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Guy EPAUD

 

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 Saint-Claud, Pâques 1960 : au retour du service militaire, Guy Epaud entre "par la grande porte dans le concert des routiers du sud-ouest".

  

 

 

 . « Travaillez, prenez de la peine… »

 

            « Il offre les apparences d’une pomme d’api et respire sa Charente avec allégresse ». En 1964, au lendemain de l’étape du Tour qui s’est terminée à Perpignan, Antoine Blondin dresse le portrait de Guy Epaud. Dans sa chronique qu’il a choisi d’intituler « Un Cincinnatus de poche », il retrouve Jean de La Fontaine (« Le laboureur et ses enfants ») et affirme que : « Epaud n’avait pas pour parent le cultivateur de la fable… » Chez les Epaud, si « un trésor était caché dedans », c’est dans l’homme et celui-ci, éclatant de santé, de franchise et de malice, porte les reflets de la pépite ».

Dans le journal « Paris-Soir », Paul Katz nous aide à complèter ce portrait : « un nez spirituel et un menton petit mais volontaire. Charentais au robuste bon sens, (il) ne mérite pas d’être dédaigné. Hier, journée torride, on vit son menton jaillir du peloton à quelques kilomètres de l’arrivée… ses longues jambes bronzées appuyaient sur les pédales ».

Et, dans « Sud-Ouest », Bernard Scudier ajoute : « le brave Epaud qui donne, tout comme l’an dernier, une leçon à nombre de coureurs dits « grands » qui n’ont ni son courage, ni sa foi, ni sa bonne humeur (…) il ne se dérobe jamais pour accomplir son devoir ».

La touche finale, c’est Antoine Blondin, encore, qui la donne avec cette morale : « Cet agriculteur qui croit enfin, qu’il vaut mieux être le second à Perpignan que le premier dans son village ». Ce qui n’est, peut-être, qu’une version moderne du : « Travaillez, prenez de la peine : c’est le fonds qui manque le moins » (Jean de La Fontaine, 1621-1695).

 

 . Famille rurale :

 

            Guy Epaud est né en septembre 1936 dans la ferme familiale comme ses deux sœurs, où les parents sont agriculteurs : c’est une famille rurale de Saint-Vallier, dont les champs s’étendent entre le Pérat et Sauvignac. Ici, à la pointe sud du département de la Charente, concées entre la Charente-Maritime toute proche et la forêt de la Double (24), s’étendent les routes vertes et vallonnées où le jeune Guy a tracé ses premiers parcours d’entraînement, puis gagné ses premières courses.

 

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 La famille Epaud : Ginette et Guy (au centre, jouant avec les chiens) avec de chaque côté Marie-Louise, la mère et Gaston, le père, puis, l'oncle, les soeurs et les beaux-frères.

  

Le chef de famille, Gaston Epaud, aime le vélo. Il a pratiqué et gagné une vingtaine de courses entre 1925 et 1927. Guy sera solidement accompagné et conseillé en harmonie avec la culture paysanne dans la quelle il a grandi.

 

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   Gaston Epaud, le troisième en partant de la droite, au départ d'une course de 150 km, organisée par la Pédale Barbezilienne à Pons, en 1927. 

 

   

 . Un terrain d’aventures :

 

            Chalais, Montguyon et Saint-Aigulin dessinent un triangle, dans lequel se cachent quelques surprises que les participants à la cyclosportive « la Guy Epaud » ont pu savourer à partir de 1998.

Le futur « pro », révélation du Tour de France 1963, s’est forgé, ici, à partir d’ « un gabarit moyen, mais racé » des capacités de rouleur voire de grimpeur que les longs faux plats et les brusques raidards de l’endroit ont cultivées. Après sa 4ème place au Grand prix de Saint-Claud en 1960, acquise au terme d’une échappée en compagnie de Graczyk, Cerami et Cazala, on peut lire dans la « Charente libre » : « un coureur de classe à qui il ne manque qu’un peu de vélocité au sprint pour remporter plus souvent la victoire ». Il « s’accommode très bien de parcours durs et c’est à tort que certains lui reprochent de ne pas savoir courir ».

 

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 Guy Epaud, un jeune Montlieunais, vers 1954, déjà sur "Dilecta"... 

 

 

Sa première licence, il la prend en 1954 à Montlieu avec « le père Moizan » (le beau-père d’André Delort). L’autorité paternelle lui a conseillé d’attendre ses 17ans, pour « ne pas casser la croissance ». En 1955, il comptabilise 8 victoires et les noms des lieux correspondants balisent sa contrée : St. Martin d’Ary, Léoville, Montlieu, Salles d’Angle, Blanzac…

 

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       Le bouquet du vainqueur du Grand Prix de Pâques (2,3 et 4) à Barbezieux, 1955.

