Memovelo

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Manuel MANZANO

 

                                                        

 

 

 

            A Biarritz, dans leur jolie villa, Manuel Manzano et son épouse Evelyne abordent le plus sereinement possible ce temps qui, après soixante-dix ans, aujourd’hui s’allonge.

Le fils du maçon a remarquablement aménagé sa maison. Il nous montre la « bodega » qu’il a construite seul dans son demi sous-sol. Ici, tout est en place pour recevoir les amis. Quelques photos épinglées à un tableau me rappellent : Federico Bahamontés, André Darrigade, Charly Gaul, Hubert Ferrer, le copain.

Auparavant, nous avons pénétré dans la salle de jeux décorée de quelques maillots emblématiques. Puis, nous sommes entrés dans le bureau, parfaitement rangé. Plus tard dans l’atelier, nous verrons le vélo (le dernier ?), celui qui a survécu à l’épisode du « carbone » : un Colnago.

 

            L’homme qui nous reçoit n’est plus tout à fait le jeune homme que nous avons vu arriver, seul, sur le vélodrome de Saintes, le 18 mars 1962, rééditant avec facilité l’exploit de Raymond Poulidor, deux années auparavant.

 

Bordeaux-Saintes 1962 , vélodrome de Bellevue : dernier virage avant l'arrivée.

 

Mais - nous avons fait le test – pour quelqu’un qui ne l’avait vu que sur des photos de course, « il n’a pas changé »…

C’est bien ce jeune homme, ce coureur aux étonnantes qualités de grimpeur, qui, à 20 ans à peine, entrait avec fracas dans le monde encore partagé (1960-61) des professionnels et des indépendants. Celui qui occupait une chambre de l’hotel Faugeron, à Meymac en août 1961, en compagnie de trois « aînés » : Maurice Bertrand - Claude Mazeaud – André Delort. Ce jour-là, il devait justement laisser la victoire à Gilbert Salvador, qui prenait ainsi sa revanche de la Polymultipliée lyonnaise 1960.

Fin des années 1970, je l’avais revu sur le circuit du championnat de l’Académie de Bordeaux à La Brède, père accompagnant sa progéniture à l’occasion de cette compétition. Entre temps, mon attention sur les choses du cyclisme s’était relâchée.

 

            Ainsi, ai-je voulu essayer de répondre à cette question : Comment (sinon pourquoi …) un coureur doué de qualités aussi manifestes n’a-t-il pas eu la très grande carrière qui s’annonçait ?

 

            La première confidence que nous a donné Manuel Manzano, c’est le lourd regret de ne pas avoir – ne serait-ce qu’une seule fois – été retenu pour le Tour de France, par son directeur sportif : Antonin Magne.

A la fin des années 50, entre le règne de Louison Bobet qui s’achève et celui de Jacques Anquetil qui s’annonce, ce sont les grimpeurs qui commencent à gagner le Tour : Gaul en 1958, Bahamontès en 1959. Manuel nous prend à témoin : « où est la place des grimpeurs, sinon dans les courses à étapes ? »

            Certes, il y a eu des questionnements voire des incertitudes chez  « Tonin le sage » (M. Magne). Quelques jours après que Manzano ait trusté les victoires du début de saison sur la Côte d’azur, le directeur sportif des « Mercier-BP » s’inquiète de sa baisse de performance au cours de Paris-Nice (abandon dans la 7ème étape, après avoir été successivement 5ème, 14ème, 16ème, 21ème,26ème, 36 et 38ème). Trop rapidement, peut-être, Manuel est catalogué comme un « hypernerveux », qui ne dort pas et qui « gamberge ». Donc, qui ne récupère pas assez bien.

 

"Miroir du cyclisme" n°16, mars 1962 : en bas à droite, le titre de l'encadré est : 

 "Pommier en fleurs". En espagnol, Manzano signifierait "pommier" et, ici, sa deuxième (Grand Prix Sigrand à Nice) d'une  impressionnante série de victoires, sur la Côte d'azur, en début de saison, quand les mimosas sont en fleur ...

