario bat les Périgourdins chez eux pour le G.Px. Lapasserie  (2. Walryck 3. Archambaud) 

  

 

Mario est aussi 2ème à Tarnos (1. Montero) et à Sauveterre de Béarn (1. Morionès), puis 3ème à Dax-la Grande Maison (1. Biesa 2. Goya), à Montignac-Vauclaire (1. Gibanel 2. Goya)…

 

1961

 

Deux changement s’opèrent au seuil de cette nouvelle saison :

- si A. Magne a renouvelé le contrat de Mario avec les cycles « Mercier », Sandona porte désormais le maillot jaune-parements bleus avec l’inscription « L. Bobet-BP ».

- déçu de pas avoir été entendu par M. Lapasserie (son dirigeant au Cyclo Club Béarnais) lors de sa demande d’indemnités, Mario Sandona signe au « Parentis-Sports » de M. René Laluque.

Une dizaine de succès balise cette année, parmi lesquels :

 - Villandraut : 1. M. Sandona  2. A. Bello  3. Pascouau

 - Hendaye-Prix JP. Dominique : 1. Sandona  2. Pascouau  3. Bourassié

 - Morcenx : 1. Sandona  2. Loustalot   3. Bello

 - Langon : 1. Sandona  2. Ferreira  3. Tomasello

 - Aureilhan : 1. Sandona  2. Sarrat  3. Rançon

Le 8 octobre, à Oloron, il chute dans la descente de Lurbe-St. Christau, mais à Tarbes, pour le Prix Ste. Thérèse, deux semaines plus tard, il se classe 2ème derrière Michel Brux et devant André Lesca. 2ème, il l’est aussi à Parentis (1. Bello…3. A. Sastre), à Luxey derrière Fontagnères et à Moustey derrière Bello. Auparavant, il avait terminé 3ème du championnat de Guyenne sur route des « indés » (1. Poutou 2. Guiral), puis, à Pau, pour le championnat de France remporté par Claude Mazeaud (208 km, 135 partants), il se classe 6ème et premier  représentant de la Guyenne.

 

 

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Langon : Mario met de la distance entre lui et le second Ferreira... 

 

 

Les courriers d’Antonin Magne :

 

 

Dans ses archives, Mario Sandona a conservé une vingtaine de lettres en provenance du « service des courses » des cycles « Mercier » à St. Etienne, pour la plupart signées par Antonin Magne, le directeur sportif. Le papier à entête porte la fameuse maxime : « La gloire n’est jamais où la vertu n’est pas ».

De février 1960 à 1962, A. Magne règle des problèmes administratifs ou financiers avec son coureur : prêt ou vente de matériel (vélos, maillots, boyaux…), primes kilométriques, engagement sur telle ou telle course, reconduction de contrat…etc.

En fait, M. Magne « garde ses distances », comme si, de toute manière, le coureur devait, seul, affronter ses responsabilités. Ce qui, dans le cas du sport cycliste, n’est peut-être pas si mal pensé que cela.

Concernant Mario Sandona, les sujets du poids, de l’alimentation et de l’entraînement  sont régulièrement abordés. « 78 kg. » est un poids « trop élevé », « vous » devriez tendre vers « 72-74 kg ». Un peu plus tard, A. Magne insiste, tout en accentuant la pression : « 72,5-73,5 kg ». Pour la montagne, il faut « éliminer toute graisse superflue ». Côté alimentation, il faut « éviter le gras » et « pas de viande au repas du soir ». Pour ce qui est de l’entraînement, dès février 1960, Antonin Magne plante le décor : «  vous avez la chance d’être au pied des montagnes pyrénéennes ». Ensuite, la proposition est simple : « chaque fois que possible… bien entendu avec le plus petit braquet possible, l’Aubisque » et, comme l’ancien champion connaît bien la région : « par les Eaux-Bonnes… plus 70-80 km pour revenir chez vous ». Puis, « un jour de repos », et, le lendemain, faire « le circuit du Tourmalet par Lourdes et Luz St. Sauveur » (qui) « peut se continuer par Bagnères de Bigorre » ( !).

Quand Mario Sandona s’adresse au « conseiller » pour lui demander son avis au sujet de l’emploi de fortifiants, la réponse est sans appel : « vous possédez toutes les forces vives… sans pour cela vous intoxiquer par un fortifiant quelconque… » Plus mystérieuse cependant, cette demande agrafée à la lettre : « Prière de m’adresser une petite touffe de cheveux », voire ce post-scriptum : « les plantes de ce régime vous sont adressées directement et contre remboursement ».