 

Dans « l’Athlète », à la date du 24/4, pn peut lire : « Guy Epaud maître chez lui au Grand Prix des Jeunes (Montlieu) : « 65 km à 39 km/h… », le troisième est un certain Yves Perpignan du club de Jonzac.

 

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Stage FFC au CREPS de Poitiers (Boivre) : derrière  l'épaule gauche de Daniel Clément, Michel Grain puis Moizan, Latour et Epaud.

 

 . Parmi les « anciens » et les « grands » :

 

            La première catégorie est officielle à partir du 12 juin 1956, Guy n’a pas tout à fait 20 ans. Le 27 mai, il a gagné la deuxième étape de Bordeaux-Clérac, la première ayant été remportée par J. Toengi. Mais, au classement général, c’est André Heugas qui est vainqueur, Epaud second et Toengi, troisième. En 1956, André Heugas a 36 ans, c’est un coureur chevronné qui a déjà couru avec les « pros » et gagné le G. P. de Lagorce-Laguirande en 1951 et qui a donc 16 ans de plus que son sceond.

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 "Jeunes" et "Moins jeunes", avant le départ : G. Epaud, Collardeau(Jonzac), A. Heugas et Lescure (SBUC) ,(de gauche à droite). 

 

 

Autant dire que le jeune Epaud est désormais confronté à des coureurs expérimentés ou en pleine ascension. Ainsi Jean Ricou, lequel s’impose devant Guy Epaud et James Gras à La Motte St. Heraye, le 2 septembre, ou, encore, ce même James Gras qui l’avait emporté à Malaville devant Guy, le 4 juin.

 

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       Dans la roue des "Anciens", quelque part en Charente : Claude Vallée et James Gras sont devant...

  

Cependant, la saison est riche d’une dizaine de succès pour Guy et elle se termine début octobre à Angers par le « Criterium des Espoirs », qui doit désigner le meilleur espoir des deux Charentes parmi 12 coureurs de moins de 24 ans, et qui donne le podium suivant : 1. Jean Ricou 2. Tranchant 3. Dudoigt, où Guy prend la 7ème place.

 

 . 29 mois en Allemagne puis en Algérie et pas un kilomètre à vélo !

 

            Le service militaire commence début janvier 1957 par un départ en Allemagne à Trèbes, où il séjourne 15 mois. Puis, il est envoyé en Algérie dans la région de Bône, où il accomplit encore 14 mois de service.

Le 28 mai 1959, il est de retour d’Algèrie, soit 29 mois de service militaire à quelques jours près. A un an d’intervalle, un certain Daniel Barjolin a, à peu près, le même parcours. Compte tenu des conditions de vie des « bidasses » et du stress lié à la guerre d’Algèrie, il est remarquable que ces garçons – et bien d’autres – aient pu recouvrer leurs capacités et leur motivation, une fois libérés.

 

 . 59-60 : le retour et quel retour !

 

            « 48 heures après la « quille », il est sur le vélo » (D.R. Renoux, « 50 ans de cyclisme « pro » en Poitou-Charentes, 1990). Deux mois plus tard, il obtient une belle quatrième place au IIème Criterium international de la Côte de Beauté, à Royan : 1. A. Dolhats 2. A. Sitek 3. M. Ernzer 4. G. Epaud 5. R. Cazala 6. A. Lesca 7. M. Bertrand 8. P. Beuffeuil 9. M. Gonzalès…

 

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 Royan, août 1959 : à gauche, le vainqueur, Albert Dolhats, au milieu, Guy Epaud, 1er "indé" et André Sitek (VC Barsac) 2ème. 

 

Désormais, il est licencié au Royan-Océan-Club, le club « drivé » par M. Péraudeau « qui fait tant pour nous ». Guy a été «amené par des copains » dès (son) retour du régiment. Au retour de son fils d’Algérie, Gaston Epaud a vendu une vache et, père et fils sont allés chez Armentier à Royan pour y acheter un vélo. C’est un « Dilecta », dont Guy va porter deux ans le maillot jaune et bleu.

