Memovelo

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Daniel BARJOLIN

 

 

                                                           

 

 

                        A la croisée des années 70 et 80, alors que les catégories de licenciés FFC ont rangé les coureurs en seniors A et B et juniors – donc après la disparition des « 3 et 4 » - se sont développées les courses à l’intention des « non-licenciés », appelés ailleurs « néophytes » et, plus tard « cyclosportifs ».

 

 

            « Le petit homme »

 

 

                        C’était un samedi matin – je crois – à Génissac (33) où le circuit empruntait la côte du lieu avant de plonger vers les prairies des bords de la Dordogne. Nous étions quelques -uns à « tourner les jambes » sur le circuit en attendant le départ, et je me suis retrouvé montant la fameuse côte à côté d’un petit bonhomme qui avait tout l’air d’être un ancien coureur (il pédalait sur un vélo « Peugeot »), dont je ne savais pas encore qu’il s’appelait Daniel Barjolin. Je devais, bien sûr, avoir l’air d’un « vrai néophyte », mais l’homme ne me mésestima pas et entreprit de montrer comment passer les vitesses avec  le genou (à cette époque la manette du dérailleur se trouvait sur le tube diagonal).

                        Quelque temps après, c’était aussi un matin et à Saint Louis de Monferrand, là un circuit tout plat, fait de quatre grandes lignes droites. Désormais, je savais qui était Daniel Barjolin et je n’étais pas le seul. Enervé – semble-t-il – d’avoir « tout le monde sur le porte-bagage », notre compère se met en tête de nous faire faire un tour à son allure. Passé la ligne et après le premier virage à droite, il fait roue libre et se retourne (j’étais en troisième ou quatrième position) et il nous lance : « Alors, on ne siffle pas la Marseillaise.. ? »

                        C’était au temps où « l’anneau rose de Lescure » existait encore et, un jour, le bruit vint à nos oreilles : il va y avoir une tentative de record de l’heure au vélodrome, menée par Barjolin avec un « non-voyant » en tandem. Nous y sommes allés et avons soutenu et apprécié l’effort des deux hommes. Effort couronné de succès. Le « petit homme » n’était pas vraiment comme les autres.

                        Enfin, lorsque j’ai entrepris d’achever de reconstruire le palmarès de Maurice Laforest, j’ai rendu visite à sa veuve, Paulette, à Louey (65), afin de pouvoir illustrer et complèter ma recherche. Au fil de la conversation, le nom de Daniel, Barjolin, est revenu. En effet, après le décès de Maurice (à Saramon (32), le 17 mai 1975), Barjolin fut pratiquement le seul à rendre visite à Paulette Laforest.

 

 Daniel Barjolin : qui est-ce qui "envoie" dans la côte ? Maurice Laforest est en troisième position.

 

                        Aussi, lorsque des voix amies m’ont interrogé : « Pourquoi ne ferais-tu pas un truc sur Barjolin ? », je me suis décidé à lui rendre visite.

 

 

            « Ma jeunesse a été dure, mais finalement cela m’a rendu service »

 

 

                        Daniel m’a préparé quelques archives et il a, aussi, écris quelques lignes dont je me sers maintenant : « j’ai été habitué à la souffrance dans beaucoup de domaines (nourriture, hygiène de vie, séparation des parents). Tout cela pendant l’adolescence et la croissance ».

            Daniel Barjolin est né le 27 avril 1938 à Ruffec. Il est le fils de Louis Barjolin (1907-2001), un authentique Ruffecois, qui a été coureur cycliste professionnel entre 1932 et 1939

 

 La licence du père "Barjo", débutant en 1924.

 

et qui tient une boutique-atelier de marchand de cycles dans cette ville. Daniel est le plus jeune d’une fratrie où Jacky et Claude ont 8 et 7 ans de plus que lui.