 

            Cependant, dans le « Miroir du cyclisme », en avril 1962, où un gros article signé Emile Besson lui est consacré sous le titre « Manuel Manzano, l’homme qui monte », on peut lire la réponse d’Antonin Magne à la question : « Croyez-vous que Manzano sera candidat au Tour de France ? » … « il n’est pas question, dans mon esprit, d’imposer à ce très jeune coureur une épreuve aussi dure que le Tour ! »

 

Titre de l'article d'Emile Besson dans le "Miroir du cyclisme" de mars 1962.

 

            Les inquiétudes et les précautions d’A. Magne n’expliquent pas tout. En mars 1962, la revue « Le Cycle » commence ainsi un article sur Manzano : « Le début de saison 1962 révèle une nouvelle vedette qui n’est pas encore française et plus tout à fait étrangère ». Et d’expliquer ensuite : « en réalité, il était de nationalité espagnole. Il l’est d’ailleurs encore, mais, sa jeune notoriété aidant, on sait maintenant qu’il est en instance de naturalisation. Il marche à grands pas vers le professionnalisme. Or, il est licencié indépendant au titre espagnol. Devenu Français, il devra accomplir son service militaire. N’ayant pas accompli son service militaire, il ne pourra être agréé comme indépendant ou professionnel » .

 

            Se faire naturaliser, Manuel Manzano le revendique encore aujourd’hui comme  « un choix personnel ». Mais, il ajoute aussitôt : « cela m’a coûté très cher… »

D’abord, parce que cela a coupé un élan initié dès 1960, suivi de deux grosses saisons en 1962 et 1963, d’un passage chez les « pros » en 1964 et d’une saison 1965, avortée chez « Margnat-Paloma » pour cause de service militaire.

            Pourtant, en 1966, il est présent en début de saison au Mont-Faron, il termine le Tour du Languedoc, le Criterium national, le Dauphiné libéré, Paris-Luxembourg. Justement, au Criterium du Dauphiné où il se classe 37ème et il est le seul coureur français de son équipe (en dehors de Poulidor, vainqueur de l’épreuve) à terminer la course.

 


  - composition de l’équipe avec les numéros des dossards : 51. Bodin 52. Bourgois 53. Chappe 54. Hoban 55. Ignolin 56. Manzano 57. Poulidor 58. Poulot 59. Spruyt  60. Van Schil


 

Or, quelques semaines plus tard, il ne figure pas dans l’équipe « Mercier-BP » pour le Tour de France. Pourtant, il a su, par le mécano de l’équipe, que Poulidor avait suggéré à Antonin Magne : « Manzano peut nous être utile dans les cols… »

 


    - composition de l’équipe « Mercier-BP » pour le Tour : 21. Bellone  22. Bodin  23. Cazala 24. Genet 25. Guimbard 26. Poulidor 27.Spruyt 29. Van Schil 30. Wolfshohl


Ce Tour 1966, que J. Anquetil « quitte sur la route de St. Etienne après avoir protégé la victoire de son jeune partenaire Lucien Aimar » (« 100 ans de Tour de France, t.2, l’Equipe, 2002). Tour marqué aussi par la grève des coureurs à Gradignan, « pour protester contre l’application de la loi antidopage. La veille, des médecins avaient fait irruption dans leurs chambres, accompagnés de policiers, pour effectuer les premiers contrôles de l’histoire ».

Par ailleurs, trois coureurs français de la formation « Mercier-BP » sont éliminés lors de la 16ème étape, Bourg d’Oisans-Briançon (Bodin-Guimbard-Genet). Cette année-là, aussi, le Tour passait par Mont-de-Marsan, lors de l’étape Bordeaux-Bayonne. Rien de tout cela n’a été oublié par Manuel Manzano qui ajoute : « ça m’a cassé un petit peu… »

 

            De fait, en 1967, Manzano est reclassé « amateur H.C. » Et, en 1968, il intégre l’équipe « Tigra-Grammont-de Gribaldy ». Un peu plus de 40 ans après, Manuel se demande ce que vont penser ses petits-enfants (David, Romain, Clara) de leur grand-père, coureur cycliste professionnel qui n’a jamais fait le Tour…

Ainsi que d’autres témoignages de coureurs (cf. Pierre Nardi) nous l’ont confié : « En France, il n’y a que le Tour », et Manuel Manzano d’ajouter : « largement devant Paris-Roubaix et loin devant les championnats du monde ». Le mariage du Tour de France avec la télévision a considérablement dilaté l’importance sociale, économique voire politique de cette course cycliste par étapes .