            La saison 1960 est riche de succès, particulièrement, le mois de mai :

            . le 1er mai : 2ème de Poitiers-Saumur-Poitiers (1. G. Gaillot…3. Rascagnères)

            . le 2 : 1er à Brossac (2. C. Vallée 3. G. Bayle)

            . le 9 : dans le Criterium des Espoirs à Angers, il gagne la 1ère étape (2. G. Latour)

            . le 16 : 2ème à Coulgens (1. G. Bayle… 3. C. Vallée)

            puis, 5ème à St. Laurent/Gorre (1. Coulomb 2. Rascagnères 3. Salvador) et, le 22 mai, pendant qu’Adriano Dal Sie « arrange » les sprinters à Jarnac (G.P. René Salomon), Guy Epaud remporte le G.P. A. Dony, soit Poitiers-Limoges, en se détachant dans la côte de Beaublanc précédant l’entrée du stade et en résistant sur la piste en cendrée au retour de :

 2. A. Desplat 3. Bonnargent 4. Rioux 5. Guitard.

Mais, dès le mois de mars, à Montreuil-Belfroy, il a remporté l’épreuve pré-olympique. Suivent, en avril, deux grandes performances :

 - le 19, à Trémolat, sur un parcours sélectif et spectaculaire fait de 6 aller-retour et de 2 boucles de 20 km avec l’escalade du réputé petit col du Colombier, avec 81 coureurs au départ, il s’enfuit à 14 km du but et conserve 25’’ d’avance sur un peloton de 48 coureurs :

 2. Orichetta  3. Gonzalès  4. Archambaud  5. Walryck   6. Salanier….

 

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Saint-Claud 1960, le starter est H. Anglade (poignet dans le plâtre): (de g. à d.) G. Latour, R. Moizan, G. Epaud, (X), J. Dotto, J. Rinco, F. Delort.

 

 

 - le lendemain, le Criterium de Saint-Claud se dispute aussi « sur un parcours très dur, aux côtés des plus grands champions du moment (…) devant de nombreux spectateurs », « le jeune royannais Epaud » va être « le héros régional de la course » (La Charente Libre). Dans « une course sans temps morts » qui, à terme, ne compte plus que 30 rescapés répartis en plus de 4 groupes, Guy participe à plusieurs échappées et, notamment, à celle qui est décisive. Elle est lancée par le récent vainqueur de Paris-Roubaix, Pino Cerami, qui part seul à l'annonce de la dernière prime de 100 000frcs. » (speaker : Robert Monlong, 380 000 frcs. de primes). Cependant, Cerami a emmené Graczyk et Cazala avec lui et « ils comptaient bien ne plus être rejoints », quand ils voient revenir sur eux un coureur isolé qui « leur a donné la chasse, soutenu par les applaudissements du public » : Guy Epaud, qui se classe 4ème et 1er « indé » « après un sprint de toute beauté » : 1. Graczyk  2. Cerami  3. Cazala  4. Epaud  5. Darrigade à 45’’ 6. Elliott  7. Privat  8. Foucher  9. Andrews  10. F. Delort à 2’ 10’’.

« La Charente Libre » lance : « Bravo Guy Epaud, continue dans la voie que tu t’es ouverte en ce Lundi de Pâques ».

 

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 Criterium International de St. Claud : tour d'honneur, le vainqueur J. Graczyk et le 1er "indé", Guy Epaud.

 

Au mois d’août, dans ce même journal (1/8), on relève le titre : « Route de France : très beau doublé des Charentais à Arbéost où Gestraud gagne devant Epaud ». Sur les 95 km d’un parcours entre Mauléon et Arbéost, en passant par Pau et Naye, les deux Charentais sont venus troubler la domination des Normands (Huiart, futur vainqueur et Lebaube, son second au final), Guy Epaud termine cette épreuve 26ème au classement général.

Le 14 août, le « Grand Huit Pontois » donne le classement suivant : 1. C. Vallée 2. G. Epaud  3. A. Trochut… Quelques succès dans l’environnement immédiat s’ajoutent à ces exploits : à Martron, à Orignolles, à St. Michel/Charente, à Javerlhac et  à Piégut-Pluviers…

 

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   Guy à l'attaque dans les rues de Saint-Claud...

 

Avec les « sous » gagnés, il achète une machine pour tirer l’eau et améliorer l’arrosage à la ferme, il fait mettre un chauffe-eau au gaz dans la maison et fait poser un robinet chez sa tante avant l’adduction d’eau.

