Memovelo

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Claude MAGNI

 

 

                                                            Claude MAGNI

 

 C’est Adriano Dal Sie qui me conduit jusqu’à la maison du « chasseur » sur le plateau viticole de Fargues de Langon, ce lundi 29 avril 2013. Et, nous saluons ici Guy Dagot, qui a déjà publié sur son site "sudgironde cyclisme" une page biographique consacrée à C. Magni, en avril 2009.

 


 A la manière de Wikipédia

  1. Le coiffeur, la famille, les débuts (1966-1968)
  2. Chez les amateurs, de l'Aquitaine à l'International (1969-1972)
  3. Quatre années chez les pros : de Sonolor à Jobo (1973-1976)
  4. Retour chez les amateurs aux côtés de F. Castaing (1977-1980)
  5. Le domaine "Thibaut-Magni", le Tour de France à Sauternes, le viticulteur-retraité

 


 

 

 

  "échappée dans le rétro…" (4 jours de Dunkerque)

 

 

 

            1. Le coiffeur, la famille, les débuts :

 

             Dans l’univers cycliste, le nom de Magni a été rendu célèbre par Fiorenzo (1920-2012), le « troisième homme » (avec Bartali et Coppi) de la domination italienne sur le cyclisme mondial de l’après-guerre. Fiorenzo Magni est vainqueur, entre autres, à trois reprises du Tour des Flandres (1949-50-51). Pourquoi faudrait-il taire aussi l’origine italienne, lorsque l’on sait ce qu’elle signifie en termes de courage et de persévérance au travail ?

C’est tout cela, sans doute, que M. Darriet, le coiffeur de famille mais aussi le secrétaire du club de Langon, avait à l’esprit, quand il entreprit de convaincre le jeune Claude Magni « qu’avec (son) gabarit (il) était fait pour le sport cycliste… »

Mais, il fallut convaincre les parents, métayers-viticulteurs à St. Maixant, où Claude est né le 11 septembre 1950. Le père, originaire de Bergame, arrivé en France à l’âge de trois ans, finit par entendre les encouragements de M. Darriet et Claude fait ses débuts en 1966 sur un « demi-course » réaménagé, en cadets 2,  au Vélo Club de Langon. Cette année-là, sa deuxième victoire est pour le titre de champion de Gironde des cadets, qu’il conquiert à La Réole.

 

"Sol y sombra : on est sérieux quand on a seize ans et qu'il y a des platanes qui bordent 

 la route…" (La Réole, championnat de Gironde des cadets)


 

            2. Chez les amateurs, de l’Aquitaine à l’ « International » :

 

            Claude Magni, qui travaille dès l’âge de 14 ans comme vulcanisateur à Langon, va tranquillement poursuivre sa progression dans les rangs amateurs. L’album de photos qu’il nous a prêté permet déjà de recenser quelques unes de ses victoires : Ribérac, St. Magne de Castillon, Mazères, Langon, St. Macaire… puis, le territoire s’agrandit avec Arue, Uzeste, Bieujac, Lalande de Pomerol, Rions, St. André du Bois, Pellegrue, Castets en Dorthe, Aillas, Savignac-Auros, St. Pastour, Bazas, Crén d’Armagnac…

 

 

victorieux… peut-être à Pellegrue, vers 17-18 ans : "avec ton gabarit…"

 

            1969 = Claude Magni est champion d’Aquitaine sur route à Riberac. Ce titre peut être encadré par deux autres belles victoires : lors du Béarn-Aragon(cf. Remarque de G. Descoubes) et le Tour des Landes.

 

Tour des Landes, 1969 : à gauche, le directeur sportif de l'équipe de Gironde : Robert Desbats


A Rouen-les Essarts, le 4 juillet, pour le championnat de France juniors, il « crève au bas de la côte, reviens et … termine à la troisième place derrière : 1. Le Bourhis, 163 km en 3h 58’ 40’’ (my. 41, 092) 2. Dubost… mais devant …6. Meslet…9. Legeay 10. Molineris J.L.