 

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      Quelques papiers à entête, qui jalonnent la carrière de Mario, coureur cycliste : de Léon Autaa à René Laluque, en passant par Julien Moineau...

 

 

 

1962

  

 

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 D' Arudy à Laruns ou à Oloron-Ste Marie, ça monte et ça descend, ça tourne et ça vire : Mario n'était pas qu'un sprinteur !

 

 

« Parentis-Sports », qui s’est privé d’A. Bello en raison de « ses exigences financières », choisit M. Sandona comme chef de file pour l’année 1962 et enregistre la venue de Claude Cousseau (champion de France des débutants en 1955, l’année du triplé dacquois, avec André Darrigade chez les « pros » et son frère, Roger chez les amateurs).

Deux beaux succès dominent la saison de M. Sandona :

 - le 23 juin, à Aigre (16) pour le XX° circuit : 1. Sandona 2. A. Dupré 3. C. Castel 4. Audaire

 - le surlendemain, à Gourdon (46) : 1. M. Sandona 2. M. Bertrand 3. Ben Brahim 4. Rançon 5. Coulomb…

Pour le Prix du Muguet, à Parentis-en-Born, que remporte C. Cousseau (2. Castera 3. Doret), le journaliste précise que « c’est avec l’appui efficace de son chef de file, M. Sandona (8ème), futur sélectionné pour la Route de France et vainqueur la veille du G. Px. de Sauveterre (2. Bianco 3. Gibanel 4. Lesca 5. Poutou) ». Cette sélection pour la Route de France, Mario Sandona la considère aujourd’hui comme « venue trop tard » (il a alors 26 ans) et elle ne répond plus à un enthousiasme de jeunesse.

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 Les troupes du Président Léglise réunis devant la camionnette du "sponsor" (la marque Frigidaire distribuée par les établissements Jardry),

à droite Claude Cousseau et Mario Sandona, les leaders du "Parentis-Sports",  cyclisme.

 

 

Par ailleurs, d’autres « places » attestent d’une présence constante :

 - 1er avril, Mimizan : 3ème derrière 1. Cousseau  2. Bello

 - 15 avril, Dax : 8ème d’un course gagnée par M. Gonzalès devant Bonnecaze

 - 22 avril, Grenade/Garonne : 3ème derrière 1. St. Jean 2. Broustaut

 - 7 mai, Montpon-Vauclaire : (1. C. Cousseau), Mario gagne le « meilleur grimpeur »

 - 17 juin, Mourenx : 3ème derrière 1. Eyquem 2. Esteban

 - 18 juin, Sanguinet : 6ème (1. Baziet 2. Goueytes)

 

1963

 

Ses deux succès, coup sur coup, à Hossegor puis à Capbreton, qui lui valent de faire la « Une » du journal « l’Athlète », en date du 11 septembre, dominent une saison où il porte encore le maillot frappé de la marque « L. Bobet-BP ».

 - le 3 septembre, à Hossegor : 1. Sandona 2. Brux 3. Broustaut 4. Batan 5. Dal Sié 6. Cousseau 7. Bale…

 - le 4 septembre, à Capbreton : 1. Sandona 2. Broustaut 3. Célerier 4. Deloche 5. Siniscalchi 6. Cousseau 7. Domagé…

 

 

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 Capbreton : vainqueur Mario est interrogé par le speaker Bergez, derrière lui, avec les lunettes, M. Annirepoque le dirigeant local.

 

  

Il faut y ajouter le Grand prix Castelvin à Pau (16/6) : 1. Sandona 2. Batan à une roue 3. Broustaut 4. Carassay 5. Delmas…,  Saint-Géours de Marenne (29/4) : 1. Sandona 2. Bello 3. Barrère…, Biscarosse-Plage (9/9) : 1. Sandona  2. Cousseau  3. Laborde…

Côté places d’honneur, on relève :

 - 3ème à Hasparren (1. Baziet  2. Cousseau), le 1/7

 - 2ème à Ibos, derrière R. Batan et devant C. Leduc, le 12/8

 - 2ème à Dax derrière M. Gonzalès et devant C. Cousseau, le 23/8

 - 2ème du Grand Prix de la Tomate à Marmande, le 22/9 : 1. Fernand Delort 210 km en 5h 45’

… 3. André Delort 4. T. Sabbadini 5. R. Darrigade 6. Beaufrère 7 Bozzi 9. Gabard 10. Beuffeuil. Et encore, 4ème à Jarnac- Prix René Salomon (1. Dal Sié 2. A. Delort 3. M. Gonzalès (…) 5. Ricou  6. Mauget 7. Broustaut 8. Barrère 9. Archambaud 10. Mondenx.