 

  . 1961 : moisson de victoires, passage chez les « pros » :

 

            Pour cette dernière saison chez les « indés », il y a d’abord le cercle proche des victoires attendues : Orignolles-gare, Vallet, Martron, Curac… Puis, celui un peu plus large : Marcillac-Lanville, St. Severin, Jarnac-Champagne, Péreuil… A Péreuil (17ème circuit), « après avoir contrôlé l’épreuve avec ses équipiers royannais…(il) l’a emporté sans discussion… dans une condition irréprochable (avant de prendre part) mardi au Tour de Champagne… dans l’équipe « Liberia-Grammont » de Brambilla : 1. Epaud, 130 km en 3h 10’ 2. Laville à 10’’ 3. Pailler à 25’’ 4. Delaunay à 28’’ 5. Rinco à 40’’… Le lendemain de l’arrivée de ce Tour de Champagne (4 étapes qu’ils ont terminées), Camillo et Epaud sont à Périgueux- St. Georges et, à mi-course, ils s’échappent et passent la ligne d’arrivée dans cet ordre, 3. Gonzalès à 1’30’’ 4. Jugie 5. Noguerol 6. Deloche 7. Ben Brahim 8. De Santi…

Le cercle des participations et des victoires s’élargit encore : le 13 juillet, Guy gagne la nocturne de Mussidan (2. Pailler 3. Siniscalchi), le 23 du même mois il enlève le Grand Prix de la Tomate à Marmande (2. Bello 3. Labière), le 7/8 il gagne au Fleix (2. Bodin 3. Mirando).

            Côté « course à étapes », il convient de noter une deuxième participation à la « Route de France » où Guy démarre très fort en enlevant les deux premières demi-étapes à Vire et à Flers (où il renouvelle son expérience d’entrer en tête sur la cendrée), mais les espoirs soulevés par ce départ en trombe retombent après l’étape contre-la-montre par équipes, dans laquelle l’équipe du Poitou-Charentes fait naufrage, Guy se retrouve 45ème au général, puis il suit ses équipiers dans l’abandon. Ce « naufrage » prive Epaud d’une participation au 1er Tour de l’Avenir. Cependant, engagé au « Grand Prix de l’Economique Breton », il confirme par une 2ème place derrière Loustalot, de l’équipe du sud-ouest dirigée par le « père Moineau ».

            Côté places d’honneur, il est possible de relever encore :

            - 2ème du Prix Antonin Reix à St. Junien (1. Colette… 3 . Genet)

            - 2ème à Grand Bourg (1. Manzano… 3. M. Bertrand)

            - 6ème à Oradour/Vayres (1. Salvador 2. Delort 3. Mazeaud)

            - 7ème de l’Etoile de Léon (1. J. Groussard)

            - 9ème à La Trimouille (1. R. Fournier 2. Huot 3. Tymen)

 

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 A l'assaut de la "Vieille Cure", Polymultipliée de Cenon 1961 : Guy en "Liberia" fait réagir les "Mercier": Privat, Abadie et Beuffeuil...

 

            Guy a fait ses preuves. Pierre Brambilla, le directeur sportif de l’équipe « Liberia-Grammont » (3ème du Tour de France 1947 gagné par Jean Robic) lui fait signer son contrat le 1/10/1961. Auparavant, Guy Epaud a été engagé dans « Manche-Océan » (Binic-Auray : 127 km contre-la-montre) où il a pris la 10ème place sur 18 participants à 10’33’’ (18ème : P. Ruby) du vainqueur F. Pipelin. Ce résultat satisfaisant pousse Bramnilla à le désigner pour le Grand prix des Nations (ou lui-même a figuré à 22 ans, en 1941, à la 21ème place). Devant la surprise de son coureur charentais, Brambilla s’exclame : « Tu veux faire « pro » ou.. ? »

Le 17 septembre 1961, sur le parcours de 100 km, il fait « très chaud » : Guy termine 19ème sur 21 arrivants dans cette épreuve gagnée - une fois de plus – par Jacques Anquetil (2. Desmet 3. A. Moser). Cependant, le vingtième s’appelle Tom Simpson …

Muni de sa licence « pro », le 8 octobre suivant, il est dans « Paris-Tours » gagné par Jos Wouters.

 

 . 4 équipes et 5 directeurs sportifs :

 

            En 1962, porteur du maillot « Liberia-Grammont-Wolber », Guy Epaud va connaître un nouveau directeur sportif : Bernard Gauthier, Brambilla ayant rompu avec la maison « Liberia ».

Sur la côte d’Azur, il passe dix jours au camp d’entraînement avec ses équipiers : Anglade, Scribante, Selic, Epalle, Milesi, Dotto, Tarri… Il y a aussi quelques connaissances du sud-ouest : le Tarbais Batan et le Périgourdin Walryck. Guy prend part à quelques courses du début de saison sur la Côte : Saint-Raphaël, Gênes-Nice… puis, ils est chez sa sœur à Toulon jusqu’au mois de mars.