En septembre, pour la « Tomate » à Marmande, il est aussi 3ème derrière : 1. R. Darrigade et 2. Della Negra.

Le nouveau D.T.N. de la F.F.C., le commandant Marillier, le remarque et il entre au Bataillon de Joinville pour y faire son service militaire.

 

Le "Bataillon de Joinville", la section "cyclisme" : on reconnait A. Mollet, C. Palka, A. Meslet, H. Arbes, P. Bodier, Gilles Trentin… (Claude est devant à gauche avec la coupe)


            1970 = L’année est marquée d’abord par deux titres de champion de France militaire :

                        - sur la route, à Montlhéry, où, en 4h 14’ 57’’ pour 156 km, il devance A. Mollet de 25’’ 3. Meslet à 1’ 15’’ 4. Thomazeau 5. J.M. Tissier…

                        - sur la piste, à la Cipale, en poursuite.

Mais, il est désormais en contact avec le niveau international :

 - il termine 2èmede Paris-Garchy, derrière Rol. Demeyer (1er en 4h 45’ sur 190 km) et devant Y. Hézard à 10’’

 - aux championnats du Monde sur la route à Leicester (Mallory Park, le 15 août), sorti du peloton avec Marcel Duchemin à la poursuite des échappés, il permet à son équipier de « rentrer » à 3km de l’arrivée et celui-ci finit à la 6ème place d’une course gagnée par le Danois Jörgen Shmidt (180 km en 4h 03’) devant Ludo Vanderlinden (B.) à 3’’… Claude jure avoir vu Duchemin sur le podium. Mais, toutes nos recherches (confirmées par « Mémoire du cyclisme » et « Vélo Jacobs », deux références) donnent le même résultat : en 1970, J.P. Monséré est champion du monde chez les « pros » devant Leif Mortensen, ce qui inverse le résultat des championnats du monde amateurs de 1969…

            C’est aussi l’année de la première de ses trois participations à la « Course de la Paix » (Prague-Berlin-Varsovie), 1970-71-72.

 

Quelque part, à l'Est, l'Equipe de France, pour la "Course de la Paix"(oui, mais laquelle ?):

 Duchemin-Roques-un"Breton"(A. Noguès, merci G. Descoubes)-Hauvieux-Oubron-Magni-Tissier-Lechatelier, masseur et mécanos...

            1971 = Toujours licencié au VC Langon, mais aussi membre du « Club France », il gagne le 33ème Bordeaux-Saintes (Claude s’est déjà classé 6ème en 1970).  Le journal « Sud-Ouest » titre : « un grand vainqueur et un énorme succès populaire », « Claude Magni avait retrouvé ses jambes du Tour du Maroc ». Pour la première fois, la course s’est déroulée en deux étapes (l’expérience sera reconduite en 1972, mais Bordeaux-Saintes redevient ensuite le traditionnel « ville à ville »). La première étape en ligne « Cenon-Pons » se termine par un sprint gagné par J. Esclassan qui bat A. Bernard, lequel vient de remporter le « Tour du sud-ouest ». L’après-midi, sur 20km contre la montre entre Pons et Saintes « le doublé qui eut fait sensation lui (est) interdit par la locomotive langonnaise Claude Magni, lequel ayant retrouvé ses jambes du Tour du Maroc, devança son ami Bernard de 5 secondes… ». L’article ajoute : « Magni…a donc montré des facultés de récupération exceptionnelles. Car son rival Bernard a donné le meilleur de lui-même et l’on sait ce que cela veut dire. »

Il est champion d’Aquitaine à Riberac devant A. Cigana.

En septembre, il remporte le Grand Prix de la Tomate à Marmande (2. Salles 3. Frosio).

            Au plan international, début avril, Claude Magni est donc le vainqueur du Tour du Maroc devant les Polonais Gorski et Budek, le 4ème est A. Meslet.