            Avoir accompli le Tour de France établit incontestablement la notoriété d’un coureur cycliste professionnel. Reste qu’ici il ne suffit pas de participer : combien sont-ils ceux qui ne l’ont pas terminé ? (et, souvent, pour de justes raisons). Et, parmi ceux qui ont eu le mérite d’être sélectionné et la gloire de le finir, est-on bien assuré que tous ont, au final, un palmarès comparable à celui de Manzano ?

 

            Jamais, Manuel Manzano ne médit sur Antonin Magne, son directeur sportif : « M. Magne était quelqu’un de droit ». Et, M. Pierre Cescutti qui a « élevé » Manuel, l’a dirigé vers l’équipe « Mercier-BP ».

Cependant, il y eut cette tentative des dirigeants de l’équipe espagnole « KAS ». Ils sont venus à Bayonne rencontrer Manuel, mais « ça ne s’est pas fait ». Evelyne, encore, le regrette.

 

            A l’issue du Dauphiné, en 1966, Manzano interroge son directeur sportif et il s’entend répondre : « Rentrez chez vous, je vous écris ». Manuel dit n’avoir jamais rien reçu. Etrange.

Etrange comme cet ordre reçu, lors de Paris-Nice 1962, dans la septième et avant-dernière étape, Ajaccio-Bastia.

 

Dans la montée de Villabona, au cours de l'étape Ajaccio-Bastia du Paris-Nice 1962, le jeune (21 ans) Manzano va en placer "une" et Stablinski (4 fois champion de France et, ici, champion du monde), en coureur expérimenté le sent bien. A droite, J. Anquetil, plus concentré sur lui-même mène son train. Quant à Van Looy, il n'est plus tout à fait à son affaire et "Raymond" se tient prudemment derrière son équipier... (photo "But&Club")

 

Alors que Manuel, échappé après le col de Villabona, aborde les premières pentes du col de Teghine, il est rejoint par Wolfshohl, qui a pris beaucoup de risques dans la descente. Mais, Manzano se détache à nouveau et, au sommet, il va marquer les points du meilleur grimpeur. Cependant, cinq cents mètres avant, A. Magne est monté à sa hauteur pour lui demander d’attendre Poulidor qui revient avec Anquetil. Manzano s’exécute alors qu’il avait pratiquement l’étape gagnée. Mais,  Wolfshohl (Peugeot BP) qui avait été laché revient dans la roue d’Anquetil et Poulidor, débouche et va gagner l’étape. Manuel, désappointé, finit 4ème

Cela, dans un Paris-Nice, que J. Anquetil gagne, définitivement, le lendemain et où Poulidor finit 16ème à trente minutes. L’énigme est à moitié dissipée par ces quelques lignes relevées dans  « l’Equipe » du 18/03/1963 : « Jacques a fait un « truc » expliquait Raymond, utilisant le vocabulaire imagé des coureurs. Je n’ai même pas essayé de l’attaquer dans le dernier col. Evidemment, il y avait Manzano devant, mais cela était secondaire, car j’étais certain qu’Anquetil le rejoindrait. J’étais bien incapable de « passer », j’avais déjà eu du mal à « filer », je me demandais si j’arriverais jusqu’au sommet ! »

 

            Le Tour du Luxembourg, auquel prend part Manzano en 1962, nous remet en mémoire le récit fait par Guy Lapébie de sa « qualification » pour le Tour de France 1948 (il finira 3ème derrière Bartali et Schotte) à une époque où cela dépendait non pas d’un directeur sportif, mais du directeur du Tour, lui-même : Henri Desgrange. Celui-ci qui avait, comme d’autres, quelques doutes sur la participation d’un « pistard », que l’on qualifiait au passage  (du Vel d’Hiv…) de « coureur en soie », lui avait enjoint de participer au Tour du Luxembourg, dans lequel Guy avait « fait ses preuves » (2ème derrière Goldschmidt).