Pour un « néo-pro », le changement s’appelle l’incertitude. Ce n’est plus le coureur qui décide où et quand il va courir, mais il applique le programme que son directeur sportif lui donne. Ce programme peut aussi être à « géométrie variable »… Ainsi, pour les journalistes locaux (« Sud-Ouest »), « Guy Epaud rêve de faire le Tour » et, « pour le moment, il prépare le National ».

Au retour de la Côte d’azur, il se classe :

            - 20ème de Bordeaux-Saintes remporté par Manzano (2. Le Menn 3. F. Delort)

            - 63ème du Criterium National, à Montlhéry (1.J. Groussard)

            -7ème du criterium international de Bourcefranc (1. Van Steenbergen 2. Graczyk…)

En mai, il est successivement :

            - 6ème à Guéret (1. Beuffeuil)

            - 9ème aux Monts d’Auvergne (1. Ignolin)

            - 16ème de l’étape Montpellier-Carcassonne du Midi-Libre (1. De Haan), mais il abandonne dans la 4ème étape de cette course gagnée par J. Stolker.

Guy raconte, ensuite, sa première participation au « Dauphiné libéré », qui commence par une étape difficile : Chamonix-Evian : « je prends le « lézard vert » en gare de Coutras pour aller à Lyon et j’arrive à Chamonix vers 23 heures…dans l’hôtel désert, je tombe sur Bernard Gauthier qui lit le journal. En me voyant, il me demande : « Qu’est-ce qui t’arrive ?... tu as vu le final demain ? (et) « … j’ai sauté dans le final… », « j’étais tout neuf…, mais j’étais coureur à étapes ». Guy termine 51ème de ce « Dauphiné » gagné par Mastrotto devant Junkerman et Poulidor.

Et, en juillet, il ne figure pas dans l’équipe « Liberia-Grammont » qui fait le Tour de France.

Sur la fin de saison, on relève :

            - 3ème à Limoges-Feytat (1. Fourgeaud)

            - 8ème à Ussel (1. Poulidor 2. Bahamontès 3. Manzano 4. Anquetil…)

            - 9ème du Prix A. Reix, St. Junien (1. Deloche 2. Genet 3. Goueytes 4. Mazeaud…)

            - 10ème à Beaulac-Bernos (1. Manzano)

 

 . Le coureur du Tour de France (1963-1964) :

 

            Pour sa deuxième année chez les « pros », Guy commence bien la saison par :

            - 11ème de Bordeaux-Saintes (1.F. Delort 2.M. Gonzalès 3. R. Fournier)

            - 6ème à Lagorce-Laguirande (1. Beuffeuil 2. F. Delort 3. Broustaut)

            - 9ème à Saint-Claud (1. Poulidor 2. Velly 3. De Roo)

            - 11ème à La Trimouille (1. Fraisseix 2. Poulidor 3. Marcarini)

            Au Criterium National, à Montlhéry il se classe 31ème (1. Anquetil 2. Poulidor)

            En mai, il termine 11ème du Tour de l’Hérault gagné par C. Valdois devant B. Viot (Beuffeuil est 10ème …). En juin, il est 9ème à Montmorillon (1. F. Delort).

            C’est une année sans « Midi Libre » ni « Dauphiné Libéré ». Et, pour le Tour de France, Guy Epaud fait désormais partie de l’équipe « Pelforth-Sauvage-Lejeune-Wolber », dont le directeur sportif est Maurice De Muer, en compagnie de : Anglade, Einthoven, Foucher, G. Groussard, J. Groussard, Lacombe, F. Mahé, Ramsbottom. Il porte le n°62 et il va être la « révélation du Tour 1963 ». Ses débuts dans le Tour sont marqués par deux belles places de 3ème dans deux étapes de montagne :

            - lors de la 11ème étape, Bagnères-de-Bigorre – Luchon (131 km) qui passe par Aspin,Peyresourde et le Portillon (dans la descente duquel il chute sans gravité), après une échappée à trois, il prend la 3ème place derrière Ignolin et Mattio (2ème à 1’41’’).

 

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      Col de Peyresourde, premiers lacets : Federico Bahamontès et Guy Epaud et, derrière et entre eux, Guy Ignolin…

 

            - lors de la 16ème étape, Grenoble – Val d’Isère (202 km), par la Croix-de-Fer et l’Iseran, il prend encore la troisième place (à 5’ 38’’) derrière Manzanèque (1), Fontana (2. A 5’ 03’’) et précède Van Looy (4. A 2’).