 

Le vainqueur de ce Tour du Maroc 1971 (Claude Magni, au milieu) nous a dit : "On a , tous, été malades, j'aurais jamais dû y aller…"

 

En juillet , au cours du Tour de Pologne, il gagne l’étape « Slaskie-Raciboz » (154 km en 3h 25’ 20’’, 2. Jasinski 3. Bielski). Seul échappé « étranger » avec 11 Polonais, il les devance sur la cendrée du stade où est jugée l’arrivée.

 

            1972 = En début de saison, il se classe 8ème à Lagorce-Laguirande, où le vainqueur est J.P. Barbe (2. Rannou 3. A. Bernard).Une nouvelle fois, il est champion d’Aquitaine à Pineuilh, devant le « local » P.R. Villemiane et il termine 8ème du championnat de France (route-amateurs) à Villareix (1. Raymond Martin 2. J.Cl. Meunier 3. R. Ovion). Là, aussi, échappé, il est repris à quelques kilomètres de l’arrivée…

1972, Paris-Roubaix (amateurs) : "arrivés sur le vélodrome, je ne pensais pas faire le sprint, quand je me suis aperçu qu'ils étaient encore plus "cuits" que moi… mais, le temps de faire le tour par en haut… je fais 3…"

 

Mais, le grand moment de l’année aurait pu être les J.O. à Munich, où il se rend avec l’Equipe de France des 100 km contre la montre par équipe (Sibille-Meunier JC-Fin HP). Ils se classent 9ème. Cependant, à B. Mugica pour le journal « Sud-Ouest » (10/08/2012), il avoue avoir « conservé un souvenir mitigé de son aventure olympique ». En effet, il n’est resté que trois jours à Munich et n’a pas pu participer au défilé de la cérémonie d’ouverture, car, le lendemain,  il rentrait en France pour préparer le Tour de l’Avenir. Dans cette épreuve, il réalise une nouvelle échappée solitaire qui l’amène à escalader le Ballon d’Alsace devant tous les autres… pour, une nouvelle fois, être « ramarré » à quelques encâblures de l’arrivée.

Tour de l'Avenir 1972 : les mains en bas du guidon, Claude Magni sollicite ses cuisses… derrière, même Kuiper fait la grimace et les deux autres lèvent carrément "le cul de la selle"... 

            A 22 ans, C. Magni, membre de l’Equipe de France amateur, qui n’était pas, au départ, parmi les « chouchous » de Robert Oubron, l’entraîneur national, a cependant été  « de toutes les galères » (J.O., Championnats du Monde, Course de la Paix, Tour de Suisse, Tour d’Ecosse, de Pologne, du Maroc…). Malgré le dévouement de ses dirigeants du VC Langon (M.M. Touche et Tauzin), il estime « avoir commis l’erreur d’être resté à Langon » et de ne pas avoir « accept(er) d’aller à l ‘ACBB ». Et puis, « je me dépensais trop… »

au départ d'une étape contre-la-montre de la "Course de la Paix" : "…mais j'étais surtout un rouleur…"



 

            3. Quatre années chez les « pros » : de Sonolor à Jobo (1973-1976) :

 

 

 

            1973 = Enrôlé par Jean Stablinski dans l’équipe « Sonolor-Lejeune », il figure donc dans cette équipe qui a succédé, en 1969, à « Pelforth-Sauvage-Lejeune ». C’est « Un XV athlètique et ambitieux » qui est photographié devant le siège des établissements « Sonolor » à La Courneuve. Et, qui s’apprête à rejoindre la Côte d’Azur et le camp d’entraînement à la Colle-sur-Loup.

La Courneuve, le 31 janvier 1973 : Claude Magni, Tino Tabak, Willy Teirlinck, Bruno Hubschmidt, Gérard Besnard, (au centre) Claude Tollet, Jacques Botherel, Michel Rocques, J.P. Guillemot, Raymond Riotte, (en bas) Willy Van Neste, Lucien Van Impe, Yves Hézard, Robert Mintkiewiecz et Bernard Guyot.