 

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      Les sourires témoignent de la "saine" rivalité entre Michel Brux (à d.) et Mario Sandona.

 

 

 

1964

 

 

 

Désormais porteur du maillot de « Parentis-Sports » avec la publicité pour les établissements Jardry et la marque « Frigidaire », Mario doit une nouvelle fois se contenter de la deuxième place dans le G.P. de la Tomate, cette fois derrière André Delort (3. A. Geneste  4. Mastrotto à 1’  5. R. Darrigade  6. Vallée  7. Mazeaud  8. Serres  9. Beuffeuil 10. Manzano). A Gaujac, A. Delort et M. Sandona faussent compagnie aux autres échappés (Mastrotto, Geneste et R. Darrigade) partis dans la côte de Cocumont. Au sprint, André D. bat Mario S.

Cependant, il remporte son lot habituel de succès :

 - le G. Px. de Nérac : 1. Sandona 170 km en 4h 8’ 40’’ 2. Brux 3. Lesca 4. Leduc 5. Batan…

 - Aureilhan : 1. Sandona 105 km, 2h 45’ 2. Brux à ¼ de roue 3. Leduc 4. Batan 5. Cousseau

 - Créon d’Armagnac, Prix de l’Estigarde : 1. Sandona  2. Leduc  3. Rigon

 - Biscarosse-Plage : 1. Sandona  2. Garbay  3. Caneiro  4. Laville 5. Bidart

 

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Grand Prix du commerce et de l'industrie, à Biscarosse-Plage : le speaker Morin, la demoiselle et la gerbe, Mario et M. René Laluque.

 

 

A la deuxième deuxième place dans la « Tomate » derrière le deuxième des Delort ( !!!), Mario doit ajouter une deuxième place dans « Bordeaux-Bayonne », le 26 mai. 70 coureurs sont au départ de 212 km, très sélectifs sur la fin : « C’est donc Bozzi, le Villeneuvois, qui triomphait avec 30’’ d’avance… notre leader Mario Sandona, malgré sa débauche d’efforts sur les 212 km arrachait d’une façon magnifique une deuxième place avec Cousseau dans la roue pour la 5ème place » (rubrique « Parentis », dans le journal « Sud-Ouest »).

D’autre part, on relève aussi :

 - le 18/4, à St. Géours de Marenne : 3ème derrière 1. J. Pétré  2. Badimon

 - le 10/7, Parentis (nocturne) : 3ème derrière 1. Fontagnères  2. Leduc

 - le 15/7, Villandraut : 3ème derrière 1. P. Raymond  2. San Miguel

 - le 31/8, Sainte-Livrade : 3ème derrière 1. Leduc  2. Batan…

 

1965

 

C’est la dernière saison de Mario. Elle se termine sur un accident, le 15 juin à Morcenx. Une voiture a cru pouvoir entrer en sens inverse sur le circuit fermé. Mario la percute de plein fouet entraînant 9 autres coureurs avec lui. Dirigé vers la clinique Daraignes à Dax par le docteur Brouste, Mario y subit une intervention chirurgicale, car il a été profondément entaillé au-dessus du genou gauche. Et, le journaliste ajoute : « nous ne reverrons plus cette saison le sympathique Mario dans les pelotons ».

De fait, Mario va rester allongé deux mois. Et, ce n’est que 7 ans plus tard (en mai 1973) que l’on retrouve M. Sandona en tête d’un classement : il vient de remporter la Ronde de Bizanos (8OO km en 24 heures) avec son coéquipier Jean Chapart. Celui qui était considéré par « la Faculté comme perdu pour le sport cycliste » a remonté la pente. Quelques mois auparavant (septembre 1972), il avait pris la 2ème place des « 6 heures cyclistes de Goès » en compagnie de Pierre Lahargue. Mais, il a désormais 37 ans.