Au final de ce Tour gagné par Anquetil devant Bahamontès et Perez-Francès, il se classe 48ème (Beuffeuil est 47ème …).

 

 

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          Le Tour à Bordeaux : 4 du sud-ouest, Epaud - Cazala - A. Darrigade - Beuffeuil.

 

            Fin juillet, il est 3ème derrière : 1. Cazala  2. Mazeaud sur le circuit du Macaud à Eymoutiers. Puis, 3ème du G.P. de l’Artense (Auvergne) derrière 1. A. Le Grevès 2. A. Retrain.

En octobre, lors du 1er Trophée Louison Bobet, à Lalinde, il se classe 10ème dans la course de côte que gagne R. Wolfshohl.

 

 

 

 

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 Deux de Montlieu sur le Tour : Armand Gaujean (maire et commissaire international) et Guy Epaud, dossard n°62.

  

            En 1964, pour son deuxième (et dernier) Tour de France, Guy Epaud appartient encore à l’équipe « Pelforth-Sauvage-Lejeune », laquelle va marquer ce Tour de sa présence et de sa réussite : 1ère au classement par équipes (Trophée Martini, « les casquettes jaunes), la maillot vert remporté par Jan Janssen, la maillot jaune porté par G. Groussard et défendu pendant 9 jours.

            Le début de saison a donné les résultats suivants :

            - 7ème de Bordeaux-Saintes (1. Le Mellec 2. Brux 3. Serre 4. Beuffeuil…)

            - 3ème à Montmorillon (1. C. Le Menn 2. Cazala)

            - 19ème du Criterium National (1. Poulidor… 18. Beuffeuil…)

            - 33ème du Tour du Sud-Est (9ème de la 1ère étape, 1er par équipes)

            - 2ème à Guéret-La Trinité (1. Poulidor)

            - 9ème de la 1ère étape du circuit du Provençal (1. Beheyt), 33ème au général (1. Annaert)

            - 15ème du Tour de l’Hérault (1 . Den Hartog 2.J. Anastasi… 14. Beuffeuil)

            - 11ème de la Polymultipliée, à Cenon (1. Le Dissez 2. Cazala  3. Lebaube)

            - 59ème du Dauphiné Libéré (1. Uriona 2. Poulidor 3. E. Martin)

            - 9ème des Boucles de la Seine (1. J. Anastasi 2. L. Rostollan)

            - 14ème de la Ronde d’Auvergne (1. Rostollan 2. A. Foucher  3. Zimmermann)

fin août, à Castillon-la-Bataille, où le criterium est gagné par Anquetil devant Graczyk et Gonzalès, Guy est 15ème

 

            Dans ce Tour 1964, dont le podium est : 1. Anquetil  2. Poulidor  3. Bahamontès, Guy Epaud termine à la 34ème place.

Une première fois, 11ème de l’étape Champagnolle-Thonon-les-Bains (1. J. Janssen), il est encore 11ème à Montpellier (1. Sels), malgré une chute, il réussit à recoller au peloton après une rude chasse. Mais, à 20 km de l’arrivée, il crève. Attendu par son équipier Monty et après avoir « tiré tout ce que j’ai pu sur le guidon », il revient dans les roues et participe au sprint final.

 

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               Sur la route de Perpignan : Guy  Epaud(tout à droite ?) et Johannès De Roo...

 

 

Le lendemain, entre Montpellier et Perpignan (174 km), il réussit à sauter dans la roue de De Roo à 5 km du but. Il croit entrevoir la victoire, mais il doit se contenter de la deuxième place : « je n’aurais peut-être pas battu De Roo, mais j’aurais aimé ne pas déraper dans le virage d’arrivée, ne serait-ce que pour ne pas finir si loin… »

Aux journalistes qui s’affairent autour de lui, il promet de remettre ça bientôt : « Il faut que je me fasse voir, d’autant que mon père, ma mère, mes oncles et cousins seront en Andorre… » (la prochaine étape). Son directeur sportif, Maurice De Muer, a quant à lui annoncé : « Dès la sortie de l’hôtel, mes gars partiront en éclaireurs ». Puis, il a ajouté : « je vais vous donner un tuyau : regardez un cinquième gars chez moi, le nommé Guy Epaud, il va vous épater peut-être… ». Mais, (c’est le titre d’un article de « l’Equipe ») « Epaud, comme les escargots préfère la pluie… » « si par un hasard miraculeux il pleuvait sur les montagnes… » Mais, en Andorre, où Julio Jimenez triomphe après qu’Anquetil ait, un moment, « vacillé », Guy finit 47ème à 19’06’’.