Du 11 au 23 mars, Claude participe à Paris-Nice, qu’il termine 50ème au classement général (1. Merckx). Juste avant le Tour des Flandres, il se classe 2ème à Nokere en Belgique : échappé avec le Belge Noël Vantyhem, il ne peut lui disputer la première place sur les pavés par la faute d’une potence dévissée. Le 1er avril, entre Gand et Meerbeke, sur les 206 km du « Ronde Vlanderen », il se classe 32ème de la grande classique flamande remportée par E. Leman devant F. Maertens et E. Merckx. Puis, il est au Tour de l’Aude  que gagne J.P. Parenteau devant Aigueparses et Thévenet, où il est 10ème au classement g énéral. Au Criterium National, il figure un temps dans une échappée avec Genty, pour, finalement, prendre la 29ème place (1. J.P. Danguillaume 222km en 5h 37’ 2. A. Santy 3.A. Mollet…)

Le 1er mai, il est dans « Paris-Vimoutiers » - gagné aussi par J.P. Danguillaume – et il est encore 29ème. Parti pour Auray avec R. Mintkiewickx, il se sent mal au point de rentrer chez lui.  Quelques jours plus tard, le journal local donne des nouvelles « de notre valeureux professionnel ». « Claude Magni… a dû être hospitalisé… à la suite d’une infection virale ». Par la suite, le verdict sera une péricardite, dont le virus aurait pu être acquis lors du Tour du Maroc (toute l’Equipe de France avait été malade, sauf lui !). La saison de Claude est terminée. Mais, le journaliste l’affirme :  « nous savons qu’il fera tous les sacrifices qui lui seront imposé pour reprendre la place qu’il mérite ».

 

            1974 = En fait, C. Magni est arrêté un an. Il retrouve la compétition en 1974 « avec un retard de deux mois et demi ». Et, dans une nouvelle équipe : JOBO, crée « afin que ne restent pas chômeurs de jeunes coureurs ». C’est M. Guy Faubert, directeur commercial de la firme « Jobo », qui recrute une quinzaine de coureurs français, parmi lesquels on compte R. Pingeon, C. Grosskost, S. Lapébie, F. Campaner, J.C. Blocher, C. Magni et deux néo-pros : A. Cigana et A. Bernard. Le maillot est mi-bleu, mi-rouge et les cycles sont ceux des frères Lejeune.

            Entre temps, Claude Jean Joseph Magni a épousé Melle  Annie Clavié, le 19 janvier à St. Gervais de Langon.

            Lors du « Midi Libre », il abandonne lors de la dernière étape, mais il y a eu beaucoup de chutes, dont celles de Serge Lapébie et de Zoetelmek. Dans « Sud-Ouest », Jean Ménard écrit cependant :  « Claude Magni retrouve petit à petit la santé ».

            Au mois de juin, il termine 5ème au classement final du Tour de l’Aude remporté par le Hollandais Cees Bal devant Barry Hoban. Puis, il participe à son premier Tour de France avec le dossard 108 et il termine l’épreuve – gagnée par E. Merckx devant R. Poulidor – à la 82ème place, juste derrière Riotte, Mourioux et Vasseur.

 