En 1962, « l’Equipe » (9-10/06/62) annonce : « Examen à étapes pour Manzano au Luxembourg ». Une semaine plus tard (17/06), le titre qui suit la 1ère étape est le suivant :

« Manzano attaque (avec Planckaert) et Melckenbeeck gagne au sprint… » Manuel termine 5ème dans le même temps. Deux jours plus tard, Jo. Planckaert gagne le Tour du Luxembourg et, au final, Manzano se classe 16ème, à 9’… Il est pourtant 7ème de la troisième et dernière étape. Que s’est-il donc passé au cours de la deuxième étape ? Une étape gagnée au sprint par Vannitsen… Nous trouvons la réponse dans une petite note du même journal : « trois attardés : Rentmeester, Abadie et Manzano avaient été victimes de crevaisons en fin de parcours » (l’Equipe du 18/06/62). Romain Bellenger, directeur sportif interimaire de Mercier-BP, est gratifié par le journaliste « d’une belle satisfaction avec Manzano qui enlève le Grand Prix de la montagne… le jeune Espagnol de Mont-de-Marsan s’était signalé par un retour époustouflant sur les hommes de tête au cours de l’étape Bettembourg-Diekirch ».

Mais, quel aurait été son classement final s’il avait été dépanné rapidement lors de la deuxième étape ?

 

            1967 – Par deux fois, l’évolution de Manuel Manzano a été « cassée ».

Par le service militaire en 64-65, puis par sa non-participation au Tour de France en 1966. Alors, il se replie sur son « sud-ouest » et retourne vers les pelotons amateurs, virage que tant d’autres coureurs professionnels ont pris avant lui. L’année où la fameuse catégorie intermédiaire « les indépendants » est supprimée, Manuel a désormais une licence d’amateur « hors catégorie ».

C’est l’occasion pour lui de croiser quelques nouveaux talents « montants », comme lors de la Poly béarnaise sur « les Hauts de Gan » où il laisse le deuxième, un certain Ocana Luis à 8’ ou, en Dordogne à Villamblard, quand le second se nomme Fedrigo…

  

 

 A Mont-de-Marsan, devant le "confessionnal" (là où les coureurs se retrouvaient, avant ou après l'entrainement, et où étaient affichés les engagements pour les courses à venir. A gauche, un certain "Luis Ocana" (futur vainqueur du Tour de France 1973), le mécanicien Bernard Ocariz et Guy Glyze. 

  

            1968 – Il quitte définitivement le maillot « Mercier-BP-Hutchinson » pour celui de « Tigra-Grammont-de Gribaldy », couleurs sous lesquelles courent désormais Beuffeuil – Epaud – Groussard et, aussi, Paré et Suire, entre autres. 4 victoires marquent l’empreinte, bien réelle encore de Manzano sur le cyclisme aquitain : Puyoo – Birac – Chevanceaux – Massiac.

 

            L’année 1969 est blanche, car Manuel, maintenant chargé de famille (Raphaël a 6 ans et sa sœur, Véronique 4) doit s’atteler à sa reconversion. A 28 ans, ce nouvel arrêt signale la fin d’une carrière, et ce dernier épisode va se dérouler sur la Côte d’azur. « Ma sœur et mon beau-frère vivaient à Nice, j’aimais cette région » dit Manzano. Et, le Cyclo Club Niçois lui a promis la gérance d’une station service. Mais, l’affaire ne se fait pas.

Alors, c’est le Sprinter Club de Nice qui embauche Manuel comme directeur sportif. A la recherche d’un sixième coureur pour son équipe de la Route de France, il intégre un coureur venu de l’Ariège : Smet. Peu de temps après, le père de ce coureur, marchand de matériels d’entreprises lui propose une formation. C’est ainsi que Manuel Manzano devient commercial pour l’entreprise L.A.H.O. dans les départements 40-32-64-65. Il est donc de retour à Mont-de-Marsan et, cinq ans après, il s’installe à son compte.