On le repère encore à la 20ème place sur la piste de Bordeaux-Lescure en provenance de Bayonne (187 km), pour cette fameuse étape remportée par André Darrigade.

Au Parc des Princes, les « Pelforth-Sauvage-Lejeune » fêtent les « casquettes jaunes », le maillot vert et ils vont avoir à se partager un beau magot.

 

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 Piste du Parc des Princes, Paris 1964, le tour d'honneur des "casquettes jaunes" et du maillot vert (Janssen derrière, les frères Groussard au centre).

  

 

 . « Privé » de Tour de France (1965) :

 

            En novembre 1964, Guy Epaud reçoit le chèque correspondant aux gains partagés par l’équipe « Pelforth » sur le Tour qu’ils ont accompli. Mais, Guy est déçu de la somme inscrite. Il va jusqu’à Saint-Aigulin pour téléphoner à Maurice De Muer à Dunkerque. Il avoue sa déception à son directeur sportif de ne pas trouver sur le chèque envoyé la somme qui avait été promise. De Muer lui oppose une fin de non recevoir, la contestation doit se faire par courrier et non par téléphone. Epaud est forcément déçu, ayant connaissance des gains amassés et ayant, par ailleurs, le sentiment d’avoir payé de sa personne : « il a fallu courir devant et être vaillant ».

            La saison 1965 commence bien pour Guy, qui est :

            - 9ème à Lagorce-Laguirande (1. Gainche 2. Bodin 3. Lemeteyer)

            - 15ème de Bordeaux-Saintes (1. J. Groussard 2. Capdeboscq 3.  Brux)

            - 3ème à Saint-Claud (1. Sels 2. Bracke… 4. Aimar)

            - 16ème à La Trimouille (1. Marcarini 2. Dejouhannet 3. Arzé)

Au tour de l’Hérault, il abandonne et au Criterium National, aussi. Mais, il finit 60ème du Midi Libre (1. A. Foucher) et 34ème du Dauphiné Libéré (1. Anquetil 2. Poulidor 3. Kunde) le 29 mai en Avignon, où il reçoit l’assurance de faire le Tour.

A l’issue des « Boucles de la Seine », le 13 juin, qu’il finit au sein du peloton (15. Ex.aequo en compagnie de J. Groussard et R. Poulidor), il a un entretien avec les « patrons », les frères Lejeune, qui lui demandent :  « Qu’est-ce qui se passe avec De Muer ? » Guy répond franchement. Et, quatre jours avant le départ du Tour :  « je reçois un courrier… » qui lui annonce qu’il n’est pas retenu pour le Tour : « j’en prends un coup… »

Puis, « je fais quand même les criteriums » :

            - 2ème à Chaniers (1. Beuffeuil … 3. Gaillot)

            - 2ème à Saussignac (1. Janssen… 3.A. Darrigade)

            - 6ème à Oradour/Glane (1. Poulidor 2. Desmet 3. Delort)

            - 8ème à St. Hilaire-les-Places (1. Anquetil 2. Bachelot 3. Pingeon)

En août, à Saint-Amandin (Cantal), à deux tours de la fin Guy Epaud s’échappe en compagnie de Dalis, Matonnat, José Gil et Mazeaud et, dans la dernière ascension, il se dégage pour conserver 7’’ d’avance sur : 2. Mastrotto 3. Dalis à 9’’ 4. Manzano à 1’ 42’’ 5. Barthelemy….

Le 22 août, à Pont-Réan (Rennes), il se classe 20ème du championnat de France sur route gagné par H. Anglade devant Poulidor et Anquetil.

 

 . Deux nouveaux maillots (1966-1967) :

 

            Le contrat qu’il avait signé en 1963 avec « Pelforth-Sauvage-Lejeune » courait jusqu’en 1965. Il n’est pas renouvelé. En 1966, Guy atterrit chez « Kamomé-Dilecta », où « on a tous débuté à 250 F. par mois ». Le lendemain d’avoir signé ce nouveau contrat, à Pau dans le couloir de te l’hôtel, il croise Geminiani qui lui propose de l’embaucher pour 1000 F. par mois… Trop tard !