Dans Ruffec sous occupation allemande, il est « difficile de manger à sa faim ». Puis, les parents  Barjolin se séparent et Daniel est confié à la garde de ses grands-parents à Montpon sur l’Isle, quelques années, et il y commence l’école et le catéchisme.

Entre 1948 et 1953, il est à Bordeaux avec sa mère qui « fait beaucoup de petits boulots » et qui s’est donné « beaucoup de mal pour nous élever ». Daniel est inscrit au CAM (Club Athlétique Municipal) où il « fait beaucoup de sports » et se classe 2ème d’un championnat de Guyenne de cross-country, chez les cadets. Il passe son certificat d’études et fait sa première communion.

Lors de son séjour bordelais, il connaît la troupe des « Eclaireurs de France » et il effectue un séjour en Corse d’une durée de 22 jours (qui coûte 100 francs de l’époque à sa mère). Cela renforce chez lui le goût pour la nature.

 

 

            L’antichambre du coureur et la première licence au VC Ruffec en 1955

 

 

            Pour apprendre un métier, Daniel choisit de mener un apprentissage d’ajusteur et il passe avec succès son C.A.P. au bout de 3 ans.

« Bien entendu, le vélo était dans ma tête ». Cependant, le frère aîné, Jacky, travaille déjà avec le père, Louis, lequel peut difficilement verser encore un autre salaire…

            Son père qui semble freiner son intérêt pour le cyclisme, peut-être parce que le grand frère Jacky, qui « a fait des courses », n’y a pas vraiment réussi. Néanmoins, il lui offre un vélo pour son certificat d’études. Mais, c’est un vélo de randonneur, avec lequel il commence à rouler seul. A 14 ans, il accomplit Bordeaux-Montpon (70 km) pour se rendre chez ses grands-parents et, « dans la foulée » - si l’on peut dire – Montpon-Ruffec (130 km) pour arriver chez son père.

            C’est avec son « vieux vélo de cyclo » que Daniel a commencé à sortir avec les coureurs du VC Ruffec, le dimanche matin. Et, il les suit…

Puis, vient le jour où il demande à son père « d’avoir un vélo de course pour faire des compétitions ». Pressé par le club, qui avait remarqué l’envie et les capacités du jeune Barjolin, le père décide de lui donner le sien. « Mais, ce vélo avec jantes en bois me gâtait énormément !.. » a écrit Daniel.

            En 1955, il signe sa première licence FFC. Cette année-là, il ne fait que 4 courses. Cependant, il est déjà 2ème de l’éliminatoire régionale du Premier Pas Dunlop à Montbron et 15ème de la finale gagnée par Cl. Cousseau (Guyenne). Pour Daniel, c’est aussi une victoire que d’avoir réussi à convaincre son père de pouvoir courir.

A partir de là, il monte régulièrement de catégorie (3ème en 1956, 2ème en 1957, 1ère en 1958) après une vingtaine de victoires dont la nocturne de Civray (qu’il gagnera encore en 1964, 65 et 67).

 

 

                        L’Oranie et le service militaire

 

 

                        Incorporé  le 1er mai 1958, après 4 mois de classes à Agen, il part pour l’Algérie et se retrouve à Oran. Il est licencié au COB (le club du quartier Boulanger à Oran) et trouve auprès du Président, M. Yvars un accueil très chaleureux. Démobilisé en septembre 1960, après 29 mois et 11 jours de service militaire, il se marie avec Colette et monte à Paris.

 

 

 La licence du "soldat", le maillot du club était vert et rouge, ici le Grand Prix de Bone...

 

 

                        Paris, l’Ile de France et le CMS Puteaux


 

                        La mère de Daniel est devenue concierge d’un grand immeuble à Paris. Le couple parvient à se loger et Daniel trouve un emploi dans la mécanique, l’ajustage et le fraisage chez un patron qui l’envoie travailler au Centre d’études nucléaires à Saclay. Il y opère 4 ans à raison de 52 heures par semaine. Habitant Clichy, il effectue le trajet jusqu’au travail en vélo et une fois par semaine, le mercredi, il se lève à 4 heures du matin pour accomplir 100 km « à la lanterne », avant le travail à 8 heures !