Puis, il mène deux affaires en même temps : la vente du matériel et l’achat de terrains, se constituant ainsi un « patrimoine immobilier ». Evelyne dit : « il avait la vista ! » et lui ajoute : « pendant dix ans (1971-1981) j’ai beaucoup travaillé, l’équivalent de 20 ans ».

            Certaines situations de reconversion des coureurs cyclistes peuvent faire croire à un héritage de la formation donnée par le vélo : « tu te défonces… pour te reposer… » Chez Manzano, pas de dépression « post-vélo », il a tout de suite compris qu’il fallait se saisir d’un autre challenge, quand bien même la carrière du coureur cycliste est passée trop vite (arrêt à 29 ans).

 

 

            Tout avait commencé un dimanche où les parents sont partis en moto à Bilbao, laissant Manuel avec sa sœur et son petit frère. Ce jour-là, il assiste à une course cycliste et, il le dit aujourd’hui : «  ce fut le coup de foudre ».

Sa première course, il la fait dans son quartier, habillé comme un footballeur, sur un vélo d’emprunt, avec et contre des « grands » qui lui « mettent un tour dans la vue ». Il se fait moquer…

Santander 1957, quartier de la "Calle Alta", au départ de sa première course (deuxième en partant de la droite), vélo d'emprunt, maillot et short de footballeur.

 

Mais, six mois plus tard, pour sa deuxième course, avec un vélo à lui, contre des gens de son âge, il gagne !

Ensuite, M. Cescutti, le père, est parti à Santander à la recherche de maçons. Dans un bar, il entre en contact avec celui que les clients appellent le « Français ». Il s’agit du père de Manuel. Né de parents espagnols vivant au « Maroc français », il est devenu maçon à son compte, mais déjà prêt à partir au Vénézuela. M. Cescutti l’embauche avec cinq autres maçons pour son entreprise à Mont-de-Marsan.Six mois après, la famille émigre en France.

M. Cescutti apprend que le fils Manzano fait du vélo, il lui fait prendre une licence au Stade Montois en 1958.

 

            Ensuite, cela est allé très vite. Le journal « l’Athlète », daté du 13 août 1958 annonce le passage de Manuel Manzano de 3ème en 2ème catégorie, la semaine suivante. Au mois de juillet 1969, le même journal annonce encore le passage du coureur Manzano en 1ère catégorie, mais le 20 septembre suivant, date à laquelle il aura 18 ans. Et, cela vient après quelques victoires comme à Mourenx-ville nouvelle, pour le Prix des fêtes, où le classement donne : 1. Manzano (17 ans) 70km en 1h 43’ 2. Brux 3. Verardo 4. Contreras 5. Natali. Parmi les 13 victoires qu’il totalise cette année-là, il y a aussi la course de côte du col d’Aubisque (le 06/09/59 = 41’3’’), dont il établira le record l’année suivante (07/09/60) en 37’50’’.

Montée du col d'Aubisque , à gauche Charles Coste et, à droite de Manuel, M. et Mme Cescutti, puis Bernard Ocariz. De son nom de jeune fille, Mme Cescutti est Rolande Danné, l'une des premières recordwonen françaises de l'heure, sur la piste d'Arcachon : 37,090 km en 1947.

Fin 1960, il s’affirme au plan national en terminant 2ème du Grand Prix de l’Equipe et du CV 19ème à Paris , derrière Bernard Beaufrère.

 

            Et, en 1961, la dimension nationale est confirmée par une victoire dans la Polymultipliée lyonnaise devant Gilbert Salvador et toute la « Côte d’azur » : 3. Baldassari 4.J. Gil 5. Siniscalchi 6. Polo 7. Ferri 8. Dotto.

A l'arrivée de la Polymultipliée Lyonnaise 1960, Gilbert Salvador est à quelques longueurs...

 

Mais, il est déjà allé courir là-bas, le 23 avril lors du Mont-Faron en ligne il termine 3ème derrière Salvador (1) et Mattio (2). Toujours présent en Aquitaine (victoires au Mont Pujols, à Peyrehorade devant A. Darrigade, il entame ses conquêtes dans le Limousin et le Centre (victoire à Soursac devant Beuffeuil et Epaud, à Thenon (Mazeaud 2ème), à Grand-Bourg devant Epaud et Bertrand, mais aussi 2ème à Meymac derrière Salvador et, surtout, animateur et « révélation » au Bol d’or des Monédières où il se classe 4ème derrière Van Looy (1), Stablinski (2) et Cazala  (3). Au Tour du Roussillon qu’il termine 5ème, il est vainqueur de la 1ère étape, Perpignan-Céret et sacré meilleur grimpeur.