Dans sa nouvelle équipe, Guy retrouve Pierre Beuffeuil, André Darrigade, Jean Gainche, Jean-Claude Lebaube, Raymond Mastrotto, Claude Mattio ou encore Louis Rostollan…

Malgré un honnête début de saison :

            - 14ème de Bordeaux-Saintes (1. Perurena 2. Delisle 3. Laforest)

            - 13ème à La Trimouille (1. H. Ferrer 2. Beuffeuil 3. Chappe)

            - 24ème du Tour de l’Hérault (1. Anglade 2. Foucher)

il abandonne dans le Criterium National, à Revel, et il est non-partant de la 8ème et dernière étape du Dauphiné Libéré. Dans les « Boucles de la Seine », il est classé 9ème ex-aequo de cette course gagnée par J.L. Bodin (2. Lemeteyer). Et, il n’a pas été « prévu pour le Tour » dans l’équipe « Kamomé-Dilecta_Dunlop » par son directeur sportif, Louis Caput.

Cependant, il est encore :

            - 2ème à St. Hilaire-les-Places (1. Simpson… 3. Bodin 4. Grain)

            - 5ème à Oraour/Glane (1. Poulidor 2. Bitossi 3. Etter 4. Graczyk)

            - 10ème à la nocturne de Limoges (1. Altig 2. Bitossi 3. Janssen)

En septembre, il finit 10ème du Tour de Picardie (Oise) gagné par H. Nivet.

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       La Rochelle, 1966 : épreuve de gentlemen "Week-end charentais", remportée  avec J. Robic.

 

 

             1967, ce sera sa dernière saison chez les professionnels. Suivant en cela une trajectoire commune à bien des coureurs, il est « récupéré » par le « Vicomte » dans l’équipe « Tigra-Grammont- De Gribaldy », parenthèse franco-suisse que connaissent d’autres très bons coureurs comme Beuffeuil, J. Groussard, Ignolin ou Jourden… Mais, comme nous l’a enseigné Christian Jourdan : « De Gri., c’était un maillot, un vélo et un coup pied au cul ! »

Guy Epaud se classe encore 4ème du G.P. de la Trimouille (1. J. Janssen 2. Foucher 3. Lebaube). Au « Midi Libre » il est 10ème de la 2ème étape, Carcassonne-Valras-Plage que remporte Michel Grain, le futur lauréat.

Dans le Criterium National en mars, sur le circuit des Essarts où Jacques Anquetil, une fois de plus, devance Paymond Poulidor,le n°72 (=Epaud) qui figure parmi les 80 engagés, n’est pas parmi les 27 coureurs qui terminent. En juin, pour les « Boucles de la Seine », il se classe 51ème au sein d’un petit groupe conduit par J.C. Theillère et R. Réaux (où figurent Anglade, Mastrotto et… Jean-Marie Leblanc) qui arrive 1’45’’après la vainqueur, Anatole Novak.

De Tour de France, il n’en est pas question : il n’y a de place que pour 30 professionnels français répartis en trois équipes : France, Bleuets et Coqs.

 

 . Deux années chez les « amateurs H.C. » (1868-69) :

 

            Lorsqu’on évoque ces deux années, Guy, aujourd’hui – comme nous l’avons déjà remarqué chez d’autres coureurs – a tendance à balayer voire à effacer ces « prolongations » : « de toute façon, j’avais commencé à travailler… »

En 1968, il est encore classé 14ème à La Trimouille, course gagnée par R. Poulidor et il figure à la 3ème place d’un championnat du Poitou remporté par Ricou. Une photo le montre en action, en maillot « Peugeot » avec Beuffeuil dans la roue au Grand Prix de Curac, dont il est aussi l’organisateur…

 

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                                       31 août 1969 : fin de série.

 

 . Entrepreneur, agriculteur et propriétaire terrien (60 ha) 

 

            «  J’avais acheté mon premier camion ». Guy Epaud monte une entreprise de transport, mais il achète aussi des vaches. Le travail ne lui fait pas peur, les nuits sont courtes. Guy se souvient parfaitement des crédits et de leurs taux d’intérêt. Il ne faut pas longtemps à l’ancien coureur pour maîtriser la dialectique « fonctionnement-investissement ». D’autant qu’il a en lui cette culture paysanne qui sait s’adapter au rythme de la nature et, donc, de la terre. Avec Ginette, son épouse, sa fille Isabelle et son fils Ludovic, ils ont su redonner vie à ce petit village qui jouxte la propriété familiale de Saint-Vallier.

 

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Principales épreuves disputées par Guy Epaud chez les professionnels.



08/12/2014
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