Aujourd’hui, Barjolin l’affirme : « le boulot, ça ne tue pas ! »

            Il fréquente alors les pelotons amateurs parisiens et participe à toutes les grandes épreuves, obtenant quelques belles victoires : à Puteaux en 1962 et 1963, à Garches en 1963 (2ème D. Letort), à Montlhéry. Il est deuxième derrière Jacquelot du Grand Prix de Boulogne 1963 et participe deux fois au championnat de France sur route amateurs : 37ème à Pau en 1961, 7ème à St. Hilaire du Harcouët en 1962 (1. F. Bazire (Normandie). Il passe « indépendant » en 1963, en réserve de l’équipe professionnelle Peugeot, sous l’œil de Gaston Plaud.

 

 

Les résultats de la période parisienne de D. Barjolin "piochés" dans les "résultats" du "Miroir du cyclisme"

 

            Alors, la question « Pourquoi ne pas être passé « pro » ? », il la connaît bien. D’ailleurs, le réponse est toute prête : « Je préfère être un très bon amateur, je n’aurais peut-être pas été un bon « pro ». Certes, il y a eu quelques propositions venant de De Muer  et De Gribaldy.

 

 

                        Le CA Civray, un bail de 8 ans


 

 

                        En 1964, Colette et Daniel Barjolin tiennent un magasin  (articles souvenirs, vaisselle) à Civray. Ils vont y rester 8 ans.

Au cours de ces huit années, plutôt recentrées sur le grand sud-ouest, Daniel gagne plus de 110 courses, dont une étape du Tour de Corrèze 1964, le Gd. Px. d’Egletons 1965, une étape du Tour du Béarn 1966 et 1967, le Gd. Px. de Biran devant Ocana. Il est aussi champion du Poitou (clm sociétés) avec le CA Civray en 1967-68-69-70, champion individuel sur route du Poitou en 1970 et, la même année, 1er du Tour du Béarn et maillot vert du Béarn-Aragon en 1971.

 

 

 Le vainqueur de l'étape : J. Esclassan et le maillot de leader : D. Barjolin, au Tour du Béarn 1970.

 

 

 Saragosse, 1970 : vainqueur de la 1ère étape du Béarn-Aragon ! "Poupou" et "roi" !...

 

  

A côté de ces succès, il collectionne : avec le CA Civray (Bourreau-Corbeau-Provost)une place de deuxième au championnat de France des sociétés, à 2/10° des vainqueurs après une crevaison…, 2ème aussi de la Polymultipliée lyonnaise derrière Gutty en 1964. A Villamblard, en 1969, il est deuxième derrière G. Motta,

 

 

Villamblard 1969 : à gauche, "l'indé" (D. Barjolin) 2ème et à droite le "pro" (G/ Motta) 1er... 

  aussi à Oradour/Glane en 1967 (1er Lescure, 3ème Poulidor) ou à St. Flour en 1966 . Daniel Barjolin se classe 8ème du Bol d’or des Monédières en 1964 (1er Stablinski) et 5ème du Tour des Charentes 1971 ou 9ème du championnat de France sur route en 1966 et 1969 (12ème en 1970).

Veuf depuis 13 ans, Daniel tient à souligner le rôle important joué par sa femme Colette, décédée d’un cancer : « sans elle, je n’aurais pas fait la carrière que j’ai faite… j’ai été chéri et choyé par ma femme pour faire ce sport qui est un sport d’égoïsme… tous les sacrifices que cela demande, elle les a endurés avec moi ».