            1975 = Dans une équipe toujours dirigée par Guy Faubert et Christian Lapébie, mais cette fois équipée par les cycles Sablière (du nom de l’artisan, André Sablière qui fabrique des cadres sur mesure, d’abord à Villeurbanne puis à St. Etienne) et dont le maillot est orange à bandes blanches, Claude dispute les 4 jours de Dunkerque, dont il enlève la deuxième étape(errare : c'est en 1976 et il est deuxième de l'étape St. Quentin-St. Amand-les-Eaux, 144km, battu au sprint par le Belge Van Vlierbeghe, avec qui il est échappé et qui"ne l'aurait pas relayé" - sur la photo d'ouverture on peut deviner l'ombre d'un deuxième coureur "bien à l'abri"). Puis, il participe pour la première fois à Bordeaux-Paris (1. Van Springel 2. Delépine 3. Mintkiewicz) qu’il termine à la 5ème place après bien des déconvenues : s’échappant dès la prise des dernys à Poitiers, il va compter jusqu’à un quart d’heure d’avance, mais il essuie « un coup de moins bien » que son entraineur (belge) gère mal (il accélère au lieu de ralentir…), il rétrograde et, comble de malheur, à proximité de l’arrivée, son derny a un accident et il doit terminer dans la roue du Portugais Gomès …

Il est à nouveau présent dans le peloton du Tour et, le 1er juillet, lors de l’étape Sablé-sur-Sarthe – Merlin Plage (222, 5 km), il mène une échappée solitaire de 63 km. De ce Tour de France, il revient avec la 74ème place.

 

            1976 = l’année commence par une victoire, à Largentière dans la première étape de l’Etoile de Bessèges. Relisons ce que Noël Couëdel écrit dans « l’Equipe » (le 03/02/1976) :

« Magni, 26 ans, est un garçon sympathique, mais il est aussi, en quelque sorte, un miraculé du vélo. Victime d’une hépatite virale et d’un souffle au cœur, il ne trouve guère que Guy Faubert, l’animateur du groupe Jobo-Wolber pour s’intéresser encore à lui, il y a trois ans. Magni est un coureur volontaire (on se souviendra qu’il a été l’an dernier de la plus longue échappée du Tour) à qui la chance vient d’accorder, pour la première fois depuis longtemps, un petit sourire ». Dans ces lignes, beaucoup est dit. Claude, qui a déjà, début février, 1770 km d’entraînement dans les jambes, a attaqué le sprint à 3 en tête et en puissance, Pintens fait 2 et Parenteau 3.

En haut, quelques femmes de coureurs, puis Neto, le mécano, R. Bouloux, A. Cigana, B. Labourdette et Ch. Lapébie ; assis au premier rang : A. Romero, J. Boulas, C.Magni, G. Dolhats,M. Boishardy, H.P.Fin, J. Corbeau, J.F. Pescheux…(ajouter Alvarez et Maingon, merci G. Descoubes).

 

Au cours du « Midi Libre », il se lance dans une nouvelle échappée qui est stoppée à La Voulte par un barrage dressé par des ouvriers du textile. Il repart au bout d’un quart d’heure avec la minute trente d’avance qu’il avait. 20 kilomètres plus loin, il possède 4’55’’ d’avance.A ce moment, il met en péril le leader qui est alors F. Maertens (lequel vient de remporter trois sprints et trois étapes en trois jours !). Cependant, il est repris après 97 km de fugue, dans la traversée des « rocailleuses gorges de l’Ardèche ». « Attendu par un seul équipier, le Breton Bouloux, il arriva à Orange avec 20 minutes de retard, épuisé mais nullement déshonoré » (Robert Dutein dans « Sud-Ouest »).

Mieux, dans « l’Equipe », Pierre Chany écrit : « Et les bagarreurs, tels Claude Magni, hier… sont trop seuls aujourd’hui pour vaincre la pesanteur d’un peloton sénatorial au sein duquel la stratégie, fut-elle futile ou dérisoire, l’emporte sur l’esprit d’aventure et sur le goût du risque… ». Et, encore : « la rareté même des attaquants nous commande de féliciter C. Magni pour l’ardeur qu’il a manifestée cent kilomètres durant… cent kilomètres seul devant, malgré un parcours très corsé – et combien pittoresque -, en dépit des humeurs d’un vent capricieux… l’héroïsme n’a pas payé, mais il appelle la considération et paiera assurément un jour. »