 

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 Laissons la légende à Mario : " de gauche à droite, Jean Chapart, Marcel Queheille dit "le diable rouge", Mario Sandona et Bernard Labourdette. Deux vainqueurs d'étapes du Tour de France et deux vainqueurs de "courses Bordel", expression de notre regretté Raymond Mastrotto, vainqueur lui-même de l'étape à Pau". Ici, c'est à Salies-de-Béarn chez les Morlaas, père et fils.

 

Cependant, au titre de l’année 1965, deux lignes méritent de figurer dans son palmarès :

 - Jaca, où il gagne devant les Espagnols

 - Mimizan, où il remporte le G.P. des commerçants et artisans : 1. Sandona  2. Pinaud  3. Fontagnères  4. Bidart.

 

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Mimizan : dernière victoire en F.F.C. et avant-dernière course avant l'accident de Morcenx... 

 

 

 Le brocanteur et l’antiquaire

 

 

En 1961, Mario rencontre Rose au bal à Oloron-Sainte Marie. La même année va naître Lydia, premier enfant du couple, qui s’enrichit par la suite d’une autre fille, Aline, puis d’un petit frère, Bruno. « Rosette » est le fille d’un antiquaire.

En 1966, après l’accident de Morcenx, « Rosette » et Mario s’installent à leur compte à Haut-de-Gan (quelque part entre Pau et Oloron) où, pendant 40 ans, ils tiennent « La Brocante des Vallées ». Rose tient le magasin et Mario apprend son métier sur le tas, conseillé par son beau-père. Il « chine », achète, répare, retape, puis il fait les salons et les foires.

La région recèle quelques grandes manifestations : Salies-de-Béarn, le week-end de Pâques et le Grand Salon au mois d’août dans la salle des sports Mosqueros. A Pau, la brocante du foirail réserve quelques surprises : meubles, verrerie, lustrerie, objets de toutes sortes. Mario aime les « antiquités », ces pièces uniques chargées d’histoire… On vient d’Outre-Bidassoa.

 

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 A la brocante du foirail, l'antiquaire Mario et l'une de ses plus belles pièces : un Symphonion. Pour René Laulheret, dans "Sud-Oues", il s'agit de "l'ancêtre du juke-box" : "son buffet ressemble à la fois à un confessionnal pour tous petits pêchés et à un vaissellier qui ne pourrait contenir qu'une grande assiette à la fois". Il date peut-être de 1880, quand la sono du bistrot diffusait… la Traviata !

 

 

Le marin, le navigateur

 

 

En 1977, Mario est en vacances avec sa petite famille à l’île des Embiez (Var). Comme il s’ennuie sur la plage, il décide de s’acheter un petit bateau. C’est un « Zodiac ». Tout commence ainsi.

En 1989, il fait l’acquisition de son premier voilier : un Etap 30. Il commence à naviguer dans le golfe de Gascogne, puis il fait le tour de la péninsule ibérique. Suivent deux « Transméditerranées » en solitaire. En 1996, les 20 bateaux de la « Transméditerranée des passionnés » essuient un coup de tabac entre Calla di Volpe et Port Féjus. Le journal « Var-Matin » souligne : « la performance de Mario Sandona, seul à bord de son Etap30 et 11ème des monocoques de moins de 12m ».

 

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Transméd. 1996 : Mario sur son premier voilier "l'Appel du Large", ici au large de la Sardaigne.

 

 

En 2001, il achète un autre bateau, un Feeling 1090, qui fait deux mètres de plus que l’Etap (11,10 m). Il le baptise « Helio d’Or ». Il traverse les océans d’ouest en est, du Vénezuela aux Açores en passant par les Antilles et les Bermudes. C'est au cours de sa première traversée de l'Atlantique qu'il a l'occasion de vivre huit jours en compagnie des Indiens Waraos dans le delta et sur le fleuve Orénoque, mangeant comme eux et vivant à leur rythme. Mario conserve encore, ébloui, les images de la faune te de la flore.

En mai 2008, à l’occasion du 400ème anniversaire de la fondation de Québec par Samuel de Champlain, une cinquantaine de bateaux s’élancent pour relier La Rochelle à Québec après une grande traversée de l’Atlantique. Mario Sandona, avec ses deux coéquipiers, Alain Tonnel et Gilles Chaumillon, est le navigateur le plus âgé de la flottille qui appareille le 8 mai.