 

 

 

                        Miramont de Guyenne, les clubs de Tonneins, Bazas, Villeneuve et Marmande, le copain Michel Fedrigo



 

                        En 1972, Daniel Barjolin rejoint son copain Michel Fedrigo au club de Tonneins

 

Automne 2012 : avec son copain Michel Fedrigo pour les "gentlemen" du côté de Mussidan...

(avec l'aimable autorisation de G. Dagot)

 

et s’installe à Miramont de Guyenne, locataire dans la maison dont il est aujourd’jui le propriétaire. La période est toujours faste et notre trentenaire engrange encore : Ussel, Saragosse, les Boucles Allassacoises, la « Tomate » (1974-76), Figueras, le maillot vert de Béarn-Aragon 1973… émergent de plus de 130 succès auxquels on peut aussi ajouter : 2ème du Tour du Béarn 1972, du Tour de Gironde 1975, du Tour du Pays Basque la même année et du Tour de l’Ampurdan 1976.

Après avoir été employé au pressing de M. Rigon Louis, lorsqu’il était à Tonneins, Daniel devient quelques mois maçon-manœuvre pour M. Guarrigues et entre au club de Bazas. Malgré une fracture de la clavicule en juin 1978, D. Barjolin remporte encore plus d’une trentaine de courses, dont la dernière en 1ère catégorie à 41 ans ( !) à St. Dode en 1979.

 

 

                        En tandem, pour le handisport


 

                        A la suite d’un différend de voisinage qui a mal tourné, l’un de ses voisins, Jean-Louis Gouzy est devenu non-voyant. Alors, à partir de 1980 et jusqu’en 1984, Daniel entreprend de piloter le tandem avec son ami Jean-Louis et ils se lancent dans les compétitions handisport. Malgré les tandems parisiens, parfois pilotés par d’anciens professionnels, et avec du bon matériel, ils deviennent champions de France en 1980-81 et 83 et champions d’Europe en 1983.

A Bordeaux, le 25 septembre 1980, sur la piste du vélodrome de Lescure , ils portent le record de l’heure à 44, 546 km.

 

 

Bordeaux-Lescure, nouveau record de France de  l'heure des non-voyants pour D. Barjolin et J.L. Gouzy, amélioré de 782 m. (Photo de M. Lacroix, dans "Sud-Ouest" du 25 septembre 1980).

                       

 

                        Le cyclosport et les fédérations affinitaires, pour clôturer 50 ans  de  compétitions


 

                        Vers la fin des années 80 se développe l’organisation d’épreuves dites cyclosportives, qui portent souvent le nom d’une gloire du cyclisme. Ainsi, la « Jourdan-Villemiane », la « Poulidor », la « Jacques Bossis », la « Lapébie » (ou l’Aliénor…)…

Daniel reprend goût à la compétition individuelle sur de longues distances. Dans sa catégorie d’âge (50 à 65 ans) il est vainqueur du Trophée national UFOLEP. En 1988, il effectue Bordeaux-Paris en 22 heures.

 

 

 

                        Bilan de santé


 

                        En 2004, les conséquences d’un malaise amènent D. Barjolin à consulter les cardiologues de l’hôpital Haut-Lévêque à Bordeaux et il est soigné pour une « fibrillation auriculaire ». Le coup d’arrêt est survenu après une série de décès dans sa famille : au décès de Colette, son épouse, le 20 décembre 1999, s’ajoutent celui de sa belle-mère en 2000, ceux de sa mère et son père en 2001 et Claude, son frère, en 2004.

                        Pédaler ainsi plus de cinquante ans, outre la quantité de kilomètres parcourus, exige une « bonne santé ». Justement, Daniel Barjolin est presque intarissable sur « l’hygiène de vie », condition essentielle de ses exploits et de sa longévité.