Dans ce même « quotidien sportif national », Michel Séassau revient sur « le triste sort de Claude Magni ». « Lorsqu’il franchit la ligne… on décrochait les banderoles, on démontait les barrières et le podium sur lequel il aurait dû monter pour y recevoir le prix de ses efforts ou plutôt la prime du coureur le plus combatif de l’étape ». « Il était assez triste sinon découragé lorsqu’il vint s’affaler dans la seconde voiture de l’équipe « Jobo ». Le journaliste rapporte ses paroles : « Quelle bêtise j’ai faite ! » et « c’est dur de finir aussi loin après avoir eu l’espoir de faire quelque chose »… Son équipier Labourdette avoue : « on a sans doute raté son sauvetage » et il ajoute : « je crains que l’on apprécie pas à sa juste mesure la performance de Magni… »

Le 22 mai, le « robuste Langonnais » (R. Dutein) figure sur la liste des engagés du Bordeaux-Paris. Les cyclomoteurs Derny sont remplacés par les motocyclettes Kawasaki 100cc. plus rapides et plus nerveuses. Elles ont une vitesse maximum de 80 km/h  et poussent certains concurrents à la limite du surrégime, malgré l’emploi de très gros développements (56x13 = 9,20m) et provoquent aussi des remous d’air qui compliquent la recherche de l’abri (« le Cycle, n°15, juillet 1976). Claude Magni se classe 9ème.

 Devant "Kawasaki 100cm3, derrière C. Magni et le 56x13...

Dans le Tour de France, Claude malade  arrive hors délais dans la 10ème étape (Bourg d’Oisans- Montgenèvre). Il est éliminé pour… 30 secondes.

A l’issue de la saison, C. Magni est décidé à s’arrêter .

 

           

                        4. retour chez les amateurs aux côtés de Francis Castaing (1977-80) :

 

                        Et, il se remet à travailler la vigne.

Le docteur Dulou et le père de Francis Castaing vont venir chercher Claude dans ses vignes. Le « deal » est clair et il sera tenu. Il s’agit de « chaperonner » le jeune Francis Castaing, qui vient de traverser la catégorie « juniors » avec fracas et qui appartient déjà à l’Equipe de France. Pendant quatre années, C. Magni, qui a conservé son métier de viticulteur, va accompagner, dans les rangs des amateurs, le jeune espoir, jusqu’à son passage chez les professionnels en 1981. Cela se termine à Mérignac, à la fin de l’été 1980 : « je gagne, je range le vélo… et, j’ai raccroché comme ça ».

            Auparavant, les deux compères du C.C. Marmande ont fait une belle moisson de victoires. Claude garde en mémoire un « Royan-Blaye » (1979 ou 1980.. ?), où Francis et lui, aidés par une échappée de Lubiato, tiennent tête à la coalition emmenée par Bajan et Rebière, pour finalement faire « 1 et 2 ». Parfois, comme dans ce Grand Prix d’Arcachon, Francis, qui pourtant gagne souvent, ne parvient pas à remonter « sa locomotive »…

 

 Marmande, 1979, Grand Prix de la Tomate : l'ancien, C. Magni (sourire et rouflaquette) et le moderne, F. Castaing (France Olympique et… perdu dans ses pensées…)

 

De ces années, où il est plutôt « grand-frère » et « poissson-pilote », nous n’avons pu retrouver que quelques traces :

                                  - 1977 : 2ème de la Ronde de l’Armagnac (Direct Vélo)

                                                2ème de la Ronde et Boucles Gersoises (1. Perin –VéloQuercy)

                                   - 1978 : 3ème du Bol d’Or à St. Gervais (1. Bodier 2. Parenteau…)

                                   - 1979 : Circuit Boussaquin : 1. Castaing 2.Turlet 3. Larpe 4. Magni

                                                (CRCL, 100 ans 1904-2004, D. Raymondaud)

                                   - 1980 : 1er à Cénac-et-St. Julien

                                                 2ème au Circuit Boussaquin (1. Castaing…3. Paponneau…)

                                                (Direct Vélo)

 

 

                        5 . le domaine Thibaut-Magni, le Tour de France à Sauternes, le viticulteur- retraité (1980-les années 2000) :

 

 

                                                Pendant un peu plus de vingt ans, Claude Magni s’emploie à faire prospèrer le domaine appelé « Thibaut-Magni », qui produit principalement de l’AOC Sauternes et, aussi, un Graves rouge. « On a investi : acheté des terres, planté des vignes… », raconte-t-il sereinement.