 

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Mario Sandona, adhérent du club maritime d'Hendaye Txingudi, le "moins jeune" des participants  à la traversée La Rochelle-Québec en 2008.

 

 

Le trajet passe par San Miguel aux Açores pour, après, atteindre Gaspé (au Québec) et, ensuite, remonter le St. Laurent. « Normalement, c’est 40 jours… mais, il y a toujours des impondérables… » En effet, il y a quelques péripéties, des voiles déchirées et des dégats matériels qu’il faut réparer. Cependant, l’arrivée à Québec est inoubliable avec une foule immense au long des derniers milles.

En 2009, Mario revient chercher son bateau, resté ancré là-bas. Au retour, en compagnie de deux coéquipiers québécois, Joannie et Joulin, il  effectue la descente du St. Laurent jusqu'à l'île Madeleine dans le Golfe. Puis, jusqu'aux Açores, accompagné par Germain et David, il réussit à s’arrêter à St. Pierre-et-Miquelon, comme il en avait toujours rêvé. Avec son ami Jean-René, il termine  son périple, allant de Sao Miguel à Hendaye en passant par La Corona. A Vincent Martin, du journal « Sud-Ouest », qui lui consacre un bel article (en mai 2008), il répond qu’il « compte bien naviguer au moins jusqu’à 80 ans ». Un peu plus loin, questionné à propos de « la femme du marin » (en l’occurrence Rosette), Mario avoue : « Elle n’aime pas me voir partir. Mais, elle est compréhensive et elle sait que j’aime ça ». Mario reconnaît, enfin, qu’  «après deux années de santé chancelante… le bateau (lui) fait oublier tout ça… »

De retour au port, il y a, aussi, quatre ou cinq fois l’an à Jurançon, toute la famille réunie : les deux filles ont eu chacune deux garçons, et le garçon, lui, deux filles ! Les petits-enfants s’appellent : Thomas, Théo, Enzo, Jean, Léa et Lilou.

 

 

… trois étapes, au moins

 

 

Après un tel parcours, qui s’est fait en (au moins) trois étapes : coureur cycliste, antiquaire-brocanteur, marin-navigateur, on reste sous le charme d’un personnage (on est alors tenté par l’appellation bien connue de « Super Mario ») qui a su si bien diversifier son existence, allant de la roue à la voile, en passant par l’ancien. 

 

 

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L' "Helio d'Or" sur le fleuve Saint Laurent, face à la maison de Danielle et Dédé dans l'île d'orléans...

A-t-il déjà levé les bras comme ça ? 

 

 

Parmi la soixantaine de victoires entre 1954 et 1965, quelques-unes valorisées par le second :


 

 . Aigre (1962)  -  2.  A. Dupré

. Aureilhan (1964)  -  2. M. Brux

. Ax-les-Thermes (1960, Tour du Roussillon) -  2. R. Gibanel

. Bayonne (Prix Thiéry, 1959)  -  2. G. Planas

. Biscarosse-Plage (1962)  -  2. C. Garbay

. Capbreton (1963)  -  2. Broustaut

. Créon d'Armagnac (1964, Estigarde)  -  2. Leduc

. Gourdon (1962)  -  2. M. Bertrand

. Hendaye (1959, 3 Présidents)  -  2. M. Gonzalès

. Hossegor (1963)  -  2. M. Brux

. Ibos (1959)  -  2. Moujica

. Langon (1961)  -  2. Ferreira

. Mimizan (1965)  -  2. Pinaud

. Monguilhem (1959)  -  2. Battiston

. Monlezun d'Armagnac (1960)  -  2. R. Gibanel

. Mont-de-Marsan (1960, St. Médard)  -  2. Rançon

. Morcenx (1961)  -  2. G. Loustalot

. Nérac (1964)  -  2. M. Brux

. Pau- Castelvin (1963)  -  2. R. Batan

. Pau-CCB (1959)  -  2. R. Batan

. Périgueux (Lapasserie, 1960)  -  2. D. Walryck

. Sauveterre (1962)  -  2. Bianco

. St. Géours de Marenne (1963)  -  2. A. Bello

. St. Vincent de Tyrosse (1959)  -  2. Poutou

. Tarbes (Figarol-Mirasol, 1956)  -  2. R. Sarrat

. Villandraut (1961)  -  2. A. Bello

. Villeneuve/Lot (1961)  -  2. Coulomb


 

 



21/04/2015
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