 

            A la fin de l’année, Antonin Magne lui fait signer un contrat de deux ans. « Intégré dans l’équipe première des « Mercier », Manzano fit les débuts étincelants que l’on sait sur la Côte d’azur » (Emile Besson, Miroir du cyclisme, 1962) : Mont Agel, Grand Prix Sigrand à Nice, Grand Prix de la ville d’Antibes…

 

 

"Cycling under the rain" : Manzano et Poulidor, sous le pluie dans "Paris-Nice", quel dommage qu'Antonin Magne - qui n'était certes pas un chorégraphe - n'ait pas pu mieux unir ces deux "talents"..! (photo "Miroir du cylisme")

 

Suit l’épisode de Paris-Nice déjà évoqué où, après un départ tonitruant (5ème de la 1ère étape), il semble s’épuiser au point où A. Magne lui conseille d’abandonner lors de la dernière étape.

Quelques jours plus tard (le 18 mars 1962), il gagne Bordeaux-Saintes, détaché, 170 km en 4h 39’ 05’’ 2. Camille Le Menn 3. F. Delort 4. P. Beuffeuil 5. C. Pailler 6. H. Fraisseix 7. R. Darrigade 8. C. Gabard 9. D. Walryck 10. M. Bléneau. »

 

Après l'arrivée de Bordeaux-Saintes 1962 : Manuel Manzano, M. Cescutti, Hubert Fraisseix et le speaker, Jean Tamain.

 

 

            1961-62-63-64 : les quatre plus belles saisons du coureur cycliste Manuel Manzano, indépendant de nationalité espagnole, naturalisé puis professionnel français.

            Mais, cela ne doit pas faire oublier :

            - l’éclosion fulgurante du jeune coureur (1958-59-60)

            - la carrière « cassée » (1965) par un service militaire devenu obligatoire, et qui se clôture précocement en 1970, après une dernière belle victoire dans Nice-Pujet-Nice.

 

            Lorsqu’en septembre,  nous avons appelé Manuel Manzano, il rentrait de faire « 50 km dans l’arrière-pays niçois » et sa voix, au téléphone exprimait la joie et le plaisir que lui procure encore la pratique du cyclisme.

En cette fin d’octobre, Evelyne et Manuel Manzano nous montrent le maillot rouge et blanc du Biarritz Olympique frappé du n° 9, celui de Dimitri Yachvili, le fils du compagnon des sorties à vélo. Ils sont devenus supporters du B.O.

 


 

 

                                                            Palmarès

 



           

- Principales victoires :

                                     . record de la montée du col d’Aubisque = 37’50’’ / 1960

Sur les 13 km, Manuel Manzano est monté avec 44x23 et 44x22...

                                     . Poly. Lyonnaise 1961 (2ème en 1963)

                                     . Grand Prix du Mont Pujols 1961

                                     . une étape du Tour du Roussillon 1961

                                     . Grand Prix Sigrand, Nice 1962

                                     . Grand Prix de la ville d’Antibes 1962

                                     . Monaco-le Mont Agel 1962           

                                     . Bordeaux-Saintes 1962

                                     . une étape du Tour de l’Aude 1962

                                     . Meilleur grimpeur du Tour de l’Aude 1962

                                     . course de côte du Mont Agel 1962

                                     . meilleur grimpeur du Tour du Luxembourg 1962

                                     . Boucles du Bas Limousin 1963

                                     . Circuit d’Aquitaine 1964

                                     . Poly Béarnaise 1967

                                     . Nice-Puget-Nice 1970

 

 

- Principales victoires dans les Criteriums et les Grands Prix :

 

            . St. Roch Mont-de-Marsan 1960                        . Belvès 1963 (2ème en 1965)

            . Prix du Kiosque, Tarbes 1960                        . Vergohéon 1966

            . Nersac 1961                                                            . Nougaroulet 1967