Nous avons rencontré Claude Magni à Luxey pour « Musicalarue » où il faisait connaître son vin, lors de la grande fête musicale du mois d’août. Il avait bien saisi, lui qui venait d’un sport qui a toujours été mêlé à la fête, l’élargissement et la communication que suscitent de tels événements. Et, sans aller très loin, à Uzeste, chez Lubat, aussi.

             En 1997, la 8ème étape du Tour de France démarre de Sauternes en direction de Pau. Claude Magni, « l’ancien-Tour-de-France »,  membre du syndicat viticole de Sauternes, est l’artisan majeur de cette organisation qui ne coûtera « que 5NF au contribuable ». Le plan financier a été supporté essentiellement par le syndicat des vins de Sauternes, le CIVB et les Conseils général et régional. A « Sud-Ouest », Claude peut déclarer : « Maintenant on situe Sauternes » .

 

 On dirait le "minot",  R. Virenque assis sur les genoux du "papy", C. Magni...

 

 

    Le 16 mai 1999, le VC Langon-Preignac organise le 1er Grand Prix "Claude Magni" - devenu ensuite une course nationale Elite open - au palmarès duquel vont s'inscrire les noms des coureurs suivants : P. Fedrigo, A. Labbe, Mainguenaud, Sdrigotti… jusqu'à la dernière édition en 2009, gagnée par M. Clain.

 

 

 

            Au temps de sa meilleure forme, C. Magni mesure 1,81m pour 75kg. Ajourd’hui, dans un peloton qui a vraiment « grandi », Claude passerait inaperçu au milieu des Wynant, Bos, Guarnieri, Phinney, Navardauskas, Plaza, Steegman, Vandenbergh, Wiggins, Hayman, Knees et autre Van Summeren, tous 1,90m ou plus. A la fin des années 60, M. Darriet avait jugé son gabarit, le destinant au vélo plus qu’au rugby… ce qui n’est pas si simple à Langon !

 

            Le viticulteur-retraité, chasseur-pêcheur,  « ce merveilleux hôte enjoué » (B. Mugica ), impresssione encore par son « abattage » et quand il élève la voix pour gronder ses deux chiens : Pilou, l’ancien et Hoky, le jeune… qui vient de lui devaster tous ses jeunes pieds de tomates. Mais, le dos fait mal (hernie discale) et la jambe boîte un peu (peut-être la suite d’une hémorragie cérébrale en 2004, conséquence éventuelle des soucis liés à « l’élevage » de la vigne…).

Pourtant, on reste médusé quand l’homme pouffe de rire pour s’excuser de ne plus savoir s’il a bien fait deux ou trois « Course de la Paix » (quand on en a fait une, on ne peut pas ne pas s’en souvenir.. !) et de ne plus se rappeler telle ou telle de ses victoires.

En 2006 (« Cyclisme n°1498), B. Mugica écrit : « Sa notoriété est intacte et son image est toujours très positive en sud Gironde où l’on apprécie sa simplicité et sa gentillesse ».

 

 1975, Beaulac-Bernos : regard sur le passé..?



 

                                                                        « Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé

                                                                            ils m’ont porté de l’école à la guerre

                                                                            j’ai traversé sur mes souliers ferrés

                                                                            le monde et sa misère »

 

                                                                             chanson de Félix Leclerc (1914-1988).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                        

 

 

 

 

 

 

 

                       

 

           

           

 

 

 

 

 

 

 

            



17/05/2013
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