Ayant connu, en Algérie des problèmes de « dyssenteries amibiennes », il a consulté , à son retour en France, le Dr. Creff, spécialiste de la nutrition des sportifs. Le régime alimentaire qui lui est prescrit pour lutter contre cette maladie est semblable au régime spécifique conseillé au coureur cycliste. La première règle qui consiste à bannir tout excès, il l’applique toute sa vie, sans jamais aller - comme certains - jusqu’à peser ses aliments…

Pour lui, « la saison se prépare en hiver » et « il faut arrêter pour reprendre du jus ».  Daniel, qui courait 130-140 courses par saison, s’arrêtait début novembre pour ne reprendre qu’au 1er janvier.

De la même façon, D. Barjolin reste sceptique sur l’entrée précoce dans la carrière (minimes, cadets.. .) : « finalement, mon père a eu raison d’attendre pour me faire courir à 17 ans. Je n’aurais peut-être pas tenu le coup… »

            Aujourd’hui, il vit seul (« c’est difficile de trouver quelqu’un à mon âge… ») et reçoit la visite quotidienne de sa fille Sylvie. Elle travaille dans l’entreprise « C2R », que son père a quitté à 55 ans à la suite d’une restructuration, dans le but de lui permettre de conserver sa place. Le grand-père Barjolin est épaté par son petit-fils, Romain, 24 ans, qui multiplie les emplois. « C’est un bosseur », dit-il.

 

 

                        La nocturne de Miramont-de-Guyenne


 

 

                        Avec son copain, Michel Fedrigo, et J.Claude Delage, ils ont relancé la course cycliste en nocturne de Miramont. Bien soutenu par la municipalité et la communauté de communes, la 24ème édition, qui devait avoir lieu en 2013, cède la place à l’organisation du championnat d’Aquitaine (sous l’égide de « Marmande 47 ») qui aura lieu le 2juin prochain. C’est d’ailleurs la troisième fois qu’il a lieu à Miramont après 1997 et 2009. 

 

 Association de "compétences" : D. Barjolin et J.L. Gauthier (merci encore à G. Dagot).

 

 

Pour trouver son domicile, Daniel Barjolin m’avait donné comme repère, la gendarmerie, que je n’ai jamais trouvée. Et, alors que je tournais autour des maisons, j’ai demandé deux fois mon chemin. La première fois, près d’une maison de retraite, à deux hommes âgés, l’un marchant avec une canne, la seconde, à proximité du but, à un jeune retraité qui faisait rentrer son chien. A chaque fois, je m’en suis sorti en prononçant le nom de : Barjolin.

Arrivé à son domicile, j’ai vu le « petit homme » ( 1, 65 m, hier 53-54 kilos, aujourd’hui 61), la casquette de laine du coureur vissée sur le crâne et chaudement enveloppé dans son pull, descendre les marches à ma rencontre. Les yeux plissés, il m’a d’abord fait entrer dans son garage où sont rangées toutes les coupes et où reposent les deux vélos. Celui avec les garde-boue, avec lequel il avait fait « 80 km à plus de 27km/h », le matin. L’autre vélo de course, dont la boîte de pédalier porte le nom de « Barjolin », parce que c’est son père qui le lui a fabriqué.

 

 

 

Palmarès ne retenant que les victoires obtenues en 1ère catégorie F.F.C. (de 1958 à 1979).

 

(cette liste a été établie à partir des relevés de G. Descoubès, " Patrimoine cycliste du grand sud-ouest" et de la plaquette confectionnée par Romain Barjolin à l'intention de son grand-père)

 

   

 

 

 

 

 


 

 

 

 


Répartition du nombre de ces victoires sur une carte de France, en fonction des régions, donc des comités FFC (ce qui fait apparaître une activité victorieuse débordant légèrement les limites d'un grand sud-ouest).

 

 

 Presque aucun relevé n'est infaillible et celui-ci pas moins que les autres. Cependant, les chiffres retenus montrent bien  la répartition sur 4 comités (donc, 4 régions) : Poitou-Charentes, Aquitaine, Limousin et Midi-Pyrénées.



08/02/2013
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