            . Grand-Bourg 1961                                                . Villamblard 1967

            . Albi (nocturne) 1961                                    . Hauts de Gan 1968

            . Thenon 1961                                                            . Puyo 1968

            . Peyrehorade 1961                                                . Birac 1968

            . Le Boucau 1961                                                . Chevanceaux 1968

            . Sourzac 1961                                                . Marsiac 1968 (2ème en 1967)

            . Hyères 1962-63                                                . Journac 1968

. Beaulac-Bernos 1962                                  . Ronde de Bandol 1970

            . Gourin 1962                                                            . Soriac 1970

             . Mende 1963

 

S'il y a eu une course que Manuel voulait gagner plus que toute autre, c'est celle de Beaulac-Bernos en 1962 : la seule fois où sa grand-mère est venue en France. De gauche à droite : Antoine, le petit frère, avec les lunettes et en partie caché, la maman, Evelyne, la femme, Manuel avec le bouquet, la grand-mère et le papa.

 

- Principales participations avec leur résultat :

 

            a) épreuves par étapes :

 

            .Paris-Nice : 1962 (ab. 7ème étape) – 32ème en 1963

            .Criterium du Dauphiné Libéré : 28ème en 1963, 37ème en 1966

            .Criterium National : 11ème en 1962, 19ème /1963, 6ème/1964, 26ème/1966

            .Tour du Luxembourg : 19ème/1962, Paris-Luxembourg : 51ème/1963, 51ème/1966

            .Tour du Var : 11ème /1962, ab./1963

            .Tour de l’Aude : 1962

            .Tour de l’Oise : 53ème/1964

            .Tour du Sud-Est : ab./1966

 

            b) les classiques :

 

            .Liège-Bastogne-Liège : 11ème/1963

            .Flèche Wallonne : 22ème/1963

            .Paris-Tours : 14ème/1963

            .Man’X Trophy : 2ème/1963 (1er Simpson)

            .Boucles de la Seine ; 6ème/1964

            .Paris-Camembert : 11ème/1966

            .Boucles Roquevairoises : 6ème/1961, 29ème/1963, 16ème/1964

            .Polymultipliée Chanteloup : 5ème/1962

 

            c) Grands Prix et Grands Circuits :

 

            .Circuit de l’Aulne : 2ème/1962 (1er Anquetil)

Propulsé par Elliott à l'avant de la course dans le dernier tour du magnifique circuit de Chateaulin, Jacques Anquetil ne s'est pas tout de suite aperçu qu'il emmenait Manuel Manzano dans sa roue.

Au moment du sprint, Manuel nous le confie aujourd'hui : "j'ai voulu passer le 13, mais je suis resté au niveau du pédalier..."

          .Bol d’Or des Monédières : 4ème/1961, 8ème/1964

            .Gd.Px. d’Esperaza : 8ème/1963, 6ème/1966

            .Boucles de l’Aude : 2ème/1968

            .Ronde de l’Auvergne : 23ème/1966

            .Gd.Px. de l’Equipe et du CV 19° : 2ème/1960

            .Circuit du Morbihan : 3ème/1963

            .Gd.Px. du Languedoc : 9ème/1966

 

            d) Criteriums :

 

            .Meymac : 2ème/1961, 2ème/1966, 2ème/1969, 11ème/1971

 

  

 

Manzano et Mazeaud, Mazeaud et Manzano : deux copains, deux sacrés grimpeurs et quelques points communs au palmarès dont le Grand prix de Meymac (19). Sur la photo, en 1961, Claude Mazeaud porte le maillot de champion de France des indépendants.

 

            .Ussel : 3ème/1962, 4ème/1966

            .St. Claud : 3ème/1962

            .Vichy : 2ème/1963

            .Commentry : 2ème/1965

            .Oradour-sur-Glane : 7ème/1968

            .Labastide d’Armagnac : 3ème/1967

 

 

 Criterium national 1963 : lors de l'étape en ligne (125km) échappée à 3 : Anglade, Hamon, Manzano.(photo But&Club,25/03/1963)

 


                                   

                                               

           

 



05/11/2012
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